Tu n'oses plus bouger, te redresser. Faut que tu te fasses læ plus petitæ possible. Ne pas faire de vague, ne pas attirer la colère de ce monstre qui pourrait vous tuer d'un coup de croc. Il est calme, mais qui sait comment il réagirait à un geste brusque, un bruit trop fort ou à quoique ce soit qui pourrait le contrarier ? Il faut être prudent, et c'est ce que tu fais. Bientôt le flux de sang qui s'écoule de ta plaie à la main tarie, tu le regardes s'écouler dans les rigoles et arriver jusqu'au lambeau. De sa bouche sort une langue qui vient laper les ichors mélangés. T'arrives pas à détacher tes yeux de ça. T'arrives pas à respirer, t'as l'impression que tout est en suspens.

Tu ne sais pas combien de temps tu restes comme ça, par terre devant le monstre qui pourrait bien vous tuer. Peut-être des heures. Puis Nobu s'avance lentement vers le monstre et tu te demande s'iel ne cherche pas à mourir. Tu sais bien entendu pourquoi vous êtes tous‧tes là. Il faut récupérer des échantillons pour trouver un moyen de rendre sa forme d'origine au serpent-ailé. Tu relèves les yeux, te redresses quelque peu et tu observe les actions de lae sorcier‧ère. Iel vient récupérer une larme du monstre dans une fiole. Tu te décides à t'avancer aussi. Tu sais qu'il vous faut des écailles et tu vois qu'il y a en certaines au sol ou qui ne semblent pas bien tenir sur le corps du lambeau. Les mains levées devant toi et les pas lents, tu finis à la hauteur du lambeau. Doucement tu récupères quelques écailles que tu glisses dans une fiole. Tu as l'impression que tous tes muscles sont tendus, ta mâchoire est crispée à t'en faire mal. Le monstre est terrifiant autant qu'il est fascinant.

Tu as suivi l'expédition jusqu'à la grotte où réside le lambeau de Quetzalcoatl. Tu étais mû par la curiosité et l'envie de voir de plus près ce monstre rédempteur. Tu sais que rien n'est fondé dans ses croyances, mais tu penses que c'est lui qui a causé l'Effondrement parce que les membres de la Guilda s'étaient détourné‧es de lui. Il ne peut être autre chose qu'un dieu cruel et destructeur. Il te fait peur, mais tu as cette fascination pour le serpent monde. Tu as toujours cru en lui, et au fond c'est peut-être parfois ce qui t'a permis de survivre dans les heures sombres.

Tu restes d'abord en retrait, t'observes Astrid et Taron, autrefois tes apprentis. Iels savent ce qu'iels font et ce moment est pour la nouvelle génération avant la tienne. Tes yeux ont de toute façon trop vu. Uranie est contre toi, comme souvent, et sa tête sort de ton haut au niveau de ton cou. Elle observe tout ce qu'il se passe autour de toi et te tiens au courant de ce qu'elle voit dans la pénombre. Et soudain, vous y êtes. Il y a le lambeau, décharné, explosé et ses mille yeux qui suivent le moindre de vos gestes. Tous‧tes s'agenouillent, toi y compris et tu lui rends les hommages qu'il mérite. Tu sais qu'il pourrait vous déchiqueter en quelques secondes et il y a la fascination de le voir de près. Tu ne pensais jamais vivre le retour de Quetzalcoatl. Tu ne l'avais même jamais rêvé. Mais aujourd'hui, il est là, et c'est à vous de trouver un moyen de rassembler les lambeaux pour qu'il retrouve toute sa grandeur.

Et pour cela, il faut récupérer des échantillons que vos chercheur‧euses étudieront. Tu vois d'abord Nobu s'approcher. Lae dragonologue est lae plus indiqué‧e pour cette mission. Toute sa vie a été consacrée au dieu serpent et c'est tout naturel qu'iel fasse le premier pas. Iel est suivi par Hichkas qui récupère des écailles et enfin Astrid qui vient gratter l'émail des dents du monstres. Tu sais qu'il vous faut encore du sang et de la salive. Tu ne te sens pas de t'aventurer près de sa bouche, mais récupérer de son sang, peut-être que tu pourras en être capable. Te redressant lentement, tu places tes mains devant toi en signe d'apaisement. "Je dois prélever de votre sang, je ne saurai vous offenser et vous en demande l'autorisation." Tu attends quelques instants, voir s'il réagit négativement, mais il reste pacifique et tu te rapproches un peu plus. Tu sors de ta ceinture une dague que tu utilises pour faire une fine entaille et laisser couler le sang dans une fiole. L'avènement de Quetzalcoatl est peut-être pour bientôt, mais tu dois tout de même rester attentif pour empêcher à tout prix que la pierre philosophale soit transmutée. Tu te doutes que cette rencontre avec le lambeau pourrait redonner de l'énergie aux philosophes et aux pierres.

Tu recules de quelques pas alors que d’autres solmènes s’avancent pour prélever le reste des échantillons auprès du lambeau. Itha ramasse quelques écailles tombées au sol, Astrid vient prélever de l’émail de l’une des dents et Nikandros prélève un peu de sang. Toi, tu ne quittes pas des yeux le grand dragon, émerveillé·e par la majesté de sa douleur. Tu te demandes comment une telle créature, dans son état, peut encore être en vie, et tu espères que l’étude des différents échantillons vous permettra d’en apprendre davantage sur la capacité de survie des lambeaux, et surtout : s’il sera possible au Serpent-Ailé de se recomposer un jour. La magie qui émane du monstre est chargée de mystères et de secrets dans lesquels tu entends bien te plonger à corps perdu. Tu regardes tes compagne·on·æs recueillir des petits fragments du grand serpent, en jaugeant la placidité de ce dernier, qui ne semble pas s’émouvoir de la présence des alchimistes autour de lui. Mais cet apaisement n’est peut-être que de façade, et vous n’êtes jamais à l’abri d’un retournement de situation en votre défaveur. Tous les récits en sont témoins : l’ire du Serpent-Ailé dépasse tout ce que l’imagination est capable de concevoir.

