Sa nuit a été courte : tour de garde à Oxford, puis passage en haute ville pour quelques visites de "courtoisie", discussions avec les ami‧e‧xs, course pour la Mama, repas pris sur le pouce, le tout avant de retrouver Kafka pour de trop courtes heures qu'ils n'ont pas passé à se reposer. Ce n'est qu'au lever du soleil qu'il s'est endormi enfin, courbaturé mais bienheureux, sentant quelques heures après son amant se lever et partir pour ses passes après un léger baiser. Ensuite, le néant, celui du sommeil profond, quand aucune obligation ne force au réveil.

Il n'a même pas entendu Nell rentrer, et si Carine ouvre des paupières groggys, elle garde le silence pour préserver une seconde de plus son humain de l'ouragan qui rentre dans leurs vies. Elle le sait, leur petite soeur n'acceptera pas le non, alors, elle s'y résigne avec bonne grâce. Généralement, c'est intéressant. Découvrant ses babines en baillant, elle se traine hors des couvertures pour discuter avec Wul de leurs projets, abandonnant Nicholas à sa soeur.

Celle-ci ne se gêne pas, et c'est en plein milieu d'un rêve fort agréable que le garde se réveille en sursaut, jetant un bras en arrière pour la rejeter. "Noooon, Nell tu peux pas faire ça il est trop tôt...." Il tâtonne, mais Kafka est bien parti. Damnit.

Sans plus de pudeur, les fesses à l'air, il s'étire et regarde Nell s'occuper en cuisine, jusqu'à ce que l'odeur le force à se lever pour de bon. Si elle cuisine, très bien, il accepte, mais contraint et forcé, d'accord ? Se préparant rapidement, en enfilant ses habits les plus robustes, il finit par la rejoindre à table et s'attaque au repas sans même un merci. Entre deux bouchées, il grogne. "T'fais chier, j'en viens d'Oxford. C'est lequel de sous-terrain ? Si c'est celui qui mène à la planque de la doyenne, y'a de l'eau glacée jusqu'au cou, par ce temps c'est hors de question." Déja, tenir la garde avec les embruns, la mer d'hiver déchainée et le froid n'est pas une partie de plaisir, alors faire trempette ne lui plait pas franchement.

Après avoir englouti tout ce qu'elle lui présente, il finit par lâcher. "Si y'a des choses à piquer, je me sers en premier. Bon, viens, je connais un gars qui nous déposera plus vite que les gardes." Et c'est comme ça qu'il se retrouve sur son lieu de travail, en mission absolument non officielle, le visage quasiment couvert par son bonnet de marin. Ce qu'on ferait pas pour la famille...

La remarque de Wul manque le faire s'étouffer dans ses oeufs à son tour, et Carine perd le contrôle dans des miaulements suraigus de joie. Elle n'a pas à la ramener, pourtant - le nombre de fois qu'il a du lui demander d'ouvrir la gueule pour laisser filer un oiseau traumatisé, vraiment, Wul a de mauvais‧es adelphes.

Alors qu'elle tente visiblement de le manipuler, l'ainé lui jette un regard torve. Il sait ce qu'elle est en train de faire. Et en train de marcher, bien entendu, parce qu'elle le connait, il se connait, iels ont déja joué cette scène plusieurs fois. "Les espion‧ne‧xs c'pas sensé être sympas ? T'as loupé le mémo." Il ne répond même pas à sa provocation - c'est l'ainé, c'est lui qui affronte les cauchemars, elle le sait, qu'il n'a pas peur, quelle idée, et griffonne un mot pour son amant avant de la suivre.

Le voyage est court, l'air marin lui a permis de s'éveiller totalement, et il regarde dubitatif le trou béant dans lequel iels vont s'engouffrer désormais. "Cap, mais si on y reste, vraiment, je viens te hanter." Il descend précautionneusement les premières marches, soucieux de la vase qui happe ses bottes et cache facilement un trou ou une méchante chute. "Allez, plus vite on démarre, plus vite on finit. Par où tu veux aller ?" Sous terre, iels ne peuvent compter que sous de faibles lampes ambariques, les yeux de leurs daemons, et une boussole qui devrait (normalement) leur éviter de se perdre.

Et aussi, en travers du dos de Nicholas, une cape enchantée, permettant de respirer un moment sous l'eau. Un emprunt (un vol) qui devrait leur permettre de survivre, qu'importe ce qui les attends. "Comment tu as su qu'il y avait quelque chose ici ? Je suis passé devant cette ouverture pas mal de fois, j'aurais pas deviné que ca descendrait autant." Il est citadin, la ville est son terrain de jeu ; mais la ville des vivant‧e‧xs, pas celle des ruines, des mondes d'autrefois. Maintenant qu'il garde Oxford, sa curiosité se transforme peu à peu en connaissances, cependant il s'avoue encore novice, et intéressé de tout ce que sa chère soeur daignera partager avec lui.