Cittàspide

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Forteresse imprenable aux meurtrières noires de promesses, Coatlinchàn se mérite, accessible uniquement par des chemins de montagne sinueux et traitres, voie unique de sortie du LABYRINTHE qui en protège l'entrée. De loin, le village se détache à peine des montagnes, maisonnées de pierres entassées sur des corniches à la surprenante uniformité. Sur deux ou trois étages, leurs murs rouges et muets portent pourtant des toits-terrasse regorgeant d'une verdure turquoise protégeant les foyers des éléments, scintillant de l'éclat de centaines de miroirs servant à recueillir l'énergie solaire. Sur les étages amoncelés, des âtres flamboyants tranchent les nuits de feux d'un rouge étrange et envoûtants, dans les ombres desquels des silhouettes immenses se déploient sur les montagnes, animaux-mémoire dansant dans les pénombres.

Seul‧e‧xs les analogues savent se repérer à travers les ruelles tortueuses du Village, là où les illusions d'optique sont légions, pleine d'anamorphoses et de trompe-l'œil. Aucun repère, aucun indice ne permet d'y retrouver son chemin, et il semble parfois que l'empreinte des pas dans la terre battue s'efface après chaque passage. Malgré l'altitude, un camaïeu de plantes survit et pare les toits et les interstices de pétales blancs et bleus. À l'orée du printemps, les crocus envahissent les rues, ne laissant que d'étroits passages où circuler.

Cellui qui aurait droit de passage dans la cité peut seul‧e‧x accéder au CADRAN, coeur flamboyant de Coatlinchàn. Il est dit que toutes les rues y mènent en secret lorsqu'on le désire. Cette place du village rotonde, camouflée de l'extérieur par un savant assemblage de maisons et niveaux, peut accueillir toute la population sous le ciel toujours clair de la montagne. Des sculptures paléolithiques strient le sol à même la roche, signes indéchiffrables des civilisations lointaines ayant habité ce lieu. Rassemblé‧e‧xs devant un immense gyroscope désaxé, on y vit, mange, danse et discute à tout heure du jour et de la nuit, à l'abri des spectres et des gazzi. À quelques rues de la place du village, une bâtisse en bois rouge abrique l'école de Coatlinchàn.

religion La foi des analogues est basée sur le ollin (le mouvement) entre trois états : atl (l'eau de la naissance), tecpatl (la pierre du rituel) et miquiztli (la mort). Cette trinité est au fondement de leurs croyances et accompagne chaque moment de leur vie, individuellement. Aucune structure n'existe, ni aucune hiérarchie pour encadrer cette foi, qui fait partie intégrante de leur identité intrinsèque. Cette mystique s'appuie sur une connexion profonde avec la nature et la faune qui la compose, les analogues estimant que chaque animal de la forêt est un‧e‧x inkumboli réincarné‧e‧x. Iels entretiennent un rapport intime avec celle-ci, et les analogues sont donc naturellement végétarien‧ne‧xs sous leur forme humaine. Le plus fort symbole du ollin est le cadran mystérieusement désaxé trônant au cœur de la place du village de Coatlinchàn. La pierre du rituel porte une sacralité propre à chaque analogue ayant effectué le rituel de l'Inkumbolo. De formes, d'essences, de couleurs et de tailles variées, les pierres en fer de ciel sont considérées comme les plus pures et désignent souvent lae futur‧e‧x coryphée.


oralité Bien qu'une partie d'entre elleux aient appris à lire et à écrire les différentes langues composant Cittàgazze afin d'en percer les secrets, les analogues entretiennent depuis des milliers d'années une tradition et une histoire oralement transmise, par le biais notamment des passeur‧euse‧xs, individus choisi‧e‧xs pour leur immense mémoire et leur capacité à construire des palais mentaux pouvant contenir les savoirs de tout un peuple. Les conteur‧euse‧xs et les poète‧sse‧xs occupent elleux aussi une place importante dans la transmission de ces savoirs, égayant la place du cadran de chants épiques et de récits immémorieux. À travers les chants, les contes et les rituels passé‧e‧xs de parent‧e‧x à progéniture, c'est le ollin qui se perpétue : chaque famille a ses souvenirs, ses rituels et histoires, reprenant toutes de manière différente les mêmes mythes, ceux de la destruction de Cittàspide, de leur exil et de la prophétie.


