i've got a dirty little secret ; antonina x sienna #2

Tu n'avais rien laissé au hasard, rien oublié.
Tu as tout préparé soigneusement : la programmation de la pièce de théâtre par le Munstrum, le dîner intime dans l'alcôve de la Casetta Leoni (et être certain qu'Andrea ne sera pas là) et puis les petits cadeaux pour lui plaire. Au moins ce n'est pas au Serpent-Ailé que tu dois faire des offrandes cette fois.

Tu es bien sûr tiré à quatre épingle aussi. Le costume est pimpant, s'offrant une seconde jeunesse sous les mains d'un.e couturier.e de talent. Et puis, cette fois, tu as même demandé à ton adelphe de t'aider à nouer la cravate. Tu te donnes l'impression de ressembler un peu à ton père sur les photos jaunies d'autrefois que tu as déterré lorsque ta mère s'est éteinte. Tu as ses yeux. Tu le sais bien.
Tu t'es même coiffé, disciplinant la tignasse rebelle.

Et tu as la coeur qui bat la chamade à l'idée que dans quelques minutes, elle traversera le pas de la porte. Elle te retrouvera, plus vraiment en tant qu'amie. En un peu plus que ça. En tellement plus que ça. L'âme est au bout des lèvres et tu as le vertige tant tu as l'impression d'un rêve éveillé. Tant tu as l'impression que ce n'est pas vrai. Tu as beau te pincer, tu peine à réaliser, à l'enregistrer.
Tu as l'impression qu'en un instant tout pourrait s'écrouler, s'effondrer.

Tu ne veux pourtant pas te réveiller. Tu ne veux pas qu'on t'arrache à cette réalité où vous pourrez être beaucoup plus, tellement plus. Et si ce n'est qu'un essai, c'est le début d'un peut-être qui te frise, te défrise. Les nuits t'ont bercées de mille scenarii où tout se passait bien ~~ou mal~~. Les fantasmes t'ont donnés des espérances et tes chances. Et tout se doit d'être parfait. Tout se doit d'être comme tu l'as imaginé. Tu n'autoriseras rien d'autre. Tu ne veux rien d'autre.

Et tu fais les cent pas devant la porte. Tu l'attends tellement fort. Tu l'as rêvé si fort.
Enfin, elle traverse le cadre, pénètre dans la Casetta et tu souris doucement : "Anto-Antonina. Et puis tu suspends ta voix en voyant son état, son visage rongé par les cernes. Le sommeil s'est tiré, tu le devines. Et tu t'avances déjà vers elle et tu demandes, très, trop médical : de-depuis combien de temps ? Dans les yeux clairs, un milliers de questions. De-Depuis combien de temps tu n'as pas do-dormi ?" Et la sévérité de l'alchimiste médicale lui interdit de te mentir alors que tu attrapes ses mains, l'amenant doucement vers le canapé pour qu'elle s'y assoit. Sa maigreur fait accélérer les rythmiques de ton coeur aussi.

Tu en es sûr et certain ; si toi tu as rêvé, elle, elle a cauchemardé. Ou le sommeil l'a déserté, abandonné.
Et tu chasses la pensée que tu en es peut-être la raison.

i've got a dirty little secret
Sienna & Antonina

Tout aurait pu être idéal.
Tout aurait dû être parfait.

Antonina sait, sans aucun doute, qu'il a tout préparé, tout orchestré du début à la fin. Elle le connait sur le bout des doigts, du moins, elle le croit - sûrement que Sienna l'amoureux est tout de même un peu différent de Sienna l'ami d'enfance. Et en temps normal, la curiosité l'aurait grignotée, titillée jusqu'à ce qu'elle le découvre dans ces nouveaux atours.

Mais rien n'est normal.
Elle ne dort presque pas.
Les repas sont maigres, l'appétit enfui.
Les nerfs sont à vif, sensibilité exacerbée.
Le calme habituel éclaté au sol, le verbe acide.

Elle en oublie presque la date de leur rendez-vous alors qu'elle rentre chez elle, et prie pour gagner un peu de repos, un peu de clarté pour traverser le lendemain. C'est comme si, d'un coup, d'un seul, le chemin qu'elle suivait si religieusement depuis son enfance avait disparu. Comme s'il se jetait dans le précipice.

« Tu n'as pas rendez-vous avec le fils Leoni, ce soir ? » Demande Bronya, désapprobateurice de la voir somnoler dans le canapé du salon plutôt que de se préparer pour un rendez-vous important (et Antonina n'est pas aveugle aux raisons qui qualifient Sienna comme un parti intéressant pour Bronya). « J'allais justement me préparer » Le corps peine à s'extirper de sa position, les articulations grimacent et grincent de fatigue. « Et n'oublie pas de cacher ces cernes, tu vas lui faire peur. »

« Anto-Antonina. » Elle cligne des yeux en voyant son visage se décomposer de la joie au sérieux. Elle avait pourtant fait un effort pour tout dissimuler, souffle la déception au creux du coeur parce que, maintenant, elle sait très bien à quel Sienna elle fait face et ce qui va se passer.

« De-depuis combien de temps ? De-Depuis combien de temps tu n'as pas do-dormi ? »

« J'ai dormi hier, glisse-t-elle en moitié de vérité. Puis devant le regard qu'il lui jette, elle soupire : Ca fait plusieurs semaines que je dors mal mais ça a empiré. » Parce que ça la bouffe un peu plus tous les jours - au fil des nuits peuplées de cauchemars et de ses propres monstres. Au fil des questions qui pourrissent ses journées. Jusqu'où doit-elle aller ? Jusqu'où peut-elle ? Pour quelles raisons a-t-elle fait tout ça si les mondes doivent tous s'effondrer ?

Et, surtout, parce qu'elle n'a personne à qui se confier, à qui en parler.

Ni à Sienna, son meilleur ami, qui ne la verrait plus pareil.
Ni à son dieu dont le retour la hante d'incertitudes.

« Ca va aller, Sienna - on peut aller au rendez-vous » insiste-t-elle et pourtant, Antonina s'accroche à ses mains comme à une bouée salvatrice, ses pas calquant les siens, quoiqu'avec une lourdeur qui n'est pas familière de la rythmique habituelle. « Tu as tout préparé, on devrait y aller. » Elle ne veut pas tout gâcher, ruiner la soirée alors elle refuse de s'asseoir, reste résolument debout. Serpent Ailé, elle sait que si elle s'installe dedans, il faudra utiliser l'alchimie pour l'en déloger tant elle est fatiguée.

knowledge is carnage.
you can’t have it without sacrifice.

L'œil est acéré, habitué aux mensonges des patient.e.xs.
Ce n'est plus les pupilles pleine d'amour et de tendresse que tu portes sur elle, c'est ce regard cartésien, de celui qui soigne et qui fera tout pour apaiser le moindre maux. Réparer les vivants, c'est plus qu'un métier, c'est une raison de vivre. Même si tu sembles toujours plus t'en éloigner à chaque goutte de poison dilué, à chaque meurtre commis.

