A l'instar de certaines personnes, tu avais été missionnée par le Cardinal lui-même pour réunir le plus d'haruspices volontaires possible. Les temps étaient durs et aujourd'hui plus que jamais, il vous fallait resserrer les rangs, tout en espérant que votre coalition soit des plus profitables pour votre cause. Et avant et surtout, pour l'amour de l'Autorité, car il semblait bien que ce soit la véritable raison de cet engagement prononcé, en ce qui te concerne. Allais-tu réussir à jouer de ton statut, ce plus ou moins malgré toi ? Ces drapés d'évêque allaient-ils finalement être utiles, plus qu'à faire baisser les yeux de certains enfants du Divin ? Tu allais le découvrir par toi-même, car la bonne réputation avec laquelle tu pouvais te pavaner jusqu'à aujourd'hui ne te servirait peut-être pas tant. Après tout, certain.es avaient perdu foi, d'autres ne voyaient en la lumière qu'un terrible et injuste éclat de confusion.

Echo à tes côtés, tu progresses sur cette montée que tu connais que trop bien. Tu as déjeuné comme un oiseau déjà repu auprès de Simurgh et de la Rectrice Eirhart, habitudes d'ascète qui te conviennent très bien. Il est midi lorsque tes pas te mènent jusqu'à une échoppe.
La première personne que tu comptes aller visiter est la fille d'un marchand de tissus de cette rue, que tu avais rencontrée lors d'une visite qui datait d'il y a quelques mois. Il la tenait à l'écart depuis que son don s'était révélé, bien conscient que tout ceci allait lui attirer des soucis. Il y avait pourtant eu dans le regard de la jeune femme un espoir, à la vue de l'évêque que tu étais, et de ce que l'expression de ce don pouvait offrir. La reconnaissance.

Il n'était pas dit que la reconnaissance soit le tribut qui l'intéressait le plus aujourd'hui, après tout ce temps passé. La pression familiale était d'ailleurs manifeste chez eux, ce qui pourrait aussi bien faire pencher la balance, en faveur ou en défaveur.
Lorsqu'il t'aperçoit, tu signes à son encontre, Echo quant à lui le salue. Le marchand marque le respect d'un "Masignora," suivi d'une demande plutôt naturelle à l'égard de potentiels clients. "Que puis-je faire pour vous aider ?" tes mains se joignent dans ton dos et ton regard va chercher celui d'Echo, qui se permet de monter sur une pile d'étoffes pour pouvoir se montrer à hauteur d'yeux humains. "Nous aurions souhaité nous entretenir avec votre fille, mon bon monsieur," minaudes le chat noir - ce dernier avait d'ailleurs mit du temps à se faire accepter entre ces murs, fut un temps. "Est-elle ici ?" chose à laquelle le marchand répond à la positive, et va chercher cette dernière dans l'arrière-boutique. Peu de temps après, elle se dévoile et vous salue de la même façon que son père. Il y a dans sa posture de l'inquiétude, aussi il semble t'être plutôt facile de supposer que la rumeur lui était déjà parvenue.

Ton daemon lui explique avec soin la situation, sans toutefois y mettre trop de zeste persuasif. Sans doute aurait-il dû ?

SUCCES x2 : L'haruspice est recrutée.
SUCCES x1, ECHEC x1 : L'haruspice a besoin d'être davantage convaincue.
ECHEC x2 : L'haruspice se braque, c'est un non catégorique.

Lorsque le Cardinal a fait appel à toi pour cette mission aux discrétions troublantes, tu savais qu’il ne s’agissait pas là d’orgue et de desseins spirituels. Les pandémoniques savaient beaucoup de choses sur toi, leur réseau s’étendant à toute la Ville Haute et leurs oreilles furetant au gré des vents auprès de la Ville Basse. C’est en descendant les mille et une marches de Cittàgazze qu’une idée te vint, peu orthodoxe s’il en est, mais accélérant peut-être votre recherche d’haruspice, devant se terminer avant la nuit. Le choix de vous être séparé·es était probablement la meilleure stratégie pour couvrir le plus de quartiers possibles avant que le soleil ne s’éteigne sur la mer.