rituel de l'Inkumbolo Passage obligé pour devenir un‧e‧x adulte et être reconnu‧e‧x en tant membre à part entière de Coatlinchàn, le rituel est jalousement tenu secret depuis des temps immémoriaux, autant par sa dangerosité que par l'immense pouvoir qu'il recèle : celui de pouvoir se changer en son animal-mémoire et de faire un avec la forêt, les montagnes et les cieux. À Cittàgazze, les traces de cet antique rituel ont presque toutes été détruites par la secte des SOLMÈNES, voyant dans cette magie un contre-pouvoir menaçant au culte de Quetzalcoatl, ayant selon les contes détruit Cittàspide, ainsi que la fin de l'Alchimie. L'extrême dangerosité du rituel en fait une épreuve tristement meurtrière, abandonnant derrière elle de nombreux‧se‧xs enfants n'étant pas revenu‧e‧xs du rêve sans fin du Cirque de la Solitude. Cirque esseulé au plus profond des montagnes, ses revers tranchants recèlent un lit de pierres et de rêves défaits où le rituel s'effectue auprès d'un filet d'eau. Un seul chemin permet d'y parvenir, et un seul chemin de le quitter ; toutes les autres voies ne sont que vertiges et rochers acérés. Une fois le creuset de pierres atteint, l'aspirant‧e‧x choisit la pierre que l'instinct lui indique de saisir, et s'endort au fond du cirque en espérant se réveiller sous la forme de son animal-mémoire.


coutumes et savoirs Les analogues haïssent plus que tout le Poignard subtil et mettront tout en œuvre pour qu'il ne soit jamais reforgé, notamment du fait de leurs légendes, relatant que le fer de ciel nécessaire à sa création est le produit des pierres de rituel de leurs ancêtres, qui sont des reliques sacrées. Iels craignent le feu de la milice solmène par-dessus tout, échos d'une noire prophétie et synonyme de destruction de la forêt. Iels alimentent en lumière et chaleur leurs maisons et leurs artisanats par le biais de l'énergie solaire, qu'iels recueillent via des miroirs, minuscules ou immenses, dispersés dans le village. Le sous-sol de celui-ci est creusé de fines galeries remplies d'eau, remontant dans chaque demeure et assurant à la fois les besoins en eau potable et en chaleur pour tenir face aux hivers montagnards rigoureux : un système complexe de géothermie qui nécessite un entretien constant. La danse occupe une place centrale dans la société analogue, et les nuits de farandoles sous les flambeaux de Coatlinchàn forgent les légendes et les rêves dans toute la montagne, projetant sur les falaises des ombres immenses, nimbées de mystères et de grandeurs. La danse, si ténue soit-elle, quelques gestes comme de grands pas, est parfois un mode de communication préféré aux paroles. Enfin, tuer un‧e‧x autre inkumboli est condamné par la mort à Coatlinchàn, l'animal-mémoire étant abattu sur la place du Cadran.


