Aucun‧es zutiques ne portaient dans leur cœur le projet de téléphérique qui depuis des décennies soulevaient les ardeurs dans la Ville Basse. Les ouvrier‧ères du chantier vendaient leurs informations à prix d'or, et un véritable commerce secret s'était élaboré pour comprendre comment mettre à mal les premières installations déjà érigées. Cette nuit-là, marteau au point, tu es bien décidé à enflammer la poudre si souvent déversée aux yeux des zutiques comme de la perlimpimpim. Ta ceinture est pleine d'outils en tous genres, de ciseaux à bois et de crochets, en espérant que ta petite panoplie sera efficace contre les barrières solmènes. Une fois des camarades rejoints, votre petit groupe se tint à bonne distance de la cabane des ouvrier‧ères pour tenter de mettre au point un plan.

Tes mains commencèrent à s'agiter dans les l'airs pour signer les mots qui se pressaient dans ta tête, idée après idée, et Miró prit son rôle de traducteur très au sérieux. « Première idée : crocheter la porte, qui renferme sans doute des pièges alchimiques. » Tu appuyas cette proposition par une ceinture entière de crochets de toutes dimensions et formes. Mais tu repris les signes, plus agités cette fois-ci sous l'adrénaline que la situation faisait courir dans tes veines. Un étrange sourire étirait tes lèvres dans une fascination pleine d'entrain. « Deuxième idée : escalader cette casette et lancer un grapin. Il ne nous restera plus ensuite qu’à nous laisser glisser le long du câble pour tomber directement chez l’ennemi·e. »

@Clyde Ardone @Noa Ramsey

Le directeur de la nef des fous appréciait beaucoup Kretschmar pour une raison très simple : iel faisait preuve, pour une raison simple, d’une redoutable discrétion. Même son daemon qui se faisait traducteur de signes que Clyde aurait aimé comprendre – il lui demanderait de les lui apprendre un de ces quatre, moyennant troc intéressant – opérait avec rapidité et efficacité de manière à ne pas attirer l’attention d’éventuel·le·s ennemi·e·s passant dans le coin. Clyde écouta attentivement les propositions traduites par le daemon, sans quitter des yeux la personne qui les proférait du bout de ses doigts agiles, presque extatiques.
Son sourire se joignit bientôt à celui de Kretschmar qui en plus de faire preuve de discrétion, élaborait déjà des plans stratèges qu’il n’aurait pas associés à son jeune âge. Il appréciait être surpris de cette manière, et ne pouvait dès lors se permettre de reléguer le risque en arrière plan quand cette situation promettait d’être plus efficace.

« Crocheter la porte va nous demander du temps et de la discrétion. Nous avons l’un mais pas l’autre. » argumenta-t-il dans un chuchotis à peine perceptible mais articulé de sorte qu’on puisse lire sur ses lèvres. « Sinon il faut nous séparer mais je ne pense pas que ce soit la bonne solution. Je suis bon grimpeur, je suis d’avis de monter, il me sera possible de vous ouvrir. Sauf si vous savez grimper aussi. »

Il se tourna vers Noa.

« T’en penses quoi toi ? »

@Kretschmar Grimm @Noa Ramsey

Dans la pénombre de la nuit, c’est à peine si vos deux ombres se dessinent sur les pavés de la rue, fantômes à peine réels. Le temps pourtant joue contre vous, chaque minute vous rapprochant un peu plus de l’aurore, alors que de nombreux obstacles demeurent à franchir. Tu exposes ton plan avec rapidité, signant nonchalamment en évinçant un certain nombre de mots – suffisamment pour être tout juste compréhensible par ton daemon. Tout en élaborant ta pensée, tu jettes quelques regards de biais, jaugeant la garde du lieu par de brefs coups d’œil derrière la façade vous tenant lieu de repère provisoire. Plusieurs alchimistes effectuent des rondes régulières autour du chantier.

Clyde vient appuyer ta seconde idée, et tu acquiesces avec assurance lorsque se pose la question d’escalader la casette pour gagner les toits et lancer un grapin. Grimper pour s’élancer avec tes paravoiles depuis les parapets de Cittàgazze représentant une part conséquente de tes nuits, rejoindre les toits ne devrait pas s’avérer trop difficile. Tu émets toutefois un doute en constatant – à ton plus grand désarroi – que les hyènes n’ont pas d’ailes. « Comment comptes-tu monter avec ton daemon ? » traduis Miró lorsque tu recommences à signer. « Je peux monter en premier et te lancer un grapin. » ajoutes-tu en guise de solution de fortune.