C’est naturellement que tu te diriges vers la Nef des fous, et tu sais que c’est précisément là que le Cardinal comptait t’emmener ; dans le ventre des vices et des noirceurs que la Ville Haute ne connait pas. Pour avoir longtemps fréquenté les arènes de ce lieu sordide, tu en connais les têtes familières, dont ce visage pâle et osseux, prostitué parmi tant d’autres, que tu aperçois quand le jour se lève aider au nettoyage de la nuit. Il n’est pas rare de le trouver aussi près du Marché des Ambrumes, où il vend ses talents d’haruspices contre un repas ou un toit où dormir. Il devient ta cible.

Le retournant d’une main sur l’épaule, tu vas à l’essentiel : « C’est toi, le petit diseur de bonne aventure du Marché aux Ambrumes ». Le jeune homme acquiesce, vraisemblablement peu téméraire et cherchant à éviter d’autres ennuis que ceux puant à la Nef des fous. « Tu vas me suivre, on a besoin de toi à la cathédrale. » Tu l’empoignes par le bras sans lui donner vraiment le choix, avant d’ajouter : « L’Autorité saura rendre grâce à ta participation, nous nécessitons de toutes… Oh et puis tu en sauras plus là-bas. »

Succès : Kafka suit docilement
Echec : Kafka s’arrache au bras de Simurgh

RÉUSSITE Assure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Une fois de plus, la différence est utile. Elle qui l'a mise à l'écart, entraîné la crainte, créé tant de sentiment d'exclusion dans le cœur appauvri de l'ancienne enfant du Magisterium... Toujours, et dans bien trop de situation, finit par s'avérer le petit chose qui fait de Skye l'élément de poids qu'elle est sur l'échiquier politique des Pandémoniques. La tête bien levée, en jetant quelques œillades satisfaites à Meifeng, pétillantes de complicité, elle a ainsi accepté d'aller à l'encontre de celles et ceux qui, comme elle, se sentent Autres mais peuvent se retrouver choyés s'iels daignent offrir de leur temps. La relieuse n'a, toutefois, pas souhaité se demander dans quel but exactement Mathias souhaite obtenir l'aide de quelques haruspices ; terrifiée sûrement à l'idée qu'un sentiment de soutien envers ses semblables, et l'envie soudaine de défier son supérieur, ne se fraye un chemin et la mélange à la plèbe, elle qui s'était tant battue pour que son don ne soit plus vu comme une erreur.

L'ironie a décidé qu'un troisième larron accompagnerait les deux grandes dames, pour couvrir plus de terrain, et c'est Simurgh qui a été choisi. Les joues rosies par juste ce qu'il faut de honte pour détourner le regard à son arrivée, au déjeuner, Skye est capable toutefois de comprendre l'intérêt pour la mission de se laisser guider par lea créateur·rice de masques, maître dans la Ville Basse bien plus qu'elles deux. Lèvres pincées sous les battements qu'iel provoque, elle se lève bien vite une fois le déjeuner englouti pour sauter à pieds joints aussi loin que possible d'ellui, dans les hauteurs de l'Hôpital et de ses couloirs, sous le rire narquois de Cees.

Il est 14 heures, le temps d'arriver. Quelques coups aux portes des éminent·e·s médecins, quelques noms précis. Des pauses cafés au goût de croisade et beaucoup d'espoir de convaincre le premier visage qui se découvre dans les lumières épurées d'un bureau. Skye, la tête haute, se sent confiante. Cees aussi, se tient droit sur son épaule. Ce n'est pas juste un recrutement qu'iels font, c'est défendre qui elle est, donner du sens à cette condition, lui offrir sa légitimité. La main tremblante se cache derrière son dos, et Skye commence son discours pour lequel elle a opté de jouer sur l'empathie.


