Pour une fois qu'il trouvait un lit où dormir depuis la fin du blizzard, plutôt que de s'assoupir à la belle étoile, voilà que la milice solmène vient l'arracher de son sommeil agité. Ca lui apprendra, à baisser la garde et à se reposer. Pour sa défense, il ne pensait pas que les militaires à la solde de la secte le retrouverait, ni lui ni ses comparses, qui s'étaient bien vite éparpillés dans la Ville Basse, disparaissant dans les ruelles sombres. Apparemment pas assez vite, ou alors le serpent-ailé a des oreilles dans les bas-fonds de la Cité (ce qui ne serait pas étonnant). Quoi qu'il en soit, l'haruspice rouvre les yeux sur des silhouettes masquées marquées par leur appartenance solmène, tant dans leurs gestes que dans leur apparence. Le corps endolori, les mains et la bouche entravés par des liens, l'Oiseau met quelques secondes à réaliser où il se trouve. La Tour de l'Est, les milicien‧ne‧xs, et ses compagnons autour de lui.

La panique l'envahit, frisson remonte le long de sa colonne vertébrale comme une sangsue parasite. L'angoisse se mêle bien vite à la rage brûlante qui flambe en brasier quand leurs geôliers prennent la parole. Même si Ohanzee reste quelque peu irresponsable et parfois un peu trop détaché dans ses relations, il peut devenir très défensif lorsque celleux qu'il aime sont menacé‧e‧xs. Il serre les dents autour du bâillon, essayant de calmer sa respiration pour se faire oublier des gardes qui procèdent à un interrogatoire en règle de Sandro. Il faut réfléchir, échafauder un plan, mais il est difficile de le faire quand il ne peut pas communiquer avec ses compagnons d'infortune. Il se débat avec ses menottes, tord silencieusement ses bras et ses mains liés dans son dos pour s'en libérer.

Les entraves ne font pourtant que se resserrer. Impossible de trouver de quoi crocheter la serrure, le métal glacé lui scie les poignets, à lui en tirer une grimace de douleur. Les entailles sur ses bras s'ajoutent aux ecchymoses qui teintent son corps malmené par la milice, et il finit par abandonner l'idée de s'en libérer. L'angoisse reprend le dessus, tournant un regard inquiet vers Sandro, puis vers Angelo et Attila, espérant qu'ils aient plus de chance pour se libérer. Peut-être leurs liens sont-ils moins serrés, que les miliciens ont moins fait attention. Ohanzee a besoin d'un peu d'espoir en cet instant, ne voulant pas songer à l'idée qu'ils pourraient tous les quatre croupir dans les cachots de la Tour de l'Est. Les disparitions suspectes sont légions dans la Ville Basse et ils ne seraient que quelques uns parmi tant d'autres. Mais il ne veut pas en faire partie. Surtout pas. Il a encore des choses à faire dehors. Le visage de Mario se dessine devant ses yeux voilés, de quoi lui faire tirer à nouveau sur les menottes qui ne cèdent toujours pas.

Tu n'avais rien compris à votre excursion à la Torre Degli Angeli. T'avais fait le débile, parler à ces milicien.ne.x.s, mais jamais tu n'aurais deviné que Sandro ferait exploser, de nouveau, la Torre. C'était bête de ta part. Tu n'avais pas réfléchi. Parce que tu étais obnubilé par cette idée de répandre des fleurs dans toutes la ville. Tu n'avais pas réfléchi et aujourd'hui tu en paierais les conséquences. Tu avais refait ta vie. Tu aurais presque pu oublier l'évènement. Tu te disais que tu étais suffisamment discret, que toi tu n'avais rien fait. Tu avais été complice involontairement. Tu en as voulu à Attila et Ohanzee qui eux semblaient avoir compris. Tu en voulais à Sandro qui ne t'avais pas mis au courant. Tu leur en voulais parce qu'ils s'étaient servis de ta naïveté, il t'avait utilisé pour détourner l'attention de ces gardes. Tu ne voulais rien avoir à voir avec un attentat. Et pourtant, voilà où tu étais rendu.

