the old gods are dead
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(cw) sang, torture, captivité Ça pourrait être hier ou demain, qu’importe, le temps est une construction sociale au même titre que le genre. Les désirs humains sont vains et malsains, une poignée de secondes perdues dans les éternités qui tournent, détournent. Sans fin. Cent fins, imprévisibles, surtout insignifiantes. Un gamin de pas grand-chose attend quelque chose, son postérieur à même le sol, ses jambes croisées. Il a les yeux vides de celleux qui ont perdu foi en l’humanité et en ces abstractions monstrueuses qu’on appelle des divinités. Il attend quelque chose, mais il ne sait pas quoi, pas encore. Ce n’est pas grave, ça viendra bien. Rien ne compte. Rien ne s’écrit.

Le silence se tait. S’élève alors une chorale chaotique venue de nulle part ou peut-être de ses entrailles mêmes, c’est difficile à dire. Le chant chancelle, s’échancre et s’échoue autour de lui, embrasse sa peau criblée et chrysanthème, sa chair nue et nuée. Il écoute les voix venues de nulle part, d’abord des murmures troubles, puis des cris troublés. Y’a Cosimo. Selvaggia. Zéphyr. Ridley. Danie. Y’a toutes les personnes qu’il a déçu·es au centuple d’une façon ou une autre, toutes les personnes qu’il aurait voulu désapprendre à aimer, parce que de l’amour naissent les attentes et des attentes l’amertume.

L’amertume. L’amer tue, tue l’amer.

Ses yeux éclosent, les fragments oniriques se fragmentent. Son torse nu se soulève et se déssouffe au gré de sa respiration erratique. Sa gorge est sèche, rouillée même, comme s’il avait crié pendant de longues minutes. Bizarre. Une fois calmé, plus fatigué que reposé il faut dire, il regarde autour de lui, n’aperçoit que les ténèbres qui l’enserrent, ne perçoit que la froideur du lieu qui chatouille son épiderme. Tout ce qu’il comprend, c’est qu’il n’est plus dans sa chambre. Il cherche à se dresser sur son séant pour mieux comprendre ce qui se passe, mais n’y parvient pas : des sangles lui entravent les bras et les jambes et son corps, couché à l’horizontale, ne peut se libérer de la table de métal. Il est prisonnier.

Il s’apprête à hurler comme un beau diable pour qu’on vienne à son secours, mais au même moment, une voix familière s’élève non loin de lui. Chut, sinon iels vont revenir. Ses yeux, à présent habitués à la noirceur ambiante, finissent par se poser sur la silhouette de son dæmon, à une distance heureusement supportable pour eux. Ni l’un ni l’autre n’ont oublié la lente agonie de leurs âmes sous la torture orchestrée par lae sorcier·ère au sommet de la cathédrale, plusieurs mois plus tôt. Mais l’horreur ne tarde pas à revenir au galop : on a attaché le cou de son dæmon à une chaîne, son autre extrémité ancrée au mur derrière lui. Ses pattes avant ont elles aussi subi le même traitement. Momo, qui t’a fait ça? Qu’est-ce qu’il se passe? geint-il malgré lui, sa conscience sur le point de flancher sous le poids de l’anxiété. Je… Je n’en suis pas sûr. Le paresseux se tait, détourne la tête.

Le silence revient dans ce qui s’apparente être une chambre froide construite de pierres grises et noires. Le détenu baisse le regard vers son corps cloué à la table froide comme de la glace et réalise non sans un soubresaut que l’on a dessiné sur son torse, à la craie rouge, des cercles alchimiques aux arabesques trop inusitées pour qu’il les reconnaisse. Mais son instinct lui vrille les tympans de prendre la fuite — d’essayer dans tous les cas —, alors il se met à triturer les sangles dans tous les sens, sous tous les angles. Sa peau se meurtrit davantage, mais ses efforts sont récompensés par une découverte qui pourrait bien être le point tournant de ce cauchemar éveillé : la courroie enroulée autour de son poignet droit finit par s’étirer, à force de tirer, assez pour le libérer s’il s’entête, peut-être.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