SUCCES : Lea médecin haruspice est recruté·e.
ECHEC : L'haruspice nie totalement l'existence même de son don.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

La Ville Basse semble regorger de celleux que l’on appelle haruspices, et après en avoir convaincu un sans qu’il ne pose aucune question, presque trop placide en ces circonstances, tu redescends dans les bas-fonds de la cité pour tenter de dénicher d’autres diseur·euse·xs de bonne aventure et les persuader de participer à l’évènement du lendemain. Mais les relations entre les haruspices et les pandémoniques ne sont pas les plus brillantes qu’il soit, et il te faut t’arme de patience et choisir tes mots avec soin pour espérer ramener quelques ouailles voyant·e·xs à ta cause. Tu as perdu Skye dans les dédales de la ville et ne peut empêcher une boule d’inquiétude de te former dans ton ventre, nimbé de regret de ne pouvoir poursuivre cette mission à ses côtés. Il est en effet beaucoup plus efficace que vous vous sépariez pour ratisser le plus de rues possibles.

C’est au Porto Vecchio que tu déniches un·e nouvelleau diseur·euse·x de bonne aventure, offrant ses services contre des repas chauds. Tu te présentes respectueusement à ellui avant de lui exposer la situation. « Je vous promets que vous serez récompensée de plus d’un repas chaud si vous venez à la bibliothèque demain matin. » Tu marques une pause, avant d’ajouter : « Les pandémoniques sont à un tournant, et nous espérons que les haruspices y auront un jour leur place et la reconnaissance de leurs talents. » Tu es surprenamment doué·e pour inventer des discours totalement imaginaires, sans doute le fait de tes longues heures plongées dans les livres de théâtre, à apprendre des tirades alambiquées de personnages plus malins les uns que les autres. Après une longue minute d'hésitation, l'haruspice finit par accepter d'un mouvement de main avant de retourner à ses prédictions.

Après une première victoire, le torse bombée, Skye continue son chemin et sa quête de l'après-midi. A un moment alors qu'iels quittent l'Hôpital, Cees ne peut se retenir de demander « Tu penses qu'iels s'en sortent bien, les autres ? ». D'instinct, elle se trouve incapable de douter de Meifeng (PNJ), mais oscille la tête en songeant à Simurgh ; pourtant, en y réfléchissant quelques minutes de plus, iel a un esprit de persuasion bien plus aiguisé qu'elle ne daigne l'avouer, lui qui avait su la faire chavirer contre toute attente. « Oui... Oui, allons voir si nous trouvons une autre personne, mais je ne doute pas qu'on va s'en sortir. ».

C'est aux abords des Jardins Botaniques que la Pandémonique finit sa course, après avoir réussi à y entrer sous le regard des Noénautes perturbé·e·s, elle s'avance vers l'un·e des jardinier·e, connu·e pour son don de lire l'avenir dans les nervures des feuilles. Un regard, quelques mots, et les voilà isolé·e·s du reste du monde pour échanger autour de cette condition partagée et de comment elle pourrait permettre à toustes, et non juste aux Pandémoniques, de trouver la vérité.

Une fois la discussion terminée, comme convenu avec ses deux comparses, Skye retourne vers la place du Marché où elle est tout sauf à l'aise. Elle s'assoit à côté de l'étalage de sculptures de pierres où iels s'étaient donné·e·s rendez-vous, attend patiemment. Le·a tenancier·e se penche vers elle pour lui tendre une lettre, en essuyant par la même occasion son nez qui coule d'un revers de manche trop bruyant pour être réel. Les lèvres pincées, Skye ouvre le cachet, reconnait l'écriture de Meifeng qui explique avoir reçu un nouvel ordre de la part de le·a Cardinal·e et doit se rendre à la Cathédrale. Je vous laisse toustes les deux. Un frisson. Et lorsqu'elle croise le regard de Simurgh qui arrive, indéniablement, elle ne peut s'empêcher de sourire tendrement.


SUCCES : Le·a jardinier·e est recruté·e.
ECHEC : Le·a jardinier·e l'envoie presque poliment dans les roses

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

La journée s’allonge et déjà le soleil commence à disparaître derrière les lignes embrasées des casette. Vous avez traversé la Ville Basse de long en large, à la recherche d’haruspices volontaires pour l’étrange invitation pandémonique à la Cattedrale Sant’Ambroggio. Une poignées d’entre elleux a été dépêchée, non sans difficulté. Après le départ précipité de Meifeng, le silence entre Skye et toi fait éclater à ta conscience la distance qui semble s’être insinuée entre vous, pas après pas, depuis vos derrières nuits partagées. Une distance étrange, informelle, cachée, qui met à l’épreuve ton courage, celui que tu n’as pas pour mettre des mots sur ce qui te blesse.

