Il savait, au fond, que s'allier ouvertement aux analogues allait lui fermer plus de portes que lui en ouvrir, mais Zaher n'avait pas fait ça par gloire, pour être mieux perçu et respecté, il l'avait fait, comme souvent, avec la profonde certitude d'en avoir moralement la responsabilité.

Comment, de ce soutien, il passait ce soir à participer à une tentative d'assassinat, l'équation lui échappait encore, la trouille ayant toutefois remplacé efficacement le bon droit. Dans la foule des conseiller.ère.xs sortant de séance, il dénote par sa jeunesse et sa nervosité, se tordant les mains autour d'un grimoire qu'il utilise autant comme arme que comme excuse.

Nil est facilement repérable dans la foule - inoubliable, même, par le pincement au nez que Zaher ressent à chaque fois qu'il le voit, et celui à son coeur qui s'ensuit aussitôt. Louvoyant dans la foule, la tête baissée, le jeune archéologue rejoint l'analogue, lui adressant un signe de tête avant d'ouvrir son livre comme s'il lui montrait une citation à l'intérieur.

"Je ne l'ai pas vu pour le moment. Tu... tu penses qu'il faut qu'on aille voir à son bureau ?" Le sympathisant espère profondément qu'ils ne tomberont pas sur Faucon, nul part, car même s'il abhorre son discours, il n'a pas du tout envie de le tuer.

Faucon R. Amidei. Voilà des mois que tu l’as dans le collimateur et que tu n’attends qu’une chose : un ordre de la part de la Coryphée pour aller l’éliminer. Tu fais les cent pas comme un fauve en cage dans les couloirs du Consiglio. Tu ne sais pas pourquoi les analogues ont choisi de te refiler cet archéologue en tant qu’acolyte. Probablement pour avoir une couverture si jamais le meurtre tournait mal, quelqu’un à accuser pour se protéger soi-même. Ou quelqu’un à sacrifier pour s’enfuir. Le fait est que tu te coltines aujourd’hui Zaher, le fameux gazzi dont tu avais éclaté le nez dans le forêt, lorsqu’il s’était trop approché du labyrinthe. Il te rejoint bientôt, et tu te gardes de lui asséner d’ores et déjà des reproches sur son retard. Tu es toujours plus efficace dans tes meurtres lorsque tu gardes ton calme. C’est bien connu, la placidité est un rouage essentiel de la discrétion. Tu le salues à peine d’un mouvement de tête.

Tu ne lui jettes pas même un regard lorsqu’il te demande par où commencer, concentré sur ta mission, le regard scrutant les couloirs. « Je pense qu’il faut commencer par son bureau, oui. » tu finis par déclarer. « S’il s’y trouvait, ça nous faciliterait grandement la tâche. » tu ajoutes en prenant la direction desdits bureaux, la démarche assurée, louvoyant dans les corridors pour brouiller les pistes et éviter les endroits trop densément peuplés. « Les bureaux se trouvent en-dessous de nous et ne sont fréquentés que par les pontes, c’est-à-dire peu de monde. On aurait des chances de le trouver seul. » Tu croises les doigts pour qu’Amidei se trouve effectivement dans ses appartements, auquel cas la mission sera nettement plus facile – et rapide – que prévu.

Vous descendez au sous-sol, où personne ne semble vraiment faire attention à vous. Tu es vêtu de ton uniforme de garde canonique, ta couverture à Cittàgazze, ce qui te donne un certain passe-droit pour te trouver ici, et le grimoire que tient Zaher dans les mains semble le faire passer pour un simple universitaire. Vous parvenez finalement au bureau d’Amidei, et tu t’arrêtes net pour écouter discrètement à la porte. Tu adresses un signe de tête à ton acolyte pour lui indiquer que votre cible est bel et bien présente.

réussiteAnnule un échec aux dés.

Nil est tel à son souvenir, froid, calme, dans une tenue rouge qu'il porte comme une seconde peau. Il est difficile pour Zaher d'imaginer qu'iels sont des dizaines comme lui, à vivre ces doubles-vies, intégré.es à Cittàgazze jusqu'à en porter l'habit, depuis des centaines d'années. Cet espionnage, cette méfiance et cette haine lui donne le vertige. Lui qui aimerait que le temps n'efface pas les traces du passé apprécierait pourtant que celui-ci adoucisse les rancoeurs.

L'espion connait parfaitement les lieux, rien d'étonnant, et l'archéologue trottine à ses cotés, les yeux baissés. Derrière la porte, la voix de Amidei ne fait aucun doute sur sa présence et après un dernier regard dévasté à Nil, Zaher inspire puis toque à la porte. Le bruit se suspend, puis on lui ordonne d'entrer sur un ton râleur. Adoptant une attitude de pélerin, les épaules voutées, Zaher s'excuse du dérangement, s'arrêtant brutalement dans l'embrasure de la porte. Amidei n'est pas seul. Pire, celle qui l'accompagne est une collègue de l'Università, une pandémonique enseignant la théologie aux séminaristes. "Sem'an, si je m'attendais à vous voir ici. Et qui est votre compagnon ?"

Son coeur trébuche et s'emballe. S'ils ne donnent pas le change, la mission est perdue. S'ils ne donnent pas le change, Nil pourrait tuer sa collègue, dont il connait la famille - mais s'il ne la tue pas, elle pourrait le relier à ce crime à venir. Le sympathisant ne voit aucune issue à ce drame à venir, les mains serrées sur son grimoire comme s'il pouvait à lui seul le sauver. "A vrai dire, Constance, c'était vous que je cherchais... M. Amidei, mes excuses, une affaire pandémonique urgente... Pouvez-vous venir avec moi ?"

Il ne trouve que ce stratagème pour l'attirer, sans savoir si elle mordra à l'hameçon. A ses cotés, Nil est une menace de marbre, qui pourra à tout moment décider d'agir, et damner leurs âmes en échange.