TW mention de tentative de suicide, mort passive, dissociation, violence

Le monde s’étiole lentement dans le miroitement de tes yeux lourds de larmes. La nuit est tombée sur la cité, elle s’épuise dans des heures qui ne passent pas, qui ne passent plus. Tu la sens griffer ta chair harassée de tremblements. Les nuits sont presque toujours ainsi, poisseuses, désespérées. Tu te relèves lentement, quittes sans un bruit le lit pour ne pas réveiller Jade, des larmes silencieuses traçant des chemins sur tes joues blanches. La journée était éprouvante, glaçante, tu étais pitoyable, raison pour laquelle tu dors cette nuit chez le sorcier ; ne pas être seul avec Lone, ne pas être seul. Tu t’assois contre un mur de l’autre pièce, et le visage enfoui dans tes mains, prostré, tu commences à sangloter. Tu ne sais plus où tu es, qui tu es, pourquoi tu es encore en vie. Le jour ne se lèvera jamais, tu en es certain. Il ne reste rien du monde. Tu tentes d’étouffer les pleurs dans tes paumes mais leurs hoquets éteints écaillent le silence de la pièce. « Lone, va-t’en… » tu parviens à articuler entre deux sanglots, sentant pulser sous ta peau les cris noirs de celui qui hante tes nuits. Ton intime tragédie, celle qui n’a de dénouement que dans la violence. Lone veut te tuer, Lone ne voulait pas survivre. Lone est désespéré.

Les cauchemars sont presque toujours les mêmes. Tu revois l’île, tu revois les feux, les grandes gerbes de flammes dans la nuit, les fumées poisseuses comme du sang. Tu revois le sable noir, et ces arbres sur lesquels tu comptais les soleils, jusqu’au jour deux-cent-trois, où tu as perdu le fil – il y en eu mille-quatre-vingt-dix-sept, c’est le calcul auquel sont arrivé·es les gens du port lorsque tu es rentré. Trois ans et deux jours. Tu revois les petites falaises d’où tu cherchais à te jeter, arrêté par Lone avant le dernier des vertiges ; tu te réveillais plusieurs jours plus tard, affamé sur la plage, sans te souvenir ce qu’il s’était produit, seulement des derniers instants avortés avant la mort. Tu revois le naufrage, les récifs qui emportèrent tes camarades, le sel dans la gorge, le sable dans la bouche, les cris. Et puis, tu revois Jade. Jade, toujours là au coin des rêves, à la fois cauchemar et songe. Ses bras qui t’ont sauvé la vie et sacrifié, ton autel et ta tombe. Tu es mort le jour où tu as survécu. Tu n’es jamais vraiment revenu à Cittàgazze, il était peut-être déjà trop tard lorsque Jade est arrivé et t’a emporté avec lui. Tu vis avec le regret permanent de ne pas être mort ce jour-là.

Tu ne sais pas quelle heure il est, tu ne sais pas si l’aube est loin encore, si elle viendra seulement. Tu te sens désespérément seul. Jade dort pourtant à quelques mètres, mais tu n’oses pas le réveiller. Tu n’oses pas, toujours pas, faire appel à lui quand tu sens les crises arriver. Tu te caches, tu t’isoles, tu as peur qu’il te voit dans ces états-là. Il t’a pourtant déjà vu, des dizaines de fois, il as affronté Lone, il t’a sauvé, nuit après nuit. Toi, tu t’es perdu dans ses bras, tu t’es débattu, tu as hurlé, tu voulais t’enfuir pour te jeter des falaises. Tu ne sais plus vivre. « Va-t’en… » tu répètes entre tes dents. Lone est tout près, il rôde. Il n’attend que ces instants si proches de l’agonie pour s’emparer de toi. Tu résistes. Tu serres les mâchoires, mais les larmes continuent leur lent cheminement sur tes joues blêmes. Tu veux appeler Jade mais les mots ne sortent pas de ta gorge. Quelque chose les retient. De la honte, de la peur, Lone. Les sanglots redoublent, des tremblements agitent tes mains, tu es à bout de force, épuisé par les nuits sans sommeil. Un an et demi depuis ton retour de l’île, et toujours les mêmes cauchemars, toujours les mêmes rechutes. Tu ne sais pas comment guérir, tu ne sais pas comment t’en sortir. Sans Jade, sans doute serais-tu déjà mort. Plusieurs fois. Parce que Lone a envie de mourir, et Lone est partout.