ancien conte
« À l’origine, il y avait deux villes, la cité des oiseaux et la cité des serpents. Ces deux villes étaient sœurs et échangeaient des savoirs et des biens depuis la nuit des temps. Cittàspide comme Cittàgazze semblaient avoir toujours existé. On savait seulement que gli spidi, les premier·ère·xs fondateur·ice·xs de Cittàspide, et i gazzi, les premier·ère·xs fondateur·ice·xs de Cittàgazze, venaient de lointaines montagnes. Lorsque les deux villes furent érigées, il leur fut offert le don de manier la matière et le don de manier l’être ; l'alchimie était née. Un jour il fut extrait de la terre un matériau si précieux qu'il réveilla de sombres avarices : le fer de ciel. Des êtres envieux voulurent s’emparer des richesses de la ville voisine, et la guerre éclata entre les deux cités. La misère s’empara du monde et de cette misère naquit Quetzalcóatl, le « serpent-ailé », mi-serpent mi-oiseau, un être ambigu né de la discorde et du déséquilibre du monde. Les spidi et les gazzi forgèrent un miroir pour l’aveugler, le « miroir fumant », Tezcatlipoca, némésis de Quetzalcóatl. Le miroir ne parvint pas à arrêter à temps l'ire du serpent-ailé, et Cittàspide fut détruite. La cité s'éteignit, emportant avec elle les secrets d’une civilisation millénaire et grandiose. Cittàgazze fut sauvée, et le Miroir fumant, l'arme parmi les armes, disparut dans les légendes. Une poignée de spidi survécurent. Iels s'enfuirent, et découvrirent à des jours de marche un pic élancé dont la silhouette, plus triste et plus acérée, était semblable à celle d’une tour autrefois pleine de grâce, la Torre delle Arpie. Le pic fut nommé d’après elle le Mont Analogue. Ainsi, Cittàspide vivrait encore dans les profondeurs cachées des montagnes surplombant Cittàgazze, dans un village comme arraché au cours des choses : Coatlinchàn. »


Ville de tous les vertiges et de toutes les prouesses, Cittàspide fut reléguée à l'état d'ancien conte pendant près de mille ans. Supposément détruite par l'ire de Quetzalcóatl lors de la guerre entre les deux cités, la ville des serpents survécut pourtant dans l'inconscience du monde, et fut longuement rebâtie. En plusieurs centaines d'années, elle sembla renaître de ses cendres, mais ses habitant‧e‧xs, les spidi, choisirent de demeurer caché‧e‧xs, de peur que l'histoire ne vienne à se répéter et que la guerre n'éclate de nouveau. Dans l'ombre, sa grandeur fut redorée, et en parfaite autarcie, Cittàspide redevint la cité aux mille tours, sur les énigmatiques rives du lac de la Question. La ville est protégée par le Miroir fumant, Tezcatlipoca, un vaste dôme alchimique ayant permis à Cittàspide de survivre aux assauts du [Serpent-Ailé], s'activant grâce à trois leviers du nom de mécanismes de Vigenère. Ses habitant‧e‧xs sont exclusivement des alchimistes et des inkumboli. Mais alors que la cité venait d'être redécouverte par Cittàgazze, Quetzalcoàtl, de retour d'entre les limbes, s'arma pour la détruire de nouveau (intrigue Chaosmogonia). On ignore si la ville a survécu.

Les cimes, Haute Ville de Cittàspide dominée par la Torre delle Arpie, s'élancent vers les cieux dans des prouesses architecturales tutoyant l'impensable. Les hauteurs rivalisent de couleurs par leurs tours parsemées de mosaïques et leurs flèches dorés, leurs architectures délicates et leurs aqueducs, qui acheminent l'eau de la rivière Asco dans toute la cité. Les Cimes rayonnent de petites cascades et de fontaines miroitant au soleil, parmi une végétation exotique qui semble avoir repris ses droits sur la ville, perçant les pavés et grimpant le long des arcades. Les pavés de l'Asco, escaliers aux mille marches remontant du lac de la Question jusqu'à la Torre delle Arpie, regorgent de trésors de l'art spidi : orfèvrerie, lapidaires, horlogerie, plumasserie, lutherie, passementerie, etc. Tout un monde d'éclats et de superbe faisant se rencontrer toutes les classes de vie. On raconte qu'autrefois, les bijoux spidi étaient exportés parmi tous les mondes. Au coeur de la cité, le Théâtre-Monde, vaste place prenant la forme d'un théâtre antique, rassemblait les spidi autour de discours, de contes, de pièces et de poésies.

