T'étais pas sûr d'avoir ta place pour cette mission jusqu'à arriver dans la cave. Les zutiques ont pour projet de réaliser de faux fragments du subtle knife pour duper les autres factions. T'étais même pas supposé faire partie de l'équipe, mais t'as été trainé dans cette histoire et maintenant il faut que tu ailles au bout. Ça te dérange pas plus que ça à vrai dire. En fait, t'appréhendais un peu de pas servir à grand chose, mais finalement, on t'a bien expliqué ce qu'il fallait faire. Accompagner de Mirra, tu dois verser une potion pour corroder un peu les faux poignards tout juste forgés. T'écoutes bien les instructions, demandant plusieurs fois des précisions. Il faudra être précis.

Plus le temps de se défiler. Tu te mets en place devant l'un des poignard factice et tu commences à verser lentement la potion. Tu es prudent, tu ne voudrais pas briser un poignard, vous n'en avez quatre. Si vous parvenez à tous les préparer correctement, peut-être que les autres factions trouveront l'un de vos fragments et n'y verront que du feu. Il faut réussir à les duper pour pouvoir peut-être trouver le vrai poignard ou sinon semer le chaos tout simplement. Tes mains ne tremblent pas et c'est la langue coincée entre tes dents que tu regardes attentivement la réaction de la lame du poignard au contact de la potion.

Sans doute son ascendance sorcière fait d'elle une idéale candidate pour cette action, et Mirra n'a pas le coeur à expliquer aux zutiques venu‧e‧xs la chercher que les potions ne sont pas son forte. Avant la perte de ses pouvoirs, elle cherchait à voler, à retenir le nom des plantes de Cittàgazze, elle avait devant elle une longue vie pour se plonger dans l'étude des ingrédients et de leurs propriétés magiques. Tout s'était effondré et depuis, il n'y avait plus rien en elle qui pouvait donner vie à une concoction, si ce n'est herbale.

L'idée de falsifier des poignards a toutefois du charme, assez pour réveiller la jeune fille malicieuse qu'elle est, du point de vue sorcier. Ca lui change de ses tenues habituelles aussi, de venir dans cette cave en gros pantalon de toile et en chemise, de porter des gants de protection. Elle se sent un moment chimiste, ou mieux, forgeronne, avec ces poignards qui ne font pas illusion, pour le moment.

Son acolyte est Djinn et elle lui offre un sourire ravi. Elle apprécie toujours de voir occupé‧e‧xs utilement ses protégé‧e‧xs, de les voir s'intéresser aux factions, créant du lien et de l'activité. Elle a vu trop de jeunes mourir, sans travail, sans prospect, sans allié‧e‧xs. Ayant un doux mot pour Orion, elle prend place à ses cotés. "Tu as des mains plus fiables que les miennes, je vais préparer la dose suivante." La cantatrice arrange le poignard suivant dans son creuset et ponctionne la bonne quantité de potion pour que Djinn puisse faire un nouveau petit miracle, le tout en fredonnant.

"Si nous réussissons, je crois bien que j'irais enterrer un de ces fragments dans une cellule de la Tour de l'Est. Imagine la rumeur : "les solmènes ont emprisonné‧e‧x lae porteur‧euse‧x"." Elle vit pour ces moments de chaos, semer la confusion et voir les langues se délier dans l'urgence de réfuter le mensonge.

Mirra prépare la dose suivante que tu verses avec attention sur le poignard factice. Toujours concentré, ton daemon couché calmement à tes pieds, tu veux mener à bien cette première tache. "J'imagine déjà les justifications qu'iels donneront. Ça permettrait de les calmer. On en a marre de ces solmènes de malheur." Ton aversion pour les fanatiques du serpent-ailé n'est pas nouvelle. Tu en veux surtout aux alchimistes. Après tout, si Phantom ne s'était jamais intéressée à votre petit groupe, il n'y aurait pas eu toutes ces tensions. Et puis, il n'y aurait pas eu l'accident avec Harpi. Semer la discorde auprès de la guilde des alchimistes te satisfait pas mal et ça permettra dans le même coup aux zutiques de prendre de l'avance.

