@Ennio Leone | Je ne sais pas si c’est la nostalgie d’une activité que je ne pratiquais quasiment plus depuis des décennies qui m’avait poussé à me porter volontaire, ou simplement l’envie de mettre toujours un peu plus mes compétences au service d’une communauté qui risque de souffrir plus que jamais de l’hiver, mais quoiqu’il en soit, j’étais désormais désigné pour une opération de chasse avec d’autres de nos confrères noénautes. L’hiver à nos portes, il fallait se préparer à ce qu’il soit rude et songer aux réserves. Le poisson manquant grandement depuis plusieurs mois, on avait opté pour une battue dans la forêt, espérant pouvoir ramener suffisamment de gibier pour revaloriser les réserves. Et pas seulement en nourriture. La plupart des animaux terrestres possédaient une fourrure qui pourrait également nous être utile dans une saison de froid. On avait donc tout intérêt à ce que les prises soient nombreuses et conséquentes.

Groupe partie de la cité à l’aube, c’est en duo que nous nous séparons à l'orée de la forêt pour occuper plus de superficie, pour augmenter nos chances de réussites, en priant pour ne déplorer aucune perte humaine liée à un rencontre malchanceuse avec les fantasmi. Pas de risque d’après les éclaireurs, mais on était jamais trop prudent. Saorsa au-dessus de nos têtes, caché par la cime des arbres, pour éclaireur couvrant ciel et guettant toute menace qui pourrait nous surprendre.

Calmement mais sans jamais perdre de vue notre objectif, nous progressons entre les arbres, guettant le sol et les traces figées temporairement dans celui-ci. Le sol crisse sous nos pas, rythmant notre avancée jusqu’à ce que celle-ci se stoppe, nos regards captivés par une empreinte peu commune. « L’empreinte est énorme. Si elle tient ses promesses sur le gabarit de l’animal, alors rien que la viande pourrait nourrir plusieurs hommes pendant des jours. Sans parler de la fourrure qui pourra toujours servir. L’hiver s’annonce rude à tous les niveaux. Ca serait dommage de ne pas tenter notre chance. » Je ne sais pas à quoi nous devrons faire face, les empreintes ne représentant rien de connu à mes yeux, mais si parfois il est fou de suivre la piste d’un animal inconnu, il le serait encore plus de ne pas le faire aujourd’hui.

Franchement je sais pas ce que je fiche là, et il faut dire que depuis toutes ces années me rendre utile pour le bien de la faction n’a jamais été ma priorité, mais alors, pas du tout.
Mais l’hiver n’a jamais été aussi rude depuis celui-ci. J’ai vécu les premiers bien au chaud dans les foyers pandémoniques et lorsque je les ai quittés c’était bien sûr sans savoir que le confort allait me lâcher pour le restant de mes jours et que je devrai le gagner. Sauf que ma propension à glander malgré les risques pour ma survie s’est révélée prodigieuse ; je crois que c’est sans rire le truc dans lequel je suis le plus doué.

Et puis, il y a eu l’hiver le plus rigoureux, et la naissance du blizzard.
Et Ariana est tombée enceinte, et ç’a m’a fait quelque chose, au plus profond de moi, que Romarine a senti vibrer aussi. Une sorte d’instinct au-delà de la survie ; un profond altruisme dont Elio se moque en permanence et qui n’existe que parce que je le maintiens en vie comme la flamme d’une bougie très puissante.

Clairement j’ai la trouille de passer les frontières de la ville. J’ai la trouille des bestioles et des spectres. Heureusement, Neven est là ; et sa condition de sorcier aurait toutes les raisons de me considérer comme un abruti et un incapable – ce que je suis concrètement.
Et perso la taille de ces traces me fout la trouille.

Romarine cherche à renifler le sol, sans succès puisqu’il est gelé.

« C’est vrai que ç’a l’air méga gros... » je commente, une fumerolle de condensation s’échappant de mes lèvres violettes de froid. « Y’aurait de quoi taper des méga réserves nan ? Tsais j’suis pêcheur moi, la terre j’suis pas spécialiste. »

Mon daemon tâte la trace fossilisée dans le sol de ses petites pattes.

