Les sourcils froncés, Spriggan ne voit pas d’un très bon œil ce que sa journée est en train de devenir. Pas qu’elle avait des projets particuliers et urgents qu’elle a dû abandonner pour coller le train de Rhi, mais elle aurait préféré passer un moment plus calme. Malheureusement, c’est bien là le fléau d’être la gamine la plus mature et anxieuse du groupe : elle ne peut pas laisser les autres faire n’importe quoi sans rien faire. Alors quand elle vu la rousse avec son air de conspiratrice, mais surtout le museau renfrogné de Blett, elle a tout de suite flairé la grosse connerie. Et la belette ne s’est pas faite prier pour cracher le morceau et dénoncer le plan que la noénaute partage avec son “frère” : cambrioler un pandémonique.

La sorcière ne lâche donc pas la marchande, pire qu’un daemon. Leurs pas les mènent jusqu’à la Cattedrale, et le visage de la Scorta se fronce encore plus quand la Luciel lui demande d’être discrète. Mais c’est qu’elle se prend pour une espionne en plus ! D’ailleurs, la luciole porte son regard sur le fameux Aimé, à qui la mission cambriolage a apparemment été confiée. Avec son visage étincelant d’innocence, Spriggan veut bien croire qu’il ferait un excellent espion, au-delà de tout soupçon. Mais elle doute qu’il soit réellement aussi proche de lea Capitaine qu’il le prétend. Bien sûr, elle a entendu parler du zaal prévu en l’honneur des analogues. Grâce au commerce, les noénautes ne dépendent plus des moissons des Terres Brûlées pour survivre. Mais elle est presque sûre que le garçon utilise cette occasion comme la meilleure excuse du monde pour aller cambrioler un pauvre œnophile de ses meilleures bouteilles.

Le doute persiste malgré tout, parce qu’elle reconnaît Aimé. Elle se souvient de son sérieux dans l’Arche, face au lambeaux de Quetzalcoatl. Elle se souvient qu’il était auprès de Yiwài, dans le tumulte de la foule, quand ce dernier a été monté sur l’estrade des prophète.esse.s avec son faux poignard. Il n’a clairement pas l’aversion de Rhi pour les pandémoniques, plus qu’à espérer que la naïveté ne soit pas non plus de famille. Les mots des noénautes font réagir la sorcière, qui rétorque « on est pas encore dans la cave, » avant de se reprendre « d’ailleurs on ira pas. »

Mag bat des ailes sur son épaule, semblant très amusée par l’agacement de sa sœur d’âme. « J’adore voler moi » qu’elle ricane, fière de son jeu de mot qu’elle pense subtil. « Quoi ? » demande-t-elle innocemment à la jeune femme qui lui lance un regard noir, « on est toutes rouillées depuis la nuit dans la réserve de la Bibliothè… » « J’ai pas confiance dans votre manœuvre, » la coupe rapidement la luciole, peu désireuse que ses escapades dans des lieux interdits ne soient utilisées contre elle dans un moment pareil. « C’est toute la faction que vous mettez en danger pour de la piquette » qu’elle réprimande, son agacement amplifié par l’inquiétude de ce qu’il pourrait arriver à Rhi s’iels se faisaient prendre. « Est-ce qu’une nuit d’ivresse vaut le risque de porter atteinte à l’alliance avec les pandémoniques ? »

Son regard se porte sur la silhouette d’un homme, qui semble être la cible du duo de loustics. Il est entouré de nombreux.ses fidèles, témoignant de l’influence de la faction de l’Autorité dans la Haute Ville. Ça lui fait froncer le nez, à la luciole, de se dire qu’elle est en train de défendre un homme dont l’idéologie ne la considère même pas digne de leur divinité. Mais c’est pour le bien des Noénautes, elle en est persuadée. Attrapant son saute-ruisseau, elle remonte sa jupe sur sa jambe droite pour libérer ses mouvements et mieux entraver ceux de ses comparses. Mais Mag a d’autres plans et, s’élevant vers l’éther rougeoyant de la fin de journée, commence à suivre le dévot qui s’éloigne. « Venez, il va nous distancer ! » et la sorcière, sentant ce maudit lien toujours aussi fort sans le rituel du pays de mort.e.s, n’a d’autre choix que de suivre le mouvement.