Mais tu n'es pas là pour ça alors que tes paumes couvrent les siennes, que tes yeux s'ancrent aux siens. « J'ai dormi hier, et tu devines qu'elle ne dit pas toute la vérité, qu'elle ne glisse pas tout ce qui se passe. Ca fait plusieurs semaines que je dors mal mais ça a empiré. » Et tu le vois bien à la couleur de ses cernes que le maquillage ne parvient pas vraiment, pas tellement à camoufler. Doucement, ta main monte à son visage, chasse l'anti cerne du pouce. " T-Tu au-aurais dû ve-venir a-avant." Pas de jugement, juste de la douceur, du chagrin qu'elle soit allée si loin, qu'elle ait eu si mal. "J-Je ne t'au-aurai pas lai-laissé sou-souffrir." Là, le noir violacé de ses cernes est plus vivace, plus tenace. Et tu l'attires dans les escaliers, en chemin vers ton propre atelier ; là où les vies sont sauvées ou ajournées. Là où mensonges et vérités se tissent.

Et puis elle tente bien de te retenir, de s'en tenir au programme convenu d'un : « Ca va aller, Sienna - on peut aller au rendez-vous ». Et tu fais non de la tête, tu refuses. Pas quand elle est comme ça. Pas quand tu peux l'aider à aller mieux. « Tu as tout préparé, on devrait y aller. » Et tu lui souris doucement, faiblement, amèrement : " Tu es p-plus im-importante que toutes les soi-soirées. Tous les mo-mo-moments qu'on pou-pourra par-par-ta-tager on les par-par-tatagera." Comment peut-elle penser qu'un diner et un spectacle sont plus importants qu'elle ? Comment peut-elle envisager qu'elle ne soit pas ta première priorité ? Tu en veux parfois à sa famille de lui avoir mis toutes ses idées dans la tête. Tu en veux souvent à saon parent.e de ne pas l'aimer assez, de la délaisser, de ne pas lui dire qu'elle est assez. Parce qu'Antonina est tout pour toi.

La paume serre sa main plus fort, tirant la porte. L'air est frais dans l'espace soigneusement rangé, millimétré. Des plantes sèchent à leur place, les pas te ramènent vers le bureau de bois, dégageant un parchemin et tu l'invites à s'asseoir à tes côtés : " T-Tu fais des cau-cauchemars ?" Pour savoir à quel point tu dois doser les potions. Et puis tes yeux l'interrogent et demandent : "E-Est-ce que c'est ce ren-rendez-vous qui a pro-provoqué ça ?" Tu as le coeur au bord des lèvres, la voix qui chevrote, tremblote à la pensée que tu as pu lui imposer ça. Qu'elle puisse ressentir ça. " Ou c'est au-autre cho-chose ? Tu demandes en douceur, en lenteur. Tu ne cherches pas à la forcer à parler ; vous avez tou.te.xs vos jardins secrets. Et tu viens habilement cacher un carnet sous un livre que tu déplaces. T-Tu sais que tu peux t-tout me di-dire, je se-serais tou-toujours de ton côté." Parce que pour toi, dans les guerres de pouvoir, dans la rivalité, dans l'inimité entre Antonina et sa cousine, tu as fait ton choix. Il n'y a même pas à y réfléchir, malgré l'affection que tu as un jour porté à Astrid, il ne reste qu'Antonina mille fois.

"I-Il n'y a d'ai-ailleurs qu'un cô-côté à mes yeux, tu lui susurres un peu complice dans le sourire. Comme un tendre secret. Et c'est le t-t-tien." Celui de l'amie de toujours, celui de l'amante en devenir. Et la nuit est tendre à travers la fenêtre ouverte, elle vous couvre de ses ailes.

i've got a dirty little secret
Sienna & Antonina

tw mention de meurtre

« T-Tu au-aurais dû ve-venir a-avant. J-Je ne t'au-aurai pas lai-laissé sou-souffrir. » Sous la caresse du pouce, doucement, lentement, le corps se détend. « Tu m'aurais alitée et on aurait décalé le rendez-vous, elle sait comme il y tient à ce rendez-vous, l'alchimiste sait comme elle-même a eu de la curiosité sur elleux, sur cette relation qui étend ses ailes timidement. Elle n'a pas à ramener ses propres drames, ses propres erreurs - alors d'un ton désinvolte, la plaisanterie est lâchée sur un demi-rire : En plus, en l'apprenant, Bronya se serait agacé·e·x. » Depuis le temps que le rendez-vous est attendu, espéré par iel ; Antonina est même sûre que Bronya est déjà allé·e·x voir l'adelphe de Sienna, au moins une fois, dans l'optique d'un rendez-vous arrangé.

Il l'entraîne doucement, et elle sait déjà où il veut l'amener. Où elle ne veut pas aller. Déjà, les réflexes d'alchimiste médical de Sienna prennent le dessus, effacent l'homme au profit du médecin. « Tu es p-plus im-importante que toutes les soi-soirées. Tous les mo-mo-moments qu'on pou-pourra par-par-ta-tager on les par-par-tatagera. » Un soupir s'échappe, et avec lui, les mots enlacés de tristesse et de culpabilité : « Pardon, Sienna. Moi aussi, je voulais partager ces moments avec toi. » Parce que c'est elle qui gâche tout, n'est-ce pas ? Sienna avait tout prévu, comme toujours. C'est elle qui a loupé le coche, comme toujours.

Quand le Leoni se dirige vers le bureau, elle reste plantée debout, au milieu de l'atelier, avec l'idée que, peut-être, iels auront encore le temps d'accomplir le programme prévu par Sienna. « T-Tu fais des cau-cauchemars ? » Elle acquiesce, précise que c'est aussi ce qui la réveille en pleine nuit et l'empêche de se rendormir ensuite. « E-Est-ce que c'est ce ren-rendez-vous qui a pro-provoqué ça ? » « BIEN SUR QUE NON ! » L'exclamation outrée part seule, comme un coup de feu, et Antonina rougit - fait incongru et inhabituel chez la Solmène. « Bien sûr que ce n'est pas le rendez-vous, répète-t-elle, plus bas, gênée par l'éclat de tantôt : moi aussi, j'ai envie de ce rendez-vous. »

« Ou c'est au-autre cho-chose ? » Et elle pâlit brusquement, brutalement. Toute la chaleur de ses joues s'échappe, se barre alors que le regard se plombe, tombe au sol. La posture toute entière, fruit de son éducation, semble se déglinguer, des épaules basses aux poings serrés. « T-Tu sais que tu peux t-tout me di-dire, je se-serais tou-toujours de ton côté. I-Il n'y a d'ai-ailleurs qu'un cô-côté à mes yeux. Et c'est le t-t-tien. » Un chuchotement hésitant est sa seule réponse : « Je - pas pour ça, Sienna ... » Parce qu'elle-même n'est pas de son propre côté, elle vacille d'excuse en excuse sans jamais trouver une explication satisfaisante. Sans jamais rien trouver qui l'excuse à ses propres yeux, alors comment espérer que Sienna ne la rejette pas ? Comment espérer qu'il ne la fixe pas avec dégoût alors qu'elle ne voit que le sang sur ses propres mains ? « Tu vas me détester ensuite. » Le souffle est tremblant, la lèvre mordue. Comment préserver le cocon protecteur de leur affection si elle le salit de ses aveux ? « J'ai fait une bêtise, Sienna - un rire étranglé lui échappe devant l'ironie de ses mots : Quelque chose que je ne peux pas corriger. »

Elle qui se bat pour les vivant·e·xs.
Quelle ironie cinglante d'avoir causé la mort.

knowledge is carnage.
you can’t have it without sacrifice.