Une journée banale. Tu étais arrivé tôt dans ta boutique, avais installé ton matériel, soigné les plantes en pot. Et puis tu avais aussi commencé à faire tes commandes pour la journée. Prendre de l'avance ne te ferait pas de mal. Avec les beaux jours, plus de monde venait dans ta boutique. On avait envie de sentir le parfum des fleurs, de voir de la couleur. Et pourtant, aujourd'hui tu ne verrais aucun.e.x de tes client.e.x.s. Quelques minutes avant que tu n'ouvres officiellement ton magasin, des milicien.ne.x.s sont venu.e.x.s. T'avais lâché tout ce que tu faisais lorsque tu avais senti la lame contre ta gorge. Le sang pulsait dans ta carotide. Iels avaient ta vie au bout de leur lame. Tu étais terrifié, Angelo. Tu n'avais pas su te défendre, tu n'avais pas même poussé un seul son. Parce que t'étais tétanisé. Qu'est-ce que Juste penserait de toi ? Tu avais été trop stupide pour comprendre dans quel bourbier tu t'engager et maintenant tu étais trop lâche pour te défendre. Tu ne te rappelle pas du voyage. Tu ne te rappelle pas de comment tu as fini attaché dans la Tour de l'Est. Tu ne te rappelle que de la sensation de cette lame froide sur ta gorge. Et t'es toujours terrifié. Tu regardais en tout sens, Sandro, Ohanzee, Attila. Et puis les trois milicien.ne.x.s arrivèrent. Les menaces commencèrent et tes yeux s'écarquillèrent encore plus en entendant le cliquetis qui provenait de cette boite. Tu paniquais, Angelo. T'étais pas fait pour ce genre de situation. T'étais qu'un pauvre fleuriste innocent. Un pauvre gars qui s'était laissé avoir. T'étais pas seul, les autres étaient là aussi. Même si tu leur en voulais, tu ne pouvais pas rester en colère avec eux quand vous deviez vous sortir de cette situation. Alors t'essaies de te concentrer sur Ohanzee, sur Attila. T'essaies de calmer ta respiration qui s'emballe. T'y arrives peu. Mais tu te concentres sur ses liens qui enserrent tes poignets. Sur ce bâillon qui ne t'aide pas à reprendre le contrôle. Tu gesticules dans tous les sens, tu paniques. Tu regardes Sandro comme s'il pouvait tous vous sortir de là. Lui seul était libre de parler après tout. Et t'avais peur, Angelo, toujours plus peur, parce que tu ne savais dans quel état tu sortirais d'ici, tu ne savais même pas si tu sortirais vivant d'ici.

Alors tes mains s'agitent, mains plus habituées à manipuler de jolies fleurs plutôt qu'à donner des coups. Tu tentes par tous les moyens de te libérer de tes liens. Tu tires, gesticules. Et t'essaies de respirer parce que t'y arrive plus avec le bâillon. Tu sens l'endocarde qui s'emballe. La tête qui tourne. La panique qui monte toujours plus. Et t'as comme le diable au corps. Tu veux vivre.

