Pas la peine de pleurer qui choisit comme il part

Parmi tout le bric à brac qu'il a réussit à trouver, subtiliser ou troquer, il y a un charme. Un charme particulier, qu'on lui a dit qu'il peut amener à Nimrod. Andréas a déjà visité l'endroit. Y a passé du bon temps, notamment en compagnie de Hyacinth. Ça n'est pas en l'honneur de ses souvenirs heureux qu'il décide de s'y rendre à nouveau aujourd'hui, ni avec l'ambition d'en créer de nouveau. En mettant la main dessus, il a simplement pensé à Khalis. Il c'était dit que peut-être, l'ange éprouverait du bonheur à y retourner et ensuite de la reconnaissance envers lui, qui avait rendu ça possible. Il s'efforce d'avoir toujours une arrière pensée, de ne jamais rien faire gratuitement. Autrement, qu'est-ce que ça dirait de lui ? Sinon qu'il avait à nouveau trahit son coeur. À cette heure de la journée, l'ange est sûrement à la cathédrale sant'ambroggio, à restaurer et sublimer une oeuvre. Ça ne l'enchante pas de se rendre là ou les descendant du magisterium se terrent ; ceux-là même qui ont pourchassé et décimé son peuple. D'ailleurs, il n'a pas le droit d'entrer et à ce qu'il sait aucun.e.xs sorcier.ère.xs n'y est accoutumé, mais ses pouvoirs lui permettent tout de même de s'y glisser. L'oeil humain est incapable de le suivre lorsqu'il se déplace à pleine vitesse, il est comme un courant d'air. Lorsqu'il trouve la silhouette du Valen, il se matérialise dans son dos, comme d'habitude. Le Naumenko n'apparaît jamais face à ses interlocuteurs, il préfère garder l'avantage d'un effet de surprise. Pourtant, lorsqu'il souffle sur la peau du cou busqué du nimrodien, qui est planté au dessus d'une peinture, celui-ci ne tressaille pas même d'un iota ; contumier de ses émergences. Le noénaute darde ses sclères sur l'épiderme fin qui recouvre la nuque et d'où affleure la rondeur timide d'un os cervical avant de prononcer. "J'ai une surprise pour toi." Et se réjouir de voir le duvet de son homologue réagir.

Pas la peine de pleurer qui choisit comme il part

Andréas se redresse, s'éloigne juste assez des contours de son ange pour lui permettre de se relever à son tour, accrochant ses billes sombre. Quelque secondes passent, elles sont silencieuses et eux se jaugent scrupuleusement, mais sereinement ; jusqu'à ce que le Valen mette un terme au combat, celui-ci s'attellant à remettre de l'ordre dans son apparence. Juste sous les lucarnes réptilienne et amusé du sorcier, il enfile une à une les bagues qui décorent ses doigts. "Toi, enfreignant le règlement pour me voir ?" La voix du nimrodien résonne délicatement et poliment entre les murs, mais famine discerne la provocation que son homologue inocule. Pour autant, il n'y répond pas, préférant graviter autour de l'oeuvre obscure placé sur son pupitre, tout en répondant sur un ton naïf. "Tu trouves ça stupéfiant ?" C'est qu'il joue parfaitement l'innocent, malgré le fait que l'haruspice n'a pas tord ; ça n'est pas les règles de la ville qu'il tient à respecter, mais toutes traces du terrible magisterium qu'il s'évertue à éviter. Seulement, même les fantômes de ses craintes les plus anciennes ne peuvent séparer l'ange de son démon et aucun murs pandémonique n'est suffisamment infaillible pour l'empêcher de le retrouver. Un pas de plus et sa chaleur pulvérise à nouveau sur l'échine de son second. L'astronome regarde la peinture par-dessus l'épaule de l'artiste et fixe attentivement ses billes jaunes, ainsi que les mains osseuses qui s'emparent du cou. Il a un petit sourire discret, puant, alors que l'une de ses mains se fraye un chemin entre le bras et le flanc de son homologue. Il remonte lentement sa paume le long de son ventre, de son plexus et s'arrête en face de sa gorge, prêt à réaliser un écho terrifiant de l'oeuvre, mais s'arrête à la dernière seconde, dévoilant plutôt le charme sorcier qu'il fait apparaître dans sa main. Là, il susurre. "Qu'est-ce que tu penses d'une petite interlude à Nimrod ?" Le Naumenko ne lui laisse pas le temps de refuser et brise le talisman, d'un coup sec, les envoyant directement dans la capitale de Scythopolis.

