La chaleur d'une vague de canicule redescend enfin mais Makeda, comme tant d'autres cittàdini, converge encore vers le Porto Vecchio le soir afin de profiter de l'air frais et salé que la mer leur offre, libérée ainsi quelques heures de l'odeur moite des corps entassé‧e‧xs. Pour la zutique, il s'agit du début de sa journée, plusieurs heures de danse à venir puis une action collective avec trois adelphes dans la Haute Ville, et avant que la nuit tombe elle vient tremper ses pieds chauds dans l'eau du port, fixant les derniers rayons du soleil qu'elle voit peu ces derniers temps.

De nombreux bateaux sont encore en mer, et elle en voit les silhouettes sur l'horizon, les pécheur‧euse‧xs et autres commerçant‧e‧xs ramenant des vivres depuis la Terre Brulée, qu'elle n'a même pas eu le temps de visiter encore. Ce qu'elle mange, elle le chaparde ou le troque contre ses numéros de danse, à la Nef, si bien qu'elle a depuis longtemps renoncé à un plat frais et de qualité. Seul Téméraire grignote des fruits, l'air jovial comme toujours, insultant les enfants qui l'approchent, à une petite distance d'elle. Il ne faudrait pas qu'on les croient trop ensemble, encore maintenant.

Son estomac gargouille alors qu'elle se lève et son réflexe est le vol, alors elle approche une cargaison de fruits de mer en train d'être débarqués d'un bateau. "Besoin d'aide ?" Un sourire charmeur vers la jeune femme qui lui fait face, dont le visage couvert de tâches de rousseur ne la laisse pas indifférente, avant de s'emparer de la caisse qu'elle tient pour la poser plus loin, sur les autres. Au passage, elle glisse quelques huitres dans ses poches, un maigre repas mais toujours ça de pris.

Se relevant, les bras couverts d'eau de mer, elle hésite un moment à s'esquiver déjà, mais il reste encore beaucoup de caisses à débarquer, elle a eu du temps et... cette fille lui plait. Téméraire lui jette un regard noir quand il comprend son intention, et sautille vers le bateau en bougonnant, alors qu'elle revient à la charge, tendant ses mains abimées à son interlocutrice, en demande d'un nouveau fardeau à porter. "Je m'appelle Makeda, et toi ? C'est si rare les filles qui ont leur propre bateau, tu es capitaine depuis longtemps ?"

L'air glacé du blizzard laisse sa place au brise chaude de l'été. Tu te sens revivre, Kassandra. T'as pu t'ouvrir pendant ce blizzard, te reconnecter à tes adelphes, reprendre ta place parmi les Covenant. Tu te sens mieux. Un peu plus légère. Le fantôme de Daphnée te semble moins présent. Ta culpabilité s'est calmée. Tu commences petit à petit à faire la paix avec la mort de Daphnée. L'alcool n'embrouille plus ton esprit. T'es sobre, Kass. Sobre depuis le blizzard et tu te sens si fière de toi. T'as encore besoin de temps pour toi. Faut que tu mettes de l'ordre dans tes pensées, que tu te remettes de ta période la plus sombre, mais ça va mieux. T'es toujours inquiète, pour tout un tas de choses et surtout Arthur, mais t'es là. Tu tiens debout. Tu n'abandonneras pas. Tu dois vivre, être heureuse, parce que c'est ce qu'aurait voulu Daphnée. C'est Elenor qui t'as fait comprendre ça. Elle a été là au moment où tu en as eu le plus besoin. T'as encore du mal à parler de tes idées noires à tes adelphes, tu veux pas les inquiéter, mais t'essaies de ne pas rester seule. Tu t'interdis de rester seule sur ton bateau. Tu peux pas reprendre tes vieilles habitudes. Mercurio ne te laissera pas faire de toute façon. Il faut que tu restes forte.

La nuit tombe lentement alors que tu rentres seulement maintenant au port. Ton bateau est plein d'huîtres rangées en bourriche. Il faut que tu décharges tout ça et tu vas pouvoir en ramener à la péniche familiale et peut-être en vendre un peu aux badauds dès ce soir. Le reste partira le lendemain matin à la criée et tu recommenceras ta journée. T'es habituée à travailler, t'aimes ça. Et puis il faut bien que tu gagnes ton pain. T'amarres ton bateau, Mercurio sur le bollard te regarde faire. Et puis il faut que tu décharges. Tu te saisis d'une cagette et tu vas poser tout ça devant la petite cabane en bois un peu plus loin qui te sers d'entrepôt. T'es concentrée sur ta tâche, comme souvent. T'es silencieuse. Depuis la disparition d'Arthur et encore plus depuis la mort de Daphnée, tu parles moins. Tu sais plus quoi dire parce que tes pensées sont empoisonnées par tes inquiétudes. T'as perdu un peu de ton étincelle, de ta joie de vivre.

