L’hiver est encore là, quelque part dans les bribes du printemps. Il s’attarde sur les terres dans une sorte de souvenir las, quand bien même les herbes ont recommencé à pousser. Nino et toi avez accepté la mission confiée par lae chef·fe·x noénaute : replanter non pas des vivres mais des plantes médicinales, dont la Ville Basse manque cruellement depuis l’attaque des analogues contre Cittàgazze. Vous avez été choisis car tu maîtrises les plantes et les herbes curatives comme personne, depuis ton retour de l’Isola fiamata où ce savoir était ta seule chance de survie et s’est développé au fil des années.

Nino est évidemment à tes côtés, car les noénautes ne parviennent pas à vous séparer réellement, et parce qu’il est dangereux de te laisser vagabonder seul, principalement hors des murs, au cas où une crise survenait. Cela te réchauffe le cœur, que Nino soit près de toi qu’importe les situations. Vous êtes comme les deux faces d’une même pièce : la lumière et le feu, l’accalmie et l’orage. Une fois arrivés sur les champs, vous constatez que les mauvaises herbes ont envahi les lieux et que les cabanons de jardinage sont en piètre état. « Nous devrions commencer à désherber, avant de faire appel aux agriculteur·ice·xs. » notes-tu en t’accroupissant pour plonger tes doigts dans la terre meuble et jauger de la faisabilité des futures cultures. « Mais il nous faut des outils. » conclus-tu en te relevant.

Réussite : Arthur et Nino retrouvent des outils fonctionnels dans un cabanon.
Echec : Aucun outil n’est utilisable et il va falloir tout désherber à la main.

L'espoir de la fin de l'été n'est plus qu'un vague rêve qui n'a aucune prise sur la réalité : les champs pleins de promesses d'un hiver plus clément n'existent plus. La faim creuse à nouveau les ventres de la Ville Basse, et même si le blizzard ne s'est pas réveillé cette année, les vivres commencent à manquer et les soignant‧e‧xs sont éprouvé‧e‧xs par une pénurie d'herbes médicinales. Toujours les mêmes qui souffrent, toujours les mêmes qui meurent. Rien ne change jamais dans la Cité des Cimes.

Nino se sent impuissant face à cette détresse, il ne peut aider que ses proches cette année, car l'incendie du phare a décimé en lui toutes les forces qui le maintenaient à flot. Il y a dans ses gestes la marque du désespoir dont, jusqu'alors, seule la nuit était témoin. Une fragilité qui prend ses racines dans toutes les plaies béantes qu'il cache depuis des années. Tout vacille, tout tangue, et l'effondrement guette pour se saisir de la première occasion de déchiqueter sa proie. Il n'y a qu'Arthur pour le pousser à continuer, pour le pousser à avancer, un pas après l'autre, chaque jour qui se lève. Rien ne change jamais. Il faut que le feu continue de brûler.

Le duo est devenu encore plus inséparable depuis les flammes. L'un toujours dans le sillage de l'autre, les séparations sont anxieuses, les abandons terrifiants. L'esprit s'échappe vers les plus terribles scénarios et imagine les pires tragédies, la peur de le perdre tend chacun de ses muscles à l'extrême. Alors quand les noénautes ont choisi d'envoyer Arthur hors les murs, aucune question n'a été posée. Ce serait Nino qui l'accompagnerait.

Les champs sont déserts, abandonnés depuis l'attaque des Analogues contre la Cité des Cimes. La bataille a bien trop marqué les esprits pour que le travail agricole puisse se faire sereinement. Beaucoup ne veulent plus y mettre les pieds, certain‧e‧xs pensent la terre maudite. Le sang l'aurait rendue infertile. Pourtant, des herbes folles y ont poussé, sur ce sol dévasté. La nature reprend ses droits et n'a que faire des querelles humaines. Les graines que plantera Arthur fleuriront, Nino n'en a aucun doute. Il connaît la terre mieux que personne, les plantes sont autant d'amantes auxquelles il chuchote des secrets. Il faut seulement se mettre au travail, enlever les mauvaises herbes et redresser les cabanons. Transformer ce territoire désolé en un horizon porteur d'espoir.

Ils n'ont pourtant pas de chance, il n'y a rien qui pourrait les aider que des outils cassés. Arthur en vient à la conclusion qu'il va falloir tout désherber à la main, mais le gardien de phare ne veut pas s'avouer vaincu.

"Attends, je vais essayer d'en réparer certains."

Agenouillé sur la terre meuble qui tache son pantalon, il fouille dans sa caisse à outils et ses mains s'affairent sur les vestiges des outils agricoles pour tenter de les rafistoler tant bien que mal.

réussite : Nino réussit à réparer quelques outils.
échec : ils doivent vraiment se résoudre à tout désherber à la main.

loupe de galilée Une loupe révélant quelque chose de caché dans un rp, une mission ou une intrigue globale. Utilisable une seule fois par rp.

