mission nahualli
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(cw) chasse, mort L’air vif et piquant de la forêt mère apaise l’esprit de l’ex-faune, adossé contre l’un des murs du labyrinthe qu’il connaît presque par cœur pour en avoir foulé le sol, été comme hiver, printemps comme automne. Quoique, à bien y réfléchir, sa sérénité provient peut-être davantage du fait qu’il soit seul dans les environs, à l’exception de l’occasionnel oiseau qui, au-dessus de sa tête, chante en chœur avec le vent froid des premières lueurs du jour. C’est qu’il tient par-dessus tout à sa solitude, Lorna. Il aime se perdre dans les silences dorés, penser à tout et rien à la fois sans qu’on ne le dérange à toutes les cinq minutes. Hélas, le moment de quiétude ne durera pas. Il le sait bien. C’est même pour ça qu’il est là ce matin.

L’embouchure du labyrinthe le dévisage à quelques mètres de lui. Quelques mètres qui le séparent du territoire corrompu par les spectres. Là où il est, il ne risque rien sous forme humaine. Au-delà, bien sûr, c’est une autre histoire. Un soupir exaspéré lui échappe tandis qu’il se replace contre le mur. Il enfouit ses mains dans ses poches d’un mouvement rageur, il lui semble poireauter depuis une demi-heure. Non mais, qu’est-ce qu’ils fabriquent, ces deux clowns? Ils se sont donné rendez-vous ici même juste après le petit-déjeuner, histoire qu’ils se mettent d’accord sur la stratégie à adopter. Car même une personne comme lui, dont l’impulsivité se marie avec l’agressivité, convient qu’il serait sage de ne pas foncer tête baissée dans l’armée dei fantasmi. On a beau ne pas les voir, mais iels sont là, toujours là, à rôder telles des bêtes affamées, à la recherche de leur future proie.

Quelle ironie de penser à ces saletés de fantômes alors qu’il s’apprête à les chasser de la forêt, loin de Coatlinchàn. La faute en revient, quelle surprise, aux cittadini qui ont eu l’audace de transmuter l’entière géographie de ce monde au nom de leur survie. Lorna les méprise, tout comme il méprise son propre peuple de ne pas lui faire confiance pour les diriger en tant que tecuhtli. En vérité, Lorna méprise beaucoup de personnes, c’est un être très hargneux et sa moue blasée annonce la couleur dès la première rencontre. Alors autant dire que l’idée de joindre ses forces à deux autres personnes ne l’emballe pas des masses. Le travail d’équipe, très peu pour lui. Et pourtant, il n’a guère le choix. Depuis qu’il est rendu coupable de haute trahison, on ne lui fait plus confiance pour la moindre tâche. Dans un sens, il suppose que c’est en équation avec la dangerosité de sa mission : s’il crève aux mains dei fantasmi, ça arrangera un peu tout le monde.

Des bruits de pas le tirent soudain de ses pensées moroses. Il lève la tête, s’avance vers l’autre. Ses gestes sont brusques, trahissent son impatience croissante. Eh bah, pas trop tôt, marmonne-t-il d’un ton accusateur. Pas le temps pour les salutations de politesse avec lui, tant pis si ça dérange. La mer. Me suis dit qu’on pourrait les attirer vers là. Les spectres, j’veux dire. Ses phrases sont décousues, la construction de phrases standards lui échappe complètement, ç'a toujours été comme ça. Sais nager sous forme animale. Peut être pratique. Il gratte la terre de son pied pour calmer son trop plein d’énergie. Devrait aussi vérifier le cœur de la forêt. S’assurer que y’a pas un nid à fantasmi prêt à éclore. Il hausse les épaules, ce ne sont que des suggestions, mais il les prononce d’un ton péremptoire, comme s’il était le seul à prendre les décisions.  

@Itzmin Nah  @Asmar Tahrir

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mission nahualli
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La voix de Lorna claque comme un coup de fouet dans mon dos. Je me sens réprimandé comme un mentor durant mes années d’apprentissage du métier de faune qui suit sa propre logique des heures. Comme nous sommes éduqués à respecter nos aînés – enfin ma mère en tout cas m’a éduqué à ça et elle y tient beaucoup – je ne fais aucune remarque à notre interlocuteur qui s’intronise maître de cette expédition.