« Moi j’suis chaude ! Qui tente rien n’a rien ! »

@neven llewelyn

@Ennio Leone | Emmitouflé dans une cape et une écharpe, il n’y a pas grand chose de mon visage à découvert, et pourtant, je sens que le froid est particulièrement mordant cette année. Et dire qu’on était censé ne pas y être vraiment sensible. Mouais… Enfin, il est vrai que je pouvais supporter des températures basses ou négatives sans trop de difficulté, malgré un attrait pour les terres chaudes quand même, mais pour autant, ça ne faisait pas de moi un manchot, capable de supporter des températures extrêmes en plein hiver. Et c’était là où la situation commençait à m’inquiéter. Car si les sorciers commençaient à redouter les conditions météorologiques, alors c’est que toute la ville allait souffrir. Raison pour lesquelles on était quelques inconscients - ou pas tant que ça justement - à venir braver le froid pour sortir quelques gibiers de leurs tanières avant que cela ne soit plus vraiment possible.

Les yeux levés vers Saorsa à plusieurs reprises, je le regarde dessiner de larges cercles au-dessus de nos têtes, virevoltant  entre les arbres pour s’assurer qu’un danger ne nous guette ou nous surprenne. Notre progression est rythmée par la terre gelée qui crisse sous nos pas. Il semblerait que ce soit les seuls bruits qui animent encore les lieux qui deviennent brutalement silencieux et oppressants lorsque nous marquons un temps d’arrêt pour observer quelques traces. C’était comme si toute vie venait de s’éteindre. Terrifiant.

Genoux presque à terre, regard sur le sol, j’observe les empreintes qui ne me permettent pas d’identifier à quelle espèce elles peuvent appartenir. Une espèce immense, si on en croit la taille, mise en comparaison avec celle de la loutre qui accompagne mon partenaire dont les pattes paraissent si petites à côté. Et je n’imagine pas ce que donnerait Saorsa en comparaison si celui-ci venait daigner se poser dessus, et non un peu plus loin sur une branche. « Y aurait de quoi. Aussi bien en viande qu’en fourrure. Ça pourrait vraiment être une bonne prise. Mais il faut qu’on soit prêt à le débusquer et le chasser. Parce que ça peut être risqué. » Après tout on parlait surement d’un animal bien plus lourd que nous deux… Quatre, réunis. « Et l’idée n’est pas non plus de nous blesser ou nous tuer en essayant de l’avoir. Si vraiment tu ne te sens pas de chasser quelque chose de si gros, il vaut mieux nous contenter de proie plus petites, éventuellement plus nombreuses, qui nous permettront au moins de rentrer en un seul morceau. » Après tout, prudence était mère de sûreté. « Mais si tu es partant, alors il faudrait aller… Par là. » Je pointe la direction avec ma main, selon l’orientation de la trace et celles autour. Pour ma part, j’avais bien envie de tenter notre chance, mais je ne voulais pas mettre Ennio en danger s’il n’était pas très bon chasseur, ou tout simplement pas à l’aise avec l’idée.

Outrée, Romarine se dresse sur ses pattes arrière.

« Non mais oh, tu nous as pris pour des blaireaux ou quoi ? On est pas des fragiles, nous ! »

Alors, Romarine n’est pas une fragile ; moi, ça reste encore à déterminer, et je pense que Neven l’a bien compris. Pourtant le sorcier persiste à faire preuve de patience et de bienveillance, sans doute parce qu’il est habitué au fait de côtoyer des gens inférieurs à lui la majeure partie du temps et parce que si jamais ça part en sucette, il aura toujours l’occasion de s’envoler et de me laisser me faire manger. J’avoue que je suis plutôt partisan de traquer une seule et unique bestiole qu’elle soit grosse ou non plutôt que d’en poursuivre plein de petites ; cette dernière option est la plus facile mais mon corps ne tiendra ni la cadence ni le froid.

Je repense à Ariana ; si je ramène une grosse proie avec Neven, y’a fort moyen que son regard sur moi évolue, ainsi que celui de la faction, et ça ne serait pas pour me déplaire. J’en ai marre d’être le perdant de service et surtout, j’en ai plus que marre du froid glacial et de la dalle qui me tenaille le ventre et me colle des migraines atroces. C’est ce que veut dire Romarine quand elle se dresse comme si on avait euh, heurté sa virilité et son ego.
Alors que c’est des miens qu’il s’agit pour être tout à fait sincère.

« Non, traquons la bête. » j’affirme, décidé. « Je pense qu’une telle occasion ne se représentera pas de sitôt, autant la saisir. »

Il n’y a pas que ma voix qui tremble, mais il est nécessaire de prendre une décision. Romarine la ponctue d’un « yeah ! » et part dans la direction indiquée par Neven. Peu assuré, je la suis au moment où notre lien se tend.