Et elle a raison, Antonina ; tu l'aurais condamné au repos, ~~attachée à un lit~~.
Et la pensée fugace, déjà partie, laisse une trainée rougissante sur tes joues. Des envies dont tu n'as jamais eu l'habitude, dont tu caresses les reliefs, un peu intimidé, tellement gêné. Tu te pensais immunisé, intouchable par ces pulsions que tu n'as jamais éprouvé envers personne. Jusqu'ici. Jusqu'à elle. Et plus, tu avances, plus tu te rends comptes que quelque chose s'éveille en toi. Plus tu réalises les envies qui te grignotent, chuchotent tout ce que vous pourriez faire, tout ce que vous pourriez être. Est-ce que t'as peur ? Trop pour lui en parler. Est-ce que tu veux quand même y aller ? Tu en as besoin. Désespérément. Violemment. Parce que t'y crois, en toi, en elle. En ce vous si doux, si timide, si malhabile.

Et tes doigts s'enlacent plus forts au sien lorsqu'elle parle de saon parent.e : « Pardon, Sienna. Moi aussi, je voulais partager ces moments avec toi. » Et le coeur enfle d'un malaise, d'un mal-être pour l'alchimiste, cette amie de toujours. Parce que tu sais comme Antonina est tellement mais n'est jamais vraiment assez aux yeux de Bronya. Parce que tu comprends que tout son être est meurtri, tailladé grossièrement. Parce qu'Antonina, en tant que personne, n'est jamais une priorité. Son potentiel est ce qui obscurci tout. Ce qu'elle peut apporter est la seule chose à compter. Tes dents se serrent, tes mains sont plus chaudes sur les siennes et tu te retiens à peine lorsque les mots se taisent alors qu'il faudrait les hurler, lui gueuler : Qu'iel aille se faire foutre.

Quand on est pas capable de regarder sa fille s'enfoncer, dans les cauchemars, sans trembler, sans s'inquiéter, on ne mérite pas d'être appelé.e parent.e.

Et puis tu n'as rien à lui apprendre, à exprimer. Toi-même, tu t'entêtes à l'appeler Maman, cette femme qui ne le mériterait pas. Toi-même, tu rêves d'être aimé, regardé. Toi-même, tu t'es pas défait de ce gamin voulant une famille. Alors comment lui en vouloir ? Comment ne pas savoir ? Alors que vous restez, ici-bas, enfant.e.xs esseulé.e.xs, incapables d'être assez et rêvant d'être choyé.e.xs, adoré.e.xs. Tu comprends, tu sais alors tu ravales le sel des drames, les blessures chaudes et fuyantes. Tu souffles un simple : " Iel n'a rien à dire." Et le défi dans tes yeux s'inscrit ; que Bronya ose te défier, iel saura te trouver. Et pas sûr que cette fois, tu te laisses faire. Pas sûr que le dénouement soit celui attendu.

Vos mains se quittent un instant et est-ce que tu as le droit de dire que tu as déjà si froid sans elle ? Il y a comme un clou au coeur alors que les mots quittent ses lèvres : « Pardon, Sienna. Moi aussi, je voulais partager ces moments avec toi. ». Tu déglutis difficilement alors que tes yeux l'interrogent, des points d'interrogation suivent. " M-Mais pour-pourquoi tu t-t-t'ex-excuses ? C-Ca ne veut p-p-pas di-dire que nous n'au-aurons pas d'au-autres ren-rendez-vous. C-Ca veut ju-juste di-dire qu'on re-reporte. Un silence, une seconde de réflexion. T-Tu ne vas pas b-bien, Nina. E-Est-ce que vrai-vraiment tu en pro-profiterais alors que tu n'es pas en é-é-état ? " Tu fais appel à sa logique, à ce qui lui reste de cartésien. Parce que tu sais qu'Antonina est pragmatique, mathématique. Parce que tu sais que les sentiments ne sont pas son fort mais qu'elle est raisonnée, raisonnable. Après tout, c'est la réalité qui vient vous fracasser, vous exploser ; la pierre ne va pas bien et s'enfonce de plus en plus loin dans l'insomnie. Elle n'est déjà plus que l'ombre d'elle-même.

Et alors que tu évolues dans l'atelier de ta maison, faisant craquer le parquet sous tes chaussures parfaitement lustrées. Elle reste à sa place, elle, qui a pourtant si souvent pénétrer ton antre. Elle ne semble plus savoir quoi faire, qu'en faire alors que tu t'installes à ton bureau. Elle acquiesce à la première question et tu traces déjà en douceur le cercle alchimiques sur le bois usé, malmené. Les cauchemars la malmènent, l'écartelant, la tuant à petit feu. La pensée insidieuse, vicieuse s'infiltre que peut-être tout ça, c'est de ta faute. Peut-être que c'est ce rendez-vous qui a causé tout ça. Peut-être que vous n'êtes pas prêt.e.xs pour ça.

Et elle hurle à ta question, te faisant vaciller, chanceler sous l'éclat. La chaise menace de t'éjecter et tu ne te retiens qu'au bord du bureau. Les yeux s'écarquillent et tu rougis. Tes joues flambent et tes yeux se perdent dans les siens, quémandant de l'attention. Et puis, elle l'avoue ; elle aussi, elle en a envie de ce rendez-vous. De ces papillons dans le ventre. De ces premiers pas maladroits. De ces premiers baisers. De l'amitié qui se transforme en amour. Pas à pas. Secondes après secondes. " M-Moi au-aussi, j-je veux tout ça." Ce n'est pas comme si tu lui avais déjà dit mais il y a comme une envie de le rappeler, de le clamer. Le coeur bat un peu plus vite, il est un peu plus rapide sur sa rythmique d'habitude si tranquille. " J-Je veux de t-t-toi." Tout le temps. En permanence. Dans tout ses états. Dans les peines comme dans les joies. ~~Dans la santé comme dans la maladie~~.

La chaise retrouve pied au parquet. Et Antonina vacille, tu le vois bien. Les couleurs quittent son visage, le nez tombe, les yeux sont au sol. L'onyx se dépare de son éclat et se fissure, tu le sens bien. C'est une autre femme face à toi. C'est une autre personne. Tes yeux ne la quittent pas, tu viens d'ailleurs te redresser, avancer vers elle. Ce n'est qu'un murmure fragile, si sensible sur les brisures de son coeur. Qu'a-t-il bien pu se passer pour qu'elle perde de sa superbe, qu'elle s'englue les ailes ? « Tu vas me détester ensuite. » qu'elle susurre, qu'elle murmure alors que tes mains attrapent les siennes. Tu te fais présence douce, rassurante. Tu quittes un peu le médecin pour redevenir celui qu'elle attend, celui dont elle a besoin. « J'ai fait une bêtise, Sienna. Un rire sardonique la quitte, la mastique et tu sens bien qu'elle ne va pas bien. Quelque chose que je ne peux pas corriger. » Rien ne va bien.