« Pas moi. » je réponds, sans honte. Les grandes espèces de singes dont fait partie mon animal mémoire galèrent dans la flotte ; y tomber signifie se noyer. Je préfère ne pas prétendre que je sais le faire, ça n’avancerait personne que je fasse mon mâle devant tout le monde pour que finalement nous soyons mis en danger. « Mais c’est une bonne idée. Les spectres ne progressent pas sur l’eau. »

Je frisonne en pensant aux autres possibilités.

« Le cœur de la forêt est moins sûr, je m’y suis moi-même peu aventuré pendant mon apprentissage. Mais je suis d’avis qu’il faut traiter le problème à la racine. Nous sommes trois prédateurs et l’obscurité ne nous fait pas peur. S’il y a quelqu’un qui peut se rendre là-bas, c’est nous. »

Mon regard se pose sur Asmar.

« Qu’en penses-tu ? »

@Lorna Villin  @Asmar Tahrir

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Affronter les fantasmi n’est jamais plaisant mais Asmar s’y plie : ca fait partie du métier, autant que d’enterrer les apprenti‧e‧xs inkumboli ayant loupé le rituel. On en revient toujours à la mort, d’une manière ou d’une autre, mais l’ours est stoïque, et il en faudra plus pour le faire rechigner à la tâche.

Il jette un regard noir à Lorna alors que celui-ci, d’une nervosité qu’il sent même sous forme humaine, leur énumère des propositions incongrues. Ils peuvent faire comme ils l’ont toujours fait : appâter en relai les fantasmi et les sortir du labyrinthe, un peu plus loin qu’à l’habitude, et augmenter les patrouilles. Aller jusqu’à la mer serait risquer que certains leur échappent, que les habitant‧e‧xs soient laissé‧e‧xs sans défense le temps de cette expédition.

Itzmin, s’il temporise, ne corrige pas totalement Villin, et il ne peut s’empêcher de grogner. « Personne n’en revient, du cœur de la forêt. T’es de quel coté, Lorna ? Ca arrangerait bien Cittàgazze qu’on perde deux guetteurs maintenant. » Il est là autant pour la mission que pour surveiller les faits et gestes du traitre, et il ne lui faudrait pas grand-chose pour prendre entre ses pattes et ses crocs une décision radicale le concernant.

« Il faut renvoyer les spectres vers la Terre Brulée. Ça grouille de cittadini là-bas, même si les fantasmi ne peuvent pas les toucher, ça devrait les distraire. C’est ce qu’on a toujours fait. » Asmar accorde de l’importance à la tradition, ainsi qu’aux choses qui marchent de manière avérée. L’improvisation n’est pas son fort, mais il temporise tout de même son choix, conscient que seul il n’accomplira rien. « Si on les entraîne dans la forêt, il faudra marquer notre chemin pour en sortir. Et Villin passe premier. » Là où Asmar pourra lui tomber dessus en cas d’entourloupe.

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(cw) aucun pour cette réponse Les compagnons qu’on lui a affectés pour cette mission finissent par pointer le but de leur museau… ou plutôt de leur nez, puisqu’ils sont encore tous sous forme humaine, à l’abri des spectres pour le moment. Qu’importe leur apparence, Lorna sent que les prochaines heures en leur compagnie ne seront pas de tout repos. Il sent même poindre une saleté de mal de tête alors que le soleil commence tout juste à grimper dans le ciel, sa lumière et sa chaleur se diffusant à travers les hautes silhouettes des arbres environnants. Au moins, Itzmin fait preuve de beaucoup moins de méfiance envers lui, c’est déjà ça. L’alligator écoute ses paroles avec attention, même s’il affecte un air blasé par pure habitude.

Il finit par acquiescer de la tête, lui-même est aussi d’avis qu’il serait stratégique de s’attaquer au nœud du problème plutôt que de gaspiller du temps et de l’énergie sur les extrémités. Naturellement, le grizzly s’y oppose. « Si t’as peur pour ta misérable peau, t’as qu’à l’dire d’entrée de jeu, » réplique-t-il sur le même ton. Ses poings se serrent de chaque côté de son corps. Les piques du jeune homme le blessent plus qu’il ne le montre, elles sous-entendent que la vie de l’ex-faune ne vaut pas grand-chose comparée aux leurs. Bien sûr, compte tenu de ses choix plus que discutables, Lorna ne le nie pas. Il s’attendait simplement à plus d’indulgence de la part d’Asmar. Pour la première fois de sa vie, il ne parvient pas à reconnaître son amie dans les traits ou la posture de son fils unique.