Et puis on t'interpelle, te demande si tu as besoin d'aide. Tu n'as pas le temps de répondre que déjà l'inconnue s'est saisi de la bourriche que tu portais. Tu la regardes un peu, remarque ses deux doigts coupés à la main gauche. Tu n'en tiens pas trop rigueur. T'es fatiguée, Kass. La journée a été longue. "Merci pour ton aide, tu pourras prendre une caisse si tu veux. T'as certainement autre chose à faire que d'aider une pauvre ostréicultrice fatiguée." Tu te sens peu confiante, un peu maladroite. Mais l'inconnue t'intrigue. T'as pas trop remarqué le vol, tu n'en as que faire. Toi aussi tu as déjà voler, tu sais ce que c'est que d'être habitant·e·x de la ville basse. On fait avec ce qu'on a. Un sourire pour l'inconnue comme pour la remercier de nouveau pour son aide alors que tu lui tends une nouvelle cagette. Elle se présente. Makeda. Le nom sonne bien. T'aimes bien le son de sa voix aussi. "Moi c'est Kassandra. Il a fallu que je joue des coudes avec mes adelphes, mais on est une grande famille, chaque talent est utile. Et puis avec ma petite sœur qui ne sait pas du tout cuisiner, il faut bien quelqu'un pour sauver les autres. J'ai commencé il y a une dizaine d'année." Tu l'observe encore un peu. Tu te souviens pas l'avoir déjà croisée, ou peut-être que tu ne l'as tout simplement pas remarquée avant. Tu n'en sais rien. "Et toi, tu fais quoi dans la vie ?"

Makeda n’est pas du genre à se mentir à elle-même, notamment en matière d’attirance, qu’elle soit sexuelle ou amoureuse. Il y a quelque chose d’électrisant à reconnaître et à accueillir les remous d’un corps en émoi, les palpitations du coeur : c’est ainsi qu’elle se sent la plus vivante, en proie au crush et au badin. Une contradiction avec son besoin de contrôle et les occupations dangereuses qu’elle mènent, certes, mais la vie est décidément trop courte et risquée à Cittàgazze pour ne pas la vivre pleinement.

Les marins, surtout depuis qu’iels reviennent, ont quelque chose de spécial, une apparence malmenée par les embruns et le vent de haute mer, des yeux qui ont vu les profondeurs de l’océan et y sont survécus. Cette belle femme porte ces marques de l’eau sur son visage, dans ses mouvements, une fatigue salée qui sublime la force qu’il faut dans les bras pour charrier ces caisses, remonter les pièges des fonds marins et tenir un navire. Aussi : elle a de belles mains.

A son aide intéressée, la capitaine lui propose d’entrée de jeu de se servir, et la danseuse se permet une moue : voler oui, la charité non. La gazzi aura toujours du mal à accepter la bonté d’autrui. « Non, ne t’en fais pas… » D’accord, le refus est hésitant, il n’en faudra pas beaucoup plus pour qu’elle flanche : elle a vraiment faim après tout, et les huîtres se troquent très bien, surtout fraîches.

L’échange de prénoms se fait avec évidence et la zutique savoure ce prénom peu courant. Kassandra. Comme nombre de noénautes, elle lui parle d’une famille nombreuse, et elle se demande à chaque fois ce que cela fait, d’avoir eu des frères et sœurs, du bruit, de la compétition. Non qu’elle ne connaisse rien à l’adelphité et à devoir jouer des coudes, mais rien n’a jamais été adouci par les liens du sang dans sa vie. « Dix ans ? Mais tu devais être haute comme trois pommes ! » Elle ne lui donne pas plus de vingt-six ans, et bien que tout le monde travaille tôt ici, cela lui semble jeune pour partir seule en mer.

A leurs cotés, Téméraire alpague l’oiseau de la capitaine, lui demandant s’il connaît un daemon en commun – les réseaux parallèles de leurs âmes sont toujours incompréhensibles.

Les caisses passent du bateau au quai, un travail physique qui n’est pas désagréable lorsqu’il est partagé. « Je suis danseuse. A la nef des fous. » Makeda est un peu connue dans son milieu, et elle n’a pas honte de son métier, même si bien souvent les gens y associent certains préjugés. Au moins, Kassandra est prévenue, et si elle doit mal réagir, ce sera avant que l’ancienne juste ne tombe davantage sous le charme. « Mais à coté de ça, je fais partie d’un collectif, on colle des affiches en haute ville, on revendique de meilleures conditions de travail pour les serveur‧euse‧xs, ce genre de choses. Je sais pas si tu en as déjà vu ? »

Pour le moment, le collectif s’est concentré sur la haute ville, laissant les noénautes et leur port en paix. C’est cependant là aussi que se passent les inégalités, que vivent les personnes touchées, et Makeda caresse le doux rêve de pouvoir un jour repeindre les coques de ses messages.