Et tu ne connais qu'une chose qui soit indélébile, infaisable : la mort.
Celle que tu vois danser dans les yeux de tes parent.e.xs. Celle que tu côtoies si souvent. Celle que tu provoques au nom des Traîtres. Le pouce caresse en douceur sa peau, remonte sur son poignet, se perdant dans la manche en douceur pour la rapprocher de toi. Et tu lui racontes un secret au bord des lèvres : " J-Je ne pou-pourrai ja-jamais te dé-détester, Nina." Un petit sourire : c'est une vérité. Tu n'as jamais pensé que la haine prendrait place entre vous. Tu ne lui en as jamais voulu, même quand elle a couru après le succès, la gloire Solmène. Même quand elle fait toutes ces choses en son nom, à ce dieu de pacotille. Même quand on te susurre qu'il faudrait. Que tes ami.e.xs sont devenu.e.xs tes ennemi.e.xs. Qu'il faudrait tou.te.xs les tuer, ne plus t'attacher. Mais t'as toujours eu le coeur trop sensible, trop imbécile pour les délaisser, les abandonner. Et puis tu te dis : il y a peut-être des choses à sauver. " E-Et t-tu au-auras beau co-commettre des a-actes que les au-autres te reprocheront, ja-jamais je ne te ju-jugerai. Ja-jamais je ne t'a-a-abandonnerai." Et encore que la morale solmène se froisse pour un rien. Que rien n'est vraiment irréparable pour celleux qui traversent les portes de la Vérité. Pour celleux qui s'entêtent à jouer aux déités.
Pour celleux qui vous détruiront. " J-Je te l'ai d-dit, pro-promis, j-je suis de ton côté. Qu'im-importe ce qui arrive. Qu'im-importe si ce mon-monde s'e-e-effondre. Qu'im-importe si je dois te le di-dire tous les jou-jours."

Les doigts se serrent un peu plus autour de sa peau, imprimant une marque tellement tu es sérieux. " J-Je te le ré-ré-répéterai jusqu'à ce que t-t-tu me crois." Tu promets, jures qu'il n'y aura rien pour vous séparer, rien pour exiler la tendresse que vous vous portez. Rien ne te fera l'abandonner. " E-Et j'a-abandonnerai tout pour t-t-toi.", tu lui susurres en posant ta tête dans son cou, en embrassant à peine sa clavicule. Il faut qu'elle comprenne que tu resteras. Il faut qu'elle sache que rien ne te chassera.

"A-Alors, Antonina, n'aies pas p-p-peur, je ne te ju-jugerai pas." Et qui es-tu pour ça ? Comment oserais-tu alors que tu as tant glisser dans les ombres, alors que ton existence est devenue un mensonge ? " Per-Personne ne le peut. Même pas la Grande Prêtresse." Qu'elle aussi elle essaie. Tu seras là pour qu'elle suive le chemin de saon prédecesseur.euse si cela devait être une nécessité. Les poisons peuvent se diluer dans tout et une autre faction pourrait porter le chapeau dans un battement de cils. " T-Tu es en sé-sécurité à mes cô-côtés." Et cette nuit vous appartient alors qu'en pluie d'étoiles douces, tendres, tu réchauffes la ligne de son cou de baisers. Tu la ramènes de ton contact chaud à tes côtés ; là où les cauchemars et les drames se meurent. Là où tu leurres bien des âmes. Peut-être même la sienne. " T-Tu es en sé-sécurité dans mes b-bras." Tu lui promets, lui jures ; même si tu n'es pas assez, même si tu es faible, tu as envie d'être son asile, cette terre d'accueil tendre que rien ne peut atteindre, éteindre. Alors que ses tourments se taisent et se tuent, tu es là pour les prendre, pour les apprendre. Tu es là pour elle. Et tu seras toujours là, n'est-ce pas ? Tu ne pourras jamais t'éloigner, la délaisser. Tu ne pourras jamais l'oublier.

Tu ne peux que l'aimer.

i've got a dirty little secret
Sienna & Antonina

tw mention de meurtre

« J-Je ne pou-pourrai ja-jamais te dé-détester, Nina. » Dit-il et, sans doute pour la première fois, elle n'est pas sûre de le croire. Elle déteste tellement ce qu'elle a fait. Elle se déteste tellement. Mais elle se disait que c'était pour le plus grand bien, que c'était le chemin de la salvation, de la raison. Et maintenant, après Charon, après Eluard - il ne reste que des cendres de ces raisons et de ces explications qui la maintenaient encore debout. Maintenant, il ne reste que des convictions en châteaux de cartes effondrés, balayés par l'adversité.

Maintenant, il ne reste plus rien.
Elle a fait tout ça pour rien.

Et pourtant, elle veut le croire quand il dit « j'a-abandonnerai tout pour t-t-toi. » Elle veut croire que, le crime avoué, il sera encore à ses côtés. « T-Tu es en sé-sécurité à mes cô-côtés. T-Tu es en sé-sécurité dans mes b-bras. » Et un frisson glisse, s'étire - fait ses griffes sous la douceur des lèvres de Sienna sur sa peau.

Doucement, les doigts remontent le long des bras et la Tivoli vient l'enlacer, le serrer contre elle. Ca a un air lourd de désespoir, de naufragé.e.x agrippé.e.x à sa planche de secours. Ca a la saveur douce amère des adieux quand ses mains viennent prendre en coupe le visage doux, tendre de Sienna. Quand les lèvres viennent se presser aux siennes, à peine, pas vraiment sereines - comme si elle lui volait un peu de douceur avant le couperet final.

« Sienna, tu es sûr ?, souffle-t-elle, baiser rompu, front contre front. Les yeux se ferment, s'échappent au monde, à lui - à ce jugement qu'elle craint tellement. Puis elle murmure, à peine audible, comme un dernier soupir, comme un aveu sur le lit de mort : J'ai tué quelqu'un, Sienna » Parce que c'est ce qu'elle signe, non ? La mort de leur amitié, la mort de l'affection profonde qui les lie. Il a promis, mais face à ça, est-ce qu'une telle promesse peut survivre ? « Et je ne sais pas quoi faire, je ne veux plus le faire - pas pour ça, pas pour rien. » Le Poignard auquel elle a dédié sa vie est un terrible mensonge, une théorie faussée depuis le début. Elle s'est fourvoyée, égarée : elle ne sauvera pas sa famille avec Lui, elle ne repeindra pas la prospérité de la Cité des Cimes à travers les failles. Le long de la joue, une unique larme coule : « Ce que Charon nous a montré, et elle frissonne, d'horreur cette fois : je ne veux pas le faire. Pas à ce prix-là. » Et elle a peur, tellement peur qu'on l'exige d'elle en tant que pierre. Peur de la culpabilité, peur des cauchemars. Peur du silence poisseux qui succède aux cris.

« Dis-moi, Sienna, qu'est-ce que tu ferais, toi ? »

knowledge is carnage.
you can’t have it without sacrifice.