— Tu trouves ça stupéfiant ?
— Pas vraiment, répond Khalis en haussant une épaule.

Il s'apprête à poursuivre, mais sent Andréas s’approcher. Il ne réagit pas quand celui-ci l’effleure, mais son corps frissonne, surtout au contact des doigts d’Andréas sur son ventre. Sous ces caresses, Khalis tressaille légèrement, mais garde son regard fixé dans celui d'Andréas, plongeant dans ses iris prédatrices. Ses lèvres s’entrouvrent, peut-être pour demander la raison de cette visite à la Cattedrale Sant Ambroggio, ou bien autre chose ? Mais aucun mot ne sort, car Andréas ouvre la paume sous son nez. La voix grave et basse du Cavalier résonne.

— Que dirais-tu d'une petite interlude à Nimrod ?

L'incompréhension traverse les traits de Khalis avant de se muer en surprise lorsqu’il se sent aspiré. Par réflexe, il s’accroche aux bras d’Andréas. Quand ils atterrissent brusquement, Khalis se retient de tomber en s'appuyant contre lui. Sous ses pieds nus, la terre sablonneuse crisse doucement, les grains dorés glissant sous chacun de ses pas. La chaleur du sol, imprégnée du soleil, diffuse une douceur granuleuse sous sa plante, presque soyeuse. Il relâche Andréas et s’éloigne de quelques pas pour contempler l’endroit où ils viennent d'atterrir. Devant ses yeux s'élèvent des tours de verre, entourées de plantes luxuriantes. Un véritable oasis. La cité de Scythopolis, au cœur du désert de Judée. Chez lui. À Nimrod. Il leur suffit de quelques pas pour entrer dans la ville et admirer ses excès et prouesses technologiques et architecturales.

— Scythopolis…, murmure-t-il.

À côté de lui, son ombre vibre avec force.

Le passé ne peut plus vous blesser, à moins que vous ne le laissiez faire (V pour Vendetta).

Pas la peine de pleurer qui choisit comme il part

Un charme sorcier.ère.xs fait l'effet d'un tourbillon d'eau dans un siphon, comme un gargouillis dans l'estomac et une distorsion indolore de leurs atômes ; qui laisse intacte la chaleur des paumes du Valen, lorsqu'elles viennent chercher le soutient de ses bras, y prendre la sécurité que lui offre ses contours. Une énantiosémie personnifié, quand on sait ce qu'ils partagent ; un amour consistant, mais toujours enduit de manipulation et jeux de pouvoirs. Une brise chaude et agréable lui caresse le visage, transportant quelques grains d'un sable d'or et déjà la silhouette du nimrodien s'éloigne et lui contemple davantage ses traits que les merveilles alentours, attentif à ses réactions, avide de son bonheur. Khalis s'introduit doucement dans la ville et lui, le suit en silence, dans l'attente de son jugement. "Scythopolis.." Le châtain murmure à peine et lui le reprend plus bruyamment. "Une cité époustouflante !" Le bleu de ses yeux va quérir les lumières environnantes, celles des néons et des écrans, qui font défiler des images incroyables et des couleurs vives. Quand il y avait vécu, la ville ne ressemblait pas encore à cela et tous les progrès réalisé par le peuple de Nimrod l'engourdisse d'une curiosité intense. C'est bien la seule chose qu'il trouve de positif à sa nature d'immortelle, apprendre, voir et participer au développement. Sans doute serait-il resté dans cette réalité, mais Hyacinth.. Tout se conjugue toujours à Hyacinth ; son passé, son présent et son futur. Il effectue quelques pas rapide pour venir attraper la main du pandémonique et désigne un bistrot au loin. "Et si on allait se mêler à la population ?" Être témoin du fabuleux et du cruel d'un charme. Plus proche du troquet, ils peuvent à présent distinguer que trois ombres se sont accaparé une table et une bouteille, la présence de celle palpitante du Valen leur permet d'obtenir une rasade. Le Naumenko n'omet pas de trinquer, ni de jeter un clin d'oeil à son ange favoris avant d'avaler l'alcool. L'amertume de la bière et l'acidité du citron se répend sur sa langue, comme si c'était réel et que ça n'avait rien d'un rêve.

