Pronom : elle

tw mentions d'auto-mutilation

Sa peau gratte.
C'est insupportable aujourd'hui. Il lui faut toute sa volonté pour ne pas gratter, utiliser ses serres ses ongles pour venir soulager les cicatrices qui barrent ses avant-bras, stigmates infligées, elle ne sait même plus si c'était pour revenir à la réalité ou pour d'y échapper. Vain espoir d'ouvrir la peau humaine en deux, de s'en évader, de retrouver sa seconde moitié d'âme.

Elle n'arrive pas à se concentrer sur ce qu'elle fait.
Pas comme ça.

Du regard, elle cherche Hira dans la pièce unique de la maisonnette - mais ses fredonnements familiers ont déserté les lieux et elle se rappelle qu'il devait cueillir des baies aujourd'hui. Un instant, elle hésite. Doit-elle aller le chercher ? Et lui avouer la faiblesse qui rampe encore dans les recoins de son cerveau ? Tu es plus forte que ça, claque la fierté, le besoin de ne pas perdre même face à l'adversité.

Et elle réalise qu'elle s'est déjà levée de sa chaise ; qu'inconsciemment, elle s'est dirigée vers la porte, la main déjà tendue vers la poignée. Mais que faire une fois dehors ? S'échapper à tire d'aile ou réchapper aux souvenirs dans ses bras ?

Toc toc toc.
Les bruits contre sa porte la font sursauter.

Quand elle ouvre la porte, les traits trahissent un peu de surprise de se retrouver face à Zuko. « Bonjour Zuko, et elle remarque le regard hanté, pressé - elle n'a pas besoin de deviner l'urgence qui a dicté ses pas jusqu'ici. Il n'a pas besoin d'expliquer ou de demander : allons voler »

tw mention d'auto-mutilation, dépression, pensées suicidaires

Ça tire, ça gratte. T’as déjà massacré tes bras à force de te gratter. Ça fait des zébrures qui saignent partout. Et c’est pas assez. Tu ne veux plus être là, seul avec tes pensées sombres. Avec les peurs et les cris qui restent coincés dans ta gorge. T’aurais envie de t’enfuir pour ne jamais revenir. Mais les Flamboyants toujours te retiennent. Tu peux pas les laisser derrière toi. Alors tu grattes, tu griffes. Tu frappes les murs. Parce que te faire mal c’est plus facile que de ressentir, que d’accepter ce qui ne va pas. Parce que la douleur est au moins physique et pas juste cette peau que tu détestes. Et t’entends la voix de Numénor dans ta tête. Il est déçu, il te voit sombrer. Tu sais pas comment arrêter de couler. T’as l’impression que c'est sans fin, que jamais tu n'en trouveras le fond. Tu resteras seul dans cet endroit sombre. Rien ne pourra te sauver.

T’en peux plus, c’est trop. Et tu te refuses de te défoncer à l’ayahuasca. Tu veux pas que Tsoar te retrouve comme ça. Tu veux pas que tes frères comprennent que rien ne va plus. Dans ces cas-là, il n’y a qu’une solution. Sortir, voler, partir. Tu te dis que tu pourrais d’abord trouver Sôma. Tu ne serais pas seul avec elle. Elle saura te ramener s’il faut. Parce qu’il faut te forcer à prendre forme humaine. T’y arrives plus sans une lutte interne. T’arrives devant chez elle, tu donnes trois coups à la porte. Elle t’ouvre. Et tu vois qu’elle est dans le même état que toi. Ça va pas. Ses yeux le crient. Vous êtes comme le reflet de l’autre. Vous fuyez, pas la même chose, mais vous fuyez ensemble. Et tu hoches de la tête à sa proposition. Il y a ta voix cassée d’avoir trop réprimé tes cris, tes pleurs. Tu te fais pas confiance pour parler. Tu pars vers la forêt avec Sôma. Tu pars vers la liberté, vers le silence.

Et là-bas, t’attends à peine avant de prendre ton autre peau. Avant de laisser le messager sortir et se montrer à toustes. Il est fier, il est beau. Tu te sens tellement mieux déjà. Un regard pour le faucon et tu t’envoles. Tu rejoins les nuages, la cime des arbres. Tu rejoins le soleil et tu pourrais t’y brûler les ailes. Tu chuterais comme Icare, mais tu voudrais l’embrasser ce soleil qui te fait tant penser à Numénor. Tu serais prêt à partir pour ne jamais revenir. A la place tu danses avec le faucon pour apaiser ton cœur meurtri.