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(cw) sang, torture, captivité, vulgarités L’air glacial de la pièce lui brûle les poumons tandis qu’il se démène comme un beau diable pour se libérer, quand bien même devrait-il pour cela hériter de quelques meurtrissures. Il ignore dans quel enfer terrestre ses pas l’ont conduit, de gré ou de force, ou même ce que désirent ses geôlier·ères en se servant de lui comme d’une vulgaire poupée de chiffon, mais une chose lui apparaît comme évidente, même s’il est loin d’être la carte qui vaut le plus cher chez le fragmentaire : on ne lui veut aucun bien. Voilà pourquoi il redouble d’efforts pour s’extirper de sa prison de cuir. À force de tirer dans tous les sens, il finit par élargir la courroie autour de son poignet droit, suffisamment pour s’en soustraire. Il reste bouche bée un instant, incrédule face à son propre exploit, avant de s’attaquer aux trois autres sangles sans trop de mal.

Ce n’est que lorsqu’il se penche sur les liens de Momo qu’il comprend avec un pincement au cœur que sa chance s’arrête là : des sangles en cuir, passe encore, mais des chaînes? Il ne voit pas vraiment comment tirer son pauvre dæmon de là, à moins que des bouquets de fleurs — en partant de l’espoir qu’il puisse en transmuter un, vu sa concentration bancale — ne lui remontent quelque peu le moral. Il préfère toutefois conserver son énergie, ce qui implique donc de ne pas tenter quoi que ce soit à partir de ses connaissances alchimiques, car se connaissant, toute transmutation, même basique, risque de nécessiter plus d’une tentative. S’il rate ses cercles alchimiques dans un cadre posé, il n’ose imaginer le désastre dans ce qui s’apparente à une situation de vie ou de mort. Or, le temps presse, ce n’est pas le moment de faire des expériences. Une fois n’est pas coutume, il faut sauver Momo. Il doit y avoir une clé quelque part, avance le paresseux d’une voix faible, trop pour ne pas suspecter un quelconque empoisonnement. Dans la pièce même où iels t’ont enchaîné? Vraiment? rétorque l’alchimiste, une pointe de scepticisme dans la voix. Cependant, au regard inquiet qu’ils s’échangent, il n’y a rien de mieux à tenter dans l’immédiat.

Alors Zen s’exécute, son visage et le moindre de ses gestes trahissant la peur panique qui s’empare de lui, de seconde en seconde. Il court plus qu’il ne marche vers l’unique meuble qui décore la sinistre pièce, un bureau jonché d’un dictionnaire et d’outils un peu trop tranchants à son goût, qui ne sont en rien pour le rassurer. Pendant qu’il fourrage par-ci par-là, il ne peut s’empêcher de prêter attention à qui ce qui se révèle être non pas un dictionnaire, mais un livre très épais, dont le titre lui glace le sang… sans vouloir faire de mauvais jeu de mots. Momo, iels étudient l’alchimie de sang, s’écrie le jeune homme malgré lui, comprenant du même coup toute l’étendue de l’horreur dans laquelle ils se retrouvent coincés. L’alchimie du sang. Il connaît le sujet, toustes les alchimistes le connaissent même si personne n’oserait l’avouer sur la place publique. C’est là, ça existe, mais ça ne franchit les lèvres d’aucun·e professeur·e, peut-être dans l’espoir assez naïf que ça n’influencera pas les prochaines générations.

Si tu veux mon avis, c’est surtout nous qu’iels veulent étudier, murmure Momo, l’air misérable avec ces lianes métalliques tout autour de son corps. Right, la clé… si clé il y a dans les environs. Avec l’énergie du désespoir, Zen plus zen du tout se remet à bouleverser l’ordre méticuleux avec lequel on a disposé les instruments de torture, leurs crocs effilés prêts à lacérer la chair. Sa chair. Ou celle de son âme sœur. Où es-tu, foutue clé de merde? peste-t-il à voix basse sans se rendre compte du blasphème à l’endroit de l’Autorité, qui sait peut-être même lae responsable du malheureux coup de dés qui l’a désigné, lui et pas un autre, comme la victime idéale de ce véritable film d’horreur.