D'abord, la surprise puis un sourire qui pourrait engloutir le soleil tant la chaleur t'envahit.
Tu es d'abord, un peu étonné, un peu questionné lorsque ses doigts longent ta peau, lorsque vos corps se rapprochent. Le coeur s'enquille, s'électrise lorsque tu la sens si proche. Pas qu'Antonina n'a jamais été dans tes bras mais pas comme ça. Pas avec ces intentions là ; dans l'émotion qui te parcourt, dans un début de douceur amoureuse, heureuse. Boum, boum, boum, dans tes oreilles, dans ce sang qui pulse à même tes tympans. Et t'entends qu'elle, tu ne vois plus qu'elle. Un sourire un peu timide, un peu lâche dans cet espoir indocile, tellement imbécile, qu'elle t'embrasse, qu'elle t'aime aussi comme ça. Ses mains trouvent ton visage, vos yeux se perdent les uns dans les autres, t'es tellement fébrile. Et ce baiser, ce baiser t'en a tellement rêvé. Alors tes mains redescendent, attrapent les hanches, la serrent plus forts à toi.

Si cela doit avoir un goût de désespoir, d'adieux. Si cela doit être la première et la dernière fois, tu veux tout avoir. Et tu veux l'avoir pour toi. Lentement, puissamment, alors que la bouche s'entrouvre, que la langue vient chercher sa comparse. Une main quitte sa hanche, file, file dans sa course pour rejoindre son dos puis sa nuque. Boum, boum, boum, que rien n'arrête cet instant.

Antonina cherche pourtant à se dégager, à te filer entre les doigts. Et t'as jamais été le genre à forcer quoique ce soit, qui que ce soit alors tu la libères, les joues rouges, le coeur battant à tout rompe. Ca a un goût de revient y encore et de désespoirs entrelacés avec la sensation que tu vas la perdre, que vous allez vous perdre. Et tu veux pas, t'es pas prêt. T'as encore tellement, tellement, tellement besoin d'elle. T'as encore trop peu d'elle sur tes lèvres, dans tes rêves.

Front contre front, respiration contre respiration, tu traces du bout du pouce des doux arcs de cercle. Tu te calmes, elle n'a pas besoin de tes hormones en ébullition et de ce corps qui s'éveille enfin à l'amour. Elle a besoin du Sienna doux, compréhensif. Elle a besoin de cet ami-amant, elle a besoin de bras aimants. « Sienna, tu es sûr ? Un oui de la tête, un autre effleurement de lèvres pour lui susurrer que oui, oui, oui, tu veux tout d'elle. Tu aimes tout d'elle. Depuis le premier jour. Jusqu'au dernier jour. Et puis, enfin, elle le dit : J'ai tué quelqu'un, Sienna. » Tu prends un temps, un moment pour réaliser l'ampleur de ses mots. Les yeux s'agrandissent, s'écarquillent face à elle. « Et je ne sais pas quoi faire, je ne veux plus le faire - pas pour ça, pas pour rien. » La larme roule sur son visage et ta main dévie pour la chasser en douceur, en lenteur. Tu écoutes et tu es prêt à tout entendre. « Ce que Charon nous a montré, je ne veux pas le faire. Pas à ce prix-là. » Un frisson d'horreur en repensant à cette scène, à cette personne - parce que toute coquille vide qu'elle était, c'était une personne (avec une famille, des ami‧e‧xs, des proches à aimer), dévorée dans le rituel. L'effroi t'a tellement parcouru et t'aurais voulu en vomir tes tripes. Jusqu'où irez-vous ? Jusqu'à quel sacrifice faudra-t-il consentir avant qu'iels se détruisent et cette ville avec iels ? « Dis-moi, Sienna, qu'est-ce que tu ferais, toi ? », qu'elle demande, qu'elle souffle.

Et la question te gonfle le coeur : l'espoir est là, l'espoir qu'Antonina n'a pas sombré avec le reste de la secte. Tu repenses à toutes les discussions avec Andrea, aux promesses mille fois soufflées de ne rien dire. De ne rien lui dire à elle. Iel t'a demandé de lea laisser faire. Iel t'a demandé la patience. Même si tu dois t'en mordre le poing. Même si tu dois sombrer et écarteler sur la place publique. C'est aussi pour la protéger, pour ne pas la faire chuter avec toi.
Mais t'es fatigué de te cacher.

Tu es fatigué de ta propre anxiété.
Alors doucement, tu susurres, murmures à Antonina : " J-Je leur di-dirais n-non. " Tu les enverras au feu, tu ne les laisseras rien te prendre de ton humanité, de ce que tu as juré de protéger. Le coeur bat et tu fermes un instant les yeux : Pardonne-moi, Andrea.

Une inspiration profonde, violente : " I-Il ex-existe des per-personnes qui se bat-battent contre ça, contre elleux. Un frisson d'horreur de se dire que tu la mêles à ça, qu'elle ne sera plus jamais innocente. Qu'elle saura le sang sur tes mains. Qu'elle comprendra ce que tu fais dans cet atelier. I-Il y a des per-personnes pour leur di-dire n-non. N-Non à tout ce gâ-gâchis. Non à t-t-tout c-ce qu'iels veu-veulent : la des-destruction, la fi-fin. Par-Parce que c'est ce qu'est de-devenu no-notre cam-camps, An-Antonina. " Les mots te manquent et tu aimerai avoir la verbe de ton adelphe. Iel est tellement plus doué‧e pour recruter, susurrer des mots doux aux âmes à recruter, enjoliver la réalité que vous vivez. Parce que c'est une vie sur le fil, une vie de risques, une vie où ce secret peut vous tuer. " N-Nous nous ba-battons pour que le poi-poignard ne soit plus ja-jamais re-reforger. N-Nous nous ba-battons pour que la pie-pierre phi-philosophale ne soit qu'un loin-lointain sou-souvenir par-parce que le prix à pay-payer est bien trop g-g-grand. Pa-Parce que nou-nous so-sommes prê-prêts à pu-punir, sé-sévir et dé-déferler sur la Torre Degli Angeli, telle une ma-marée hu-humaine. Par-Parce que nous ne nous re-reconnaissons plus dans nos a-adelphes d'hier. " Un silence, doux, les yeux se ferment et tu poses ton front sur le sien un peu plus : " Nous so-sommes les Traîtres. " Et le coeur remonte un peu dans la poitrine : est-ce que cette fois, c'est toi qu'elle va détester ? Est-ce qu'elle ira te dénoncer à la milice ?