La sensation dans son estomac le dérange, il pose une main dessus, espérant que cela s’estompe. Mais la présence d'Andréas et le spectacle d'une ville qu'il pensait ne plus jamais revoir effacent rapidement ce malaise. Une fois à l’intérieur de Scythopolis avec son Cavalier, Khalis se laisse porter par les rues, désireux de ne rien manquer de cette cité vivante. Il remarque un marché d’art couvert et, en silence, espère qu'Andréas et lui y feront un tour. Peut-il ramener quelque chose d’ici jusqu'à Cittàgazze ? À quelques mètres, des lumières scintillantes attirent son regard. Il observe brièvement une tour flanquée de bornes d'arcade, amusé à l'idée improbable de voir Andréas perdre son temps dans de tels jeux.

— Une cité époustouflante !
— T’en as sûrement vu des tas, réplique Khalis, tout en souriant malgré lui face au commentaire enthousiaste d’Andréas.

Oui, Scythopolis est étonnante, tout comme l'était Nimrod autrefois. Mais croiserait-il des visages du passé ici ? Il chasse cette pensée absurde pour se concentrer sur le présent. Plus loin, il admire des plantes grimpantes lorsque son regard tombe sur un panneau célébrant les fiertés queers. Il évite soigneusement de croiser le regard de son compagnon, mais Andréas, semble-t-il, n’a pas la même réserve. Khalis sent sa main se glisser dans la sienne, tirant doucement son attention. Il se tourne alors vers lui.

— Et si on allait se mêler à la population ?

Il aperçoit le bistrot désigné par Andréas, acquiesce et le suit. Depuis qu’ils se sont rapprochés, Khalis tente de contenir les fluctuations des auras, même s'il perçoit encore faiblement celle d'Andréas. Il se concentre sur les trois hommes en train de boire et, lorsqu’il leur sourit, Andréas et lui gagnent un verre. Est-ce Andréas qui les a charmés ou intimidés ? Quoi qu’il en soit, l’occasion est parfaite. Khalis les remercie avant de s’éloigner un peu avec son compagnon. Il observe la liqueur dans son verre, puis trinque avec Andréas. Le clin d’œil du Cavalier fait vaciller la commissure de ses lèvres, mais il se retient de sourire. Il prend une gorgée, laissant la bière rouler sur sa langue pour en savourer chaque note. Soudain, une pensée lui traverse l’esprit tandis qu’il regarde Andréas.

— Pourquoi tu as choisi de m’emmener dans mon ancien monde, Andréas ?

Le passé ne peut plus vous blesser, à moins que vous ne le laissiez faire (V pour Vendetta).

Pas la peine de pleurer qui choisit comme il part

C'est avec délice qu'il boit sa rasade et quand il termine, il observe le fond de son verre et la mousse qui y reste. Il est impressionné, toujours agréablement surpris par la puissance d'un charme sorcier correctement effectué, malgré tout ce qu'il pense des conditions de sa race. Une question soudaine de la part de Khalis, le sauve in extremis de ses divagations gâtés. "Pourquoi tu as choisi de m’emmener dans mon ancien monde, Andréas ?" Il est obligé de répondre, parce que le Valen sait pertinemment qu'il ne fait jamais rien sans raison. Rare sont les fois ou il agit d'instinct, d'imprudence et d'impulsivité ; seulement lorsque l'amour et la mort y sont mêlé. Il jette son verre vide par-dessus l'épaule, nonchalamment, parce qu'il sait qu'il n'y aura pas d'impact sur la réalité, il n'y en a pas ici ; ils sont hors du champ des séquelles et des répercussions. Le contenant ne fait même pas de bruit lorsqu'il rencontre le sable, celui-ci l'avale directement dans ses dunes, comme un avide et énorme estomac. Les azurines se focalisent sur la lèvre supérieure du nimrodien, encore humide de l'alcool qu'ils viennent de boire, comme un automatisme, il tend la main, lui attrape le visage et s'approche. À quelques centimètres, il s'immobilise, lui retire l'excédent de bière à l'aide de la pulpe de son pouce et murmure. "Combien est-ce que tu m'offres pour la réponse ?" Avec lui, peu de choses sont gratuites. Après tout, c'est le maître incontesté en matière de troc. Si l'offre ne lui convenait pas, alors il le laisserait impitoyablement sur sa faim, trahissait le rictus qui habitait ses lèvres.