La réflexion d’Aimé n’a pas l’effet escompté sur la luciole. Déjà, le simple fait d’évoquer qu’iels pourraient attirer les soupçons à de quoi lui faire bouillir le sang. Ce plan est vraiment un traquenard, et elle saute dedans à pieds joints. « Et si on nous amène jusqu’à lui, on aura qu’à espérer qu’il nous offre un verre c’est ça ? » qu’elle ironise, intérieurement affolée par cette perspective. Elle n’est pas sûre que Rhi soit en mesure d’improviser une raison valable pour expliquer sa présence devant l’homme qu’elle a tant fait pour éviter.

Le pandémonique marche vite, bifurque brutalement de ruelles en ruelles. Ses fréquents coups d’oeil en arrière ne peuvent vouloir dire que deux choses : soit il a peur d’être suivi — et à raison puisque la clique ne le lâche pas d’une semelle — soit il cache quelque chose, ce que Spriggan se refuse à penser puisque ça justifierait bien trop facilement leur présence. Mais lorsqu’il disparaît derrière une porte qui se dématérialise lorsqu’il la ferme, la noénaute ne peut s’empêcher de pincer des lèvres. D’accord, une telle collection se doit d’être protégée, la preuve en est, au moins deux personnes — elle refuse de se compter dans ce groupe — en ont après elle. Malgré tout, cela ne justifie pas de protéger la cave de cette manière. Tout le système a l’air bien trop élaboré pour quelques bouteilles. C’est d’ailleurs les bras chargés de son breuvage précieux qu’il quitte son sanctuaire quelques minutes plus tard, avant de disparaître dans de dédale des ruelles.

Bien entendu, tout cela ravit les deux malfrat.e.s, ce qui a le don d’ajouter à l’agacement de la Scorta. Rhi s’approche, bien trop contente d’être là, pour inspecter le battant qui n’en est peut-être pas vraiment un. La voix de la sorcière, plutôt son murmure effaré, se joint au couinement de Blett lorsqu’elle lui demande « qu’est-ce que tu fais ? » en la voyant attraper le pauvre daemon. Spriggan n’a pas le temps d’atteindre la rousse avant que cette dernière ne touche le panneau. Heureusement, rien ne se passe, et la luciole laisse échapper un soupir mi-excédé mi-soulagé. Le système de sécurité aurait pu se déclencher, mais la marchande est bien trop insouciante pour y avoir pensé. C’est exactement la raison pour laquelle Spriggan ne l’aurait jamais embarquée dans une opération aussi périlleuse que stupide. Son regard courroucé se tourne alors vers Aimé, qui observe la scène sans rien dire, semblant plus intéressé par la faune du coin que par les échecs de la rousse dans ses tentatives d’entrée par effraction dans la propriété privée d’autrui.

Lorsque Rhi les pousse vers la porte, la brune observe le bois. Elle n’est toujours pas persuadée qu’il y a vraiment une porte, alors elle sort de sa poche un gadget de son invention : une paire de lunettes à la monture faite de fils dorés entourant une lentille transparente à gauche, un verre de rubis, et une lentille teintée de bleu céruléen à droite, un éclat de vitrail d’Oxford. A travers ses lunettes, elle observe l’entrée de la cave pendant qu’Aimé semble taper la discute à une souris. L’air qui se dessine sur le visage de la sorcière est indescriptible. Mag, cependant, semble beaucoup plus enthousiaste. « Tiens ! Tiens » qu’elle piaille à Aimé en farfouillant dans la sacoche de sa sœur d’âme et manquant de la renverser sur le sol dallé. Elle en extirpe un grain de grenade avec son bec qu’elle fait tomber dans la main de l'alchimiste. « Elle aime bien ? » qu’elle s’enquiert, bien trop enthousiaste. « Sinon dis-lui que j’ai des vers, ils sont un peu gluants mais appétissants ! »

résumé : Spriggan utilise des lunettes montées d'un verre de rubis et d'un vitrail d'oxford pour inspecter la porte. Mag offre un grain de grenade à la souris en échange d'informations.

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