Poussant les deux poignards que tu as su corroder correctement, tu récupères le troisième. Tu tends la main vers Mirra pour qu'elle te donne la dose suivante et tu te prépare à réitérer le travail minutieux. Il ne faut pas aller trop vite et répartir uniformément la potion. Tu prends une grande inspiration et tu verses le contenu de la fiole sur la lame. Une fois fait, tu souffles un grand coup. Ça te demande vraiment une grande concentration pour ne pas abîmer l'une des armes. "T'imagines si on cache un fragment dans la Torre, iels auront cherché tout ce temps alors qu'il y en avait un juste sous leur yeux." L'idée te fait un peu rire. Tu sais bien que la chasse au fragment est importante. Cela vous permettrait de reforger le poignard et peut-être de mieux comprendre ce qu'il s'est passé lors de l'Effondrement. T'as vécu à Cittàgazze toute ta vie, mais tu sais que ce n'est pas là que l'humanité pourra grandir. Il vous faut plus de place, plus d'espoir aussi. Et puis tu aimerais découvrir de tes yeux un monde comme la Terre.

Sa proposition recueille l’approbation de Djinn et elle rit librement, restant tout de même concentrée sur son travail. Elle le rejoint ; les solmènes sont partout, dernièrement, surtout là où Mirra aimerait qu’iels s’absentent. La faute peut-être à une plus grande exposition zutique, aux dernières années mouvementées – cela dit, cela fait bien trente ans que tout est chaos dans cette ville. Cela fait partie des risques du métier, alors rendre aux milicien‧ne‧xs un peu de la monnaie de leur pièce, en leur faisant porter le chapeau pour le poignard, rebattrait un peu les cartes.

Iels avancent bien ensemble, et Mirra retient son souffle pour la dernière potion, mais elle a un sourire pour ce nouveau lieu. « Vendu. Toutefois, il faut avoir un moyen pour accéder à la Torre, et ce n’est pas mon cas. » Oh, elle pourrait avoir ses entrées, mais elle est trop célèbre en ville haute pour passer inaperçue. La rançon de la gloire, littéralement, d’être si visible que l’on en vient à l’oublier – mais une action pareille rendrait n’importe qui suspicieux‧se. Griller sa couverture de cantatrice pour une blague – même de si bon goût – serait du gâchis.

« Je crois que nous avons terminé ? Oh, mince. » Pour une raison qu’elle ignore, la réaction ne se passe pas bien sur leur dernier couteau, et elle se permet un contact avec Djinn, une main sur l’épaule et la tête penchée à côté de son visage, pour examiner avec lui l’outil brisé. « Hmm, un mauvais alliage, peut-être ? C’est de plus en plus difficile de se procurer des matériaux de bonne qualité, avec la mine fermée. » Elle ne regrette pas franchement cette fermeture, qui a coupé les richesses solmènes sur ce plan, mais si les analogues ne leur permettent plus de s’approvisionner, il y aura des conséquences, bientôt.

Mirra n’est cependant pas du genre à s’apitoyer sur une erreur : iels ont bien avancé, personne n’osera se plaindre. Claquant ses mains l’une contre l’autre, elle continue d’un ton satisfait. « Bien ! Maintenant, que faisons-nous ? Une petite excursion en Ville Haute, cela te convient-il ? Un beau poignard fiché dans le fauteuil de ton cher paternel, dans son bureau. » Oh, sans doute que les têtes bien faites qui ont lancé cette manœuvre ont d’autres idées sur l’utilisation des poignards, mais la sorcière a son propre caractère, et ses comptes à régler.

T'es plutôt satisfait de votre travail, même si l'un des faux poignards manquent à l'appel. Trois armes factices, c'est déjà une sacré performance. Tu te redresses et essuies la sueur qui s'était mise à perler sur ton front. Faut dire que t'étais plus concentré que jamais pour verser la potion uniformément. Ton application a payé. Les discussions légères avec Mirra te font bien rire, et tu n'es pas le seul. C'est toute la bande de zutique qui se tord de rire à toutes vos idées saugrenues.

Et d'ailleurs, l'une d'elle retient particulièrement ton attention. Ficher un poignard dans le bureau de ton géniteur, ce serait pas un sacré pied de nez ? Tu l'aimes pas beaucoup et le ridiculiser, ça te fait plus qu'envie. Alors t'hoches de la tête à l'intention de la sorcière. Les forgeron‧nes jugent votre travail satisfaisant et vous proposent plusieurs options. Il vous faut cacher un fragment, les autres, c'est elleux qui s'en chargeront.