C’est en duo maladroit que vous remontez lentement les mille et une marches des escaliers aériens, avant d’être arrêté par une silhouette encapuchonnée. D’instinct, les écailles noires de ton animal-mémoire viennent grignoter le dos de tes mains et de ton poignet, comme un avertissement. Mais bientôt, ce sont trois inconnus qui rejoignent le premier, et Skye et toi optez pour la passivité le temps de comprendre les velléités de ces quatre maraudeurs. Vous gagnez une petite boutique, et se dissimulant toujours sous sa capuche, le premier commence à vous expliquer la situation.

Une guilde. Sérieusement ? Est-ce là tout ce que ce loupiot malvenu a trouvé pour vous soutirer vos biens ? Tu échappes un sourire cynique en levant les yeux au ciel en signe de profond agacement. Soudainement, tu te fous pas mal de la demande du Cardinal. Tes yeux noirs se plantent dans ceux, brillants dans l’obscurité de la capuche, de l’inconnu. Les écailles gagnent tes avant-bras et se dressent le long de ta nuque. Tu pourrais te transformer, là, sous ses yeux, et lui déchiqueter les jambes avant qu’il ait le temps de se justifier.

Mais en présence de Skye, tu préfères opter pour une violence plus mesurée. « Vous avez choisi les mauvaises personnes à escroquer. » avant de donner un violent coup de front dans la tête de ton interlocuteur, suffisant pour lui briser le nez et le faire reculer de quelques pas en gémissant de douleur et de surprise. Alors qu’un autre se précipite pour lui venir en aide, les deux autres préparent leurs coups en tentant d’afficher une moue menaçante. « Vous n'avez rien de plus effrayant ? » nargues-tu avec cynisme avant de te transformer en ton animal-mémoire, prêt·e à protéger Skye et déchiqueter des imposteurs.

Les quelques secondes de répit, partagées seule avec Simurgh, sont teintées d'un peu d'argent qui brille et scintille, dans les yeux comme dans le cœur. Malgré tout, les reflets prennent vite des teintes de maladresses d'ombres et de pincements de lèvres qui se durcissent en songeant à la distance qui s'est imposée, jusqu'à se briser et ne plus devenir que poussière de paillettes. Le moment arrive où, au milieu de l'escalier, Skye tend le bras vers ellui, se décide enfin à relancer la discussion pour naviguer les yeux fermés dans l'océan de cette conquête floue, mais c'est la voix d'un·e zutique menaçant·e qui vient sceller la main tendue dans les airs et la faire flotter là, sans plus aucune intention que de retomber mollement.

Un frisson, élevé par les armes qui se découvrent aux mains des acolytes, marque la peur soudaine de l'Autre. Cornelius s'enferme dans le sac de Skye et se cache, alors qu'elle se rapproche par réflexe de le·a professeur·e. Silhouette silencieuse qui le·a suit, comme s'iel devenait sauveur·euse d'un destin funeste inévitable, la Pandémonique voit sa curiosité rallumée à la mention de cette guilde des haruspices. Une guilde pour celles et ceux qui sont comme elle, celles et ceux qui ont vécu les mêmes regards et les mêmes rejets, les mêmes bataille et les mêmes victoires. C'était peut-être tout simplement car elle était liée aux haruspices que cette mission l'avait inspirée. Seulement entendre les sien·ne·s utilisé·e·s comme monnaie d'échange sous couvert de bonnes mœurs déguisées fait lever la chair dans son dos, et le·a chevalier·ère servant·e lui aussi brûle de cette même colère qui irradie entre elleux.

