Un charme de rêve éveillé, c’est ce qu’un client m’a donné il y a une heure. Je n’en avais encore jamais vu mais j’ai su tout de suite avec qui je voulais partager ça. Ni une ni deux, j’ai fermé boutique pour me précipiter chez le seul et unique Lior Greco, mon fidèle acolyte me suivant volontier dans mes idées folles. Bien entendu il ne fût pas difficile à convaincre, plus que partant pour cette grande aventure ! Et nous voilà maintenant tous les deux au cœur de Scythopolis censé ne plus exister après l’effondrement de Nimrod. Blett n'était pas tout à fait enchanté par ce plan, nous prédisant déjà une catastrophe. Mais le voilà maintenant bouche bée sur le sol de la rue où nous sommes apparus.

Je fais des tours sur moi même, m'émerveillant de ce monde et de son architecture. Entre les bâtiments immenses, ceux un peu plus anciens et toute cette verdure je ne sais plus où donner de la tête. J’attrape le bras du gazzi, le secouant presque en lui pointant une énorme structure arrondie faite entièrement de… verre ? “Lioooor regarde ! Pourquoi on a pas ça à Cittagazze ? Faut que quelqu’un fasse ça, c’est magnifique !” je m'exclame survoltée. Les passants autour de nous ne nous accordent pas la moindre attention, leur ombre les suivant comme… et bah comme des ombres. “Si le poignard est reforgé, je ne rentre pas dans le monde de Will… je viens ici !” je proclame.

Après avoir admiré à peu près toutes les bâtisses de mon champ de vision, je me concentre sur la suite du programme. Tant de possibilités, tant de choses à découvrir… et je n’ai aucune idée de ce que j’ai envie de faire en premier. Reprenant le bras précédemment lâché de mon comparse, je lui demande “Alors…  Par quoi on commence ? Ça a beau être joli, ça m’a l’air trop paisible à mon goût.” Un sourire de conspiratrice orne mon visage. “Ah non. Je vous interdit de faire quoi que se soit de stupide tout les deux.” nous averti mon daemon. Je lui lance un regard innocent même si, bien entendu, je ferais ce qu’il me chante, stupide ou pas.

Donjon  

Il n'avait pas terminé de décharger le poisson qu'une silhouette reconnaissable entre mille par ses cheveux de feu et le son de sa voix, fonçait à s'en rompre les os sur les pontons. Cette vitesse était expliqué par les fameuses rhiquirolle, des chaussures à roulette qu'il avait déjà essayé, sans succès ; lui perdait sans cesse l'équilibre et la frustration grandissante n'avait jamais été un spectacle agréable à observer lorsqu'il s'agissait de Lior. Il secouait une main dans sa direction et s'élança à sa rencontre, oubliant l'étale de fruit de mer. Elle lui expliquait alors qu'une nouvelle aventure les attendait, une aventure à Nimrod. Qui était-il pour refuser ? Strictement p e r s o n n e. Il débouchonnait la potion à la hâte et n'avait même pas l'égard d'attendre que Rhialea ai fait de même pour l'ingurgiter. C'est qu'il appréciait vraiment l'idée d'une excursion magique et ne s'en cachait pas.

Rhialea tourne dans un sens et lui dans l'autre, ses charbons accrochant tout ce qu'il y avait d'extraordinaire et gargantuesquement prodigieux autour. Il ne sait pas comment l'expliquer, mais il a l'impression de se sentir excessivement léger et les coins de ses lèvres se soulèvent automatiquement. "Lioooor regarde ! Pourquoi on a pas ça à Cittagazze ? Faut que quelqu’un fasse ça, c’est magnifique !" Le jaguar échappe un rire et hoche la tête avec vigueur. "C'est dommage.. Je n'ai pas apporté mon appareil photo, ça aurait pu aider les architectes de Cittagazze non ?" Et là, il se souvient. Il se souvient des mots que les nimrodien.ne.xs lui ont dit à la cathédrale, qu'ils avaient des appareils photos tout à fait fabuleux, même exceptionnel ! Ça tombait bien, ils étaient entouré de nimrodien.ne.xs dans cette ville, peut-être pourront-ils les guider jusqu'à une boutique ? La jeune femme s'exclame encore et lui de rétorquer en lui attrapant les épaules. "Si le poignard est reforgé, nous irons partout Rhialea ! On pourra visiter tous les mondes et y faire ce qu'il y a de mieux !" Il ne savait pas ce qu'il y avait de mieux dans chaque monde, mais s'il était possible pour lui de le faire, alors il le ferait ! Il laissait tomber ses bras le long de son corps, l'un d'eux bientôt rattrapé par la rouquine. "Alors…  Par quoi on commence ? Ça a beau être joli, ça m’a l’air trop paisible à mon goût." Il ne savait pas et haussait les épaules. Il ne suit pas particulièrement l'échange entre Blett et sa porteuse, lui aussi est imperméable à ses avertissements ainsi qu'à tous les autres. Il pointe un énorme tronc du doigt. "Regarde ! Cet arbre est immense ! Allons voir !" L'architecture et les nouvelles technologie c'était bien, mais il ne faudrait pas l'océan et la nature se mette à lui manquer.