« Tu fais ça tous les jours ? C’est super physique. » Même fatiguée, Kassandra ne se plaint pas, accomplit ces gestes fluidement, et Makeda se permet un ou deux fantasmes sur les muscles qu’il faut, et ce qu’ils pourraient faire d’autres, dans un contexte différent.

Tu te surprends à l'observer lorsqu'elle ne te voit pas. Il y a quelque chose de mystérieux chez elle. Elle a des yeux qui ont déjà trop vu d'horreur et ces doigts coupés. Tu sais ce que ça veut dire, elle est alchimiste, ou elle l'a été. C'est ce que tu penses, mais au fond, tu n'en sais rien. Tu ne la connais pas. Pas encore. Elle refuse ton offre d'emporter une bourriche avec elle. Tu comprends, t'es de ce genre là aussi. Accepter de l'aide, c'est pas ton fort. En demander non plus. T'insistes pas. Tu laisseras peut-être juste une cagette bien en vu une fois ton déchargement terminé. Libre à elle de se servir à ce moment-là. Mercurio semble en grande discussion avec le daemon de Makeda. Tu ne l'embête pas plus que ça, il te dira s'il a appris quelque chose d'important.

Un rire s'échappe d'entre tes lèvres lorsqu'elle t'imagine haute comme trois pommes capitaine de ton bateau. C'est vrai que t'étais jeune. "J'ai toujours voulu être libre. Quand j'étais plus jeune, on faisait des courses de bateau dans le port avec mes adelphes. Et puis j'arrêtais pas de trainer dans les pattes des plus vieux·eille·xs. Je crois que j'ai saoulé mes frères à leur demander tous les jours si je pouvais naviguer seule. Au bout d'un moment, iels se sont rendu compte qu'il n'y avait pas d'autre choix que de me laisser faire. Je les ai eu à l'usure." Tu te rappelles de ces temps plus simples où tu n'étais pas hantée par le fantôme de Daphnée. Maintenant, ta relation avec tes adelphes n'est plus la même. Tu ne sais plus comment leur parler. Tu n'arrives pas à retrouver ta place. Tu regrettes de t'être isolée après la mort de Daphnée, mais en même temps tu n'aurais pas su comment faire autrement. "La première fois que j'ai navigué vraiment toute seule, je devais avoir 12 ans, je crois." Tu te rappelles encore de cette journée. Rien que d'y penser, ça te fait sourire.

Danseuse, à la Nef des Fous. Tu te doutes de ce qu'il peut s'y passer. Ça te dérange pas plus que ça. Tant qu'elle n'est pas contrainte de le faire, tu n'y vois aucun mal. Peut-être qu'un jour tu t'aventureras là-bas. T'en connais pas trop les codes et c'est pas ce qui t'attire le plus, mais peut-être que tu pourrais découvrir des choses intéressantes. T'hoches de la tête sans rien ajouter. Elle te parle ensuite de son collectif. Tu comprends que c'est ça le plus important pour elle. "J'ai peut-être déjà vu une de ces affiches. Ça me dit un truc. C'est surtout contre l'oppression solmène du coup ? Dans la Ville-Basse, il y a plein de problèmes aussi. En fait, il y a des inégalités partout. Je sais pas par où commencer, quel combat mener. J'ai l'impression qu'il faudrait tout défaire pour tout refaire." Avec les noénautes t'as pu éviter pas mal de soucis. Et puis, t'as toujours eu tes adelphes et Mama. Quand t'étais encore sous l'emprise de l'alcool, tu te rendais plus compte de l'horreur du monde. En même temps, tu voyais tout en noir. "Vous êtes nombreux·se·xs à coller des affiches ? Peut-être que je pourrais filer un coup de main de temps en temps." Tu pourrais faire plus, au fond. T'essaie déjà de faire gagner les noénautes en influence pour que votre parole aie plus de poids, mais il y a d'autres actions plus concrètes à mener. Ça te fait réfléchir. Au bout d'un moment, va falloir que tu trouves un but à ta vie. Et rendre le monde meilleur pourrait en être un.

"Ça dépend, il y a des jours où je ramène moins d'huîtres. Là, il y en a pas mal. Et puis, il y a des jours où j'en ramène pas du tout. Je passe bien plus de temps en mer qu'à porter des caisses, encore heureuse." T'as l'habitude de travailler. T'es fatiguée et parfois t'aurais besoin d'une pause, mais faut bien se nourrir. Et puis ce travail c'est pas le pire au monde. "Quand tu danses, tu le fais pour les autres ou tu le fais pour toi ? Ça doit pas être la même chose de danser pour des client·e·xs, non ?"