Tu ne laisses pas réellement le temps à ton compagnon de contester ta proposition que tu te hisses déjà à la force de tes bras contre les troncs de glycine et les renfoncements des fenêtres, le long de la façade de la casette. Malgré le poids de tes outils et de ton attirail, tu progresses vite, et en quelques prises judicieuses, tu parviens sur le toit de la casette. Jetant un regard en contrebas, tu discernes les silhouettes de Clyde et de son daemon. Détachant la longe accrochée à ta ceinture, tu entreprends de lâcher du leste jusqu’au sol. Ne reste plus à Clyde qu’à te rejoindre.

Succès Kretschmar se hisse sans bruit sur les toits et n’attire pas l’attention.
Echec Une branche de glycine craque alors que Grimm grimpe, provoquant un bruit notable.

Kretschmar ne laissa pas le temps à Clyde de se décider ou non, jugeant de toute évidence que le lien avec son daemon, même s’il s’était renforcé ces derniers temps depuis le houleux combat avec Alyosha Dahl, n’était pas suffisamment fort pour qu’il le transporte sur son dos comme il avait pu le faire par exemple, dans le mausolée qu’il avait visité avec Scorta voilà quelque temps. Reculant, le directeur de la nef leva les yeux au ciel pour regarder saon acolyte se hisser avec une dextérité presque effrayante le long du mur. Sans bruit, et presque sans efforts, la silhouette de Kretschmar sembla faire corps avec l’obscurité tant et si bien que, si le grappin n’avait pas chuté dans un sifflement à côté de Clyde, ce dernier aurait simplement cru que saon comparse s’était volatilisé·e.

« Monte. » indiqua-t-il à son daemon.

Il s’accroupit sur le sol, et Nero le contourna docilement pour planter ses griffes dans ses épaules et dans ses hanches. Retenant un grognement d’inconfort, celui qui avait longtemps grimpé sur les toits de la cité lorsqu’il était plus jeune pour voler à bouffer afin de survivre devait avouer qu’il n’était désormais plus aussi frais et souple qu’autrefois. Il enroula prestement, avec des gestes qui n’avaient pas perdu leur maîtrise, la corde autour de son bras, pour pouvoir se hisser à son tour contre le mur et rejoindre saon acolyte.

Succès : Top moumoute.
Echec : Nero glisse du dos de Clyde, obligeant ce dernier à reprendre pied avec le sol et à l'emporter avec lui d'une autre manière.

Quelques minutes s’écoulent avant que la silhouette de Clyde ne se hisse à son tour le haut de la casetta, son daemon fermement cramponné à son dos. Miró eut un mouvement de recul incontrôlé en apercevant les griffes luisantes du chacal. D’un signe sans équivoque, tu indiques à ton camarade de ne s’accroupir pour ne pas que vos silhouettes malvenues n’attirent l’attention des solmènes présent·es sur le chantier. Tu profites de ces quelques instants pour remonter le grapin, avant de pencher tes yeux du haut du parapet pour t’assurer que la voix est libre de l’autre côté. Tu recules vivement alors qu’une brigade de milicien·nes effectuent sa ronde en contre-bas.

Quelques secondes plus tard, tu laisses descendre lentement le grapin – pas besoin d’attirer davantage l’attention sur vous avec un fracas métallique sur le sol – jusqu’aux pavés de la rue. Signant auprès de Clyde, Miró vient traduire : « Est-ce que la vue de ton daemon est suffisamment perçante pour nous assurer que personne ne vient ? » La vision nocturne des canidés étant plus développée que celle des messagers sagittaires, tu ne poses pas la question à Miró. Une fois l’affût effectué, tu n'attends pas davantage pour te laisser glisser le long du grapin, le plus silencieusement possible.

Une fois arrivé en bas, tu te précipites dans l’angle d’un mur pour ne pas attirer l’attention, soucieux que ton ombre ne te trahisse pas, en attendant que Clyde te rejoigne pour progresser dans le chantier et réaliser votre mission, à savoir : tout saboter sans se priver. Passant la main dans ta besace, tu comptes le nombre de grenades à ta disposition. Six, voilà qui devrait faire l’affaire pour esquinter le projet solmène.

Succès Aucune brigade de milicien‧nes n'est en vue.
Echec Une brigade est sur le point d'arriver.