Tu penses au regard plein de déception de Dragon. Tu penses à combien monsieur Harding te fait peur. Tu sais qu'iels seront sans merci. Tu sais qu'iels voudront t'extorquer tous tes secrets et t'es paré, préparé : une fiole de poison cachée dans un médaillon pendue à ton cou. Tu le prendras, t'enterreras tes secrets dans la tombe. " E-Et ce n'est pas de t-ta fau-faute, Nina. T-Tout ça, ce meur-meurtre. Un autre baiser doux, léger pour l'en assurer. C-C'est cet-cette so-société, la fa-façon dont nous a-avons été é-éduqué‧e‧xs : la vénération autour de ce dieu d'enfer et de rien, l'idée qu'il faut pour-poursuivre le pou-pouvoir à tout p-prix. A n'im-n'importe quel prix. Un soupire : la vé-vérité, la v-vraie, c'est que la v-vie hu-humaine n'a pas de p-prix. En tant que médecin, tu ne peux pas l'envisager, le regarder autrement et tu feras tout, absolument tout, pour sauver ce monde. Re-Regarde ce qu'i-iels ont faits de ta cou-cousine, une amertume danse sur la langue en pensant à Astrid. Re-Regarde dans qu-quel état iels te met-mettent. Et iels t'en de-demanderont tou-toujours plus. " C'est une certitude dans ta voix si douce, si fragile, si timide à son habitude. C'est un serment : les Solmènes prendront encore et encore, jusqu'à vous laisser en coquilles vides. " M-Moi, si j-je prends des v-vies ce ne se-sera que pour sau-sauver le plus grand nom-nombre. C-Ce ne se-sera que pour sau-sauver ce monde. " Tu la laisses deviner, déceler l'évidence, la puissance de la révélation ; elle n'est pas la seule à avoir tué.

Et tu ne dis pas qu'il n'y a pas de culpabilité, que tu n'y penses pas lors des moments de solitude, de quiétude. Tu repenses aux mots tendres, rassurants d'Andrea dans ces moments-là : le choix est bon. Vous faites le bien. Mais il y a quand même cette peur sensible, éclectique : " E-Est-ce que tu m'ai-aimes moins ? " Parce qu'Andrea sait combien de fois tu as failli tout lui avouer, tout lui raconter. Parce qu'iel sait que t'as le coeur trop fragile pour Antonina.
Parce que t'es lasse que les Solmènes tuent et broient celleux que tu aimes.

i've got a dirty little secret
Sienna & Antonina

tw mention de meurtre

« J-Je leur di-dirais n-non. » dit-il et perdue, elle le fixe, cligne des yeux sans comprendre comment. Comment sortir de cet engrenage qui est en train de l'attirer inexorablement vers la fin ? Comment s'échapper de cette cage dans laquelle elle s'est volontairement enfermée ? Comment réparer ses erreurs ?

Comment comment comment ?.

« Et comment dire non, Sienna ? Je suis une pierre - si je n'obéis pas, qui sait ce qu'iels feraient pour que je le fasse quand même. » Elle n'a pas peur de sa propre fin. Mais elle tremble à l'idée qu'on puisse le menacer, lui, ou qu'on menace la famille Tivoli, toute dysfonctionnelle et ruinée qu'elle soit.

Alors il lui parle des Traître‧sse‧xs, il lui parle de ce groupuscule qui, depuis quelques temps, se fait chasser par la milice à travers toute la faction, à travers toute la cité au moindre murmure qui se susurre. « Nous so-sommes les Traîtres. » Soudainement, elle recule d'un pas, se détache de lui. Le corps tout entier se met en mouvement, tourne en rond dans l'atelier - vieille habitude à chaque fois que l'alchimiste est perdue, cherche à faire le tri dans un trop plein d'informations : « Tu savais ... depuis tout ce temps, tu savais, elle murmure. Et elle comprend mieux ses expressions distantes quand elle se jetait à corps perdu dans sa quête du Poignard : Et tu te mets en danger en me fréquentant moi depuis tant d'années. Pourquoi tu fais ça ? » Est-ce qu'il est resté à ses côtés avec une arrière-pensée ? L'idée la fait frissonner si fort que ses bras viennent s'enrouler à elle. « Est-ce que nous, c'était sincère ? Même quand j'ai commencé à convoiter le Poignard ? Ou c'était ... » un mensonge que j'étais la seule à croire ? Elle s'interrompt au milieu de sa phrase, n'ose pas, ne veut pas imaginer la duplicité de Sienna, de son Sienna, son si tendre Sienna.

Est-ce que, sans le savoir, elle a brisé leur amitié et leur affection quelque part sur le chemin de leurs vies ?

Elle secoue la tête. Antonina entend ses mots de réconfort, les mots qui accusent la société, le cadre dans lequel on les éduque depuis l'enfance. Mais ils ne prennent pas racine dans la conscience cruxifiée de culpabilité. « Re-Regarde dans qu-quel état iels te met-mettent. Et iels t'en de-demanderont tou-toujours plus. » « Et je ne veux pas leur en donner plus. » Promet-elle, jure-t-elle. Elle ne veut pas tuer pour le pouvoir, elle ne veut pas assassiner pour la gloire. Ce n'est pas elle. Elle veut se battre pour la vie, pour les vivant‧e‧xs.

« M-Moi, si j-je prends des v-vies ce ne se-sera que pour sau-sauver le plus grand nom-nombre. C-Ce ne se-sera que pour sau-sauver ce monde. » « Tu - » Les mots trébuchent sur la langue, la question périclite sur ses lèvres. Et à la question de Sienna, « e-est-ce que tu m'ai-aimes moins ? » ; elle secoue la tête.

Non, bien sûr que non.

Et cette fois, ses pas la ramènent à lui.
Et cette fois, c'est sur lui que les bras se referment.

« Je t'aime toujours autant. Mais justement, tu aurais dû me le dire. Tu n'aurais pas dû porter ça seul. »

knowledge is carnage.
you can’t have it without sacrifice.

Et puis, il y a ce coeur qui éclate, explosé en mille morceau lorsqu'Antonina recule. Lorsque tu sens la chute. C'est presque un réflexe lorsque les doigts se tendent vers elle, lorsque tes yeux hurlent " restes, s'il te plait, restes ". Mais l'alchimiste est déjà poussée hors de tes bras et il y a son regard. Il y a ce coup à bout pourtant à l'âme : boum, boum, t'es mort. Et elle fait les cents pas, machine logique implacable et imperturbable. Et le flot de ses paroles s'écoule de sa bouche, inarrêtable, insupportable à ton coeur. « Tu savais ... depuis tout ce temps, tu savais, qu'elle souffle comme une accusation, qu'elle enroule comme un fouet venant t'éventrer du nombril à la poitrine. Et tu te mets en danger en me fréquentant moi depuis tant d'années. Pourquoi tu fais ça ? »

Tu ouvres la bouche mais aucun son ne sort, aucun mot ne se dérobe. Est-ce que c'est le stress qui t'étouffe ? Est-ce que c'est ton coeur qui remonte trop fort dans ta gorge ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus. Ton coeur est à l'agonie. Et quand elle enroule ses bras à elle autour d'elle-même, tu fronces des sourcils. Tu te froisses et la sentence tombe : « Est-ce que nous, c'était sincère ? Même quand j'ai commencé à convoiter le Poignard ? Ou c'était ... » Et tes yeux clairs se perdent sur ses pupilles. T'as mal, t'as si mal qu'elle puisse le penser, l'envisager. Qu'elle te voit en menteur. Et si elle t'aimait plus ? Si elle t'envoyait aux flammes ? Si elle ne t'aime plus ? Un frisson se perd et tu fermes les yeux. Tes mains tremblent : qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu lui as fait ?