@Neven Llewelyn

@Ennio Leone | Je regarde la loutre s’offusquer et se dresser sur ses pattes arrière. Elle avait l’air déterminée, et c’était plutôt une bonne chose, mais il ne fallait pas confondre courage et imprudence. Je ne les juge pas, ni elle, ni Ennio, chacun ayant son rôle et sa place dans notre faction, dans notre monde, mais je n’avais pas le souvenir qu’iels soient habitué.es à ce genre d’exploration, ce type de chasse, ni même à faire face aux Fantasmi. Ici, les dangers étaient nombreux. On était jamais à l’abri d’y faire face, tout comme on était pas à l'abri de faire face à un animal sauvage deux fois plus imposant que nous, capable de nous étendre d’un coup de patte, ou nous encorner. Alors vouloir chasser un animal de cette taille - qu’on ne fait que supposer - ça partait certes d’une bonne intention vu la conjoncture actuelle en ville, mais il fallait s’assurer que ce ne soit pas suicidaire.

C’est donc patiemment que j’attend une réponse d’Ennio, voulant m’assurer qu’il serait d’accord avec notre entreprise, quelle qu’elle soit. Certes, je préférerais viser directement un cerf ou une biche, afin de ramener rapidement une prise conséquente plutôt que de courir après de petits gibiers, généralement bien terrés, mais je préférais avant tout rentrer chez moi en un seul morceau. La réflexion sur le sujet n’est donc pas inutile, quoiqu’un peu longue alors que le froid commence à mordre le peu de ma peau encore à découvert. Je me redresse lorsque le pêcheur me fait part de son choix et hoche la tête. « Ne t’en fait pas, on restera prudent. » Je sens bien qu’il reste inquiet face à notre choix, mais ça valait le coup d’essayer. Je regarde Romarine avancée la première, sans trop d’inquiétude, le lien avec Ennio ne lui permettant pas de s’éloigner trop loin de l’humain, on peut la garder à l'œil pour éviter qu’il ne lui arrive quoique ce soit. Nous suivons les traces, nous enfonçons plus profondément dans la forêt. L’impression d’être seuls tous les quatre se fait ressentir. Pas sûr que les prises seront très nombreuses dans ces conditions… Alors si vraiment on pouvait tomber sur cette bête et la ramener, ça apporterait surement bien plus qu’on ne l’imagine.

#STAFF pour la relance s'il vous plait ? 

Nous nous empressons donc de suivre les traces – enfin, nous empressons : disons que nos daemons mènent la marche et que mon comparse les suit et que je les suis avec ma démarche de mec dont le pire dénivelé qu’il a connu est celui des escaliers aériens de la ville basse. Ca peut paraître impressionnant pour un flemmard comme moi – ça l’est – mais il faut se dire que la plupart du temps, j’ai les fesses dans une barque, donc sur du plat, au niveau de la mer, quoi. Bien évidemment, nous avons mis tant de temps à nous décider que nos daemons nous sont bien utiles pour percer les secrets de la forêt...jusqu’à ce que ces derniers, espiègles, décident de nous échapper définitivement à la lisière d’un cours d’eau. Même si cela devrait faire naître en nous une forme de lassitude, je suis plutôt rassuré personnellement quant à la proximité de l’élément aqueux proche de nous. Il est moins calme que l’étendue d’eau qui borde la cité, mais il m’effraie moins que la forêt qui se referme autour de nous en un écrin de verdure et que, je le sens, nous allons devoir traverser tôt ou tard.

« Si la grosse bête sait nager, elle a sans nul doute suivi le courant. » je décrète sur mon ton de pêcheur. « Mais je pense pas qu’un truc aussi gros sache s’aventurer sur la terre et nager. Tu en penses quoi, toi ? » je demande à mon comparse.

L’intrépide Romarine clapote de la patte dans l’eau comme si la rivière allait lui révéler ses secrets dans un clapotis de flotte glacée.

« Je vais vérifier si je trouve quelque chose. »

« Ne t’éloigne pas ! »

« Où veux-tu que j’aille ? » proteste Romarine en se glissant dans le lit de la rivière.

@Neven Llewelyn

@Ennio Leone | Nous progressons prudemment à travers la forêt, zigzaguant entre les arbres pour ne jamais perdre la piste dessinée sur le sol, qui devient pourtant de plus en plus difficile à traquer. Les traces se font plus éloignées, moins marquées, et c’est le regard perçant de Saorsa qui nous permet plus d’une fois d’en suivre le chemin, ce dernier, comme nous, virevoltant entre les arbres, plus proche du sol. Lui et Romarine ouvrent le chemin, intrépide, tandis qu’Ennio et moi-même les suivons sans jamais les perdre du regard, quelques mètres derrière eux, restant toujours aussi attentifs aux diverses menaces qui pourraient survenir. Pour ma part, je n’oubliais pas que les fantasmi pouvaient nous attaquer à tout instant, et il était hors de question de se faire surprendre.