« Sa vue non ; son ouïe, oui. »

Ils se terrèrent dans l’obscurité en attendant la patrouille, puis Nero descendit victorieusement des épaules de son humain en reprenant contact avec la terre ferme qui le rassurait. Clyde sentait revenir au sein de ses muscles par leur mémoire mécanique les réflexes de voleur qui lui avaient permis de survivre plusieurs années dans la Ville Basse avant de combattre dans La Nef des Fous puis de la diriger. Combien de façades avait-il escaladées ? Des centaines. Celle-ci toutefois ne figurait pas encore à son palmarès avant ce soir. Ainsi, tout ce qui se trouvait derrière se révélerait une découverte totalement inattendue.
Tendant l’oreille, Clyde observa autour de lui à la recherche de pièges. Ces derniers ne tardèrent pas à se manifester : impossible de les faire exploser, et l’haruspice ne se risquerait pas à les toucher. A l’avenir il lui faudrait penser à se munir de quelque talisman pour se prémunir contre cette saleté d’alchimie.

« On ne va pas avoir le choix Grimm, il va falloir faire péter la serrure et ça va faire un bordel monstre. J’espère que tu sais courir vite. »

Il lui adressa un regard, attendant son assentiment ou son rejet face à la partie la plus risquée de cette entreprise.

Le pilier qui vous apparaît comme une silhouette grise au bord de la nuit semble déroger encore aux fondations imparables des solmènes. Toutefois, à bien y regarder, des pentacles discrets ornent sa base, dissuadant tout attentat à la bombe, comme les zutiques en sont pourtant si friand·es. « Iels ont tout prévu. » murmure Miró alors que tu acquiesces en silence. Les solmènes semblaient avoir tiré des leçons des deux attentats contre la Torre degli Angeli, réputée désormais imprenable. Mais ce n’est pas elle que vos explosifs desseins ont en ligne de mire ce soir-là.

À la stratégie énoncée par Clyde, tu t’empresses de signer, traduit dans la foulée par Miró : « ⠨⠁⠞⠞⠑⠝⠙⠎⠂ ⠚⠑ ⠏⠑⠥⠭ ⠑⠎⠎⠁⠽⠑⠗ ⠙⠑ ⠉⠗⠕⠉⠓⠑⠞⠑⠗ ⠇⠁ ⠎⠑⠗⠗⠥⠗⠑⠲ » Tu tires des outils rudimentaires que ta condition d’ingénieur ne manque jamais d’abandonner au fond de tes poches, en priant secrètement pour que l’un d’eux soit suffisamment fin pour crocheter une serrure comme celle-ci. Restait aussi à espérer qu’aucun pentacle ne viendrait vous barrer la route.

Après avoir longuement épié les alentours avant de t’élancer, tu signes rapidement : « ⠨⠉⠕⠥⠧⠗⠑⠤⠍⠕⠊⠲ » alors que Miró agi toujours comme le truchement entre Clyde et toi. Ton daemon s’élance ensuite à ta suite, et par petits pas furtifs, vous parvenez bientôt devant la porte du cabanon, dont la chaîne lourde et menaçante t’arrache une grimace. La tâche ne va pas être évidente, mais tes jambes sauront, dans le pire des cas, cavaler pour te sauver la mise – tu l’espères du moins. Le plus doucement possible, tu insères ton crochet dans la fente de la chaîne, soucieux des moindres bruits, avant d’entamer le difficile duel contre la serrure.

ECHEC Il va falloir faire péter la chaîne et courir.
REUSSITE Grimm parvient à crocheter la serrure sans bruit.

« Tu es sûr ? » mimèrent les lèvres de Clyde qui après tout ne connaissait pas suffisamment Grimm pour attester ou non de ses qualités en mission.

Grossière erreur me direz-vous, mais il décida de lui faire confiance. Pour le point où ils en étaient, s’ils pouvaient gagner du temps et de la discrétion, tout était bon à prendre. Il se mordit la lèvre en signe de réflexion, jeta un regard à Nero. Ce dernier acquiesça d’un signe de tête, bientôt imité par Clyde. Le regard sombre de ce dernier indiquait qu’il pouvait y aller, mais qu’il fallait faire vite. Se positionnant à la frontière de l’ombre salvatrice, le directeur de la Nef promena son regard sur les alentours. Nero comprit qu’il devait se charger de tendre l’oreille. Un genou replié, tous les sens à l’affût, le Zutique se prépara à courir, emportant Grimm en travers de ses épaules s’il le fallait pour prendre la fuite.
Les quelques minutes que prirent la manœuvre lui semblèrent durer des heures.

