T'as jamais voulu de gosses. C'est sans doute pour ça que tu les préfères chez les autres.
Tu as fait des efforts pour certain.e.x ami.e.xs, certain.e.x personne que tu comptes sur le doigt d'une main. Et puis, c'est sans doute pour Kimiko que t'as accepté, daigné t'attacher à son enfant puis à l'adolescent et enfin à l'adulte qu'il est devenu. Un soupire t'échappe en y repensant ; t'as jamais été fait pour biberonner des mômes. Et ça fait un moment que tu n'as pas pensé à Yiwài.

Tu y penses alors en te frottant les yeux, en tentant de te fixer sur les lettres alors que l'après-midi est déjà avancée. Il faudra que tu passes chercher le dîner et puis que tu regagnes les hauteurs de la Ville Haute pour trouver Desdra. Tes soirées sont rythmées, animées depuis quelques mois par les même mimiques, les même pensées ; la retrouver, discuter, l'enlacer pour oublier les drames et les cauchemars. Prendre le temps de sentir ton coeur t'apaiser, se tranquilliser à ses côtés. Il n'y a plus d'urgence, plus de douleur au côté de cette femme qui a perdu la mémoire, le sens de son histoire. Il y a aussi l'envie d'en prendre soin, de la garder un peu, de la protéger. Il te faudra bientôt rentrer. Et il y a déjà l'impatience à t'y rendre. " On croirait un ado, s'ébroue Freyja en ouvrant un œil ténébreux sur toi. Tu roules des yeux, étirant un sourire léger, timide. Ahlalala je vous jure." Tu l'entendrais presque renifler, teigneuse et orageuse. Et pourtant, elle sait que tu ne peux résister.

C'est pourtant les éclats de voix qui te tirent de tes pensées, à ton bonheur simple et tranquille. Des cris se font bientôt entendre de l'autre côté de la porte et tu te redresses, curieux. La caserne est normalement calme à cette heure. Et seul les entrainements viennent perturber le silence religieux que tu imposes, apposes. La discipline militaire, guerrière est totale entre ses murs et tu tournes la clanche pour découvrir une scène déplaisante. Yiwài se rue comme un bœuf, s'ourlant entre les bras de tes surbordonné.e.xs, Iméros en position de défense. Un claquement de langue, un croassement terrible alors que Freyja s'élance dans la mêlée, claquant du bec et laissant une volée de plumes, réduite en poussière tomber sur elleux. " Pour qui vous prenez-vous ? La voix est rauque, sourde, agacé par l'irresponsabilité de celleux qui te servent, qui doivent servir l'Autorité. Je croyais vous avoir inculquer qu'ici, on n'est pas à la Nef et qu'on n'en vient pas aux mains. Mais il ... Le regard fait fermer sa bouche à la pauvre âme qui essayait piteusement, naïvement de se défendre. Tsss, relachez-le. Maintenant." Et iels obéissent en un instant, laissant le jeune violoniste retomber doucement, lentement. Freyja, devant eux, ouvre grands ses ailes, croassant, menaçante, promettant la guerre alors qu'iels reculent dans un frémissement, se mettant en position de garde-à-vous. " Ce n'est pas ainsi que nous accueillons nos invités. Oui, chef ! qu'iels gueulent en coeur. Vous comptez accueillir lea prochain.e qui aurait la décence de venir chercher notre aide ainsi, hm ? Et quand est-il d'un.e Primat ? Non, chef ! Bien. Faites quelques tours de terrain pour vous aérer l'esprit et laisser l'Autorité pénétrer vos âmes. " Et iels s'exécutent dans un ballet de noir et de regards interrogateurs : était-ce un Primat ? Sont-iels condamné.e.xs ?

Tu les regardes s'éloigner jusqu'à ne plus les voir. Et puis tu t'approches d'Yiwài, lui proposant ta main : " Ta toge ? Elle est où ? " C'est ta première question alors que tu le détailles dans son plus simple appareil. Et puis tu ne résistes pas à ce petit coup derrière la tête : " Tu as pensé qu'iels auraient pu te rouer de coups ? Que j'aurai pu ne pas être là ? " Parce que les bêtises c'était mignon, amusant quand il était petit, aujourd'hui, ça ne l'est plus. Et les conséquences peuvent être terribles, irrésistibles. Rien n'est innocent dans ce purgatoire. Tout peut amener à mourir. " Tu aurais fait quoi, Yiwài ? " Et t'aurais dit quoi à sa pauvre mère ? A ses grands yeux inquiets, désespérés devant son propre fils. Et tu espères lui inculquer deux-trois notions de ce qu'il faut faire et ne pas faire alors que tu le gourmandes, que tu l'engueules.

