Je m'étais endormie dans le bateau ce soir-là, bercée par la houle. Les nuits commençaient à s'adoucir, et même si ma mère me tuerait à me savoir dehors, sous l'emprise du froid menaçant, blottie contre plusieurs couverture, L'Oiseau me protégeait. Toutefois, il ne me protégea pas des cris soudain qui me réveillèrent en trombe. Mes rêves à moi n'ont pas été perturbés cette nuit, mais en quelques minutes seulement, des fracas, des hurlements, des bris de glace et de tourmente ; c'est comme si toute une partie de Cittàgazze avait sombré, à l'unisson, dans un cauchemar identique.

Comme quelques autres personnes je m'étais bien vite levée, essayant d'apporter mon aide et mon soutien à celleux qui en ont besoin, mais en réalité : à quoi bon ? Moi, je ne comprends pas tout ça. Ni la politique, ni la peur qui pulse dans tous les cœurs, moins encore cette magie qui coule dans la majorité des veines. Je n'ai pas d'âme qui parle à mes côté, pas de flammes ou de terre au bout des doigts, pas plus de capacité de me transformer ou de voler. Je ne suis qu'une pauvre humaine qui ne comprend pas la politique ou les prophéties. Je ne crois qu'en la mer, en sa nature qui peut nous engloutir, en sa force qui peut nous faire chavirer, et en sa douceur qui nous berce et nous réchauffe l'âme.

Petit à petit que la journée s'éveille, ma curiosité toutefois s'attise, et je commence à constater que je ne suis pas la seule. Au port, quelques Noénautes s'activent. Et pour une fois, ce n'est pas sur les flots que je sens l'aventure me guetter, m'attirer, mais bien ici, en plein dans les ruelles de la Ville-Basse. Je m'arme alors de mon sac à dos rempli de merveilles - en laissant quelques poches vides pour les combler de mes trouvailles - et je m'avance vers un petit groupe d'explorateur·rice·s. « Eh ! Moi, je vais aller me renseigner un peu sur tout ça. J'y connais pas grand chose, mais à plusieurs, je suis sûre qu'on peut en savoir davantage. Vous m'accompagnez ? ». Les mains serrées sur les brides de mon sac, le sourire me coupant le visage d'une oreille jusqu'à l'autre, j'avais hâte de commencer ce nouveau voyage, ces nouvelles recherches, et de nourrir les histoires de Cittàgazze de nouvelles théories... Voilà ce qu'il adviendra de cette journée si ce ne sont de réelles réponses : une livre d'aventure et de pirates des rues.

Le port était en ébullition cette nuit. Les cris t'ont réveillé en sursaut et tu es tout de suite sortit du locali que tu partages maintenant avec Arthur. T'as d'abord cru que c'était Lone qui tambourinait à ta porte, hurlait à s'en faire mal, mais non. Pas de Lone. Les bruits venaient de dehors et t'as cherché à comprendre. Les haruspices effrayé‧es, les visions étranges. Tout ça, ça t'inquiète et t'as pas vraiment dormi plus que ça. T'avais trop de choses à penser, trop de personnes à aider. Ce n'est qu'en relevant la tête des heures plus tard que tu te rends compte que le soleil s'est levé, que demain a commencé. Alors tu laisses derrière toi les personnes à qui tu donnais à boire, les haruspices que tu tentaient au mieux d'apaiser. Tu peux plus rester ici, il faut que tu investigues, d'autres prendront le relais.

T'as pas grand espoir de t'en sortir tout seul, t'es déjà épuisé, mais tu vois deux personnes réunies qui semblent vouloir mener l'enquête. Tu sais pas où ça va te mener. Tu t'approches d'elles. Il y a la jeune Greco que tu as déjà croisée plusieurs fois sur le port et une nimrodienne dont le visage ne te dit rien. Mithra revient se poser sur ton épaule et tu te racles la gorge. "Je peux vous rejoindre ? Moi c'est Jade et mon daemon s'appelle Mithra" Tu te présentes, entends les présentations de Kay et vous partez tous trois à l'aventure.

Plus loin, des habitant‧es barricadent des fenêtres et tu vois l'une des grandes arbalètes être installées sur la terrasse. Un danger arrive et tous‧tes font ce qu'iels peuvent pour s'y préparer. Ça te serre la gorge de savoir que cette ville, le dernier bastion de l'humanité, est en danger. Et tu ne connais même pas la menace. "Je ne suis pas sûr que cette arme nous soit d'une quelconque utilité." T'as déjà l'air un peu résigner, ne pas savoir à quoi te préparer ça te mine plus que tu voudrais te l'avouer.