À force d’analyse, vous finissez par comprendre que le liquide rouge est en fait du sang. Au lieu de se diluer dans l’eau, il se dépose partout, tâchant les fonds marins et les algues. Il faut que vous trouviez la source de ce sang. Sans plus perdre de temps, tu prends la barre et tu suis les algues rouges. « Aimé, tu peux me dire si je suis sur le bon cap, faut qu’on trouve la bête qui perd tout ce sang. » Tu demandes de l’aide à ton comparse, toi tu sais naviguer, mais avoir plusieurs paires d’yeux pour t’indiquer le chemin, ça t’arrange bien. Comme ça, tu peux te concentrer sur le courant et éviter de vous faire chavirer.

Vous finissez en haute mer et le voilier n’y est pas franchement adapté. Tant pis, faut que vous trouviez la source de ces algues rouges. Pourtant, tu ne vois plus de rouge sous la surface. Peut-être que vous avez dévié sans le savoir. Tu scrutes l’horizon à la recherche du moindre indice. La réponse vient à vous, le monstre émerge des flots et manque de vous faire chavirer. Un serpent des mers. Il est énorme et tu n’as pas le temps de le détailler plus que ça qu’il replonge déjà balançant des gerbes d’eau partout. Si c’est lui qui est blessé, tu comprends qu’il y est du sang partout. Il vous tourne autour et Mercurio vient s’agripper à ton épaule. Toi, tu le regardes bouche-bée, la peur au ventre. Tu te vois déjà finir au fond de l’eau et te noyer.

Seulement, le monstre s’arrête et tu remarques un harpon fiché sous ses écailles. Voilà pourquoi il est si proche de la cité des pies. Tu sais qu’il y avait un monstre dans la grotte marine, mais tu avais cru qu’il était loin maintenant. Il semblerait que tu avais tort. « Il faut qu’on lui enlève ce harpon. Faut le soigner, on fera de toute pas le poids s’il tente de nous attaquer. » Pas question de fuir alors que ce roi des mers est blessé. Si Aimé ne souhaite pas t’aider, tant pis pour lui. Tu t’approches les bras levés en signe de paix et tu fais signe au monstre que tu voudrais retirer le harpon.

« Je vais tenter de l’aider. Je sais pas si on peut lui expliquer ce qu’on tente de faire pour qu’il ne nous attaque pas. » Tu sais pas vraiment comment t’y prendre et tu regardes ton comparse. Peut-être que lui aura une idée. En attendant, tu reposes les yeux sur le serpent des mers et tu lui parles d’une voix qui se veut apaisante. « Si tu te rapproches, je pourrais enlever ce harpon que tu as là. Tu te sentiras mieux une fois qu’il sera retiré. On ne te veut aucun mal. » T’espères sincèrement que le monstre ne décidera pas de vous attaquer.

dragorium Potion à verser. Allume un mur de flammes qui ne peut être éteint. L'effet dure une heure.

Aimé te retient d'abord et au fond de toi, tu sais qu'il a raison. Ce n'est clairement pas une décision raisonnable de ta part. Il serait bien plus indiqué de fuir, mais alors le problème de ces algues rouges ne serait qu'à moitié résolu. Et puis, tu ne te vois pas laisser cette créature souffrir. Il faut faire quelque chose. Alors tu hoches de la tête à l'intention de ton comparse et tu fais un pas en avant. "Il faut faire quelque chose." Et tu es déterminée, plus que jamais. Seulement, une fois que tu as plongé tes yeux dans ceux jaunes et menaçants du léviathan, tu te rends compte que tu n'as vraiment pas de plan. Comment faire en sorte qu'il vous comprenne ? Ou qu'il se calme suffisamment longtemps pour que vous puissiez retirer le harpon fiché sous ses écailles ?

Les mains toujours levées, tu continues de lui parler et de réfléchir. Aimé, lui, semble avoir le début d'une idée. Tu ne vois pas trop ce qu'il cherche derrière toi, toute concentrée que tu es sur le monstre marin. Tout à coup, les yeux du serpent se détournent des tiens et tu tournes la tête pour suivre son regard. Entre les mains de l'alchimiste, un briquet et sa petit flamme qu'il agite devant lui comme pour hypnotiser la créature. Le léviathan s'approche un peu plus et tu peux enfin atteindre le harpon. "Super ! Je peux l'atteindre maintenant !" Tu fais quelques pas en avant, t'assurant que le monstre ne risque pas de te sauter dessus. Enfin, tu attrapes doucement le harpon, pour tester sa résistance sur la plaie. Il faudra faire doucement. "Mercu, dans mon sac, s'il te plait. Je crois que j'ai une potion qui fait du feu ! Lae potionniste m'a dit que ça allumait un mur de flamme pendant une heure. Peut-être qu'en en versant un tout petit peu devant lui on pourra garder son attention suffisamment longtemps pour le soigner."

Le cormoran fouille avec son bec et fini par te ramener la fiole de dragorium. Tu la débouches et t'éloignes de quelques pas, pour en verser une petite quantité dans une marmite histoire d'éviter de foutre le feu au voilier. "Comme ça, ça devrait être suffisant et on peut attirer son regard pendant qu'on le soigne." En fixant, le léviathan tu t'approches de nouveau du harpon. Tu peux t'en saisir et tirer d'un coup sec une fois que le monstre te semble suffisamment distrait. Mercurio te ramène du tissu pour éponger le sang que tu trouves au niveau de la plaie. Il y en a beaucoup, mais avec un peu de patience, le saignement s'arrête et il ne reste que de l'ichor pour souiller tes mains et les écailles du léviathan. Il devrait s'en sortir maintenant qu'il n'a plus cette pointe fiché dans le corps. "Peut-être qu'on pourrait même l'apprivoiser comme ça ? Tu imagines une telle force pour surveiller nos navires et dissuader les solmènes de brûler nos biens." Tu te retournes vers Aimé, même s'il ne se passe rien de plus avec le monstre, vous n'aurez au moins plus de problèmes d'algues rouges.

Vous travaillez aussi vite que possible pour soigner le léviathan. Sans le briquet memoria d'Aimé, vous n'auriez pas réussi à l'approcher. Et bientôt le sang arrête de s'écouler de la paix du monstre marin. Il doit se sentir tellement mieux sans ce harpon sous ses écailles. "Avoue que c'est une bonne idée. Je crois que c'est de famille de voir les choses en grand." Et ça te fait un peu rire, surtout quand Aimé propose d'appeler le serpent des mers Guimauve. "T'imagines les quiproquos en l'appelant comme ça ? Genre l'autre jour j'ai failli me faire manger par Guimauve."

Tu te reconcentres sur le serpent qui est toujours là alors même que vous avez fini de le soigner. Tu te sens fatiguée, mais l'adrénaline est encore suffisamment présente dans ton organisme pour que tu tiennes encore debout. Le feu de la dragorium s'éteint petit à petit et il tourne ses yeux jaunes dans votre direction. "Voilà, on t'a pas fait le moindre mal, tout le contraire même." Tu ne sais pas à quel point il comprend ce que tu lui dis, mais tu le vois comme un géant des mers capable de tuer comme de protéger. Il finit par replonger et votre bateau reprend sa route vers la ville, il semble vous pousser dans la bonne direction. Tu garderas longtemps en mémoire le dernier regard qu'il vous a lancé avant de disparaître dans les flots.