Sa colère bouillonnait et plusieurs arbres en avaient déja fait les frais, lorsqu'iels étaient tous‧te‧xs rentré‧e‧xs de ce quasi fiasco à Cittàgazze. Comme d'autres, Asmar avait fait son rapport puis s'était rapidement éclipsé dans la forêt pour y lêcher ses plaies - spirituelles comme physiques, avant de revenir au village pour se faire ensevelir sous les câlins de sa progéniture.

Il voulait hurler sur Ori, pour avoir laissé les petit‧e‧xs aussi - mais iels étaient tous‧te‧xs deux coupables. Il avait déja passé un sermon à Dot pour son inconscience - mais jamais elle ne l'écoutait, il savait que dans trois jours elle réessaierait de s'éclipser à nouveau. Restait maintenant Mayel, qu'il avait évité autant que possible. Le gringalet n'aurait jamais du mettre en danger l'aschesi, n'aurait jamais du venir aussi. Il ne se l'expliquait pas complètement mais l'avoir chercher au milieu de cette foule, l'avoir vu au milieu du danger, lui avait totalement déplu.

Alors la colère était là, et bien sûr les passeur‧euse‧xs et leurs regards perçants (merci, Ori, bien persuadé que ça vient de toi, ça) avaient décidé de les envoyer ensemble enquêter. Comme si ce n'était pas une vaste blague des flamboyants, qu'ils finiraient par révéler si on les secouaient un peu... La main de Mayel dans la sienne le fait tressaillir, sortant de ses ruminations et Asmar lui jette un regard mauvais, sans pour autant se dégager tout de suite. L'espion lui montre un chemin et l'ours lui fait confiance, engageant la discussion comme les braises ravivent le feu. "C'est des conneries cette mission, personne d'autre que nous ne monterait aussi haut pour allumer des feux." Pour l'instant ses reproches sont larges, il expulse sa frustration passagère pour bien se chauffer, pour la suite. Pour Mayel. "Pourquoi t'es encore au village ? Après tes exploits en ville, j'aurais cru que tu y serais déja retourné."

La rancoeur, toujours, et une once de blessure, qu'il ne voulait pas montrer.

L’envie de se transformer et de hurler au visage de Mayel était plus que tentante, comme celle de l’attraper entre ses crocs et de l’emmener loin, dans une tanière hors du monde, pour effacer ces paroles haïes, le brusque refus qu’il voulait faire tonner dans la forêt. « J’ai pas dit ça. »  Sec, sec comme le bois qu’il fallait brûler, sec pour ne pas être suppliant, pour ne pas paniquer à l’idée que Mayel reparte, qu’il disparaisse comme tant d’autres dans cette ville cannibale qui dévorait les analogues à n’en plus finir.

Pourquoi fallait-il toujours en revenir à Cittàgazze ?

Grimpant la montagne à la recherche du chemin qui les mènerait vers leur enquête, il tourne le dos au boa un moment, pour qu’il ne voit pas à quel point il doit lutter pour ne pas l’attraper et engager cette bagarre – ils ne sont plus des gamins, les enjeux et les conséquences ne seraient plus les mêmes. Mais il y aurait dans les coups une vraie forme d’exutoire qu’il ne veut pas goûter. Plus que le fait d’avoir emmené Dot, c’est sa présence à lui qui pose problème à Asmar. Mais Ori lui a bien fait comprendre, il y a longtemps déjà, qu’empêcher ses proches de vivre leurs vies comme iels l’entendent ne mène jamais à rien. Alors il s’accroche à l’excuse de Dot en danger pour faire vivre un calvaire à son ami.

« Ce n’est pas auprès de moi que tu dois t’excuser pour Dot. Ses parents ont déjà perdu un gamin, je te rappelle. » Mayel aurait été détruit, s’il avait du annoncer le décès de la jeune femme aux Belley, une victime collatérale de plus dans leur combat contre Cittàgazze, une innocente qui aurait teinté par sa mort la vie de l’espion. « Parle moins et bouge dans ce cas ! » Un aboiement plus qu’un ordre, énervé par ces piques qui transforment son humeur de maussade à rageuse. Ils ont une mission à finir et Asmar aimerait qu’elle n’implique pas de plaquer Mayel contre un arbre.

S’ébrouant, il se transforme en grizzly, soufflant par les naseaux, avant de flairer l’odeur des cendres qu’ils recherchent.

@Mayel Scaevola #staff