Il ouvre les yeux, mais ce n’est plus vraiment lui. Lone essuie les larmes d’un revers de la main, avant de contempler ses doigts mouillés comme on détaillerait un étrange phénomène. Il ne pleure presque jamais. Il se relève, s’adosse au mur pour ne pas tomber, du fait de l’épuisement qui le ronge. Il fait quelques pas, se dirigeant vers la porte. Celle-ci est fermée, comme toujours la nuit. Rien de très surprenant, mais il n’a pas les clés. Alors il frappe brutalement une fois. Deux fois. Le poing endolori, il continue. Trois fois. « Arthur, arrête ! » Les mots d’Aragon sont à peine entendus. Lone voudrait fracasser la porte ; il n’a pas la force, il n’a plus de force. Il frappe mais seule une douleur latente se réveille dans ses doigts. Il hurle le prénom de Jade.

T’es réveillé en sursaut. Le lit est vide. Un hurlement funeste t’a tiré du sommeil. Arthur ou plutôt Lone s’est éveillé. Tu te redresses brusquement et tu sens un vertige poindre d’avoir changé trop vite de position. Tu manques tomber au sortir du lit. Lone est là dans ces crises sombres qui emportent tout. Il veut mourir, tuer Arthur et tout détruire. Et toi, t’as peur. T’as peur de ce que tu verras. T’as peur de ses mots qui sont comme des coups de poignard dans le ventre. Lone détruira Arthur et il te détruira peut-être toi aussi. Il n’est jamais vraiment revenu de l’isola fiamata. T’as su ramener une carcasse charriée par les vagues, mais pas ces jours passés dans la solitude. Il te l’a dit, il était prêt à mourir ce jour-là sur cette plage noire. Il en avait fini d’attendre, d’espérer. Et pourtant, t’as su le ramener. Jamais totalement. Jamais tu ne pourras l’arracher totalement aux feux et aux cauchemars. L’île le hantera à jamais. Et toi tu tentes de le raccrocher à cette vie qui est trop dure à vivre. A cette réalité impossible. Il n’est plus sur l’île, mais elle lui a tout pris.

Tu le trouves devant la porte, les doigts déjà rougis d’avoir tapé contre le battant. Tu attrapes ses mains fermement. La priorité c’est de l’empêcher de se faire mal. Lone serait capable de le tuer. Faut le restreindre, le contrôler et jamais se laisser emporter par ses paroles acérées. Lone veut détruire, réduire en cendre. Il est synonyme de malheur et de mort. « Arthur, regarde-moi. Je suis là. Tu n’es pas sur l’île. Je suis là. » Et il y a les cris, les coups de coude dans les côtes, les regards noirs. Et t’as envie de le faire disparaître ce Lone de malheur qui vient hanter vos nuits. Tu le tiens fermement, t’essaies d’attraper son visage pour qu’il te regarde, mais t’y arrives pas. « Arrête ! Lone ! Arrête ! Laisse-le tranquille ! Tu n’es plus sur l’île. Il n’y a plus de feux ! » T’auras beau lui promettre que tout va bien, tu sais que ça ne fonctionne pas comme ça. Lone teinte tout en noir.

T’as envie de hurler toi-aussi. Tu ne sais plus vivre ces crises qui n’en finissent plus. Le voir comme ça, c’est comme revivre cette journée. La mort dans ses yeux. Son corps décharné. Ses coups. Le vide. La culpabilité écrasante de ne pas l’avoir retrouvé plus tôt. Ces yeux qui parfois te réveillent sur un cri silencieux. Ces cauchemars horribles où tu ne retrouves qu’un corps sans vie sur cette plage de malheur. L’île te hante, mais elle prend encore et toujours à Arthur. C’est un fantôme qui jamais ne vous quittera. Elle vous fera sombrer, couler dans les plus profondes ténèbres.