La Rive, Basse Ville de Cittàspide, serpentueuse et alambiquée, s'étend le long de la rive du lac de la Question. Les milles canaux de la cité viennent s'y déverser, l'eau saupoudrée des pétales des multiples arbres fruitiers et floraux qui égayent ses étranges rues. Petite Venise parsemée d'énigmes, la vie de la Rive s'organise autour du Porto Nuovo, un port de caravelles. Lieu de l'exploration et des sciences, le port de Cittàspide faisait sa renommée avant son effondrement. Ville des grandes découvertes, la cité des serpents avait cartographié une multitude de mondes à travers les failles, dont on dit qu'elles s'ouvraient sur le lac et étaient traversées par de grands navires en quête d'aventure. Au bord du port, sur les quais de pierre, se trouve l'Academia de Cittàspide, palais des sciences et de la recherche, faisant aussi office d'université. Les quais sont parsemés de grandes lunettes astronomiques, rassemblant les spidi la nuit dans le port pour observer le ciel. Depuis sa ruine, les anciens navires hantent étrangement le Porto Nuovo, carcasses vides et abîmées par le temps. Dans les profondeurs de la Basse Ville, le marché de Tachikardie satellise tous les trafics de la cité. Lieu de secrets, de pègre et de faux-semblants, le marché est parcouru d'escaliers en tous sens et de bâtisses colorées formant comme un caléidoscope à ciel ouvert. Il est possible de tout y dénicher, notamment des trésors des mondes effondrés.

Bordée par le Lonely Ocean d’une part, Cittàgazze se trouve d’autre part à flanc de montagnes recouvertes par une dense forêt [inspirée de la forêt dans Princesse Mononoke d’Hayao Miyazaki]. Les arbres immenses rivalisent de prestance pour aller toucher le soleil, ombrageant les pics sous une épaisse couverture de ramures et de lichens. Les troncs, pouvant atteindre plusieurs mètres de diamètre, sont recouverts d’une mousse verdoyante, là où le sol de la forêt se démène sous les racines enchevêtrées, l’humus et les pierres drapées sous les fougères.

Bien qu’elle soit pleine de vie, regorgeant de plantes médicinales, de bois solide et de fruits, presque aucun·e‧x cittadini ne parcourt la forêt. Quitter Cittàgazze n’est pas considéré comme un acte de courage, tout au plus de folie. En effet, abritée derrière ses remparts, la cité offre un abri contre i fantasmi [les spectres], des êtres immatériels dévorant les âmes des mortel·le‧xs lorsque celleux-ci atteignent l’âge adulte. Les humain·e‧xs ne sont ensuite que carcasses vides, errant sans aucun but avant de se laisser dépérir. I fantasmi naissent d’anomalies au sein de la Poussière, dont ils se nourrissent. Seul·e‧xs les adultes sont capables de les percevoir, sous forme de fantômes drapés de haillons noirs à taille humaine.

Protégé·e‧xs au cœur de Cittàgazze, seul·e‧xs quelques cittadini bravent le danger des fantasmi pour s’aventurer dans la forêt et en récupérer les précieuses ressources. Il s’agit pour la plupart des mineur·euse‧xs des mines de fer de ciel se trouvant à quelques kilomètres de la ville, au cœur de la forêt. Celleux-ci travaillent pour le compte des solmènes en échange d’un toit, du couvert et d’une perspective de salut. Beaucoup ne réchappent pas de ces périples pour récolter le [sky iron], ce minerai mystérieux, immensément résistant et précieux, dans lequel Æsahættr aurait été forgé. Quelques chasseur·euse‧xs de ruines, explorateur·ice‧xs et insensé·e‧xs s’aventurent parfois elleux aussi dans la forêt, mais peu en reviennent sain·e‧xs et sauf·ve‧xs. Parmi ces dernier·ère‧xs, on retrouve quelques fois des apprenti·e‧xs inkumboli, gagnant le cirque de la Solitude, dans les montagnes, pour réaliser le rituel de leur transformation.

troc Après l'effondrement, confronté‧e‧xs à l'absence d'une monnaie commune fiable et d'un système bancaire de confiance, les habitant‧e‧xs de Cittàgazze se sont tourné‧e‧xs vers le troc pour survivre. Bien que certain‧e‧xs aient depuis tenté de réintroduire le concept monétaire, le risque de contrefaçon – en grande partie dû à des alchimistes véreux‧se‧xs – suffit à enterrer les expérimentations.