L'un des zutiques se rapproche de vous et tu l'écoutes attentivement. Il connait un moyen d'atteindre le bureau du chef de la milice. Ça risque d'être dangereux, mais l'idée est trop belle selon toi. Il faut tenter votre chance. Alors tu te tournes vers Mirra, et à voix basse tu lui dis que t'es pour une escapade dans le bureau de Harding. "Je pense qu'on a nos chances. Et puis ça lui fera pas de mal."

C'est décidé, vous partez donc avec votre fragment vers le réseau d'ambarisme de la ville. Il faut vous y glisser discrètement et avancer jusqu'à l'échangeur sous la caserne. C'est donc silencieux que tu t'introduit dans les souterrains, Mirra à tes côtés.

La blague devient sérieuse et Mirra prend un temps pour réfléchir. Elle comprend sans jugement l'envie brûlante de Djinn d'en découdre, comme il peut, avec ce père absent et ce qu'il représente, et l'occasion serait belle de porter un grand coup à la milice, plus que de se contenter d'un‧e‧x sous-fifre, à n'en pas douter. Par contre, le risque aussi est grand, et la sorcière sait qu'un conflit familial peut se résoudre : si on ne lui porte pas trop de coups. "Tu en es certain ?" Elle ne l'en empèchera pas. Si elle lui porte une affection quasi-maternelle, c'est un adulte et c'est à lui de choisir sa voie et ses fardeaux.

Les souterrains l'opressent, elle pour qui c'est la première fois, et elle examine ces installations anciennes - et pourtant récentes - avec un oeil admiratif. "La technologie fait peur, tu ne trouves pas ? Je suis pour le progrès, le changement, mais tout ceci est ... froid." Même cittadine depuis trente ans, Mirra conserve ses racines, celle des montagnes, celle de la ruralité et de la nature. Il y a des valeurs qu'elle ne perdra jamais. Bien entendu, elle chuchote, consciente que ce métal est fourbe et porte les paroles plus loin que l'écho de la pierre.

Ce n'est pas ses mots qui les font surprendre, mais une patrouille inopinée de noénautes dans les souterrains. Heureusement, Mirra les entend arriver et attire Djinn dans une minuscule alcôve, bien serré‧es, lui intimant le silence le plus complet. Elle reste tendue alors que les gardes s'approchent, mais leur immobilité et l'éclairage imparfait des lieux - belle ironie pour une centrale - joue en leur faveur, et le chemin se libère. Avec un soupir, Mirra se dégage avec un sourire d'excuse pour le jeune Grimaldi, mimant une bouche fermée. Il y a plus de danger qu'elle ne croyait ici.

Tu hoches de la tête. Pour toi, ta relation avec ton paternel ne pourra jamais être ce qu'elle devrait. Il ne connaissait pas ton existence et il est abject. Tu détestes tout ce qu'il représente. Tu ne veux pas apprendre à le connaître. Et peut-être que tu devrais être un peu plus modéré, mais tu peux pas t'en empêcher. Tu l'aimes pas, tu veux lui faire payer comme tu peux les actes de toute la milice solmène. Alors t'hoches de la tête et vous vous aventurez dans ces souterrains qui te mettent mal à l'aise.

C'est sombre, humide et ça te fait mal à la jambe. "Froid, c'est le mot. L'ambarisme est utile, mais le réseau n'est même pas vraiment efficace, tous‧tes n'ont pas le droit d'en profiter." Et tu te rappelles du blizzard et de ce froid à t'en geler les doigts. Tu te souviens du manque de moyen de se chauffer. Tu préfères ne pas y penser et avancer le plus vite possible vers l'embranchement qui vous permettra de remonter dans la caserne.

Du bruit, une patrouille. Mirra t'attrape et vous vous pressez dans une alcôve pour ne pas être vu. Tu retiens ton souffle et attends sagement qu'iels soient passé‧es. Tu jettes un coup d'œil, tu ne les vois plus, ne les entends plus. Un signe à la sorcière et tu reprends le chemin. Plus loin, il y a enfin l'échangeur où vous pouvez retrouver la caserne. "C'est là qu'il faut qu'on remonte." Tu grimpes lentement et tu te glisses dans la caserne. Tu te fais discret et tu restes dans l'ombre. Lentement, vous parvenez à vous introduire plus profondément dans le quartier général des milicien‧nes, mais il faut encore que vous trouviez le bureau du chef.

réussiteAnnule un échec aux dés.