Le rire de Kassandra est enchanteur, ses anecdotes d’enfance aussi et Makeda esquisse un sourire en retour. Il faut une sacrée force de caractère, à ses yeux, pour s’imposer ainsi dans un monde de marins, et elle imagine facilement désormais une version miniature de Kassandra, les poings sur les hanches, demandant qu’on lui donne plus de liberté. Et Makeda ne peut pas l’infantiliser : à douze ans, elle se battait chaque jour pour une place de porteur‧euse‧x du poignard subtil, parfois jusqu’au sang. Chacune à leur manière, elles se sont émancipées.

Le sujet se porte sur le collectif, et la danseuse s’illumine aux mots de la brune. Tout le monde n’a pas aussi finement conscience que le problème est systémique, qu’il faut agir partout. L’idée l’effleure de la recruter, mais il est trop tôt, et Makeda ne veut pas l’arracher à son navire, à son statut durement acquis. Leur activité n’est pas pour tout le monde. L’engagement, lui, est plus accessible. « C’est vrai que parfois on n’en voit pas le bout. La clé, c’est de se concentrer sur ce qu’on peut changer, et alerter les autres. On colle beaucoup sur les solmènes parce que leurs oppressions sont visibles et concernent tout le monde, ca permet de mobiliser les cittadini sur un sujet commun, de les interroger, mais à terme on veut pouvoir parler d’autres problématiques aussi. » Iels sont un petit groupe, collant avec les moyens du bord, et leur composition et historique font qu’iels se concentrent sur les inégalités qu’iels ont vécu, et continuent de vivre. Si les solmènes sont le grand mal de leur temps, la secte n’a pas le monopole des privilèges et des passes droits, loin de là.

« Oh, une dizaine environ. Il ne faut pas qu’on soit trop nombreux‧se‧xs, pour ne pas se faire remarquer. » Même si Makeda est sous le charme et lui a déjà livré plusieurs de ses secrets, elle reste un peu sur ses gardes devant cette proposition si candide et spontanée, de la part d’une personne qu’elle ne connait pas suffisamment. Il suffirait d’une dénonciation, d’un espionnage bien fait, pour mettre à terre tout ce qu’iels ont construit. « Merci, je te redirais si on cherche des spots en ville basse. » La danseuse adoucit le message d’un nouveau sourire, prenant le nouveau plateau en effleurant un temps les mains de Kassandra, parcourue d’un frisson.

Une idée lui vient alors qu’elle se redresse, se massant les reins, et elle claque des doigts. « Oh, si tu connais quelqu’un‧e‧x qui produit de la colle ? On en manque tout le temps. » Iels en chapardent souvent, de peur d’attirer l’attention des autorités solmènes par des achats de ce type, mais passer par les noénautes devrait leur éviter ces soucis. Il est temps qu’iels étendent leurs activités, et leurs contacts.

Elle acquiesce aux explications de Kassandra, se fustigeant mentalement : oui, forcément, la pèche n’est pas toujours bonne, mais elle n’en savait rien. Elle n’a jamais été une fille de la mer, ni de l’alimentaire, mangeant ce qu’on lui donne et ce qu’elle trouve sans faire grand cas de la provenance. « Tu pèches d’autres choses ? Tu as déjà trouvé des trésors ? » Il y a une enfant, bien cachée, dans le cœur de Makeda.

Une enfant qui repart alors qu’elles discutent de danse, de ce métier parfois mal compris. Faisant tourner une huitre tombée sur le quai entre ses doigts, la zutique hausse les épaules. « Les deux. C’est plus un métier qu’une passion désormais. Ca dépend surtout du public. » Ses yeux croisent un temps ceux de la noénaute, imaginant danser pour elle, et elle s’éclaircit la gorge. « Avec les client‧e‧xs, je peux mettre une distance, tu vois ? Je suis une attraction passagère, iels ont des attentes que je connais. » Normalement, du moins. « Mais les entrainements, surtout avec les autres danseuses, c’est génial. On s’entraide pour les chorégraphies, il y a une vraie camaraderie. Si tu veux, tu pourrais - » Il est sans doute tôt pour ça, mais Kassandra s’est proposée la première pour les collages, et elle ne veut pas lâcher sa chance, si elle existe. « enfin, si ca te dit, tu peux assister à une de nos répétitions. Les filles adoreraient avoir un regard neuf. »

Téméraire, pourtant absorbé par sa propre discussion, lâche un gloussement qu’elle sait parfaitement interpréter, mais elle l’ignore superbement. Oui, elle aussi aimerait que Kassandra la regarde danser, mais il y a des limites à ce qu’elle s’autorise à dire en public.