Tu vous éloignes de la porte pour rester à genoux devant lui sur le sol froid. T’as toujours ses poignets serrés dans une main et tu tentes de le retenir toujours. Lone est violent. Lone n’en termine pas de te réveiller en sursaut. Il y a les morsures, les griffures, les mots qui te détruisent. Lone veut qu’on le laisse seul. Lone veut tout emporter. Et tu sais que si tu le laisses faire, il trouvera le moyen de crever. Il prendra encore et toujours. « Arthur. Calme-toi. Tout va bien. Je suis là. » Tes paroles rassurantes meurent sur tes lèvres. Elles sont vaines. Lone prend toute la place. Tu sais qu’Arthur est là, quelque part. Mais tu n’arrives pas à l’atteindre. Tu te sens impuissant, inutile. C’est pas une vie. Cette lutte permanente pour s’arracher à l’isola fiamata, c’est pas une vie. Tu voudrais tout lui reprendre à cette île de malheur. Tu voudrais briser les murs des prisons mentales d’Arthur, mais tu sais pas comment faire. Tu sais pas comment le réparer. Tu sais pas comment le retenir, l’empêcher de partir à la dérive. Et tu te fais emporter par Lone, par ces peines qui n’en finissent plus. Lone est cruel. Vous devez pourtant lui survivre.

TW tentative de suicide, dissociation, violence verbale et physique

Lone hurle. Il hurle le prénom de Jade, pour le confronter, mais aussi comme un appel à l’aide. Il ne sait pas s’il veut être tué ou sauvé. Arthur a disparu. Lone frappe dans la porte jusqu’à ce que ses phalanges prennent une inquiétante teinte bleutée. Jade survient, Lone lui jette un regard immensément noir. Le sorcier lui attrape les poignets pour l’empêcher de se faire plus de mal, et Lone se débat, mais la force si futile d’Arthur ne déstabilise pas celle d’un sorcier. Le combat pour la survie est inégal. Lone veut simplement les clés de la porte pour s’enfuir. Mais Jade le retient, s’agenouille devant lui, adresse des paroles rassurantes à Arthur, comme pour le ramener d’entre les limbes. Mais il ne reste rien d’Arthur. Lone a tout emporté dans sa fureur.

« Lâche-moi ! Lâche-le ! » il crie. Il parle d’Arthur à la troisième personne. Tous les deux ne sont que des fragments, une identité éclatée qui n’en finit pas de se couper les mains sur ses propres brisures. Lone se débat, il tente de tirer sur ses poignets pour se défaire de l’emprise du sorcier, mais il n’a aucune force. Il reste prisonnier, entravé, contrôlé. Pourtant il se déchaîne. Il donne un coup de pied en plein dans la cage thoracique de Jade, le repoussant, lui faisant lâcher prise. « Ne le touche pas ! » Sa voix gronde, elle est impardonnable. Lone assassine rien qu’avec des mots. Il se recule, une main devant lui, prêt à repousser Jade de nouveau si celui-ci s’approchait. Il jette des regards à la porte, et ses intentions sont plutôt limpides. « Laisse-moi sortir, il faut qu’on en finisse. » Lone a envie de mourir. Il veut sortir, il veut fuir, mais ouvrir cette porte, c’est se donner la mort. C’est aller sauter d’une falaise. Ne jamais ouvrir la porte pendant les crises suicidaires, pendant les dissociations les plus violentes. On ne peut pas être toujours là, auprès de lui, pendant ces moments d’extrême égarement. Parfois, Arthur est seul à lutter, et ce sont ces nuits-là qui sont les plus difficiles, les plus désespérées. Celles qui laissent des traces sur la mémoire et sur la peau.  