Nos pas nous même jusqu’à un cours d’eau, ce qui ne me surprend qu’à moitié. Ca devait grouiller d’animaux divers en temps normal, ne serait-ce que pour s'abreuver. Ce qui est plus embêtant, cependant, c’est que les traces disparaissent, sans nous laisser la possibilité de savoir dans quelle direction notre proie avait tenté de disparaître. « Est ce que tu peux tenter de jeter un coup d’oeil un peu plus loin ? » Saorsa hoche la tête et s’élance à nouveau dans les airs, quittant le perchoir provisoire que représentait mon bras, tandis que Romarine, elle, se glisse dans l’eau, cherchant également des traces dans celle-ci, tandis que je prends le temps d’échanger avec Ennio. « Vu les traces, je ne pense pas qu’on ait à faire à un animal aquatique, mais bien terrestre… » Un cervidé, ou un animal d’une espèce approchante, c'était ma pensée. « Mais vu le gabarit, je pense qu’il aurait pu traverser le cours d’eau aisément. Peut-être pas ici, mais plus loin, si la profondeur le permet. » Je me penche au-dessus de l’eau. Ce genre de terrain était rarement plat, et il était possible qu’à certains endroits, en amont ou en aval, le courant se fasse moins intense, ou le fond moins profond. Un huissement se fait entendre, et je lève le bras, permettant à Saorsa de se poser dessus alors qu’il revient à notre niveau. « Alors ? » Il hoche négativement la tête, nous informant qu’il n’a rien vu qui pourrait nous aider à un suivre une quelconque piste. « Que fait-on ? Je ne sais pas s’il est judicieux de se séparer, d’autant plus que Romarine et toi ne le pouvez pas vraiment, mais pour le moment, nous avons perdu sa piste… A moins que Romarine ait trouvé quelque chose ? » Je demande, en me tournant à nouveau la tête vers l’étendue d’eau à côté de nous.  

La question de Neven me glace le sang, alors qu’elle est tout à fait légitime. Je lève les yeux au ciel, observateur, guettant les nuages gris qui s’amoncellent et nous ôtent tout espoir d’apercevoir le soleil. Il va pleuvoir, ou neiger si j’en crois le froid qui règne et nous glace les os chaque seconde que l’on passe un peu plus immobile.

« Je ne pense pas qu’il soit judicieux que nous nous séparions. » j’affirme calmement alors que j’ai juste la trouille de me retrouver seul sans le sorcier, moi pauvre humain qui ne serait pas capable d’échapper au moindre gibier si la mauvaise occasion venait malheureusement à se présenter. « La bête a l’air d’être grosse et autant tu pourrais te débrouiller face à elle, autant moi...Et nous n’aurions rien pour contacter l’autre si nous trouvions quelque chose. »

Je noie le poisson de ma peur comme je peux mais je pense qu’il doit la sentir, et qu’il va finir par se demander à quel moment c’était une bonne idée de m’emmener ici parce que je ne sers pas à grand-chose. Son daemon rentre bredouille de son observation. Romarine revient bientôt vers nous, s’extirpant du lit de la rivière sans grâce, mais avec une certaine habitude. Le froid ne gêne pas l’enveloppe thermique de sa peau, entre son épiderme et les poils qui la recouvre, bien qu’elle décide d’ébrouer bruyamment pour essorer au maximum son corps afin qu’il ne gèle pas. Rester en mouvement va devenir capital.

« Alors ? »

« Que dalle. » répond-elle, déçue.

« Je pense que tu as raison. » je finis par répondre à Neven. « La bête a du traverser la rivière. Nous devrions la longer pour essayer de faire de même à un endroit où c’est pas trop profond. »

@Neven Llewelyn

@Ennio Leone | Sans surprise, Ennio n’est pas favorable à une séparation, même si elle nous permet de couvrir plus de terrain. Ce que je comprends aisément. Si j’étais moins effrayé à cette possibilité en raison de ma nature surhumaine, je n’étais quand même pas serein face à cette possibilité qui pourrait nous mettre tous les quatres en danger si celui-ci venait à se présenter. On ne savait toujours pas en détail ce que nous chassions, et les spectres pouvaient se rapprocher à tout moment. Avec un autre sorcier, j’aurais sûrement un peu plus insisté sur cette possibilité, nos daemons pouvant s’éloigner sans limite pour prévenir l’autre si les choses venaient à se compliquer, mais Romarine n’avait pas cette possibilité, et même si j’envoyais Saorsa explorer sans nous une des direction, on ne couvrirait certainement pas assez de terrain pour augmenter pertinemment nos chances de découvrir quelque chose, d’autant plus qu’il revenait une première fois bredouille. « Ne t’en fais pas, je n’allais pas nous y obliger. » S’il ne le sentait pas, je n’allais aucunement l’y forcer. Pas si c’était pour nous mettre encore plus en danger.