Makeda rebondit sur ta remarque quant à son collectif. Tu comprends l’idée, t’approuves même. Alerter les autres sur ce que vous font subir une partie de la population, c’est déjà un bon début. T’es certaine que beaucoup ne se rendent pas compte de ce qu’il se passe autour d’elleux. Ou parfois, iels ne veulent tout simplement pas le voir. Tu le sais. T’as été comme ça aussi, et encore maintenant, tu te rends pas compte de tout et il y a plein de choses que tu appris et avec lesquelles tu as grandi que tu ne sais pas encore défaire. C’est un travail de chaque instant. Tu sais que tu n’es pas experte sur le sujet, tu as commencé à mettre des mots récemment sur tout ça, mais ça t’intéresse et parler avec quelqu’un qui en sait bien plus que toi te permet de te rendre compte de certaines choses. Makeda n’a certainement pas vécu les mêmes oppressions que toi. Il doit y en avoir des communes, mais votre vécu est différent. "C’est vrai que beaucoup de monde est d’accord pour dire que les solmènes sont une grosse partie du problème. Et finalement, c’est dur de faire en sorte que tout le monde soit au même niveau. Ce sont des sujets complexes avec des concepts qui ne sont pas à la portée de tout le monde." Au fond, t’as jamais vraiment compris pourquoi les factions existaient. Ce serait tellement plus simple d’arrêter de se prendre la tête et juste de se parler. Il y a des bonnes idées partout et tu te dis que c’est plus intelligent de chercher à avancer ensemble sans discriminer personne plutôt que de se livrer à cette foutue guerre intestine pour trouver qui a raison. Chaque nouvel événement est prétexte à un nouveau jeu de pouvoir et finalement vous perdez du temps.

Ta proposition d'aide n'est pas acceptée et tu comprends pourquoi. Ce genre d'action demande de la discrétion et plus il y a de monde impliqué, moins le secret est facile à garder. Tu ne veux pas mettre en danger ce réseau, alors tu n'ajoutes rien de plus. Peut-être qu'un jour tu pourras plus t'impliquer dans ce genre de combat, pour l'instant ce n'est pas encore le tien et tu as d'autres armes. Il y a ta place parmi les noénautes et leur combat à elleux. La zutique te parle ensuite du fait qu'iels manquent toujours de colle pour leur collage. Tu comprends qu'iels ne peuvent pas passer par un réseau légal sinon les solmènes pourraient se douter de quelque chose. Les noénautes fournissent beaucoup de matériel et ça t'étonnerait pas qu'un‧e‧x marins produisent de la colle sur le port. "Je vais me renseigner, comme ça il n'y a personne qui me vient en tête. Je te tiens au courant sur ce sujet dès que j'ai plus d'infos." Et voilà un prétexte pour la revoir. Pouvoir l'aider un petit peu dans son action te rend heureuse, tu sais que tu ne peux pas faire beaucoup, mais au moins tu ne feras pas rien.

Le sujet change et voilà que vous discutez maintenant de ton travail. Tu continues d'ailleurs de sortir des caisses, mais tu en vois le bout. La journée a été bonne, mais t'as déjà fait mieux. "Oui je ramène du poisson, mais c'est plus pour ma consommation personnelle que pour le vendre. J'ai déjà les huîtres à gérer et ça fait déjà pas mal de boulot." Tu pourrais lui parler de la brocante. C'est un repaire à trésor, il y a plein de babioles et tu ramènes ce que tu remontes dans tes filets. "Oui ! Parfois, j'en trouve et j'aime bien aussi plonger pour explorer les fonds marins. J'ai trouvé des reliques du passé. Tout ce que je trouve, je le ramène à la brocante familiale, faudra que tu viennes y faire un tour un jour. C'est mes adelphes qui tiennent la boutique, on vend vraiment de tout." T'aimes parler de la brocante. Cet endroit t'a autant vu grandir que la péniche familiale.

"Je comprends totalement. Il y a vachement plus de contraintes quand tu dois le faire pour gagner ta pitance. Puis je me doute que touxtes les client‧e‧xs ne sont pas faciles à vivre." Elle te parle ensuite des entrainements et tu comprends que c'est là qu'elle retrouve sa passion de la danse. T'es un peu surprise quand Makeda te propose de venir assister à l'un d'eux, mais en même temps ça te plairait vraiment. Tu viens de la rencontrer, et déjà vous avez pu échanger sur plein de sujets qui vous teniez à cœur toutes les deux. Ce genre de rencontre est précieuse et tu es curieuse de voir ce que te réserve l'avenir. Et puis, voir la zutique danser ne te générais pas du tout. "Ca me dirait vraiment ! Et peut-être qu'un jour je pourrais t'amener faire une balade en mer. Il y a une petite crique pas loin du chemin de fer, c'est vraiment très beau comme endroit." Tu ignores royalement vos daemon hilare. Le gloussement de Téméraire en ayant entrainé quelques un de la part de Mercurio. Il manque pas de culot, lui. Il passe son temps à te dire qu'il faut que tu parles aux genstes et là que tu le fais il ne trouve rien de mieux que de rire de toi.