Lone relève les yeux vers Jade, des yeux noirs. Il assassine, il haït. « Arthur te déteste, il te déteste – il appuie sur chaque syllabe. Et je te déteste encore plus. » il crie encore. Ses mots sont horribles, parce qu’il n’a plus que ça : des mots horribles. Tout ce qui le définit aujourd’hui, ce sont des méandres, des abysses. Lone est seul, éternellement. Et il déteste le monde entier. Jade le sait, mais la violence n’en est pas moins réelle. Lone veut tout détruire, il peut tout détruire. Il est si facile de briser tous·tes celleux qu’Arthur estime, aime, admire. Tant de personnes ont disparu dans sa fureur, tant de personnes l’ont abandonné à ses crises. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Nino a choisi de partir pour Cittàspide ; peut-être qu’il n’en pouvait plus de lui et d’Arthur. Lone secoue la tête, parce qu’Arthur essaye de revenir, il la prend entre ses mains, il serre les paupières. « Putain… » il lâche entre ses dents. C’est un combat à mort entre deux entités qui l’espèrent toutes les deux, mourir. Mais depuis que Jade est dans sa vie, Arthur ne veut plus s’en aller, il ne veut plus le quitter. Il veut rester auprès de lui, malgré la douleur permanente d’être encore en vie. Il le veut lui et personne d’autre.  

Étrangement, Lone fait un pas vers Jade, menaçant. Arthur est lâche, Lone est dangereux. Lone déteste Jade plus que tous·tes les autres. « Tu n’aurais jamais dû être là. » il crache, la haine au bord des lèvres. Sur cette plage, ce jour-là, Arthur aurait dû mourir. Après trois ans et deux jours, il aurait dû mourir. Peut-être est-il mort, en vérité ; les marins n’ont rapporté qu’une carcasse vide à Cittàgazze, qui n’a jamais tout à fait repris forme humaine. À cause de Jade, Lone sait qu’Arthur vit dans la douleur. Lui, au fond, il ne voulait que le délivrer, c’est la raison pour laquelle il ne l’a pas sauvé cette fois-ci. Qu’il l’a laissé s’allonger sur la plage, exténué, affamé, si maigre que tous ses os pouvaient être caressés. « Tu es arrivé trop tard, il ne reste rien à sauver. » Sa voix est étonnamment calme cette fois-ci, avant que la rage ne revienne la transformer de nouveau. Il semble que ce n’est plus celle d’Arthur, qu’elle a muté ; elle est plus incisive, plus grave aussi. Elle emporte tout dans ses insultes et dans ses reproches. Lone insulte Jade de tous les noms pendant de longues secondes, qui semblent durer une éternité. Avant de hurler, et la ville entière pourrait l’entendre : « Alors ouvre cette putain de porte ! »

T'arrives à le maintenir immobile quelques instants, tout pour qu'il ne se fasse plus de mal et l'état de ses mains te donne envie de trouver un moyen de faire disparaître Lone à tout jamais. Et il se débat, tire sur ses poignets, te crache les plus horribles mots. Tu ne veux pas être ici, tu voudrais que Lone n'aie jamais existé. Tu peux pas laisser Arthur seul avec lui, faut que tu sois là pour lui, que tu le protège de ce monstre de haine qui ne cherche qu'à mettre fin à sa vie. « Tu n'es plus sur l'île. Tu n'es plus sur l'île. »  Que tu lui répètes comme un mantra. Il n'est plus en danger, mais Lone ne semble jamais vouloir l'accepter. Il te donne un coup de pied dans la poitrine qui te fait reculer. Malgré ta force de sorcier, tu lâches prise et t'es prêt à retourner près de lui, à le protéger de lui-même.

T'as pas le temps. Les mots sont assassins. Ils sont plus douloureux que le coup de pied. Lone ne veut pas de toi. Lone te déteste et peut-être qu'Arthur aussi. Tu baisses les yeux. Est-ce que tu dois continuer à le forcer à vivre alors qu'à chaque crise il te crie qu'il veut en finir ? Est-ce que c'est à toi de choisir pour lui ? Ce sont les questions que tu te poses chaque fois. Tu ne regrettes pas de l'avoir sauver, de l'avoir ramener de l'Isola Fiamata, mais tu ne peux t'empêcher de te dire que tout ce qui lui arrive maintenant est de ta faute. Si tu n'étais pas arrivé ce jour-là sur cette plage, il serait mort. Fini les souffrances, le désespoir, la faim, la soif. Il aurait été libéré de cette île d'une façon bien plus définitive que maintenant. Et chaque fois que Lone te rappelle qu'il faut en finir, qu'il faut qu'il meurt, tu ne sais pas quoi faire, pas quoi lui dire. Est-ce vraiment à toi de le sauver ? Veut-il seulement être sauver ? Tu lui as promis que tu serais là, toujours, jusqu'à la fin, mais en es-tu seulement capable ? Ce fardeau est trop lourd à porter et chaque fois que tu vois Lone, tu voudrais pouvoir tout changer, tout réparer.