Tout repose donc sur un système classique de troc : un échange de produits et/ou services entre deux personnes ou groupes. La rareté d'un produit ou d'un service le rendra plus désirable, et à l'inverse, une ressource commune ne fera pas l'objet d'un grand marchandage. Il est coutumier de discuter, et d'abaisser, le « prix » : seul‧e‧xs les imbéciles échangent leurs biens sans négociation.

Certaines ressources ou services sont néanmoins trop précieux·ses ou difficiles à échanger lors d'une seule transaction. Interviennent alors les faveurs : des ardoises à « rembourser » en multiples dons, qui sont elles-mêmes troquées entre les personnes qui en bénéficient, pour plus de souplesse. Il est très mal vu de venir demander paiement de la dette complète, surtout lorsqu'il y a eu échange de faveurs‧ Celleux qui tentent d'abuser du système sont rapidement mis‧e‧xs aux bans des trocs de tout type, voire retrouvé‧e‧xs échoué‧e‧xs à marée basse, mort‧e‧xs. Il est également mal vu, lorsqu'on est en capacité d'accepter un troc, de le refuser.

À titre d'exemple, il est commun de troquer un ou plusieurs repas contre son travail, manuel ou non. Des familles, quartiers ou factions entières peuvent mettre en commun leurs ressources en faveurs pour obtenir d'un‧e artisan·e‧x ou autre une prestation plus large. Tous·te‧xs aiment échanger des objets insignifiants ou sans utilité pratique, qui servent de centimes et de cadeaux, convoités pour leur simple beauté.


croyances L’effondrement a convoyé avec lui une pluralité de croyances dans la cité des cimes. La foi la plus répandue et unificatrice est celle dans le retour du/de la Porteur·euse‧x du poignard, l’être élu capable de brandir Æsahættr et de rouvrir les failles vers les autres mondes. Disparu‧e‧x depuis l'effondrement, l'élu·e‧x est devenu‧e‧x un mythe et le Poignard, brisé, un rêve que l'on voudrait raviver. Certains groupuscules secrets, que l’on soupçonne sous les ordres des solmènes, s'adonnent à d’infâmes mutilations pour tenter de découvrir qui sera lea futur·e‧x élu·e‧x : trancher les deux derniers doigts de la main droite à des innocent·e‧xs, afin de reproduire la plaie sacrificielle que les Porteur·euse‧xs du poignard possèdent tous·te‧xs. Malgré ces déviances, la croyance en le retour de l’élu·e‧x permet aux cittadini de partager dans leurs cœurs une profonde foi en l’avenir.

Après le culte du [Subtle Knife], la croyance dominante est celle véhiculée par les pandémoniques, héritier·ère‧xs du Magisterium et de sa lecture rigoriste de la Bible. Les pandémoniques et leurs fidèles croient en la théorie de la Création et en la puissance de l’Autorité (Dieu), à qui les humain·e‧xs doivent se soumettre. L’effondrement est selon elleux la conséquence d’un péché originel, incarné par les daemons, que l’humanité doit expier.

Le culte de l’Autorité récuse avec fermeté les croyances des communautés sorcières et des haruspices. Celles-ci ont en partage une foi profonde en la nature et les esprits qui accompagnent ses manifestations. Les éléments occupent une place centrale dans leur approche animiste des phénomènes, animés par des esprits que le commun des mortel·le‧xs ne peut percevoir. Seul·e‧xs les haruspices sont réputé·e‧xs pour parvenir à communiquer avec elleux, maniant ainsi certains éléments.

Avec l’effondrement, une nouvelle croyance est née au sein des SOLMÈNES, inspirée des gravures des empires aztèques prédisant la fin des mondes : le culte du Serpent-Ailé. Selon elleux, l’effondrement serait la preuve que le règne de l’Autorité a pris fin et que celui de QUETZALCOATL est sur le point de voir le jour. Dans cette optique, la destruction du monde tel qu’il fut est considéré comme une nécessité. Le Serpent-Ailé se présente dès lors comme un symbole d’unicité morbide : la fin des mondes parallèles, la fin des daemons, la fin des autres cultes.

Les communautés de non sedentari habitant Cittàgazze, en particulier le Porto Vecchio et ses quais dans la Ville Basse, pratiquent un pluralisme religieux permettant à une multitude de croyances et de religions de cohabiter, loin de tout prosélytisme.