La danseuse a sous-estimé l'intelligence de la belle Kassandra, et si les discours peuvent n'être que de facade, le fait que la noénaute utilise le même langage qu'elle pour parler des oppressions est prometteur, protecteur. Voici une personne avec qui elle pourrait, si elle l'ose, discuter librement de ce qui lui pèse sur le coeur, tout en ayant un point de vue distinct, de part sa faction, son métier, ses origines. Et puis, elle est belle, et Makeda chavire déja, son projet de vol oublié, ses distances émiettées.

A ses mots, elle acquiesce vigoureusement, lançant un "Merci !" du plus profond de ses tripes. Ca fait du bien, parfois, d'entendre de la bouche des autres ce que l'on pense. "C'est sur ça qu'on taffe, c'est bien que les gens s'éduquent bien sûr, mais c'est aussi à nous de trouver les mots pour parler à tout le monde." Hors de question d'oublier la lutte des classes, même si elle ne comprend pas encore toutes ses ramifications.

Alors que Kassandra lui indique se renseigner pour la colle, Makeda se rend compte que cela fait bien plus d'une heure qu'elles doivent discuter, et que les caisses sont presque toutes débarquées. Le temps est passé si vite, en sa compagnie, mais il ne faut pas qu'elle en oublie le reste. "Je - je peux repasser en fin de semaine, si ça te dit ? Ca te fera une paire de bras en plus pour débarquer." Les excuses sont bonnes, et faciles à trouver, pour la revoir, vite.

L'image de Kassandra plongeant dans les récifs pour y trouver des reliques est excitante, même si Makeda se contient. Son corps dans l'eau, retenant sa respiration, ondulant pour descendre jusqu'à un trésor caché, voilà de quoi occuper quelques uns de ses fantasmes, sans aucun doute. A l'évocation de la brocante, elle claque des doigts. "Mais oui, j'en ai entendu parler. En vrai si j'avais plus de choses à troquer, j'y serais déja passée, -  et elle l'aurait rencontré plus tôt ! un client a cassé ma coiffeuse, il m'en faut une nouvelle." Elle était irréparable - cela dit, après le passage de lae Directeur‧rice‧x de la Nef, le client aussi.

"Oh, je veux bien essayer, je ne sais pas du tout si j'ai le pied marin. Un peu de soleil me ferait du bien, donc vendu ! Quand tu passes à la Nef, demande moi, iels te feront rentrer dans les coulisses, ce sera plus intéressant."

Seules sur un bateau, ou sur une crique, oui, elle validait totalement la proposition. Il fallait par contre qu'elle s'assure au préalable, et vite, qu'elle n'allait pas avoir le mal de mer, pour ne pas être verte et malade devant une potentielle amie, voir une amoureuse. Peut-être qu'une des filles du Collectif pourrait lui dégoter une barque.

Téméraire revient à ses pieds après un dernier échange ricanant avec le daemon de Kassandra, tapant du pied dans son sourire habituel. "Désolé de vous interrompre... (il n'est pas du tout désolé) on a répétition dans trente minutes." Le soleil est quasiment couché, elle s'est habituée à l'obscurité progressive, et c'est en cherchant dans les yeux de Kassandra l'étincelle qui habite les siens qu'elle lui tend la main. "On se voit vite, alors ? Passe une bonne soirée, Kassandra."

T’opines de la tête. Tout le monde n’est pas au même niveau, il faut donc absolument utiliser un vocabulaire que toustes pourront comprendre. Ton intérêt pour toutes ces questions n’est que récent. Avant, t’avais d’autres choses à gérer. Mais là que la douleur du deuil n’est plus aussi forte, tu arrives à t’intéresser à d’autre chose. Et puis, il y a aussi que tu veux pouvoir t’occuper pour ne pas penser à cette envie d’alcool qui ne te quitte jamais vraiment. Jusqu’à la fin de ta vie, tu devras lutter contre l’alcoolisme. C’est ton démon personnel, celui qui cherche par tous les moyens à t’envoyer par le fond. Tu ne le laisseras plus gagner.

« Avec plaisir, j’ai toujours besoin d’aide pour débarquer les huîtres et mes adelphes ne sont pas toujours disponibles. » La perspective de la revoir si vite te fait sourire. T’as enfin l’impression de connecter avec quelqu’un·e de nouvelleaux. C’est un premier pas pour te sentir mieux. Le blizzard t’a fait sortir la tête hors de l’eau, et chaque jour t’as l’impression de respirer un peu mieux. Bien sûr il y a encore parfois cette douleur à la poitrine et la tristesse de tes pertes, mais tu vas mieux. Ta vie a bien changé depuis l’an dernier.

La discussion glisse sur la brocante et tu es heureuse de faire la pub du business familial. « On récupère vraiment de tout, même des petites bricoles qui pourraient sembler inutiles. Mama serait capable de vendre n’importe quoi. Je suis sûre qu’on a une coiffeuse en stock. » Tu poses l’une des dernières caisses et tu te rends compte toi aussi que le temps a passé. Le soleil s’est couché et il fait bien plus sombre qu’au début de ta discussion avec Makeda.