Et une pensée insidieuse, pernicieuse ; t'as jamais voulu de gosses. C'est pas pour t'occuper de celleux des autres. Il y a un soupire : " Viens allons dans mon bureau. Tu fais quelques pas, rouvrant la porte en grand. On va s'asseoir et tu vas me raconter pourquoi tu fais tout ce remue-ménage." C'est pas ton gosse, mais c'est comme si il était un très petit frère. Et tu aimerais que du plomb se niche dans sa cervelle, qu'il réalise ce qu'il fait. Et tu pries souvent l'Autorité d'être clémente, d'être douce avec lui. De lui pardonner sa jeunesse et les erreurs qui vont avec.
Comme toi aussi, tu en as fait.

Freyja pousse Iméros aux fesses, claquant du bec qu'il faut y aller maintenant. Et la porte de ton bureau se ferme sur vous. "Assieds toi là, tu désignes un petit canapé avec une couverture sur le bord. Comme si tu avais l'habitude d'y dormir, de rester en poste quoiqu'il arrive, de les garder quoiqu'il advienne. Tu veux du thé ?" Et il y a pourtant l'alcool sur la petite commode. Tu sais qu'il est assez âgé pour ça mais pas là. Tu l'as vu en couche et il restera toujours ce gros bébé à tes yeux.

T'as toujours eu le coeur trop faible pour celleux qui arrivent à s'y glisser, à l'attraper.
Tu te connais ; tu voudrais rester de glace. Tu voudrais que rien ne s'y glisse dans cette armure au mille dorures. Tu voudrais qu'on n'y voit pas l'usure, les années à chercher Son pardon, ton absolution. Pour tous tes crimes. Pour toutes les vies que tu as prises. Que tu prendras encore et encore. Et pourtant, t'as le coeur trop fragile. Surtout quand tu vois Yiwài. Surtout quand tu le vois grandir, vieillir, devenir quelqu'un.

Même si il baisse les yeux, même si tu le rabroues, t'aimes voir Yiwài évoluer, devenir ce que tu n'attendais pas. Ce que tu n'espérais pas. ''C'est que ! Elle m'empêchait de courir vite..'' qu'il se justifie, qu'il clame. Tu retiens un sourire, le début d'un rire. Pourtant l'amusement perce ton regard grave, sérieux. Et pourtant il prend un petit coup de ta part, juste de quoi lui remettre les idées en place. Juste pour qu'elles soient de nouveau droites. Parce que tu sais qu'il en fait des bêtises. Parce qu'il y a la crainte qu'Yiwài, un jour, ne s'en sorte pas d'un sourire insolent, d'un regard indolent. La vie est laide, moche et elle prend plus qu'elle ne donne. Alors que les remontrances tombent, que l'orage gronde. Que vous vous engueuliez comme toutes ces autres fois. Comme trop de fois pour les compter sur les doigts.

Tant qu'il y a de la vie, tu peux lui remonter les bretelles. Tu peux lui garder du moindre mal.
Pourtant lorsqu'aucun mots ne lui échappe, glisse sur sa langue, il y a un sourcil qui se hausse. Il y a une interrogation sourde alors que vous pénétrez dans ton bureau. La pièce est immense, comparé au bureau qui trône en son centre. La fenêtre est encore ouverte, laissant l'air du soir pénétrer l'espace. La cigarette à peine entamée fume encore dans le cendrier. Et puis dans un coin de la pièce une sorte de canapé, de fauteuils disposés ici et là. La pièce est à ton image : sobre, vide, attaché à son devoir.