Soudain, un cliquetis caractéristique retentit. Clyde retint son souffle, puis prit le risque de tourner lentement la tête pour voir ce qu’il se passait. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit que la serrure avait cédé ! Sentant une bouffée de reconnaissance monter dans sa poitrine pour Grimm, Clyde se détendit.

« Tu gères Grimm. Bougeons-nous avant d’alerter quelqu’un ! » chuchota-t-il avec empressement en poussant la porte avec précaution.

Succès : C’est cool vous allez pouvoir atteindre le pilier.
Echec : Oups, ptdr, y’a une surprise derrière.

Vous pénétrez fugitivement dans le cabanon renfermant les secrets de la construction du téléphérique – du moins, c’est ce que tu espères. La pénombre est telle que tu te fies à Miró pour discerner les alentours ; pas question d’allumer la moindre lampe à ambarique, elle alerterait immédiatement tous·tes les milicien·ne·xs alentour. Et dans cette obscurité de poix, il t’es d’autant plus difficile de communiquer avec Clyde. Ton daemon prend le relais pour vous décrire à voix basse les alentours : « Il y a les piliers pour hisser le téléphérique, mais ils semblent en fer de ciel, on ne parviendra pas à les faire exploser, même avec une immense détonation. » Tu jurons en silence, ce qui se rapproche davantage d’une grimace de frustration. Vous n’avez pas fait tout ce chemin pour rien, il vous faut trouver un moyen de ralentir le chantier par tous les moyens, quitte à seulement faire exploser le cabanon – tant pis pour les piliers, vous trouverez un autre moyen de les rendre hors d’usage.

C’est à ce moment-là que Miró aperçoit dans l’obscurité une porte derrière laquelle s’épuise une très faible lueur grésillante. « Le bureau du contremaître, sur la droite ! » Son murmure cache pourtant difficile son excitation ; vous n’êtes pas venus pour rien. Grâce à la vue perçante de ton daemon, tu signes quelques mots qu’il comprend sans mal, avant de les traduire pour Clyde : « Grimm propose de nous séparer ; il te propose d’essayer de trouver les plans du périphérique dans le bureau, mais dans l’éventualité où ça ne fonctionnerait pas, se prépare à faire exploser le cabanon. » Tu tentes de discerner les yeux de Clyde dans l’obscurité pour savoir si ton compagnon acquiesce à ce plan ou au contraire recule en proposant une autre alternative.

L’obscurité les enveloppa dans une telle épaisseur que Clyde la sentit pénétrer par tous ses orifices, y compris ceux qui lui permettaient de respirer. Il inspira posément. Nero, qui voyait mieux que lui dans les ténèbres, s’assit contre sa cheville pour assurer sa présence. Le contact, auquel il n’était pas trop habitué, apporta au Zutique un de ces réconforts frais qu’il ressentait lorsqu’il se perdait dans les limbes de ses visions. Aucune d’elles ne lui vint ici, évidemment, car il ne possédait pas l’ingrédient nécessaire pour mener à bien une telle chose. Privé d’un de ses sens par la situation, il tendit l’oreille avec d’autant plus d’acuité quand le daemon de Grimm lui adressa la parole.

« Je suis d’accord, faisons ça. Ecartez-vous. »

L’exiguité du cabanon n’était pas à prouver, et Clyde ne souhaitait effleurer ni Grimm ni encore moins son daemon sans leur consentement – et même avec, en vérité. Avec précaution, il trouva un mur avec lequel il se dirigea jusqu’au meuble, mettant à profit les sens de Nero ainsi que sa propre expérience de voleur. L’oreille aux aguets, il écouta, afin de percevoir d’éventuels Solmènes dans l’aube qui ne tarderait pas à se lever.
Rien ne vint, alors Clyde empoigna les poignées des tiroirs. Ses doigts en effleurèrent le contenu avec dextérité, s’affranchissant de l’obscurité pour mieux s’en remettre à son sens du toucher, aiguisé. Aucun piège ni bestiole ne vint lui croquer les doigts. Il fureta dans des stylos, des boulettes de papier, quelques trombones, pour finalement mettre la main sur une chemise de cuir végétal qui renfermait un dossier.

« Grimm. » souffla-t-il. « Je crois que je l’ai. Sortons ! »

#STAFF c'est fini pour nous