« Être sur un bateau c’est un peu comme danser avec la mer, je suis sûre que tu seras une parfaite matelote. Je n’y manquerais pas. » La Nef ce n’est pas ton terrain habituel, mais t’auras des raisons d’y aller. Tu t’imagines bien le corps de Makeda alors qu’elle danse. Elle doit être envoutante et tu n’as qu’une hâte c’est de la découvrir dans toute sa splendeur. Depuis la mort de Daphnée, tu ne pensais pas pouvoir être attirée à nouveau par quelqu’un·e d’autre. Tes émotions te paraissaient bien trop instables pour avoir seulement la place d’y penser. Ta rencontre avec Makeda te montre que tout est encore possible.

Vos daemons reviennent vers vous et c’est avec un grand sourire que tu dis au revoir à la danseuse. « Bonne soirée et bonne répétition. On se revoit très vite ! » Tu sais que tu la reverras bientôt.

***

Ce soir, tu es invitée à assister à l’une des répétitions de Makeda. Tu ne pouvais pas refuser et ça faisait longtemps que tu n’avais pas passé autant de temps devant ton miroir. Il fallait que tes boucles soient parfaitement en place et que ta tenue te mette en valeur tout en étant pratique. La zutique n’a pas quitté tes pensées depuis que tu l’as rencontrée au port. Tu l’as revue plusieurs fois, et vous vous êtes mis d’accord pour sa répétition.

Tu ne l’as pas encore vraiment vu danser, tu voulais attendre qu’elle te le propose. Et c’est chose faite. T’appréhendes un peu de rencontrer ses amies, mais ce genre de sortie te fera du bien. Ça te changera de l’eau salé et de l’odeur de poisson. Arrivée au lieu de rendez-vous, tu repères tout de suite Makeda et tu t’approches d’elle un peu timidement. « Salut, tu vas bien ? » Tu lui fais un grand sourire après lui avoir fait la bise. Mercurio s’en va rejoindre presque immédiatement les autres daemons et tu entends qu’iels se mettent à glousser très vite. Iels sont irrécupérables.

La danse agit comme une méditation sur Makeda, le seul lieu et moment de ses journées pour elle, pour sa passion ; notamment quand elle s'entraine, sans attentes d'un client, d'une audience. Il y a bien sûr, toujours une envie de se souder aux autres danseur‧euse‧xs, leur discipline reste exigeante et demande leur totale attention, et c'est en cela qu'elle sait tirer de l'ancienne solmène tous ses tracas, toutes ses rages, pour ne laisser derrière, en offrande à la musique, qu'une concentration salvatrice.

Elle vient de finir l'échauffement avec les autres, leurs daemons sautillent entre leurs jambes alors qu'elles enfilent leurs chaussons, boivent un peu d'eau et papotent. Leur chorégraphe est un peu en retard, les musicien‧ne‧xs qui les accompagnent s'installent tranquillement. Une des filles de l'étage en profite pour venir lui parler, se fichant bien d'être en nuisette et en bas noir devant tout le monde : ici, la pudeur a disparu. "Alors, elle vient quand ta jolie brune ? Tu nous en parles, mais personne ne l'a vu, cette noénaute." Makeda aimerait soupirer de ces cancans incessants, mais elle est la première à poser ces questions aux autres, et elle répond donc en s'étirant, bien consciente de toutes les oreilles attentives aux alentours, "Kassandra viendra ce soir. Ce n'est pas si simple pour elle de se caler sur nos horaires, la marée et les poissons ne sont pas ponctuels."

Elle ne se sent pas en danger ; avec la belle noénaute, les choses avancent à leur rythme, leur permettant de se découvrir petit à petit, et Makeda trouve plaisante cette amitié qui se dévoile tout autant qu'une séduction. Qu'importe si leur histoire se concrétise, la zutique y aura gagné une amie.

Du bruit à l'entrée leur fait relever la tête, et les chuchotis reprennent de plus belle, alors que Kassandra s'approche justement. La Carducci l'embrasse avec chaleur, lui tendant une main pour la faire monter sur l'estrade. "Oui, merci et toi ? Je suis si contente que tu sois venue." Téméraire et Mercurio discutent déja à bâtons rompus, et les autres daemons présent‧e‧xs s'introduisent. "Kassandra, voici la troupe, la troupe, Kassandra. N'écoute pas ce qu'iels te diront sur moi, tout est faux." Un clin d'oeil, et leur chorégraphe approche, forçant la zutique à reprendre sa place après quelques explications chuchotées les yeux dans les yeux, plus proche de la Covenant que nécessaire. "Tu peux t'installer devant, ou sur les cotés. Téméraire est de bonne humeur, il devrait pouvoir t'expliquer les pas de danse si tu en as envie. A tout de suite." Elle se permet une dernière bise rapide, rejoignant le centre du groupe de danseur‧euse‧xs alors que la musique démarre.