#staff

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(cw) torture, captivité, violence, drogues À force de pester comme un forcené, il bouscule l’un des bouquins posé pêle-mêle sur le bureau. Sans cérémonie, le dictionnaire d’ambition exécute un vol plané vers le sol froid de la chambre des tortures, dont la sinistre nature lui apparaît maintenant claire comme le jour au vu des instruments effilés posés sur la petite table, juste à côté de son lit de fortune. Zen se crispe par réflexe, craignant que le bruit n’ait attiré l’attention de ses geôlier·ères, jusque-là invisibles mais sans doute sur le point de revenir achever leur sale besogne. Mais par une chance inouïe, seul le silence lui répond, comme si l’Autorité daignait enfin lui porter secours malgré ses multiples jurons colorés d’il y a quelques minutes. Il se permet donc de respirer à nouveau normalement, même s’il demeure sur le qui-vive. Il est candide, Zen, mais pas idiot.

Il ramasse le fichu bouquin, d’où s’échappe alors une clé. Zen reste interdit pendant quelques secondes. Il n’ose croire que ce puisse être celle qu’il cherche et pourtant, lorsqu’il l’insère dans la serrure retenant les chaînes autour de Momo, un clic sonore indique sans nul doute possible que la chance vient de lui sourire pour la deuxième fois. C’est si inattendu que le jeune homme ne peut s’empêcher d’appréhender les péripéties à venir, car il leur faut encore, à Momo et lui, s’échapper de cette pièce des plus lugubres. Et en vie, si ce n’est pas trop demander. Un regard vers le paresseux confirme ses pires inquiétudes : il peine à faire deux pas sans vaciller, probablement encore sous l’effet des drogues qu’on lui a administrées. Il n’aura pas le choix de le porter, il ne peut risquer d’être ralenti par lui. Le temps est un luxe qu’il ne peut se permettre de gaspiller, pas dans de telles circonstances.

« Tu te souviens de quelque chose avant qu’iels ne nous endorment? Où on se trouvait, par exemple? » Momo réfléchit un instant, son visage affublé de son éternel sourire béat. « Avant que je m’endorme, j’ai cru reconnaître la décoration de la Bibliothèque des Quatre Mondes. » Les sourcils froncés, il jeune alchimiste observe les murs autour d’eux, puis les objets qui font office de décoration. Rien de tout cela ne ressemble à la prestigieuse bibliothèque. Et puis, il n’y fait jamais froid à ce point. « Dis donc, c’est comme si on se trouvait dans… » Sa voix se meurt. Il comprend alors toute sa sottise. Il court de nouveau vers le bureau, se saisit du bouquin de mille pages dont le titre ne laisse place à aucun doute dans son esprit. Le Mausolée Sudérien, un lieu presque mythique dont l’entrée est jalousement gardée par les solmènes. Zen sent la panique le gagner pour de bon, lui qui croyait bêtement pouvoir s’en sortir maintenant que Momo et lui étaient libres. Que nenni. Ce serait trop simple. Momo essaie de le rassurer. « Tu te souviens du brasier? Si on a survécu à ça, on peut survivre à tout. » D'une patte, son dæmon s’accroche à son cou et de l'autre garde jalousement le livre d'alchimie. « Mais on avait Salomè avec nous. Là, on est seuls. » Il pousse un long soupir, ce n’est pas le moment de se laisser aller au pessimisme. Il faut trouver une solution. Et vite.

Avec précaution, il ouvre la porte et glisse sa tête dans l’embrasure ainsi créée. Personne. L’impulsion de prendre ses jambes à son cou lui traverse l’esprit, mais il se retient de joindre le geste à la pensée, car nul doute qu’on le remarquerait séance tenante dans son accoutrement si différent de ce qu’ont l’habitude de porter les solmènes. Il n’a guère le choix, il va lui falloir emprunter pour une durée indéterminée les vêtements de quelqu’un·e. L’idée lui déplaît, mais encore plus celle de moisir ici jusqu’à ce qu’il crève de soif, de faim ou de fatigue (ou toutes ces réponses). Il plonge la main dans la poche arrière de son pantalon et en sort l’objet en apparence inoffensif qu'iels n'ont pas pensé à lui retirer : un morceau de verre coloré.
L’arme en main, il attend.
Et il attend.
Et il attend.
Et il attend.

Et il attend.