Enfin, chaque monde possède sa propre compréhension du phénomène des failles, des mondes parallèles et de l'existence des daemons. Là où les descendant·e‧xs du [Lyra’s world] parlent de Poussière et les Terrien·ne‧xs de matière noire, les habitant·e‧xs originel·le‧xs de Cittàgazze ont défini ces phénomènes par l’énigmatique appellation d’Être caché, déité invisible capable de modeler la fabrique même de la réalité. Des noms-énigmes traduisant le peu de connaissances fondées que les divers peuples ont des failles et de la Poussière.


non sedentari I non sedentari regroupent sous un même nom plusieurs peuples, groupes et communautés qui pratiquaient tous‧tes une forme de nomadisme dans leurs mondes d'origine [Lyra & Will's worlds], et qui se sont trouvé‧es, lors de leur arrivée à Cittàgazze, des valeurs communes. Claniques, la famille est au centre de leur mode de vie : leurs enfants sont férocement protégé‧e‧xs et choyé‧e‧xs par l'ensemble des non sédentaires. Iels s'entraident et règlent à l'amiable, par le biais du Conseil des NOÉNAUTES, l'intégralité de leurs différends, ne reconnaissant aucune légitimité aux autres instances de ce type.

Iels résident majoritairement sur les péniches du Porto Vecchio, mais également dans les locali alentour, et vivent des trocs liés à la pêche ainsi qu'aux jardins flottants, dont iels contrôlent, par les NOÉNAUTES, l'accès. Une partie d'entre elleux cachent leurs origines non-sédentaires pour mieux espionner les hautes sphères, mais iels ne trahissent jamais les leurs.

Iels pratiquent le pluralisme religieux, et offrent un espace, voire un refuge, à une diversité de croyances parfois contradictoires. À ce titre, iels ne s'opposent pas aux PANDÉMONIQUES, mais ont moins confiance dans ses institutions. En effet, même si leurs descendant‧e‧xs n'ont connu que Cittàgazze, une grande majorité des exilé‧e‧xs ont été victimes de persécutions de la part des pouvoirs politiques et religieux de leurs mondes d'origine.


trafics Grouillant dans les dédales de la Ville Basse, de nombreux trafics voient le jour et empoisonnent la cité des pies. Le marché des Ambrumes est devenu leur plaque tournante, lieu d’échanges crasses et de trocs crapuleux ; il ne vaut mieux pas tendre l’oreille aux rumeurs noires. Autre carrefour de la drogue à Cittàgazze : la mystérieuse et peu connue Nef des fous, un bar secret enfoncé dans les profondeurs de la Ville Basse, dont la réputation sulfureuse laisse entendre que des combats illégaux de daemons y auraient lieu.

Parmi les alcools notoires de Cittàgazze, le limoncello et la cédratine tiennent des rôles importants dans les banquets de convenances de la Ville Haute. D’innombrables liqueurs, telle que les liqueurs de myrte, d’arbouse ou de figue, côtoient des spiritueux plus sulfureux, souvent illégaux, telle que l’absinthe de posidonie, aussi appelée la [fée bleue], du fait du lagon turquoise dont elles sont extraites. Distillées au Porto Vecchio, les posidonies composent ainsi un alcool dangereux et grisant, provoquant de lourdes hallucinations et entraînant de nombreuses overdoses.

Au grand dam du Consiglio degli Angeli – en particulier des pandémoniques, la drogue la plus répandue et la plus dangereuse de la cité des cimes porte le doux nom d’ambrume, fausse délicatesse pour cette poudre dorée aux allures de feuilles d’or. Obtenue à partir de l’ambre des baleines réduite en poudre, l’ambrume est réputée pour permettre à ses consommateur·ice‧xs de passer du monde des vivant‧e‧xs à celui des mort‧e‧xs, et d’en revenir. En vérité, elle jette sur l’esprit un brouillard de poix où les souvenirs se déconstruisent, donnant l’impression de côtoyer des fantômes. Une consommation prolongée d’ambrume provoque d’irréparables amnésies.

Nel Vespero Migrar ©