Une inspiration, et 1, 2, 3... Savoir que Kassandra la regarde décuple le plaisir et l'attention qu'elle met dans chaque mouvement, ses yeux venant régulièrement accrocher les siens au travers de la scène. Leur danse est assez drôle ; un air de violon enjoué, beaucoup de jeux de jambes et un long travail sur la synchronisation des corps. Quand iels seront prêt‧e‧xs à ce nouveau spectacle, les représentations se feront en robes longues à froufrou, une adaptation d'un french cancan : la Nef reste la Nef, avec ses désirs et ses voluptés.

Pour l'heure, les corps sont couverts, et découverts : justaucorps, shorts, joggings, chacun‧e‧x a choisi la tenue qui lui permet de se mouvoir au mieux. Makeda sait se pomponner, peut-être qu'aujourd'hui, elle a mis la plus seyante jupe de danse qu'elle possède, fendue sur une cuisse. De quoi se dévoiler devant la capitaine de pèche, qui, elle l'espère, apprécie le spectacle.

Tes yeux sont tout de suite attirés par la silhouette de Makeda. Tu la trouves magnifique. Tu te concentres pas tout de suite sur les autres danseur‧ses. Pour l'instant, il n'y a que Makeda pour toi. En fait, tu te raccroches à elle le temps de te sentir plus à l'aise dans ce nouvel endroit. Toi, t'es une fille de la mer. T'es habituée à avoir les mains pleines de sel et à travailler avec beaucoup d'hommes qui te sous-estiment toujours. Ici, tu dois montrer une autre facette que tu as moins l'habitude de mettre sur le devant de la scène. Tu sors un peu de ta zone de confort et ça a quelque chose de grisant. "Oui, je suis contente d'être venue. J'ai hâte de découvrir votre chorégraphie." T'as un grand sourire aux lèvres. Depuis la mort de Daphnée, tout a été sans dessus-dessous. T'as enfin l'impression de reprendre possession de ta vie. Tu te sens mieux et rencontrer de nouvelles personnes t'aident. Tu vas de l'avant. Les épreuves sont derrière toi. C'est en tout cas ce que tu aimerais croire.

Makeda te présente ensuite au reste de la troupe. Tu t'attardes sur chacune d'elles quelques instants pour imprimer leur visage. Tu les reverras peut-être à l'avenir et tu veux faire bonne impression auprès des ami‧es de la zutique. "Heureuse de vous rencontrer." Tu fais un nouveau sourire à Makeda. Tu vois qu'elle est à l'aise ici et tu veux faire bonne impression. Le chorégraphe arrive et tu dois donc laisser un peu la place non sans quelques regards avec la zutique. Elle te montre où tu peux t'installer et te dit que Téméraire pourra t'expliquer ce qu'il se passe. Tu te fais pas trop prier et tu t'installes à côté de vos deux daemons. Tu entends qu'iels racontent tous les comérages qu'iels ont entendus et iels te font rire. Pourtant, bien vite tu te concentres sur ce qu'il se passe sur l'estrade.

Téméraire fait quelques remarques de temps en temps et tu lui prêtes une oreille attentive. Tes yeux ne cessent de suivre les mouvements de Makeda. Elle a une grâce lorsqu'elle danse, t'en es presque bouche-bée. Tu te dis que ça doit être tellement de travail pour en arriver à ce niveau. La chorégraphie te semble vraiment complexe et tu sais que tu serais bien incapable de faire la même chose qu'elleux. Iels ont tous‧tes du talent et tu les envies un peu. S'il n'y avait pas la mer, peut-être que ta vie aurait ressemblé à ça. Tu aimes être seule sur ton bateau, entendre les vagues et le vent, sentir la brise marine, mais là, devant toi, il y a quelque chose que tu ne soupçonnais pas. Iels sont synchrones, à l'écoute l'un‧e de l'autre et tu comprends comment la danse peut être si importante pour Makeda. Là, elle s'amuse et tu la vois dans toute sa splendeur.

Tu ne vois pas vraiment le temps passer et bientôt les danseur‧ses ont le droit de faire une pause pour reprendre leur souffle. Tu retrouves donc Makeda avec un grand sourire aux lèvres. "C'était magnifique. Comment tu arrives à ne pas perdre le rythme ? Les mouvements ont l'air tellement rapides et fluides. Téméraire m'a dit que vous danserez avec de longues robes, ça ne sera pas trop lourd pour faire tous ces pas ?" Tu attrapes sa main tendrement. Tu la trouves si belle, si attirante. "Tu es magnifique quand tu danses. Ça me donne l'impression que tu es plus lumineuse encore."