" An-Anto ... Les mots se tuent au fond de la gorge, étranglé sur les regrets, la culpabilité, balayé par une douleur sourde, une douleur que tu ressens au plus profond de ton coeur. Tu prends une inspiration, une expiration. La cohérence cardiaque ne chasse pourtant pas l'anxiété, la certitude de l'avoir tué, brisé. Anto-ni-ni-ni ... " Il y a les poings qui se serrent, les demi-lunes qu'ils laissent sur la peau alors que de quelques pas, tu gagnes ton bureau. Une feuille vierge sort, l'encre trace son prénom, puis d'autres mots. " Antonina, tu es le seul élan sincère de mon coeur. Les autres disent que je suis faible à cause de toi, de nous. Mais je ne peux, je ne veux pas t'abandonner. J'ai tellement peur pour toi depuis que tu es pierre. J'ai tellement peur qu'iels te tuent et de ne pas réussir à te sauver, toi. Au moins toi parmi ce nid de vipères. Juste toi si je dois faire un choix. " Et tu contournes le bureau, le palpitant en agonie dans ton torse, prêt à se crasher à ses pied. Tu lui tends le morceau de papier et entre tes dents serrées, le souffle est une lutte permanente, une usure sur tes cordes vocales, sur les drames et les larmes : " L-L-Li-i-i-is. " Tu la laisses saisir le papier, le tirer et y lire tes mots alors que tu recules.

Il y a un choix à faire : rester ou partir.
Te soutenir ou te dénoncer.

Au fond, c'est une histoire où le chemin diffère entre t'aimer et t'abandonner. Andrea te l'a répété, sans cesse soufflé, on risque tout lorsqu'on avoue tout. On risque sans doute trop. Et toi, t'as le coeur fragile, si fragile. Tu le sens se briser sous les pas d'Antonina, sous ses questions, sous cette hésitation. Est-ce que ce soir c'est la fin sans que quoique ce soit ait commencé ? Est-ce que c'est pas qu'une course vers le désespoir qui s'annonce face à toi ? Tu sais pas mais tu veux y croire. Tu veux croire qu'Antonina reviendra, restera, te soutiendra et qu'elle t'aimera. Qu'elle t'a toujours aimé pour tout te pardonner. T'as besoin d'y croire pour pas laisser glisser le poison entre tes lèvres. Pour pas tout abandonner.

« Et je ne veux pas leur en donner plus. », qu'elle promet, jure. Et il y a comme un début de libération. Il y a comme un coeur qui se délie. Il y a comme une éclairci, soudainement, violemment. Les ténèbres se lèvent un peu. « Tu - », les mots se chassent et s'entrecroisent ; elle sait, elle a compris. Elle a tout appris de tes mains parcourues de sang, de ses poisons que tu confectionnes et qui se diluent dans quelques boissons ou mets. Et puis à la question, elle secoue la tête. Elle fait non. Non, elle ne t'aime pas moins. Mais est-ce qu'elle t'aime encore ? Parce que tout peut encore changer. Parce que tout peut encore s'effondrer. Parce que peut-être que l'espoir (~~et toi aussi~~) mourra.

Et puis la distance se comble. Antonina te percute de son corps, de ses bras qui t'enferment. Le soupire de soulagement est bruyant, tonitruant. Tellement, tellement, tellement violent. Comme si t'étais en apnée. Comme si t'étais en train de te noyer et elle vient de te sauver, de te tirer de là. Tu sors la tête de l'eau et tu retrouves ta voix. « Je t'aime toujours autant. Mais justement, tu aurais dû me le dire. Tu n'aurais pas dû porter ça seul. » La chaleur de ses mots te réchauffent, t'échauffent et tu viens enrouler tes bras autour d'elle. Tes lèvres viennent doucement aux siennes dans une tendre, une lente reconnaissance. " M-Moi au-aussi. Tu as un murmure contre sa bouche. J-Je t'ai-aime tel-tellement. Tellement qu'elle est l'air que tu respires. Tellement que tu ne veux pas d'une vie sans elle. Tellement que tu ne veux pas la trahir, elle. Non, pas elle. Jamais elle. J-Je ne pou-pouvais pas. P-Pas en-encore. Je t'au-aurai mis en dan-danger et je le fais tou-toujours. " Et c'est peut-être le seul regret que tu as : l'embarquer dans tes secrets, la guider dans le danger. Mais peux-tu lui cacher alors que tout finira, un jour, par éclater ?

"D-Dis, un silence à peine troublé par vos respirations. T-Tu veux bien re-rester ? " Rester pour la nuit ou peut-être pour la vie. Et puis, tu réalises ce que tu lui souffles, ce que tu sembles dessiner. Les joues prennent cette teinte rouge. Elle se diffuse d'ailleurs sur tout le visage, t'entres en combustion. " O-Oh pas p-pour ça ... P-Pour do-dormir en-ensemble, se câ-câliner, vei-veiller sur toi. D'ail-ailleurs, tes po-potions ... " Le rappel te revient soudainement alors que tu te détaches à regrets de ses bras, de sa bouche. Doucement, lentement, tu attrapes la craie, traçant en douceur le cercle alchimique. En son centre trône bientôt une fiole vide, puis à différents points les ingrédients et brutalement ta main vient s'abattre sur le cercle. L'échange est équivalent et bientôt, les fioles se remplissent. Tu te redresses doucement en venant les étiqueter, donnant tes prescriptions. Celle-ci pour le soir, 10 minutes avant de dormir. L'autre pour les repas pour que son estomac tienne la distance. Et une dernière pour des vitamines à prendre chaque matin. Et pourtant, t'es toujours aussi rouge et t'oses pas vraiment la regarder. T'as peur du dégoût de la trahison mais aussi, du sous-entendu que tu as glissé par inadvertance. Tu veux juste la tenir dans tes bras et que ses rêves soient sans nuages, que l'orage s'éloigne. Que ton corps la garde. Et d'une voix timide, tu susurres : " T-Tu as f-faim ? "

i've got a dirty little secret
Sienna & Antonina

Le papier se froisse, les mots sont rangés dans ta poche. Sa détresse te fait regretter les questions, les hésitations. Tu sais comme le stress se traduit chez lui, comme la voix s'éteint quand tout s'affole, quand tout s'emballe. Tu sais comme il étouffe alors tu le prends dans tes bras, tu jures de l'aimer encore. Entre meurtier‧ière‧s, si le salut n'est pas possible, au moins vous serez deux, à jamais deux, pour toujours deux.

Il murmure contre tes lèvres et tu sens sa tendresse anxieuse dans chaque mot. « Shht, ne t'inquiète pas, Amour, ton index vient se poser sur sa bouche, l'intime au silence, à la confiance : Je suis solide, je peux encaisser, même si tu as l'air défaite, même si tu as connu mille batailles perdues, c'est dans l'adversité que tu as fleuri, que tu as grandi : Et tu es là. » Parce qu'avec lui, tu te sens en sécurité. Assez pour lui confier cœur et âme avant de partir à la bataille.

