Un voleur est toujours en recherche de nouvelleaux revendeur‧euse‧xs, de nouveaux marchés juteux et d'évaluations plus favorables. Le problème du recel par la boutique Covenant, c'est que le paiement ne finit pas totalement dans sa poche - ce qui n'est pas génant en soi, il participe comme un chacun aux charges de sa famille au complet. Quand on doit en plus entretenir les ami‧e‧xs, les amours et le fils, il faut diversifier ses sources de revenus, notamment pour éviter des questions indélicates sur les dépenses.

Parfois aussi, il y a des objets que Nicholas ne peut pas couler par la brocante : trop reconnaissables, trop chers, pas destinés à finir leur vie au Porto Vecchio entre les mains de cittadini ordinaires. C'est là qu'intervient le réseau, les receleur‧euse‧xs et les commanditaires - même si Nicholas vole plutôt parce qu'il le peut, et quand il a besoin, que sur commande. Tout un circuit, un commerce parallèle, dans le seul but d'échanger objets et informations, promesses et faveurs.

Iels ont leurs habitué‧e‧xs, avec Carine, leurs lieux de dépot, leurs adresses et leurs moyens de faire passer le message quand iels ont une trouvaille qui pourrait intéresser l'un‧e‧x ou l'autre. Mais le milieu est mouvant, toujours, entre les règlements de compte, les faillites, les arrestations et les changements de direction. Certains lieux sont trop zutiques, d'autres grouillent d'informateur‧rice‧xs - bref, Nicholas doit rester comme tout voleur qui se respecte à jour de ses opportunités d'emploi et de paiement.

La dernière rumeur est alléchante, même si le Covenant n'est pas né de la dernière pluie. Les intermédiaires sont des voleur‧euse‧xs à leur tour, qui disparaissent souvent avec leur butin s'il en vaut la peine, et pas de paiement pour lae fournisseur‧rice‧x, dans bien des cas. Il a assez d'éléments pour une première rencontre, pas pour un deal, et rien sur lui n'a de valeur.

Il faut se jauger et instaurer la confiance. Ou sortir la rapière.

Arrivé‧e‧xs au point de rendez-vous, iels sont vite alpagué‧e‧xs par une jolie voix - et un joli minois qui n'est pas totalement inconnu à Nicholas. Cheveux blonds, blaireau, belle bouche faite pour être embrassée - le Covenant se demande un moment s'il ne lui a pas déja fait quelques avances plus jeune. Mais non, Carine n'a pas de blaireau à son tableau de chasse personnel. "Plutôt bonnes." Il sait en faire des caisses, mais il n'a jamais fait de séparation entre travail et vie personnelle. "Combien tu prends comme commission ?" Personne ne travaille gratuitement, et alors que la jolie demoiselle s'avance, il pose prudemment la main sur sa rapière, Carine prête à bondir à ses cotés.

La revendeuse sent sa méfiance et réagit en accord, ne semblant pas s'en formaliser. Un bon point pour elle, capable de rester professionnelle dans ce cas là, sans laisser les égos s'exprimer. Il l'écoute faire son offre, acquiesçant à ses paroles. Oui, il connait bien les méthodes, ce sont les règles habituelles du métier. C'est inhabituel de faire dans l'alimentaire, mais en y pensant, il s'agit sans doute de son moyen le plus sûr d'avoir accès à assez de viande pour nourrir son blaireau. Heureusement pour le Covenant, Carine adore le poisson.

"Ça me semble réglo. Ça fait combien de temps que tu pratiques ?" Il irait voir certain‧e‧xs de ses "collègues" pour confirmer ses dires, vérifier qu'il ne s'agit pas d'une arnaque comme il en existe tant dans le milieu. "Tes clients sont qui ? Des grossistes, ou des particulier.ère‧xs ? Je fais du vol d'opportunité, surtout, sauf commande." Et il avait son propre réseau, pour les commandes, sur lequel il n'y aurait pas 30% plus les risques. Il fallait voir ce qu'elle attendait aussi.

Pendant ce temps, Carine approche peu à peu le blaireau, reniflant dans sa direction tout en fouettant l'air de sa queue. Il était plus gros qu'elle, mais elle était plus grande ; était-il aussi agile, voilà la question qui la préoccupait.

