Tu te retrouves seul. Mithra t'accompagne, mais il reste à distance. Il faut que vous compreniez ce qu'il se passe. T'as d'abord essayé d'aider les haruspices happé‧es par leur vision. Iels n'avaient qu'un mot sur les lèvres : Retour, comme un mantra ou une formule magique. Quelque chose ou quelqu'un‧e doit revenir et personne n'en connait la nature. Iels parlent de flammes et de ce sentiment d'urgence et toi, t'en déduis que la ville va être réduite en cendres, qu'elle va tomber et vous avec. Tu t'imagines le pire. La guerre, les cris, la peur. Tout ça va mal se finir. Et tu connais pas suffisamment l'histoire de ce monde pour réussir à deviner qui ou quoi pourrait revenir. D'abord tu as pensé à Quetzalcoatl, mais ça te semble bien trop évident. Il doit y avoir quelque chose et peut-être qu'en arpentant la ville tu trouveras des signes. Il faut que tu comprennes pour protéger un maximum de cittadini possible.

Peut-être qu'il faudra fuir la ville. Et tu fais l'inventaire des bateaux et des vivres que vous avez à disposition. Tous‧tes ne pourront pas partir si c'est le cas. Vous n'avez pas assez de ressources pour un exil prolongé. La réalité t'apparait dans toute sa violence : vous n'êtes pas prêt‧es et le temps joue contre vous. Un regard pour l'oiseau qui partage ton âme. Tout est clair entre vous, il faut comprendre, trouver des indices et sauver Cittàgazze.

Tu remontes calmement la Montée des Alcôves. Tu balaies les maisons du regard. Beaucoup sont barricadées, leurs propriétaires à l'abri entre leurs murs. Tu ne t'imagines pas rester enfermé à un moment pareil. Tu ne te vois pas laisser ta survie entre les mains des autres. Tu te veux acteur, défenseur, protecteur. Il y a ton syndrome du sauveur qui prend toute la place. Tu ne veux abandonner personne. Parce que si ce monde doit disparaître, tu ne veux pas revivre l'Effondrement de la Terre. Tu ne veux pas te retrouver seul de nouveau. Alors il faut comprendre, agir.

Un livre est balancé à travers une vitre et tu te retournes en sursautant. La ville va peut-être être plongée dans le chaos avant même que la menace n'arrive. Tu ramasses l'ouvrage et en lit le titre. La quatrième de couverture t'apprend que c'est un roman d'aventure. L'escalade d'une montagne. Et le titre, la réponse se trouve-t-elle en dehors de ses murs ? Tu tournes la tête vers la Terre Brûlée, et plus loin le village analogue niché dans les montagnes. Peut-être qu'il faut toi aussi que tu prennes de la hauteur. Tu demandes à Mithra de s'élever dans le ciel et de te dire s'il voit quoique ce soit. Toi, tu restes au sol et vos deux points de vue vous permettront peut-être de comprendre plus vite.

Tu continues d'avancer. T'as ce sentiment qu'il faut aller vite, ne pas louper un seul détail. Les haruspices à qui tu as parlé te semblaient tellement secoué‧es par ce qu'iels avaient vu. C'est que ce doit être grave. Et pour que même les haruspices qui ne voient pas le futur habituellement aient cette vision, ça doit bien vouloir dire quelque chose. Il va réellement se passer quelque chose. Les question sont où et quand. Peut-être que ça n'aura même pas lieu à Cittàgazze. Peut-être qu'il y a autre chose. Un autre Effondrement ? Un nouveau Nimrod ? Trop simple. Pourquoi est-ce que ça se reproduirait maintenant ? Tu aurais dû rester dans les petits papiers des clans sorciers. Tu t'es trop éloigné de tes racines, tu sais plus lire dans la nature, comprendre le monde comme d'autres sorcier‧ères. T'es pas à ta place. T'as ta force, ton invisibilité, ton vol, mais pas le reste. Faudrait que tu apprennes encore, que tu combles tes lacunes.

Faut que tu comprennes. Faut que tu sois utile à ta faction. Un chimiste vent des potions. Tu n'es pas sûr que ça te soit vraiment utile et tu trouves que c'est plutôt cher. Il est dur en affaire et tu préfères donc repartir les mains vides. Tu te dis que tu as déjà ta force de sorcier et que ce devrait être suffisant. Ça l'a toujours été jusqu'à maintenant. Ce qui te manque, c'est le contrôle de la météo, là tu pourrais sauver tellement d'explorateur‧rices parti‧es en mer.

Tu continues d'avancer jusqu'à arriver devant la Cattedrale Sant'Ambroggio. Des fidèles sont rassemblé‧es sur le parvis et iels écoutent un prêche de la cardinale. Il leur promet la protection des anges et qu'il faut avoir confiance en l'Autorité. Tu ne crois pas un mot de tout ça, mais si ça peut les aider à ne pas paniquer, tout est bon à prendre. Chacun‧e agit là où iel peut. Tu as essayé de rassurer celleux que tu pouvais avant de partir en quête de réponses. Tu laisses la cathédrale derrière toi. Là tu n'auras pas d'indices.

T'entends des cris et des rires. Des gamin‧es s'amusent dans une maison abandonnée. Iels récupèrent des tenues de bal, les essayent et s'imaginent une nouvelle vie. Leur innocence te fait du bien. Elleux vont bien au moins et iels trouvent de quoi s'amuser dans tout ce chaos. Tu te dis que les enfants, et celleux qui n'ont pas de famille plus précisément, sont bien plus débrouillard‧es et dégourdi‧es que nombres d'adultes. Iels sont obligé‧es de s'adapter et de trouver des solutions avec peu de choses. Ça te rappelle un peu tes voyages en solitaire. Tu ne pouvais compter que sur toi et il fallait que tu trouves un chemin par toi-même. Personne ne pouvait t'aider.

Tu continues ta route et tu es de nouveau surpris par un fracas de verre brisé derrière toi. Tu te retournes et tu retrouves un nouvel exemplaire de Mont Analogue. Quelqu'un‧e a manifestement quelque chose contre ce livre. Ou peut-être que c'est un‧e collectionneur‧euse qui se fait cambrioler ? Ce n'est pas ton problème. Faut que tu trouves la réponses à ce retour qui hante tous‧tes les haruspices. Tu as plus important à faire.