Tandis qu'ils sirotent leur bière sous la lumière tamisée, Khalis repose la sienne pour accepter distraitement un tract qu’on lui tend — une invitation à voter pour des poètes à l’Assemblée. Ses yeux le parcourent sans vraiment le lire, son esprit ailleurs, attendant une réponse d’Andréas. Il commence à perdre patience, chose rare pour lui, mais l'indolence du sorcier met à rude épreuve sa légendaire tranquillité. Juste au moment où il s’apprête à relancer la question, Andréas jette son verre par-dessus son épaule. Khalis le suit des yeux, curieux de voir l’étrange effet du verre disparaître dans le sable, comme s'il avait été englouti par la terre elle-même, sans un bruit, sans se briser.

Il se penche instinctivement pour mieux observer, mais son mouvement s’interrompt. Tout son corps se fige soudain, sa respiration suspendue, quand il sent les doigts frais d'Andréas entourer doucement sa mâchoire. En un instant, le monde s’éclipse, chaque pensée lui échappe. Il reste immobile, ses grands yeux marrons rivés sur le sorcier, captif de ce simple geste. Andréas effleure sa lèvre inférieure du pouce, essuyant les dernières gouttes de bière avec une lenteur délibérée. Un frisson de tension glisse dans l’air entre eux.

— Combien est-ce que tu m'offres pour la réponse ? murmure Andréas, sa voix un souffle de provocation.

Même dans la banalité d’une conversation, Andréas trouve toujours une façon de marchander, de jouer. Khalis soupire intérieurement, partagé entre l'exaspération et une étrange fascination pour ses manœuvres. Il détourne les yeux un instant, cherchant à reprendre contenance, avant de les plonger à nouveau dans ceux d'Andréas. Un éclair de défi brille dans son regard.

Il se rapproche imperceptiblement, ses doigts s'enroulant autour du poignet fin du sorcier, le retenant avec douceur mais fermeté, comme pour lui signifier qu'il n’aura pas d'échappatoire. Pas cette fois.

— Du troc ? Ou des informations ? Tu ne veux rien de plus... intéressant ? répond Khalis, sa voix se faisant velours, tout aussi provocante. Un sourire discret se dessine sur ses lèvres. Je pourrais te peindre, peut-être ?

Il laisse planer le silence un instant, ses mots suspendus entre eux, comme un nouvel enjeu lancé dans leur étrange jeu de pouvoir.

Le passé ne peut plus vous blesser, à moins que vous ne le laissiez faire (V pour Vendetta).

Pas la peine de pleurer qui choisit comme il part

Le nimrodien détourne les yeux et intérieurement, il ricane, satisfait de son effet, savourant sa réussite ; même si elle est infime et qu'il n'a pas pour habitude de fêter la moitié d'une victoire. Le Naumenko laisse le temps de la réflexion à son comparse, ayant le loisir d'observer la ligne épaisse et séduisante de ses cils sombre. Quelques secondes seulement, avant qu'il ne se confronte encore à l'irradiation de ses yeux noisettes et qu'il ne plisse ses propres sclères, d'un bleu glacé, incisif. L'autre se rapproche, alimentant à l'aide de nouvelles braises leur incendie. "Du troc ? Ou des informations ? Tu ne veux rien de plus... intéressant ?" Il a un petit sourire qui grignote ses lippes, tandis que l'autre continue, dilapidant une pensée volontairement indécente, qui le fait loucher sur ses ourles. "Je pourrais te peindre, peut-être ?" Il hausse un sourcil et entrouvre les lèvres, la proposition est tentante, très tentante. Seulement, elle ne profiterait pas qu'à lui-même et si depuis toujours, son rôle de famine lui sied à la perfection, c'est qu'il est affreusement scrupuleux et accepte rarement les compromis qui nécessite trop de ses sacrifices. Andréas dévore les derniers millimètres qui les sépare et dépose un baiser à la tendresse interdite, insupportable de fugacité sur les contours affriolant du pandémonique. Là, il se recule, se défait de la poigne du nimrodien de sa force surnaturelle et lui lance. "Ce charme n'est pas éternel Khalis." Un gentil rappel qu'ils n'ont pas l'éternité et qu'ils ont encore un tas de chose à voir. Le noénaute se détourne et reprend la marche, traverse de façon imperturbable les dunes de sable ; jusqu'à tomber sur une maison comme nulle autre. Une bâtisse qui dénote fortement dans le paysage et qui attire son intérêt. Qui pour vivre dans cette maison ? Il a le visage qui se tourne en direction de son ange, parce qu'il a le sentiment intrinsèque qu'il s'agirait bien de son genre. "À quoi ressemblait ta maison ?" Lui ne saurait pas répondre. Parce que le temps s'est écoulé si vite. Parce qu'il en a eu tellement et aucune à la fois.