La petite cabane semble en suffisamment bon état pour être réparée, et avec les quelques outils sauvés et quelques jours de travail, vous parvenez à hisser ce nouvel abri de jardin, plus ample que son prédécesseur, pour accueillir une dizaines d’outils et de larges sacs de graines. C’est en rangeant ces dernière que vous tombez sur d’étranges graines encore jamais vues auparavant sur la Terre Brûlée. Après un rapide passage chez Arthur pour tenter de déterminer la nature de ces graines, vous comprenez qu’il s’agit de graines d’agave, un arbre produisant des fruits juteux idéaux pour distiller du mezcal. Tu sers ces graines entre tes paumes, les yeux fermement clos, une larme roulant sur ta joue. Les agaves étaient nombreux sur l’Isola Fiamata, et peut-être planter ici une petite ligne agave serait une belle façon de se réapproprier ta mémoire et ton corps.

Le lendemain, la plantation des graines avait débuté sous ton regard inquiet et sévère ; tout devait être fait dans l’ordre pour s’assurer que les graines pousseraient. De son côté, Nino continuait de désherber les champs alentour, et au fil des jours, votre petit duo rendit à la Terre Brûlée un aspect propre à la culture. Il ne manquait plus que les semonces à la fin de l’hiver et les nouvelles récoltes pourraient avoir lieu en été. Après ce long labeur, tu retrouvas Nino pour le prendre spontanément dans tes bras et lui souffler : « Je ne suis rien sans toi. »

#staff petite relance

Il est des missions qui raniment des réminiscences du passé, celles d'avant les catastrophes et les traumatismes, d'avant les deuils et la mémoire arrachée. Dans les champs, Nino et Arthur redeviennent ces adolescents si complémentaires qu'aucune aventure ne leur résistait. Le travail de l'un aide celui de l'autre, la terre accueille de nouveaux vivants et des promesses de plus doux avenirs après un long labeur. Cette complicité retrouvée serre le coeur de Nino d'une chaleur ancienne, ses regards amoureux ne se cachent plus et ses lèvres s'étirent en de tendres sourires quand ses yeux se posent sur son amour d'adolescent.

Ils ne sont cependant pas les seuls à s'intéresser aux champs : à peine les semences ont-elles rejoint la terre que des animaux de toutes sortes s'invitent au bal des agriculteur‧ice‧xs. La menace d'un pelle ou d'un râteau permet d'en éloigner certains, mais cette solution ne peut être que temporaires. Revenus sur les cultures pour s'assurer du bon déroulé des derniers travaux, Nino et Arthur assistent à cette invasion animale avec angoisse. Le gardien du phare, inquiet, se transforme rapidement en son animal-mémoire, dont l'aboiement provoque l'envol des oiseaux pilleurs de cultures. Reprenant forme humaine, son regard se pose sur Arthur, craignant de le voir se décomposer face à ce danger, et sa main vient se glisser dans la sienne.

"On va trouver une solution mon amour."

Ses yeux bleus océan balayent les champs et la concentration se lit sur son visage. S'il peut monter la garde pendant une partie de la journée, il ne peut pas rester ici de jour comme de nuit, des jours durant. Son regard s'éclaire soudain et un sourire s'imprime sur ses lèvres lorsqu'il se pose sur Arthur.

"J'ai un vitrail brisé qui pourrait éblouir au moins les oiseaux, peut-être même les rongeurs. Je pense qu'on pourrait le partager en plusieurs morceaux que l'on accrocherait à des bâtons plantés à des endroits stratégiques des champs. Cela ne fonctionnerait pas la nuit, mais je peux monter la garde lorsque le soleil se couche, au moins jusqu'à ce que les premières plantes poussent."

vitrail brisé Un morceau de verre coloré capable d'éblouir n'importe quel‧le‧x ennemi‧e‧x.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Le labeur avait été long et éreintant, mais comme l’herboristerie te l’a toujours appris, le soin apporté au vivant fini toujours par s’épanouir. Tendre avec les jeunes pousses comme avec de petites créatures, toute ta douceur s’exprime au contact des graines et des nouvelles feuilles. Mais lorsqu’un matin, venus travailler aux champs, Nino et toi découvrez les semences dévorées en partie par les oiseaux et autres animaux voraces, ton visage se décompose d’épouvante. Ton cœur se serre, trop sensible pour supporter que tout votre travail se voit réduit à néant avant que les pousses n’aient eu le temps de germer. « Mais… » tu balbuties sans comprendre, jetant des regards paniqués autour de vous. Mais Nino te rassure bien vite en glissant ses doigts dans les tiens.

