Pronom : elle

tw mentions de tortures (non graphique)

Elle déteste cette cité de malheurs et d'horreurs.
Et parfois, elle se demande comment elle faisait, autrefois, quand il fallait y passer des jours, des semaines - voire des mois, sans revoir Coatlinchàn, à vivre dans la crasse cittadini. Aujourd'hui, le moindre mouvement attire sa vigilance, la moindre odeur la répugne, la moindre chose l'incommode.

Mais au fond, elle sait ce qui a changé.
C'est elle tout entière.

Depuis sa captivité, tout de cette foutue cité la ramène à ce qu'elle a vécu entre les mains des Solmènes, aux tortures et aux stigmates qu'elle porte encore, cachés sous les vêtements. Depuis sa libération, tout ce dont elle rêve, c'est de cramer Cittàgazze, qu'aucune trace de ce qu'elle a vécu ne persiste. Elle veut brûler les preuves, les évidences d'une faiblesse, de sa faiblesse, d'une marque imposée au corps autant qu'à l'âme.

Et, petit à petit, Sôma y arrivera.
D'abord Solmènes. Et ensuite tous les autres.

« Merci pour les herbes, glisse-t-elle à un‧e‧x maraîcher‧ère‧x et les articles s'échangent, les messages chiffrés aussi, immédiatement rangés dans le sac soigneusement renoué : Est-ce que tu auras des nouveautés dans deux semaines ? » « Oui, avec le changement de saison, on a des nouveautés quasiment toutes les semaines en ce moment. » « Parfait, alors. A la prochaine alors. » Une dernière poignée de main scelle le rendez-vous donné, et glissant les mains dans les poches, Sôma quitte l'étal.

Pronom : elle

tw mentions de tortures (non graphique)

Tu n'as qu'une hâte : partir d'ici.
Loin d'ici, de cette cité - retourner à ta chère forêt.
Mais aussi de ce corps, d'échapper à son humanité à tire-d'aile.

Les souvenirs qui s'accrochent aux pierres de cette cité rendent ton humanité plus douloureuse, plus étouffante qu'à l'ordinaire. Ils ramènent avec eux la sensation poisseuse du sang dans ta bouche, la douleur brûlante des tortures. Et, surtout, le goût de la Mémoire blanche, cette potion qui empoisonnait jusqu'à ta nature même, qui te fracturait l'esprit en deux, t'empêchant d'être toi tout en t'enfermant dans ton propre corps.

Alors ton pas se presse, tu t'empresses si bien que tu ne remarques pas immédiatement la personne sur le côté du chemin que tu empruntes. « Mais ce s'rait pas Jae en personne ? T'es v'nue faire affaire avec un ancien pote ? » La voix stoppe tes pas, et ta tête se tourne. Le regard croise celui d'une daemon bien connue avant de tomber sur celui, plus familier encore, du zutique. Face à toi, le jeune homme n'a pas l'air d'avoir tous ses esprits - la drogue ? Sûrement, décides-tu, c'est une des raisons pour lesquelles tu l'avais choisi initialement. « Oh, t'as trouvé quelqu'un d'autre à qui soutirer des infos, on dirait. »

Ta tête se penche sur le côté, un rire tranquille s'échappe alors que tes mains rejoignent tes hanches dans une posture détendue, confiante. « Tu sais sûrement mieux que moi que tout s'achète dans ce marché. » Tu as un geste de la tête vers lui, pas dupe de son état, même si tu ignores quelle drogue l'a mis dans ledit état (et que tu t'en moques bien au fond). « Tu es jaloux que je fasse affaire avec d'autres personnes ? plaisantes-tu pour alléger l'atmosphère : Tu aurais eu du mal à me fournir les plantes dont j'ai besoin. » Entrouvrant ton sac, tu dévoiles les plantes séchées avant de refermer le sac pour éviter les mains baladeuses des pickpockets qui sévissent dans le marché. « Allez, tu es fâché à cause de mon absence ? Je t'ai tant manqué que ça ou c'étaient nos deals qui t'ont manqué ? »

Pronom : elle

Haakan ne te facilite vraiment pas la tâche.
Et tu fixes le sachet qu'il agite entre vous : « Tu es complètement défoncé » glisses-tu mais l'évidence étalée partout sous tes yeux : le zutique est dans un sale état. Et pas uniquement à cause de cette dernière prise qui embrume son esprit. « Puisque tu sais d'où je viens, alors tu sais aussi que tu serais dans la merde si la milice te croise avec moi. » Tu hausses les épaules, certaine que tu saurais t'enfuir sans difficulté, d'un battement d'aile. Certaine aussi que tu ne te retournerais pas trois secondes pour aider un cittadini, aussi utile t'ait-il été par le passé.

Le regard est indifférent, brutalement neutre face à l'échange qui s'opère entre lae gosse et Haakan. Le sort des cittadini t'indiffère, voire leur chute éveille en toi une profonde satisfaction. Qu'iels crèvent toustes entre les murs de leur cité - les tien‧ne‧xs n'en seront que plus tranquilles. Alors, pendant qu'Haakan prélève les larmes, toi, c'est une eau de pluie étrangement propre et claire que tu recueilles dans une petite fiole de cuir tanné, sachant son utilité dans les décoctions médicinales de ton village.

Puis tu ravales ton impatience quand Haakan ramène son attention vers toi. A ce stade, difficile de dire s'il joue à l'ignorant pour mieux te piéger ou si la drogue a tellement prise sur son cerveau qu'il s'embrouille seul. Dans tous les cas, l'entendre déblatérer ses hypothèses en pleine rue ne te convient pas. Un regard autour de vous, tu vérifies que vous êtes bien seul‧e‧xs avant de lui lâcher : « Mais tu as raison, je n'aurais pas dû te laisser tout ce temps sans nouvelles de ma part. Ce n'était pas correct, mais j'étais recherché par ces râclures de la milice solmène, tu vois ? » Tu offres une demie-vérité en même temps que ta main à serrer. « Je n'ai pas grand chose à t'échanger en ce moment mais si t'as des informations intéressantes, je penserai à toi. »