Enfin, une silhouette encapuchonnée apparaît à l’autre bout du couloir sombre. Quand l’inconnu·e arrive à sa hauteur, Zen n'hésite pas. Il bondit hors de la chambre et brandit en sa direction le morceau de vitrail qui aussitôt agit comme un véritable petit soleil. Ainsi ébloui·e, iel titube vers l’arrière, assez pour que le pandémonique ait le temps de lui balancer un coup de poing en pleine figure.

vitrail briséUn morceau de verre coloré capable d'éblouir n'importe quel‧le ennemi‧e‧x.

Succès Bingo, Zen assomme lae solmène et se cosplay en solmène oklm.
Échec Lae solmène se mange le coup de poing alright, mais oups, c’était pas assez pour l’assommer. Iel se met à beugler à l’aide.

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(cw) torture, captivité, violence, drogues Il faut croire que la chance a décidé de se faire pardonner pour toutes les fois où elle a manqué à l’appel, car le coup de poing qu’il assène à lae solmène suffit à l’envoyer par terre, des étoiles tout autour de la tête. Pour s’assurer qu’iel ne joue pas la comédie pour ensuite l’attaquer par-derrière, il lui donne un coup de pied dans les côtes. Mais le corps étendu sur le sol demeure inerte. Le jeune homme et son dæmon s’empressent alors de débarrasser leur victime de ses vêtements, qui consistent en une longue tunique sombre ornée d’un large capuchon. Ça suffira, espère Zen, pour ne pas attirer l’attention de ses ennemi·es, car ainsi doit-il les considérer à partir de maintenant. « Iels ne sont pas toustes comme ça, » murmure Momo, toujours accroché à ses épaules. Zen ne répond pas, évite même de croiser le regard de son dæmon. Il le dépose par terre un instant, le temps de revêtir la tunique et de rabaisser le capuchon jusqu’à ses yeux.

Le paresseux insiste : « Tu crois vraiment que Cosimo et Zéphyr les auraient laissé·es faire? Réfléchis, peut-être que ça s’est fait dans leur dos. » Zen secoue la tête, le regard baissé. « Zéphyr, peut-être. » Pour Cosimo, il en est moins sûr. Sæ parentæ se situe en haut de la pyramide hiérarchique des solmènes; s’æl le voulait, æl pourrait prétendre au titre de grandæ prêtræ. Comment pourrait-æl donc ne pas avoir eu vent de ce complot contre son fils aîné? Pour ce qu’il en sait, c’est même læ qui a eu l’idée de ce complot des plus vicieux. Il se souvient de leur dernière vraie discussion, à l’hôpital. Il se souvient de ses paroles. Qui avaient l'air sincères. Qu'il a crues. Il se souvient aussi qu’æl ne lui a jamais révélé ce qui s’était passé pendant sa longue absence. De toute évidence, æl lui cache des choses, comme lui-même lui en cache. Læ sur les solmènes, lui sur les pandémoniques. Par la force des choses, leur relation s’est fanée. C’est comme ça.

« Tu sais que si tu continues à te lamenter sur ton sort, ce sera la dernière chose que tu feras de ta vie, right? » Momo a raison, bien entendu. À deux, ils transportent le cadavre vivant à l’intérieur de la chambre et le déposent sur la table de métal. Zen lae ligote avec les sangles de cuir qui lui rendront visite dans ses cauchemars, il le sent déjà. Pour faire bonne mesure, il trace un cercle alchimique sur le sol et transmute un bouquet de fleurs bien moche. « La flemme de faire des efforts pour ellui, » se justifie-t-il d’un air presque penaud, ce à quoi Momo acquiesce de la tête. Zen fourre les fleurs dans la bouche de sa victime en s’assurant qu’iel ne s’étouffe pas. Son intention, ce n’est pas d’avoir une mort sur la conscience, mais de s’assurer qu’iel ne fasse pas un boucan du diable en se réveillant. Cela étant fait, il se penche pour cueillir dans ses bras un Momo encore un peu somnolent, du moins plus qu’à l’habitude. Une fois certain que le paresseux tient fermement le livre d’alchimie de sang entre ses pattes, le faux solmène quitte ce qui aurait pu devenir son mausolée si la chance ne lui avait pas souri. Comme il ne connaît pas les lieux, il longe le couloir au bout duquel se trouve peut-être la sortie. Dans le silence inquiétant des souterrains, ses propres pas résonnent comme un glas.

#staff j'crois que c'est la fin de la mission?

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