Le ton de la demoiselle change, Nicholas y est réceptif, bien sûr, suivant sa chevelure des yeux et relâchant son arme. Sourire aux lèvres, il comprend qu'elle n'est pas insensible - ce qui lui va, et hausse les épaules avec un faux air contrit. "Pareil. De loin, sans doute. En général, quand je rencontre une fille qui me plait, je fais en sorte qu'elle s'en souvienne, tu vois." Carine acquiesce, toujours sur la même longueur d'onde avec son humain, même si pour une fois, le coup de coeur n'est pas de son fait. Ca me dit rien, un blaireau. Mais si c'était dans une foule, je t'ai peut-être pas vu. Est-ce que tu creuses des trous ? La curiosité est son plus vilain défaut, alors qu'elle avance encore, jouant tous les tours habituels pour se rendre sensuelle et assurer à Nicholas une distraction, si besoin.

Le noénaute offre une ouverture ; il est ici pour affaires, il ne cherche pas de compagne pour cette nuit, mais autant se montrer flexible. "Y'a un bar pas loin, ils ont un cidre sauvage pas mal. On sera plus à l'aise pour discuter tarifs qu'ici, si ça te tente. La première est pour moi." Les ruelles sombres ont leurs utilités, mais s'il devait se passer quelque chose avec cette voleuse, il préférait que ce soit à l'horizontale.

Aucune alarme ne pénètre le focus amoureux de Nicholas lorsqu'il se persuade qu'il y a une possible aventure à explorer, et les griffes de ce daemon blaireau sont moins dérangeantes qu'impressionnantes aux yeux de Carine, qui les observe avec un hochement de tête ravi. "Ca doit être bien pratique pour cacher les objets volés. Mais tu ne t'en mets pas plein les coussinets ? Je déteste quand des cailloux s'y coincent." Carine est coquette, même si pas précieuse pour un sou, et elle cherche à sa manière à créer un pont, une approche amicale, pour que le reste de la soirée soit agréable pour tous‧te‧xs.

De son coté Nicholas part dans un franc rire qu'il réduit dans sa manche pour ne pas ébruiter leur présence. Il n'arrivait pas totalement à cerner cette partenaire jusqu'alors, mais il apprécie sa franchise et l'intention derrière. "C'est ma réplique ça, non ?" Si le garde était partant pour faire des affaires avec elle, il fallait qu'il s'y retrouve ; elle n'était qu'une intermédiaire, pas celle qui prenait les risques de base, et ce n'était donc pas à lui de faire des efforts. Enfin, le jeune homme était prêt à en discuter autour d'un verre et à se laisser convaincre.

Mis en confiance par leur échange, c'est donc avec un temps de retard qu'il réagit à l'attaque, ses mains venant amortir le choc contre le sable et les galets. Il ne lui faut pas beaucoup pour chercher à se relever, ayant assez de force pour la faire bouler - avant d'arrêter tout mouvement en sentant la lame contre sa peau, ayant si facilement percé ses vêtements. Ventre à terre, il ne pouvait pas bien voir la scène, mais il en devinait la géographie.

"Nicholas ! Oh, c'est odieux de faire des choses pareilles, dans le dos !" Carine a le poil hérissé des mauvais jours, s'adressant davantage à l'autre daemon qu'à son humaine, les crocs sortis. Elle ne bouge pas pour le moment, jetant des regards anxieux au Covenant par terre, mais l'absence de douleur l'enhardit assez pour se replier sur elle même, les pattes arrières en position de saut.

La belle inconnue - car il ne s'agit plus du tout d'une receleuse - lui explique la raison de sa présence, et Nicholas doit l'avouer, il n'a pas franchement de souvenirs de ce vol. Cependant, l'acier contre ses reins lui fouette la mémoire et il hasarde une proposition. "Le collier d'émeraudes ? Ca fait un bail que je ne l'ai plus, j'ai une famille à nourrir." Toujours jouer la carte familiale - déja parce qu'elle est vraie - et parce qu'en général, à part les pires ordures, elle permet d'adoucir un peu les gestes de ses ennemi‧e‧xs, assez pour qu'il se tire d'affaire. "C'est la commerçante qui vous missionne ? Elle vous paye combien pour ça ? Ca ne vaut pas le coup de se mettre à dos les Covenant, j'espère que vous vous en rendez compte." Le vouvoiement est désormais de mise des deux cotés.