Pris en traitre purement et simplement. A l'aube que j'avais été appréhendé. Comme un criminel. Si tant j'ai été surpris, sans réaliser le pourquoi de la "visite", il a fallu de quelques mots, pour finir par rire. Les narguer pour masquer ma peur. Groggy par jenesaisquoi.. Tentative de me servir de ma malédiction mais rien ne se passe. Vouloir protéger Jàmms mais non, je suis inutile. Et après d'infructueux essais, je finis emprisonné. Un evenement à cocher dans ma liste tiens. C'est la deconvenu quand j'aperçois que je n'étais pas seul. Mes compagnons sans instinct et Sandro. Et ça confire la raison de ma mise en bagne. Bien vite, j'en perds le sourire.. Par peur pour eux. Ma Vie est un bonus du quotidien, j'admets n'avoir rien à perdre. Une personne parle, denoncer des gens dont je ne sais pas le nom. La qualité des interrogatoires est à revoir. J'ai encore envie de rire, ce que je fais mais c'est très nerveux à ce stade. L'air suivant mon humeur, devenant pas forcement agreable, enfin rien qui puisse chambouler mais dans la durée, ça peut finir par être pénible. Malheureusement, je le fais subir à tout le monde et moi le premier. Raison de plus pour essayer d'être plus à l'aise. Bâillonné et attaché. Facile. C'est avec Sandro que la danse s'entame. Et comme nous - sauf s'il bluffe, ce qui est possible - il ne sait rien. On va mourir ici. hourra. Je regarde mes deux amis.. J'ai envie de fredonner pour tenter de calmer les esprits et le mien avec. Observer chaque membre, trouver une faille, fomenter une suite d'évènements logiques dans le crane. C'est bien le premier instant dans ma Vie où je regrette franchement de ne pas utiliser mes dons. Si on sort de là, je m'y mets. En attendant, j'ai espoir que mes chaines se brisent à un moment donné.

La panique d'Angelo est palpable, se déverse en vagues dans la pièce exigüe où ils ont été jetés. Il voudrait s'excuser, l'acrobate, de ne pas avoir dit "non" lorsqu'il a compris le plan de Sandro. Il aurait dû courir, prendre ses deux compagnons de mésaventure par le bras et les entraîner dans les dédales de la Ville Basse. Peut-être l'artificier les aurait-il suivis, qui sait. Mais il est trop tard pour les remords, il faut trouver une solution. L'Oiseau observe de ses yeux sombres les trois milicien‧ne‧xs qui se tiennent devant eux, scrutant leurs moindres faits et gestes en espérant y voir une faille. Les jambes sont encore trop engourdies par ce qui leur a été administré, alors il se contente de réfléchir, aussi vite que son cerveau embrumé le lui permet, en jetant de fréquents coups d'oeil à ses amis. Attila semble dans la même galère que lui, alors qu'Angelo, même tremblant de panique, semble avoir réussi à se détacher des liens qui entravaient ses mains. Avec le bâillon qui emprisonne sa bouche, il ne peut même pas lui lancer un sourire d'encouragement. S'ils sortent vivants d'ici, il se doute que le fleuriste ne voudra plus rien avoir à faire avec eux, avec lui, et cette pensée lui fait mal au ventre.

Se recentrer sur l'urgence de la situation, tâter le sol en bougeant lentement pour ne pas attirer l'attention, à la recherche d'un quelconque objet qui pourrait l'aider à se libérer. Mais rien ne se présente sous ses doigts, les idées fulgurantes restent inexistantes, et les liens lui coupent toujours plus les poignets à mesure qu'il tire dessus pour s'en libérer. La panique envahit tout, serrant sa poitrine à l'en étouffer. Ils vont croupir ici pour le reste de leur vie et ils l'auront bien cherché. Et puis Angelo a toutes les raisons de les détester et puis ils vont disparaître et puis ce sera bien fait. Et puis tous les scénarios les plus atroces se forment dans son esprit alors que les larmes montent à ses yeux, mordant le bâillon pour les retenir.

T'as réussi à te libérer. Tu t'en rends même pas compte sur le coup. T'as toujours cette difficulté à respirer et t'as l'endocarde qui veut s'échapper de ta poitrine. Tu vois trouble en fait. Tu te sens mal. Et puis tu réalises. Tes mains ne sont plus aussi serrées dans les cordes, tu as une plus grande liberté de mouvement. Tu pourrais l'enlever, ce bâillon. Tu pourrais te lever et partir. Non, tu pourras pas, parce qu'il y a les milicien.ne.x.s et qu'il y a les trois autres. La réalisation que tu n'es plus prisonnier calme un peu ta panique. Ça ne fait pas une grande différence, suffisamment pour que tu n'es plus l'impression que tu vas tomber dans les pommes. Tes mains trouvent le sol. Tu essaies de te concentrer totalement sur ça. La sensation de ce sol froid sous tes mains.

Tu vas mourir ici.

Respire.

Tu reverras jamais Juste.