« Commençons par la Terre Brûlée, alors, » marmonne l’alligator en roulant les yeux. Il ne peut s’empêcher d’ajouter, le bas de son visage défiguré par un vilain rictus : « Promis, on racontera à personne comment tu t’es fait dessus en pleine forêt. » Puéril, comme comportement? Absolument. Sans prévenir, Lorna se métamorphose en son animal-mémoire et se dirige vers le lieu choisi sans toutefois se presser, conscient de la présence d’Itzmin à leurs côtés. Le gorille n’a pas brillé par sa rapidité pour se rendre au rendez-vous avec les noénautes, à ce qu’il paraîtrait.  

#staff
@Itzmin Nah  @Asmar Tahrir

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Laissant Lorna et Asmar régler en silence par ce jeu de regards noirs quelque-chose qui ne semble appartenir qu’à eux, j’acquiesce d’un signe de tête quand le plus âgé de nos pairs nous indique la Terre Brûlée. Je n’avais pas envie d’y retourner, pour des raisons évidentes, mais qui ne regardent que moi. Mon deuil fait son travail, niché comme une pierre froide au creux de ma poitrine, un caillot qui se rappelle régulièrement à moi. Les autres n’ont pas besoin d’en connaître les détails.

Je repousse mon instinct qui veut que je me transforme. Les alarmes de mon instinct de survie clignotent d’abord posément, plus plus intensément, et enfin, lorsque les premiers courants d’air froids chargés d’ombres ondulent sur les feuillages, c’est mon souffle qui s’accélère. Je déglutis avec difficulté et retiens ma respiration.

Approchez, saletés. Approchez.

Les dents serrées, je tâte les alentours de ma vision périphérique. Je les sens, je les entends murmurer des menaces de mort.

« Fonçons jusqu’à cette première colline, là-bas. Ce serait une première étape. Nous nous transformerons et nous reposerons quelques minutes ensuite avant de repartir. Ainsi nous les rapatrierons progressivement jusqu’à notre objectif. »

J’inspire profondément, tous les sens aux aguets tandis que dans l’ombre des feuillages les ténèbres létales s’agglomèrent.

« Courez. »

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

@Lorna Villin  @Asmar Tahrir

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Il en faudra beaucoup plus à Lorna pour le faire sortir de ses gonds, habitué depuis longtemps aux brimades et aux remarques acides de ses pairs, et c’est dans un silence froid qu’il le toise, choisissant le mutisme comme toujours. Qu’importe ce qu’il pense, ce qu’il dit, tant que la mission est accomplie, et lorsque les deux autres cèdent à sa proposition, Asmar incline la tête et emprunte sa forme animale, les surplombant sur ses pattes arrières dans un grognement.

Au fur et à mesure de leur progression, l’atmosphère se fait plus pesante, alors que les fantasmi s’intéressent à leur présence et s’approchent. Le grizzly profite de sa fraicheur actuelle pour courir en leur milieu, comptabilisant leurs ennemi‧e‧xs de toujours, claquant des crocs à quelques centimètres de leurs ectoplasmes. Revenant vers Lorna et Itzmin, il reprend son apparence humaine dans un jeté d’épaule fluide. « Une trentaine à l’est. D’autres arrivaient. » Il visualise bien la colline que vise le Nah et approuve la procédure, classique mais fonctionnelle. « Je pars devant. Transformez vous si je gronde. » S’il ne fait aucun bruit, c’est qu’il sera mort.

Sa course l’emporte, vite, sa foulée prend la bonne allure et il saute les obstacles de cette forêt qu’il connaît par coeur, vérifiant du coin des yeux que les silhouettes noires suivent sans toutefois lui couper la route. Il ne lui faut pas beaucoup d’enjamber pour atteindre son but, s’assurant rapidement que rien ne les y attend, servant d’yeux à ses compatriotes dont il entend et sent l’arrivée. Les fantasmi aussi s’approchent, mais Asmar ne bronche pas, attendant le dernier moment possible pour reprendre sa forme inkumboli ; il ne veut qu’aucun ne se désintéresse de lui, de leur mission, et qu’un véritable raz de marée de monstres s’abatte sur les cittadini en contrebas.

@Lorna Villin, @Itzmin Nah