Yiwài continue de t'obéir et tu te mets à penser que ça pue. Il s'assoit et ton visage s'interroge, l'interroge. Il refuse même l'offre d'un thé. Yiwài n'a jamais été aussi calme. Il a toujours été tempête, insolence dans l'innocence. Il a toujours été l'ouragan qui balaie tout. Et là, il n'est pas lui. Il n'est plus lui dans ce regard fixe, dans ses mots qui s'étranglent et ne sortent plus. Où est le gamin en éternel lutte avec toi ? Où est l'enfant que tu as serré dans tes bras ? Où est ce frère épris de batailles plus grandes que lui ? Et cette fois, il parle, il te réclame. Un frisson se perd alors que tu te retournes, appuyant ton bassin sur la commode où tu allais te servir un verre. Et il est rare qu'il soit calme, il est encore plus rare qu'il t'appelle, te hèle ainsi. Tu as soudainement peur qu'il aille mal ou que sa prochaine connerie soit si grosse qu'elle l'a mangé, bouffé. Tu as peur que ce qu'il a fait soit pas réparable. Ou qu'il n'y a rien que tu puisses soulager de tes mains, effacer de son coeur.

"J'étais à l'hôpital du capitello pour enquêter sur un cas de fantôme.." Tu l'écoutes, un sourire, cette fois, se dessine. Des histoires de fantôme, c'est tout lui. Tu crois un instant, un moment qu'il veut te raconter une blague mais ses traits sont trop graves pour ça. ''J'y ai vu quelque chose de terrifiant." Et tu portes le café à tes lèvres, la mixture chaude s'y glisse, s'immisce, te réchauffant. Le sourire s'évanouit ; tu en as vu des choses terrifiantes, des trucs incroyables, innommables. Tu en as vu des drames et des larmes. C'est pas comme si tu avais cessé de les verser. Les poings serrés, les yeux voilés du jeune violoniste accrochent ton regard, tes égards. Tu reposes la tasse, l'attention entièrement captivée, attrapée par lui.  "Ils ont séparé un daemon de son porteur.'' Un loupé du coeur. Un looping dans ton ventre alors que tout se serre, tout t'étrangle. Les yeux dévient vers Freyja alors qu'elle vient déjà s'envoler vers toi, nichée son bec dans ton cou ; je suis là. Rien ne nous séparera.

Tu n'esquisses aucun gestes vers elle, tu ne bouges pas d'un millimètre et ton visage n'exprime pas grand chose. Tu t'efforces, te condamne à un calme relatif. Si toi, tu trembles, comment inspirer la force à d'autres ? Si toi, tu vacilles, comment les soutenir ? Pourtant, tu sois que le jeune homme a besoin de toi, lorsque tu combles la distance. Lorsque tu t'assois à ses côtés : " Est-ce que ... ça va ? Pour toi, pour Iméros ?" Tu demandes doucement, t'assurant que lui, ne souffre pas du même mal. Que lui n'ait pas à échapper à cette mort de sa moitié d'âme lascive, décisive. Lentement tu lui tends ta main gantée, lui proposant de s'y accrocher. Parce que c'est ce que tu es : une ancre profondément enfoncée au sol, quelqu'un d'immuable, d'indéplaçable. Ce que tu n'as pas dans tes mots, tu l'as dans la force que tu dégages. Dans l'assurance que tu le protégeras de tes bras. " Raconte-moi ce qui s'est passé et comment tu en arrivé à découvrir ça. " Tu as besoin de comprendre pour savoir ce qu'il y a derrière cette histoire, en faire la pleine lumière.

Et puis toute en douceur de ta main libre tu lui redresses le menton, tu le pousses à te regarder, à plonger ses yeux dans les tiens. " Tu as bien fait de venir me trouver. " Tu es là pour le protéger, les garder du moindre mal. Tu es là pour lui et tu seras toujours là.

tw : psychophobie

Un sourire s'arrache à tes lèvres lorsqu'Yiwài se perd dans la couverture. Qu'il y enfouit son nez.
Tu le revois un peu lorsqu'il n'était qu'un bambin sachant à peine marcher, à peine babiller. Tu le revois s'accrocher à tes hauts, y enfouir son petit nez. Te respirer. Ca a, au fond, un goût de nostalgie, un goût de ce garçon que tu as vu grandir, murir. Les souvenirs s'entremêlent et te font devenir plus tendre, plus doux que tu ne saurais l'être. Que tu ne l'as jamais été.

Oui, il y a des exceptions courtes et brèves dans ta vie de violence, de brutalité. Tu pourrais les compter sur les doigts d'une main. Tu pourrais les tracer les yeux fermés, redessiner leurs traits par coeur, du bout des lèvres. Tu pourrais tout abandonner pour elleux. Tu pourrais souffrir mille mort si ça signifiait qu'aucun mal ne les frapperait, ne les balayerait. Parce qu'il y a crainte de tout perdre, de trop perdre. Sans elleux, que reste-t-il ? Que te reste-t-il ? Comment survivre à ce monde d'infini perdition, de mille damnation ? Et le jeune violoniste en fait parti.