Aux mots assassins et aux gestes vengeurs, Skye porte ses doigts à ses lèvres plutôt que sur le bras de Simurgh pour l'empêcher d'avancer. Une partie d'elle, celle qu'elle ne saurait écouter et dont elle continue de taire la voix qui résonne, jubile de le voir se napper de cette violence. Le petit singe a lui aussi sorti la tête et se lance dans un fou rire qui le fait tomber du sac, rejoindre les pieds de Simurgh qui subitement deviennent pattes écailleuses. La petite goutte d'eau qui laisse déborder le vase, qui pousse cette fois-ci la relieuse à s'interposer entre l'animal, devant lequel elle dresse une main pour le freiner, et le réel monstre de cette entrevue. C'est que dans ces situations, il faut une patience d'ange qui exige avant tout du calme dans le sang*. « Ce n'est certainement pas nécessaire d'aller jusque-là... Cette guilde, si ces volontés sont sincères, dites-moi plutôt comment la rejoindre, je suis moi-même des leurs. Je ne manquerais pas d'en vanter les mérites auprès du Cardinal lui-même. Cela devrait être amplement suffisant, comme monnaie d'échange : un œil pour un œil. ». Mais rapidement, l'attention est redonnée à l'animal-mémoire à ses pieds, à qui elle murmure, « Je ne crois pas que tu me comprennes, mais pitié, reprends forme humaine. Je suis un peu apeurée moi aussi, de te voir comme ça. », et tout autant excitée par la situation, ce qu'elle taira sous ses joues rouges, ne laissant que Cees sur le côté, qui ressent tout à l'identique, lever les yeux au ciel en tirant la langue de dégoût devant cette mièvrerie inavouée.

* Egon Schiele

réussite Assure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Quelques secondes s’écoulent dans un vide étrange, quelques secondes où les écailles noires se raidissent et la gueule du varan s’entrouvre comme pour préparer une morsure. Les jambes des imposteurs ne sont qu’à un mètre de toi, il suffirait d’une impulsion, d’un sursaut égaré, et le pire serait commis ; car la morsure du varan de Komodo est mortelle. Les paroles de Skye te paraissent lointainement, aveuglé·e par la violence qui pulse dans le moindre de tes muscles. Quand soudain, la rectrice se retourne vers toi. Ses mots te transpercent. Tes yeux s’étrécissent à la mention de la peur, celle que tu provoques, celle que tu as toujours provoquée et dans laquelle Maldoror se complaît. Mais en cet instant, une immense peine t’étreint comme une vague dans le ventre, retournant tout sur son passage. Alors lentement, tu reprends forme humaine. Ton bras gauche peine à se retransformer, et tu viens le serrer dans ta main droite comme pour le cacher ; mais les écailles demeurent, coupantes comme des pierres. Cette part de monstre en toi ne disparaît jamais vraiment. Elle est toi, elle te façonne, elle s’imbrique dans chacun de tes os. Tes yeux enfin retrouvent leurs pupilles humaines, noires comme des puits, et se posent sur Skye.

Le regard que vous échangez est lourd de mots contenus, de non-dits, de secrets de verre. Et parmi eux, ta culpabilité que tu tentes de dissimuler sous un masque de froideur. Un petit hochement de tête vient répondre à son injonction, lent à la manière des excuses que l’on ne parvient pas à formuler. Vous n’échangez pas davantage, et dans ce silence qui se partage entre vous, il est possible de sentir le craquèlement inéluctable qui s’insinue dans votre relation depuis plusieurs semaines déjà. La peine se mue en colère dans ton ventre, lorsque ton regard se reporte sur les escrocs face à vous. Tu ne comprends pas l’indulgence dont Skye fait preuve à l’égard de cette guilde qui dissimule mal ses faussetés. Il est évident qu’il ne s’agit que d’un écran de fumée pour vous soutirer des biens ou des informations. « Skye, tu ne devrais pas leur faire confiance. » tu grognes en direction des haruspices de la « guilde ». « Rien ne nous prouve qu’iels tiendront parole, on ne peut pas se permettre de faire affaire avec elleux. » Tu doutes sérieusement que Corriveau se serait laissé embrigader par ce genre de truands des bas-fonds.