Respire.

Tu vas pas t'en sortir, iels vont te foutrent en taule.

Respire. Le sol froid. Ohanzee. Attila. Sandro.

Iels vont vous torturer jusqu'à ce que vous avouez.

Respire. Aller. Le sol froid. Sandro qui parle.

Tu es coupable. Tu as participé à la destruction de la Torre.

Oui mais tu savais pas ce que tu faisais. Tu connaissais pas l'objectif de cette expédition. Le vrai objectif.
Inspire.
Expire.
Un.
Deux.
Trois.
Quatre.
Tu te sens plus maître de toi-même. T'arrive à respirer. Difficilement, mais tu ne manques plus d'air comme avant. Tes poumons se remplissent d'oxygène. Ça va mieux. Et maintenant, il faut que tu aides Attila et Ohanzee aussi discrètement que possible. Tes yeux cherchent un objet, n'importe quoi qui pourrait leur permettre de se libérer de leur lien. Faut pas que tu bouges de trop. Faut que tu gardes les mains jointes, comme si t'étais toujours attaché. Faut pas que t'attires l'attention des milicien.ne.x.s.

Iels vont te torturer au moindre faux pas.

Non, tu vas y arriver. Il faut que tu y crois. Alors tu cherches. Un bâton, un objet coupant n'importe quoi. Il faut que tu les libères eux aussi. Et il faut surtout pas que tu retires ce bâillon qui te fait toujours paniquer.

Résultat des dés:

Une part de moi est contente de vivre une telle aventure. Il se passe quelque chose dans ma Vie. C'est comme ça qu'elle le voit, comme une opportunité de tout raconter à mes proches ensuite. Mais pour conter mon exploit, il faudrait survivre et c'est là qu'entre en jeu mon autre partie, plus défaitiste, songeant à la mort. Je ferme les yeux pour continuer à respirer par le nez et les rouvre quand Sandro parle. Il n'a pas totalement tort.. On s'est fait avoir mais j'étais quand même bien heureux de participer à tout le merdier. Le regard sur nos autres compagnons et je vois un objet rouler vers moi et s'arrêter en milieu de courses. Je grimace, blasé. Faut que je l'attrape. Je n'ai aucune idée si ce n'est feindre une peur irrationnelle et je me mets à gesticuler au sol tel un dément, me débattant comme si le Quetzal voulait me posséder, et resserrer ma prise sur l'objet .. coupant, quand je sens la douleur irradier. Qu'est-ce que je peux être nouille. Mais au moins, je l'ai ! Je me fais remettre dans ma position avec force, agrémenter de menaces. Quand tous les yeux, sont de nouveau braqués sur Sandro, je m'attelle à me libérer.

La panique commence à gagner Ohanzee à mesure que les liens se resserrent autour de ses poignets tant il s'acharne à les défaire. Malgré la situation plus qu'inconfortable, il ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel devant les questions posées. Comme s'ils étaient assez bêtes pour ne pas savoir que s'ils étaient là aujourd'hui, c'était en punition pour l'explosion de la Torre. Surtout qu'il y a dans leur groupe deux personnes à l'éducation solmène, ils devraient savoir qu'ils sont habitués à leurs techniques de manipulation. Si ce n'était que pour avoir des informations, Sandro aurait été seul ici. Ou peut-être pas.

Son avis change très rapidement quand l'interrogateur‧ice parle d'Asha, et c'est avec un air de défi enragé qu'il fixe le lugubre personnage qui tient son daemon, prêt à se jeter sur lui au moment même où les liens lâcheront (enfin s'ils lâchent, parce que la chance n'est pas vraiment avec lui aujourd'hui). Evidemment, ce n'est pas ce qui se passe et il se retrouve impuissant, à sentir se tendre douloureusement le lien qui le relit à son âme-soeur. Son corps s'arque dans une tentative désespérée de se rapprocher d'Asha, qui laisse échapper un sifflement aigu. Il n'en faut pas plus pour que le troisième adorateur du serpent-ailé vienne le clouer à sa place, l'empêchant de bouger.