« Non ! Tu dois pas en finir. T'as pas le droit de prendre cette décision pour lui ! Personne n'a le droit de décider à sa place. Il est vivant, vous n'êtes plus sur l'île. Les feux ne vous emporteront pas. » Et peut-être que t'essaies de te convaincre toi-même. Peut-être que c'est Lone qui a raison. Tu peux pas le laisser faire. T'as pas le temps de faire autre chose qu'il t'assène de nouvelles horreurs. Même si tu sais que c'est faux, qu'Arthur ne te déteste pas, jamais, tu ne peux t'empêcher d'y croire, de douter. Et si Lone avait raison ? C'est comme des coups de couteau, ça te serre à la gorge et t'as l'impression de ne plus savoir respirer. Il te déteste. Et derrière ces mots, il y a tous‧tes celleux que tu as envoyé à la mort dans ces explorations à n'en plus finir. Iels te détestent. Tu les as tué‧es, leur as volé leur vie. T'es sans voix et t'es presque sûr que c'est ce que voulait Lone. Il peut pas te blesser physiquement, mais ses mots sont comme des balles à bout portant. Ils te déchirent au plus profond de toi. Tu restes par terre, incapable de bouger, de te ressaisir. T'as l'impression que toute la lumière a été chassée, que des centaines de mains t'attirent vers le fond. Des raz-de-marée qui emportent tout, tu manques de couler pour ne jamais revenir.

Tu crois entrapercevoir Arthur, l'ombre d'un instant. Il lutte lui-aussi et faut que tu l'aides, faut que tu le protèges de Lone. Faut que tu fasses quelque chose. « Arthur, je suis désolé. » Désolé de l'avoir sauver, désolé qu'il est à vivre avec le fantôme de l'Isola Fiamata, avec Lone, désolé de ne pas être assez. Lone t'assène de nouveaux coups, de nouvelles insultes, de nouvelles vérités que tu prends en pleine face. « J'aurais dû venir vous chercher plus tôt ! J'aurais jamais dû vous abandonner ! » Et ce vous désigne autant Arthur et Lone que tous‧tes les autres. T'es lâche, un raté, tu ne seras jamais assez fort pour tous‧tes les ramener. T'as pris les mauvaises décisions, trop de risques et faut que t'en payes les conséquences. S'iels sont mort‧es c'est de ta faute. « Je peux encore te sauver. Je te promet. Je ferais tout pour te sauver. » Le désespoir transparait dans chacun de tes mots. Et tu te rends pas compte que ta voix s'étrangle, vacille. Tu voudrais le convaincre que tu es capable de les aider, de les apaiser. Lone ne te croira jamais. Il te déteste. Il déteste tout.

Après le calme, vient une nouvelle tempête. De nouvelles insultes pleuvent et tu crois qu'elles ne prendront jamais fin. Lone hurle, jure, te tient responsable de tout. Et tu ne peux rien faire d'autres que de l'écouter. Et le pire, c'est que tu crois tout ce qu'il te dit. Lone détruit Arthur, mais il te détruit toi aussi chaque jour un peu plus. Il t'ajoute des montagnes de culpabilité et de remords. Au point que tu en viens à croire que tout est de ta faute. Et sur un cri final, il t'enjoint à ouvrir la porte. Et faut pas que tu cèdes, jamais. Ce serait la fin sinon. T'aurais réussi à le tuer. Alors tu lui cries en réponse. « Non ! Je te laisserais pas le tuer ! Je te laisserais pas faire ! Je le protégerais de toi, des autres et je chasserais cette maudite île de sa mémoire. Je construirais un refuge pour lui, je ferais tout pour lui. Arrête de ne penser qu'à toi, Lone. Vous n'êtes plus sur l'île. Le cauchemar est derrière vous. » Tu sais que ça ne sert à rien de le raisonner, mais t'essaies quand même. Tu peux pas l'abandonner. Tu peux plus.