Mais tu sais au fond de toi que vous n’avez pas d’autres solutions que de les menacer ou de retourner leur propre jeu contre elleux-mêmes, comme Skye tente de faire. Ton regard se fait plus noir que jamais, alors que tu grognes entre tes dents. « Un dent pour dent. » Tu marques une pause, laissant planer la menace de longues secondes dans le silence. « Si vous vous tentez quoi que ce soit à l’égard des haruspices que nous avons recruté·e·xs, ce sera sans doute votre dernière escroquerie. » menaces-tu en relâchant ton bras pour laisser apparaître, luisant dans la lumière ténue de la boutique, les écailles encore persistantes sur ta peau.

réussite Assure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

#staff

Le silence triste entre Simurgh et elle lui donne quelques frissons ; elle aurait pourtant pu jurer que c’aurait dû être la bête qui la terrifie, ses crocs et griffes, ses écailles coupantes… Mais rien. Skye regarde le varan retrouver forme humaine, non pas dans un soulagement de retrouver Simurgh, mais dans une sorte de fascination devant la magie qui l’anime. La peur, finalement, n’était pas envers le monstre mais envers la crainte que la facette humaine ne lui revienne jamais tout à fait : une panique d’ignorance, un manque de confiance de n’avoir jamais assisté à cette transformation qu’elle a pourtant soupçonnée de nombreuses fois depuis qu’iels se connaissent.

Les mots et réactions des escrocs deviennent alors sourds, c’est vers Simurgh que Skye s’avance et tend un bras timide qui reste à flotter devant elle. « Ne t’en fais pas, elle murmure, fais-moi confiance, à moi. Nous avons besoin d’être bien vu·e·s si nous voulons des informations. ». Puis les faux-courageux·euses restant·e·s lâchent le nom du bar et s’enfuient, ce qui fait se dessiner un sourire sur les lèvres de l’haruspice qui, en se retournant vers sa·on coéquipier·e retombe quelque peu en découvrant les écailles sur son bras. « Ça va ? Ça… ne te fait pas mal ? ». Des doigts maladroits s’aventurent, frôlent le poignet piquant puis reçoivent un frisson qui vient danser jusque dans le bas du dos. Un frisson qui réveille, fait prononcer un Pardon flou et honteux, où skye ramène ses mains contre son ventre et s’éloigne d’un pas ou deux. « Allons plutôt à ce fameux bar. Il y aura plusieurs personnes à recruter, là-bas. ».  

Agitée, des gestes secs et courts s’échappent de ses mains, elle tournoie, ne sachant pas par où partir… La panique et la gêne guidant ses pas jusqu’à ce que finalement, elle parte dans la direction indiquée. Trois rues, et ce sera bientôt terminé ; elle n’aura plus à se soucier de cacher son attirance et ses envies, pourra de nouveau les enfermer bien loin de son cœur. Comme si de rien n’était.
En arrivant au bar, on les laisse entrer en indiquant dès la première table que seul·e·s des groupes contenant des haruspices sont autorisés à s’asseoir. Cees sort alors du petit sac en bombant le torse, « Ca tombe bien ! Vas-y Skye, montre-lui. ». L’assurance de daemon est bien inhabituelle, puisque si elle se met à déchiffrer des mystères dans les écrits, il se sentira subitement envahi d’un malaise notable. Toutefois, puisqu’elle a son aval, la Pandémonique sort du papier et un crayon et tend le tout à celui qui fait office de vigile. « Écrivez un prénom au hasard, qui pourrait être le vôtre, je vous dirais comment vous vous appelez réellement. ». Petit tour de passe-passe classique, ni bien impressionnant ou amusant, mais suffisant pour prouver ses capacités. Se griffonne alors le prénom de Piotr ; en le regardant, posant ses doigts sur les lettres, s’arrêtant sur la forme du T et de sa barre qui le transperce, observant le point sur le I et les courbes de la majuscule du P, Skye finit par se mettre à rire doucement. « J’avais dis un prénom au hasard. Pas celui de votre père, Baruch. », et sans même attendre une validation officielle, parée de son assurance, elle attrape Cornelius qui semble quelque peu pâle, mais surtout elle saisit la main de Simurgh et s’avance. L’énigme du sphinx est passée sans aucun stress autre que celui provoqué par la peau qui réchauffe à présent sa paume.

IndiceObtention d’un indice sur la prochaine intrigue du forum. Carte à jouer par mp à l'Être caché.