Transformé en son animal-mémoire, tu le vois aboyer sur les oiseaux pour les faire fuir, et cette technique t’arrache un sourire amusé. Revenant à lui, Nino tire de sa poche un petit morceau de vitrail brisé, exposant son plan pour faire fuir les volatiles. Tu opines de la tête à chacune de ses propositions, rassuré que des solutions se proposent à vous avant que l’entièreté de vos semences ne soient dévorée. Cherchant à ton tour un moyen de venir en aide à vos champs, tu songes à les encercler par de petites barricades, mais celles-ci prendraient une éternité à être assemblées et n’empêcheraient en rien les oiseaux de venir se régaler. Tu secoues la tête pour toi-même, chassant ces idées peu réalistes, avant qu’une nouvelle ne s’installe dans ton esprit.

« Je vais construire un épouvantail. » Tu retournes au cabanon pour en tirer un long bâton servant d’ordinaire au maintien des jeunes arbres, un tuteur régulièrement utilisé pour permettre aux légumes de soutenir leurs lourdes feuilles, du fil en jute, ainsi qu’un vieux chapeau de fermier abandonné là depuis les premiers feux de la Terre Brûlée. Gagnant le centre du champ abritant les semences d’oignons et d’épinards, tu commences la fabrication de ton épouvantail. Les bras sont assemblés au haut bâton à l’aide de l’épais fil de jute, et bientôt le bonhomme de paille prends forme. En guise de touche finale, tu retires ta veste pour l’habiller, avant de prendre un peu de recul pour admirer ton piège, ne sachant trop si celui-ci pourrait réellement épouvanter les oiseaux et les petits animaux. « On pourrait peut-être l’appeler Cimourdain ? » proposes-tu un sourire d'enfant en retournant auprès de Nino.

De retour avec Nino sur les champs de la Terre Brûlée, tu prends un grand bol d’être frais en découvrant que les cultures ont grandi et que les premiers fruits et légumes ont supplanté la morosité des spectres et des hivers rudes. « Nino, regarde ! » tu t’exclames en batifolant entre les récoltes, sautant d’une pierre à l’autre, te penchant beaucoup trop bas pour examiner les petits bulbes en train d’éclore, te piquant aux racines douteuses et fustigeant les mauvaises herbes. Comme un enfant dans un immense terrain de jeu, tu caracoles, les mains en l’air, sifflotant une musique bizarre, comme un chant venu de très lointain – l’Isola fiamata ? Tu voudrais tout cueillir pour ton herboristerie : tous les onguents, toutes les potions et toutes les préparations que tu pourrais faire te semble incommensurables.

L’heure est pourtant aux travaux, et tu rejoins bientôt Nino pour contempler une immense plante face à vous, que tu devines être une plante à agaves. Son aspect rebutant laisse toutefois peu de courage à vos mains pour tenter quoi que ce soit. « Nous pourrions le déraciner et le replanter après avoir cueilli le fruit ? » tu proposes en allant de se pas chercher le tronc d’un épouvantail fait à partir d’une bèche. Enfonçant l’outil dans le sol, tu commences le geste de levier pour tenter de déraciner l’agave.

Avec le manche de la bèche, tu fais levier pour tenter de déraciner la plante – mais en vain. Le grand bulbe résiste et après quelques tentatives et de longues minutes de labeur, tu te fais à l’idée que vous ne parviendrez pas à tirer hors de terre la plante. Il faudra trouver un autre moyen pour vous procurer le fruit. « J’ai des gants en cuir à l’herboristerie, je les ramènerai la prochaine fois pour qu’on puisse cueillir le fruit. » tu déclares à Nino, alors que vous prenez tous les deux le chemin de la cité des cimes. La journée dans les champs fut longue mais douce, car enveloppé de toutes ces senteurs et de toutes ces couleurs, tu as l’impression de renaître un peu. La compagnie des plantes est l’une des rares choses qui te rattache encore à ce monde. Elles t’ont sauvé lors de tes trois années passées sur l’Isola fiamata. Elles te sauvent encore chaque jour, dans le secret de ton herboristerie. Le temps que tu passes à penser aux compositions, à faire sécher, à confectionner tes bouquets et tes onguents est une activité qui t’ancre un peu dans la réalité, quand Lone voudrait tellement t’en extraire.

Tu reviens quelques jours plus tard, cette fois-ci sans Nino, à la Terre Brûlée, avec la ferme intention de cueillir cette agave que tu n’as pas pu déraciner la fois précédente. Tu es cette fois-ci muni de gants en cuir, qui devraient te permettre de passer outre les piquants du grand cactus. Tu t’approches de la plante, qui fait presque ta taille et dont le fruit paraît bien mûr, avant d’enfiler tes gants et de te saisir de la tige. Mais tu as beau forcer et la plier dans tous les sens, ladite tige ne ploie pas et il te faut bientôt te rendre à l’évidence : ça ne suffit pas. Alors tu décides de passer à la manière forte et de retourner à la cabane de jardin te munir d’un grand sécateur. Tu ne comptais pas en arriver là, mais puisqu’il le faut. En un geste, la tige est sectionnée et le fruit vient rouler au sol, que tu récoltes avec tes gants en cuir, pour ne pas te piquer.