Un sourire se tisse, s'esquisse quand il précise pour quoi il veut te faire rester et tes doigts s'entremêlent aux siens avec douceur : « J'avais compris, tu embrasses ses mains et tu ne peux pas t'empêcher de le taquiner : Mais tu es beau aussi quand tu rougis, il se peut que je cherche à te faire rougir à nouveau quand je serais reposée. » Un baiser est déposé sur chaque joue, là où le rouge est le plus intense, et tu le laisses s'échapper vers son établi, vers la préparation de tes potions. Quand il termine d'étiqueter les potions, tu t'approches à pas lents, plus tranquilles maintenant, et tes bras viennent s'enrouler autour de sa taille tandis que ton nez se niche dans son cou. Il sent bon l'herbe coupée et le savon ; et ça te fait sourire tendrement, doucement dans un baiser innocent sur son épaule : « Allons dîner, tu dois avoir faim aussi. » A nouveau, ta paume embrasse la sienne, alors que tu l'attires vers la sortie du laboratoire.

knowledge is carnage.
you can’t have it without sacrifice.

De ses lèvres accrochées les unes aux autres, il y a cette appréhension, cette détresse qui s'éloignent de quelques pas. Pas tout à fait mortes. Pas tout à fait tuées alors que t'es dans ses bras. Alors que tu la sens si proche de toi. Il y a cette peur, toujours familière, toujours en partenaire éternelle, comme si t'arrivais jamais à t'en défaire. Comme si t'arriveras jamais à y réchapper. La peur, ça garde en vie. Iels le disent toujours. Iels le soufflent sans discontinuer, alors que t'hésites, tu chancelles. Leurs mains se tendent pour te rattraper, pour te garder. Pour te dire que tout ira bien. Pour te souffler que la peur n'est pas un mal.

Même si la peur de la perdre est souveraine. Même si les mots te manquent. Même si tu es plus, bien sûr, d'y croire sans elle. Croire dans le combat qui t'anime. Croire que t'as fait le bon choix. Est-ce qu'il existe un choix qui est bon quand elle n'en fait pas partie ? Est-ce que tu t'es pas juste menti ? T'as peut-être menti, en te regardant droit dans les yeux, en croyant que tu faisais ça pour elle. Que le monde doit être plus juste pour elle, avec elle, contre elle. L'espoir est fébrile. Sans doute un peu imbécile.

Et pourtant lorsqu'elle expire le silence, l'apaisement. Tes épaules se délassent, ton coeur s'apaise. Son doigt se pose sur tes lèvres, un frisson s'y perd alors que t'y poses un bisou léger. La tendresse est indescriptible, l'amour est partout. Oh, qu'est-ce que tu l'aimes, combien tu l'aimes. Combien tu l'adores. Tu n'as pas de nombre pour quantifier la tendresse, la douceur, l'amour par millier posés à ses pieds. Tu ne sais pas tant t'en trembles. Tant t'en vacilles. Tu sais qu'on aime comme tu l'aimes qu'une fois dans ta vie. Tu sais comme le coeur a besoin d'elle.

Et Antonina dit qu'elle peut encaisser, qu'elle est solide. Tu le sais. Tu le sais très bien. De vous deux, elle a toujours été la guerrière à s'élancer dans les batailles, les guerres. D'elle à toi, c'est elle la courageuse, l'orageuse. Elle a toujours été née pour être couronnée. Elle a toujours brillé. Et comme elle le dit, t'es là. Tu seras toujours là, dans les ombres, dans l'éclat de sa lumière pour jeter sur toi de la douceur. " C-Ce n'est pas ju-juste ... Un murmure indocile, une phrase fragile dans la timidité, dans l'anxiété. C-C'est tou-toujours toi qui po-porte tout. Q-Qui prend tous les ri-risques. C'est elle, la Pierre. C'est elle la plus exposée aux rixes et aux dérives de cette secte de malheur. C'est à elle qu'on demande, quémande encore et encore pour ce dieu funeste. Moi au-aussi, un aveu toute en douceur, toute en lenteur, j-je veux te pro-protéger. P-Pour la v-vie. " Et après aussi. Parce que tu es sûr que dans ta prochaine vie, tu la chercheras. Tu l'aimeras. Encore et encore.

Et elle te taquine, creusant les rougeurs, les aveux du coeur. " M-Mais ! " Une protestation faible alors que tu regagnes ton bureau, les joues en feu. Bien vite, il faut te concentrer, te distraire sur la tâche. Il faut laisser passer l'instant. Le coeur a dérapé. Le coeur est fuyant, les pensées se peuplent de : et si ? Et si vous vous embrassiez au matin ? Et si vos mains s'égaraient en caresses douces et lentes ? Et si la tendresse remplaçait l'anxiété et la douleur ? Si tu l'aimais de ta bouche, de ta langue, de tout ce que tu es, avec tout ce que tu as. Alors que les étiquettes se posent, tu l'entends pas arriver. Tu sursautes un peu à ses mains sur toi, à ce souffle dans ton cou. Le coeur repart de plus belle. Le baiser te fait frémir et tu hoches la tête : " Ou-Oui, on va man-manger. " Tu attrapes la potion qu'elle doit prendre au dîner. Le baiser te fait rougir délicieusement.

Les pas vont crisser l'escalier centenaire. Peut-être même millénaire. Tu as arrêté de poser des questions devant les regards ennuyés, appuyés de ta mère. Tu as arrêté de t'en vouloir de ne pas savoir vraiment l'histoire des tien‧ne‧s. Lydia n'avait pas le temps pour ça. Pas plus que pour toi. Les fumets du repas s'élèvent encore et tu l'invites à s'asseoir sur une chaise que tu ramènes à table, dans un geste galant. " T-Tu sais ... J-Je pen-pense que ça me plai-plairait. Un petit silence et avant que les points d'interrogations gagnent ses yeux, tu lui soupires : quet-tumefa-fassesrou-rougir. " Tu t'assois doucement, fouillant dans les bouteilles entre vous. On sent toute la préparation dans ce rencard quand la bouteille se débouche et que le vin coule dans le verre. " Con-Conseil de mon a-adelphe, murmures-tu comme pour lui expliquer, comme pour t'excuser de ne pas assez bien savoir." Comme pour lui susurrer que tu sais pas faire grand chose tout seul. Comme pour t'excuser de tes faiblesses.

Doucement, tu viens caresser sa main, la prenant dans la tienne. Les doigts sont d'une tendresse inexplicable et tu lui dis : " J'a-avais pré-prévu un repas en qua-quatre ser-service : a-apéritif, en-entrée, plat et des-dessert. C'est pe-peut-ê-être trop pour ce s-soi-oir ? " Beaucoup trop et encore tu t'es retenu pour ne pas lui proposer le repas gastronomique en dix services. Tu entends encore le rire d'Andrea ricocher sur les murs en te disant que tu allais la faire fuir ou la gaver. Et tu rougis encore plus, et rit doucement : " O-On peut au-aussi fai-faire comme quand on é-était en-enfant. Qu-Quand ta grand-mé-mére nous autorisait à co-commencer par le dessert. " Peut-être que c'est un peu plus comme vous. Peut-être qu'il ne faut pas surjouer.

“

» Le secret de la pluie
» Collection de Sienna
» passiflore (sienna)
» NIL x ANTONINA . a dramatic irony
» broken people are not fragile ― ft. sienna

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Tags
Recherche avancée