shadow of doubt
Astrid & Antonina


tw homicide

C'était une de ces nuits où la lune n'éclairait que des cauchemars et des monstres dans le noir. Une de ces nuits où les souvenirs la saisissaient, serpent d'angoisse noué à la gorge, en plein sommeil. Et la dévoraient, la bouffaient jusqu'à ce qu'elle s'éveille dans un sursaut qui ressemblait à une chute brutale, fatale ; un cri au bord des lèvres, le goût de la terreur sur la langue.

C'était une de ces nuits où elle ne se rendormirait pas, la crainte au cœur de voir la scène se rejouer sur l'envers de ses paupières.

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La salle d'étude où elle s'était réfugiée aux premières lueurs du jour était presque vide à une heure si matinale. Quelques personnes traversaient le lieu, sans s'arrêter, ni même remarquer l'Onyx installée dans un coin reculé. Et pourtant, impossible de se concentrer sur la moindre formule, le moindre calcul : l'horreur de ce qu'elle avait fait la hantait, la bouffait - jusqu'à tacher d'un sang factice les cercles d'alchimie électrique tracés sur le papier de ses notes. Les yeux se dérobèrent au monde, un instant, sans doute plus même, et d'un même mouvement, les mains claquèrent le carnet et le repoussèrent.

Inspire.
Expire.

Et lentement, les doigts fins retournèrent le carnet pour en dévoiler la dernière page où s'étalait un cercle nouveau, copié d'un grimoire et entouré de notes chiffrées. Les courbes et les angles du cercle en trahissaient malgré tout le domaine alchimique. Alchimie robotique, à des lieux de sa spécialité et, surtout, des recherches qu'elle menait depuis toujours. Pour cette exacte même raison, c'était sa bouffée d'air frais alors qu'elle se noyait sous le poids de sa propre culpabilité et de ses ambitions combinées.