Il l'occupe, il la titille, un jeu dangereux mais qu'il joue pour ce qu'il est : sa seule chance de survie. Bougeant les épaules, il constate qu'elle est bien ancrée sur lui, cependant, il a un atout auquel elle ne pensera pas. Dans un sourire étouffé par le sable, il ironise "J'aurais préféré qu'on se boive un cidre d'abord.", avant de se rouler sur le coté, sifflant à sentir le couteau dessiner une longue trace sur son dos, touchant le daemon de Jana d'une main malgré le dégout. De son coté, Carine n'attendait que ça, et elle se jette avec rage dans les jambes de la jeune femme, faisant tomber tout ce beau monde dans le sable, cherchant à la mordre en jurant.

succès : une morsure, et un dégagement pour l'équipe covenant
échec : on se dégage, c'est déja ça

Il y a sûrement quelque chose qui cloche chez Nicholas pour qu'il sache passer outre le tabou, si facilement ; peut-être un manque de compréhension de la sacralité de l'âme, de l'espace vital des autres, peut-être une enfance passée à gérer des gamins et leurs daemons vacillants au mépris des conventions. Ou peut-être le fouet de la peur de se faire planter. La réaction de Jana est à la hauteur de la transgression - et pourtant Carine rends les coups sans faiblir. Si quelque chose cloche, ce sera toujours à deux.

Il jure, pressant une main contre son dos en reculant pas à pas, ne la quittant pas du regard. Si la fausse justicière a mauvaise mine, à dégueuler sur le sable, il a subi sa vivacité et ne refera plus la même erreur. Carine se dégage quand la blonde crie, rejoignant les jambes de son humain, le poil hérissé, une oreille baissée suite à un coup. Rien qui ne guérira pas d'ici quelques jours. La bagarre, iels connaissent.

Il frissonne toutefois lorsqu'elle parle de poison, son cœur soudainement pris d'un étau. Une part de lui crie au mensonge, l'ayant suffisamment pratiqué pour le reconnaitre chez autrui, mais il y a son daemon contre lui, le premier amour de sa vie, son âme, et s'il pourrait prendre des risques, il n'en prendra jamais quand il s'agit de Carine. "Je t'ai déjà dit, j'ai vendu tout ça." Lui aussi cherche à gagner du temps, alors que son sang goutte entre ses doigts. La coupure est fine, quel poison peut-elle avoir utiliser ? Quel risque inconscient a-t-elle pris, alors qu'à tout moment il pouvait retourner cette arme contre elle ? "Donne moi l'antidote, et je te dirais à qui je l'ai refilé."

A ses cotés, Carine les observe, flaire la nuit et feule au blaireau. Si elle dit vrai, je t'arracherais la jugulaire avant de mourir. Le noénaute pose sa main libre contre sa tête en geste d'apaisement, calme, continuant à reculer doucement vers le port. Dans quelques instants il sera à portée de voix, il trouvera bien quelqu'un pour l'aider. "Tu serais prête à risquer ta vie pour des bijoux ? Si je meurs, ma famille te retrouvera. Mon mec est haruspice, ma sœur aussi. Tu seras traquée dans toute la ville, sans relâche, toute ta vie." Il est sincère ; ce n'est rien de moins que ce qu'il ferait, pour chacun‧e‧x de ses proches. "Pourquoi ca te tient tant à coeur ? Quelqu'un‧e‧x fait pression sur toi ?"

Du temps, encore du temps. Soit celui qui file vers leur mort, soit vers la fin du mensonge. Il recule, elle avance, le poignard brandi. Il leur manque quelques mètres.... "Vas-y !" siffle-t-il, faisant déguerpir Carine vers le port en hurlant, tirant les mètres de leur lien jusqu'à l'insupportable, en tombant à genoux de douleurs. Il a un rire amer, les bras autour du ventre, près du coeur, tandis que sur les pavés la caracal sanglote. "Donne moi l'antidote, je te dirais tout." La défaite est cuisante.

succès : des lumières s'allument, des voix s'élèvent ;
échec : la distance est trop grande, et la douleur les empêchent d'être entendus