Bien évidemment mon compagnon ne fait pas plus fi que moi de l’avertissement de la petite belette à nos pieds et je sens mon compagnon hausser les épaules en réponse à ma question. Rien d’étonnant face à tout ce qu’offre ce monde encore inconnu pour nous deux. Mes pensées dérivent sur le “on” qu’il a formulé plus tôt et je baisse la tête de peur qu’il ne perçoive le rouge qui m’est monté jusqu’aux joues. Si le poignard est réformé il n’ira pas explorer seul, mais avec moi. Ou peut-être que c’était seulement un “on” de généralité. Dans tous les cas je veux croire qu’il voudrait m’emmener parce que moi je veux visiter tous ces lieux avec lui.

Le doigt que pointe le pêcheur attire mon attention et je me focalise sur ce qu’il essaie de me montrer. Je n’ai pas besoin d’attendre son exclamation pour comprendre qu’il désigne un arbre géant qui monte plus haut encore que les building. “Wow… impressionnant.” je lâche dans un souffle. Ni une ni deux je l'entraîne avec moi dans une course jusqu’au tronc, décoinçant mon bras pour préférer lui attraper la main. L’idée d’entrelacer mes doigts aux siens me nargue mais je me contente d'apprécier cette proximité de peur de sa réaction. Ce qui est idiot compte tenu du caractère frivole de l’individu.

Arrivés au pied de ce qu’il semble être un énorme séquoïa, on entreprend d’en faire le tour, tous les deux émerveillés par l’immensité de cette force de la nature. Il est entouré de tours toutes plus technologiques les unes que les autres. Certaines diffusent même des images d’un genre de regroupement très coloré, une fête peut-être. Ce paysage donne une allure très sacrée à l’arbre qui se tient en leur centre. “Dommage que les branches soient si hautes, j’aurai adoré l’escalader pour voir la vue du sommet” je lance déçue. “Pour que tu tombes et te torde le cou ? Remercie plutôt Ai_, l’univers qu’elles soient si hautes !” s'époumone Blett en se corrigeant au milieu de sa phrase. Je ne peux m'empêcher de rire de voir que je commence à contaminer Blett malgré tous ses efforts pour ne pas participer à, je cite, “ce pari débile”.

Donjon  

La rouquine souffle. "Wow.. Impressionnant." Il est content, content parce qu'ils sont d'accord tous les deux. Puis subitement, elle détale et lui à le réflexe immédiat de la suivre. Ils ont partagé tant de courses déjà, qu'il doit y avoir quelque chose d'inscrit dans leurs adn, pour les faire courir toujours plus vite l'un avec l'autre ou l'un contre l'autre. Petit à petit, il l'a rattrape et à sa hauteur, il lui prend l'envie de se transformer. Jusqu'à ce qu'il sente la main de son amie qui se presse contre la sienne. Il n'a rien contre ce contact, bien au contraire, il lui serre davantage la paume ; l'animal-mémoire prendra le dessus plus tard. Très vite, ils arrivent face à l'énorme tronc et il descélère in-extremis, à s'en faire des courbatures dans les jambes. Ses yeux pétillent toujours quand il les accroche à l'arbre, il est encore plus impressionnant ici, avec son ombre qui les dévore, pollué des éclats des écrans géants sur les tours. Elle le contourne. Il le contourne. Ils le font ensemble. Il vient ensuite toucher le bois du plat de la paume, pour peut-être sentir la vie dans l'écorce. "Dommage que les branches soient si hautes, j’aurai adoré l’escalader pour voir la vue du sommet." Il lève une nouvelle fois la tête, pour analyser la distance qui le sépare de la dernière branche, parce que le désir de la rousse est devenu le sien. "Puisqu'on est dans un rêve, on devrait pouvoir monter tu crois pas ?" Il lui sourit doucement, à faire jaillir discrètement ses fossettes, puis recule de plusieurs pas. Quand la distance lui paraît suffisante, il s'immobilise et crie. "Je vais me transformer d'accord ?! Je vais essayer de monter là-haut !" Il se métamorphose, s'étire à la manière d'un chat puis s'élance, court jusqu'à atteindre sa vitesse maximal de 80km/h avant de bondir en direction du tronc, les griffes de ses pattes toutes dehors.