Il en fera toujours, toujours parti.

Il hoche la tête mais tu sens que ça le bouscule, que ça le bouleverse plus qu'il n'y aurait à dire. C'est sans doute pour ça que tu lui tends la main. Il y a comme un soulagement quand il l'attrape, la rattrape. Il y a comme enfin un coeur qui s'apaise. Le sourire se fane lorsqu'il parle de folie, de celle qui menace tous les haruspices. Un reniflement, en pensant, que t'en as un peu trop autour de toi. Une pensée à l'idée que peut-être un jour leurs dons les briseront. " Ne parles pas de folie aussi facilement, tu gourmandes à peine. Je n'ai pas envie de te perdre. Et surtout pas aux affres de ton don."  C'est une constante qui revient lorsque tu as compris ce qui frappait ta Cardinale. La destinée que connaît tous les haruspices ; des vies brisées sur l'autel du savoir que personne ne devrait voir, que personne ne devrait apercevoir. Seule l'Autorité sait. Seule l'Autorité devrait savoir.

Et pourtant, c'est déjà chassé dans l'espièglerie, dans la malice de la jeunesse d'Yiwài. Tu n'es pas devin mais tu sais que ça sonne un peu faux quand il lâche un : " Tu es sûr, parce que j'aimerais émettre quelques doutes. " Les yeux roulent, l'amusement est pourtant visible, risible. Tu as toujours trop toléré, accepté du jeune homme. Parce qu'il y a des faiblesses qu'on embrasse comme on croque dans la pomme avec toute la bonne volonté qui existe. Et il continue. Oui, tu connais Anouk. Elle t'a redressé trop souvent le nez sans anesthésie, pour te montrer qu'il fallait arrêter de te le briser et de les lui briser. Mais tu te garderas bien de lui avouer.

" Tu as toujours des doutes et pourtant, c'est moi qui ramasse tes bêtises. " Et tu le rattraperas toujours par le collet, tu répareras toujours tout derrière lui. Tu promets que tu n'as que de l'amour pour lui. " Je suis sûr que tu es sain d'esprit et surtout Yiwài, je te crois. "  Tu le croiras toujours. " J'irai voir Anouk, c'est une amie ... Mais est-ce que tu as compris qui était derrière tout ça ? " La tête se penche : " Les Solmènes ? Après tout, iels en sont pas après leur première tentative en créant une chimère comme daemon à une fillette. " Et tu ne vois qu'elleux pour jouer autant avec la vie. Tu ne vois qu'elleux à tenter des expériences contre-nature, contre les volontés divines. Tes yeux sont intenses dans les siens : " Tu dois te souvenir du moindre petit détail, de la moindre piste qui pourraient me faire remonter à elleux. " Tout pour te permettre de les traquer, de les ramener devant leurs pêchés.

Yiwài presse fort tes doigts. Et il y a comme un soulagement de le voir si proche de toi, si loin de ce monstre qu'est l'haruspicie et qui pourrait te prendre tant et tant d'êtres chers. Qui pourrait t'arracher tellement. Qui pourrait te laisser si seul. Il y en a tant et tant ; Skye, Eluard, Yiwài .... Il serait si facile de les briser, de te faire vaciller, chanceler. Il serait si facile d'arrêter ta course en plein vol, de te crasher dans ce ciel de malheurs et d'horreurs. Dans ce ciel qui vous a condamné, damné. Yiwài n'a connu que ce monde, n'a jamais vu l'Alterre ou la Terre sombrer mais vous vous souvenez. Et ça danse en damnation éternelle, en punition d'errer pour toujours au purgatoire. L'enfer est ici. Et il menace de te prendre ce qui reste à chérir, ce que tu dois protéger si fort de tes bras.