Tu reviens pour prélever le dernier échantillon nécessaire, de la salive. Et comme la première fois, la peur s’immisce dans ton ventre serré. Tu as beau connaître toute la théorie, avoir étudié tout ce qu’il est possible d’étudier, avoir fréquenté le lambeau déjà des dizaines de fois, la peur de mourir se réveille – même si mourir de la gueule du Serpent-Ailé serait plus un honneur qu’un supplice. Tu essayes de dissimuler tes appréhensions, te demandant si, comme les animaux sauvage, le monstre est capable de ressentir ce genre d’émotions chez les autres êtres sentients. Tu t’avances lentement, alors que les autres solmènes se sont reculé·e·æs avec leurs échantillons, et un petit flacon à la main, tu t’approches de la gueule du lambeau. Tu déposes une main contre son corps, comme pour l’apaiser, lui faire comprendre que tu ne vas pas lui faire de mal, avant d’approcher la fiole de ses dents, où une salive épaisse et translucide fait miroiter les crocs et les rend encore plus menaçants. Une fois l’échantillon prélevé, tu te recules à pas lents jusqu’à rejoindre les autres solmènes. « Est-ce que vous avez tous les échantillons ? » tu lances par-dessus ton épaule, pour ne pas quitter des yeux le lambeau. Il semble que vous ayez réussi votre mission.

réussite Assure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Chacun‧æ‧es votre tour, vous venez prélever un échantillon que les chercheur‧euses pourront ensuite analyser. Tu t'éloignes lentement, prudemment et tu ranges tes échantillons en sécurité dans ton sac. Maintenant que tous‧tes sont prêt‧es, vous pouvez repartir. Tu ne quittes toujours pas des yeux le lambeau, il est resté calme jusqu'à maintenant, mais tout pourrait changer en quelques instants.

Tu regardes les autres et vous commencez à partir alors que d'un coup le lambeau s'énerve. Il s'agite et pousse un hurlement d'outre-tombe qui te glace le sang. Tu ne sais pas ce qu'il se passe, mais tu comprends qu'il a mal. Des stalactites tombent et tu te retrouves à sauter de côté pour en éviter une. Il faut que vous partiez et vite. La grotte tremble et les cris du lambeau se répercutent sur les murs. Il va vous dévorer, t'en es convaincuæ. Tu cours sans te retourner vers le tunnel qui devrait vous mener au Mausolée sudérien.

indice Obtention d’un indice sur la prochaine intrigue du forum. Carte à jouer par mp à l'Être caché.

Tu observes en silence les solmènes s’approcher doucement du lambeau pour récolter des indices et des échantillons que les chercheur·ses de la secte pourront ensuite décrypter pour en apprendre davantage sur le Serpent-Ailé. Ta grande sœur notamment s’avance, et ton cœur se serre en la voyant se mettre ainsi en danger. Mais tes appréhensions sont chassées par sa contenance et son courage ; elle te semble héroïque dans son impassibilité et dans la justesse de ses gestes. Tu ne la quittes pas des yeux jusqu’à ce qu’elle revienne dans les rangs avec ses échantillons, avant de pousser un discret soupir de soulagement. Il ne lui est rien arrivé, fort heureusement. On regard se pose par moments sur le lambeau, mais tu n’oses pas le contempler trop longtemps, pris par la peur irrationnelle de devenir aveugle ou fou en croisant ses yeux, comme lae dragonologue vous a mis·es en garde. Tu restes agenouillé au sol, et tu attends.

Une fois tous les échantillons rassemblés, tu te relèves pour partir à la suite de la délégation solmène, mais un cri assourdissant résonne soudain dans les boyaux de la grotte marine. Le Serpent-Ailé est sorti de sa torpeur et vient de pousser un hurlement à en faire trembler les stalactites. Certaines tombent sur le convoi, les alchimistes se protègent et esquivent tant bien que mal. Chanceux, tu n’es pas menacé par les chutes de pierres, mais ton cœur bat à tout rompre dans ta poitrine. Astrid. Tu dois la retrouver. Alors que la panique s’est emparée du convoi, que déjà les solmènes se précipitent dans les souterrains pour tenter de trouver le tunnel menant au Mausolée sudérien, toi, tu cherches ta grande sœur du regard. Celle-ci a pris la tête du convoi.

Tu t’apprêtes à te précipiter vers elle lorsque le lambeau ouvre sa gueule immense et pousse un nouveau cri, que tout apparente à un cri de pure douleur. Le sang gifle jusqu’à ton visage et le constelle de petits points rouges. Tu ne sais pas ce qui te prend alors, quel élan parfaitement incohérent, voire suicidaire, te gagne, mais la souffrance du lambeau te transperce de part en part, et tu n’hésites plus. Tu te rapproches un peu de la gueule atroce et couverte de sang, avant de tirer de ta poche une potion Angenora, supposée annihiler toute douleur. Tu la jettes d’un geste vif sur la langue bifide du lambeau, avant de te précipiter dans les souterrains à la suite des autres solmènes.

angenora Potion permettant de retirer toute douleur physique ressentie, pour une durée d'une heure.

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