Romarine revient aussi vers nous, quittant doucement la rivière tout en secouant son corps pour sécher le plus gros de son pelage. Elle aussi n’a rien vu dans l’eau qui puisse nous aider à choisir une direction plus qu’une autre. « Bon… » Comme Ennio, je suis un peu dépassé par ce manque de visibilité sur la suite de la marche à suivre, mais l’idée que l’animal ait pu traverser semble partagée. « Je peux nous porter de l’autre côté de la rivière si toi et Romarine vous accrochez et n’avez pas peur que l’on passe par-dessus. On gagnerait du temps plutôt que de chercher un endroit ou traverser, et en plus… Ca nous éviterait de devoir passer dans l’eau avec ses températures. » Même si ça n’était que quelques minutes, même si le niveau de l’eau ne montait pas très haut, autant éviter de traverser la rivière à pied en prenant le risque de rester frigorifié pour le reste de l’expédition. Surtout Ennio. Le froid n’était pas censé nous atteindre en temps normal, et pourtant, même moi je sentais bien que cet hiver s’annonçait particulièrement rude. « Si vous êtes d’accord, tu peux grimper sur mon dos, et je peux porter Romarine ? » Je préfère leur demander si cela leur convient, ayant bien compris que pour certains gazzi, toucher le daemon d’un autre n’était pas très bien vu. Mais il faudrait être sûr que tout le monde soit bien accroché pour traverser.


+ #Staff pour une relance je suppose ?

@Ennio Leone | La proposition ne semble ravir ni Ennio, ni Romarine, pour des raisons que je pense pouvoir deviner. Ego, orgueil, gêne, et surement d’autres raisons qui n’appartiennent qu’au jeune homme et son daemon, et pourtant, la proposition possédait ses forces, notamment celle d’éviter de devoir travers la rivière à pied, de l’eau jusqu'aux mollets, si ce n’est plus haut. Si je ne m’inquiétais pas de cela pour Romarine, Saorsa ou moi-même, la condition d’Ennio elle, rendait l’entreprise plus risquée. Même si cela se faisait vite, et à un niveau où la rivière se faisait moins profonde, le froid risquait de continuer à lui glacer le sang encore longtemps après la traversée, et s’il y avait la possibilité de lui éviter un froid handicapant et dangereux jusqu’à ce que nous puissions regagner Cittàgazze, alors la proposition n’était pas complètement insensé. Pas à mes yeux en tout cas. Alors je leur laisse le temps d’y réfléchir, de décider par eux-même ce qu’il doit être fait. Je ne m’offusquerais pas d’un refus, et l’on trouverais un moyen de traverser à pied s’il le fallait.

Leur décision prise, je hoche légèrement la tête, m’abaisse légèrement pour laisser à Ennio de grimper sur mon dos et de se tenir convenablement. De même pour Romarine, que j’évite de réellement toucher de mes mains, sachant combien cela pouvait être mal vu pour certain.es habitant.es de Cittagazze et leurs daemons. Tout le monde solidement accroché, je l’évite légèrement, travers la rivière juste à quelques mètres de sa surface. Pas besoin de monter très haut dans le ciel pour cela. La terre ferme regagnée, tout le monde descend rapidement, et Romarine ne perds pas de temps à renifler le sol pour retrouver les traces de l’animal, en vain. Il semble que nous ayons définitivement perdu sa trace, mais d’autres se dessinent et permettent de suivre une nouvelle piste pour ne pas rentrer complètement bredouille. Nous continuons à avancer, guidés par nos daemons. Pas qui se stoppent lorsque que nos daemons nous l’ordonnent, je me tiens prêt, arc bandé à tirer sur ce qui pourrait passer devant nos yeux. Je regarde Saorsa, le laisse me guider par ce dernier en toute confiance. Doigts qui se détendent, flèche décochée, et derrière les fourrées, une cible touchée. « Je crois bien qu’on ne rentrera pas complètement les mains vides. » Que j’annonce à mes compagnons de chasse, sourire aux lèvres avant d’avancer en direction de la cible abattue.