C'est pour ça que les Solmènes brûlent tes lèvres, elleux et leur secte impie. Mais le Séminariste s'excuse déjà, ne sachant pas qui est derrière ça. " Sssh, ne t'excuses pas, Yiwài. Tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé, si ? Alors tu n'as pas à présenter des excuses. " Il te confesse la colère qui dort malgré les commandements de l'Autorité à être bon, à être doux. Un sourire se tisse : " La Bible dit aussi clairement : C’est Dieu qui me donne de la force et qui me trace une voie droite.(...) Il exerce mes mains au combat, et mes bras tendent l’arc de bronze. Tu me donnes le bouclier de ton salut, ta main droite me soutient, et je deviens grand par ta bonté. Tu élargis le chemin sous mes pas, et mes pieds ne trébuchent pas. Je poursuis mes ennemis, je les atteins, et je ne reviens pas avant de les avoir exterminés. Je les frappe, et ils ne peuvent plus se relever, ils tombent sous mes pieds. (...) Je les réduis en miettes, je les rends pareils à la poussière que le vent emporte, je les balaie comme la boue des rues.*" La lecture que tu as eu des écritures a toujours été plus dans la violence que dans Son amour. Les sermons d'Eluard ont doucement ouverts un nouveau soleil, une nouvelle lumière sur toi. L'amour, le pardon, la bonté du genre humain te semble à portée de main avec elle à tes côtés. " L'Autorité te pardonnera ta colère. Tu souffles, esquissant déjà le début d'un blasphème ou ce qui pourrait y ressembler. Après tout qui es-tu pour penser à Sa place ? Tu es quelqu'un de bien. Mais tu dois le confesser. " Parce que faute avouée, faute à moitié pardonnée. Parce que tu l'encourages à prendre soin de son âme en avouant ce qui enlace, élance le coeur. " Même si on partage cette colère et tu le sais. " Si tu pouvais leur déclarer la guerre, ce serait fait depuis longtemps. Si tu pouvais les rayer de la carte de Cittàgazze, tu n'hésiteras pas.

Un hochement de tête au fait qu'Yiwài ne peut pas les accuser. Du moins pas sans preuves. " En effet, il nous faut des preuves si c'est le cas. Et elles se doivent d'être irréfutables. " Et dans les jeux politiques, tu ne doutes pas que ta Cardinale saura quoi en faire. Après tout : Œil pour œil, dents pour dents.

A tes questions, le violoniste réfléchit en enfouissant son nez dans la couverture. Un sourire accueille le mouvement. Tu as vraiment l'impression qu'il est le petit frère que tu n'as jamais eu. Que tu aurais aimé avoir dans une autre vie. Il explique doucement, en dégageant sa face de la couverture pour que ce soit audible. Un autre sourire, caché dans ta main libre. Tu réfléchis sur le fil de ses mots, te demandant pourquoi d'abord enquêter sur ses fantômes. " C'est le Cardinal Imago qui t'a confié cette tâche ? Et Yiwài reste sans doute le plus adapté à ce jeu des fantômes et des morts qui lui susurrent des vérités enfouies. Tu comprends que ce soit lui et pas un autre. Tu l'écoutes attentivement, traitant les informations au fil de l'eau. Jusqu'à ce qu'il t'avoue l'abandon du journal dans la toge qu'il a égaré en route. Yiwài retire sa main et tu arques un sourcil : qui t'a dit d'enlever ta main ? " Tu viens doucement reprendre sa main. " Tu iras la récupérer en sortant d'ici. Ne t'en fais pas, elle sera sûrement encore à l'endroit où tu l'as laissé. Tu doutes qu'un‧e voleur‧euse s'entiche de la toge, surtout si il l'a laissé dans un lieu pandémonique. Va ensuite porter ce carnet à El- à Sa Grâce. Préviens-le que je viendrai lui en parler.Tu rattrapes les mots, face à lui. Tu n'as envie que personne ne décèle la proximité, la familiarité qui vous lient. Je vais m'occuper de remonter les lieux, j'irai lui parler oui, à cet infirmier. Ainsi qu'à Anouk. Ne t'inquiètes pas, je finirai par trouver. " Même si ça doit te prendre du temps. Même si il faut t'user à ramper sur le sol pour trouver leurs traces. Tu n'as jamais lâché ta proie, tu n'as jamais accepter d'échouer. " Est-ce que toi tu vas bien ? Je sais que tu es fort et Iméros aussi, un salut respectueux au daemon. Mais il n'y a pas de mal à le vivre mal. " Une pause. Tu deviens trop tendre avec les tiens lorsque tu lui proposes : " Veux-tu dormir à la Caserne ? Tu y seras en sécurité. " Là où tu veilles, aucune menace ne gagne les tiens.