Les quelques haruspices présent‧es à Coatlinchàn s'agitent. Il se passe quelque chose, et quelque chose de grave. L'alerte est lancé à Cittàgazze et c'est seulement au matin que vous décidez de monter une petite équipe pour enquêter. Il n'y a qu'un mot sur toutes les lèvres retour, comme une trainée de poudre qui se transmet partout. Tous‧tes s'interrogent sur la mystérieuse vision des haruspices et toi aussi. T'as pas pris d'ayahuasca depuis quelques jours, t'es plutôt conscient, présent. Tu peux faire ce qu'il faut pour protéger ton village, ton monde.

Lae coryphée a réuni plusieurs faunes, guetteur‧euses et villageois‧es. Il faut comprendre ce qu'il se passe et vous préparer contre cette menace. Sans trop réfléchir, tu fais équipe avec Sôma, Hira et Dot. Ton frère connait vos légendes et tu te dis que son savoir est pertinent. Sôma est habituée à la discrétion tout comme toi et Dot est jeune. Elle ne pense pas comme les autres. Tu sais que tu devras la surveiller pour qu'elle ne vous file pas entre les doigts, mais tu es plutôt satisfait de partir avec elleux. Tu leur fait confiance pour comprendre l'origine de cette menace. Tu ne sais pas ce que ça fait que d'avoir une vision si entêtante qu'elle manque de rendre fou, mais tu sais ce que font les hallucinations de tes bad trips. Tu sais ce que ça fait de ne plus savoir dissocier les illusions du réel. Alors tu voudrais comprendre pour que tous‧tes puissent survivre. Tu comprends que c'est grave et qu'il faut absolument faire quelque chose.

Le chemin jusqu'à la cité des pies est familier. Tu l'as fait tellement de fois que tu ne saurais pas en compter le nombre. Et tu sais que ce n'est pas que de bons souvenirs pour certain‧es d'entre vous. Tu te mets tout de suite en position de protecteur, tu surveilles vos arrières et t'assurent que chacun‧e se sentent en sécurité. Tu te sens responsable des trois autres et il est hors de question de prendre des risques inconsidérés. Pourtant, il va bien falloir.

"Faut pas qu'on traine. Lae coryphée veut qu'on comprenne ce qu'il se passe et faut qu'on reste discret quand même, pas sûr que les gazzi apprécient de nous voir ici." Même s'il y a une menace extérieure, tu t'inquiètes toujours des réactions des cittadini. T'as cette impression que c'est vos ennemi‧es naturel‧les et qu'il faut donc tout le temps vous en méfier. Tu n'aimes pas te sentir oppressé dans leurs ruelles étroites, tu préfères Coatlinchàn de loin. Tu sais pourtant que tu ne peux pas aller contre les volontés de lae coryphée et des passeur‧euses. Il faut comprendre qui ou quoi doit revenir. Il faut vous préparer à vous battre pour votre survie.

Pronom : elle

Si Zuko se place en protecteur, surveillant vos arrières ; toi, c'est naturellement que tu te places en éclaireuse.
Fauconne discrète qui survole votre groupe jusqu'aux abords de la cité, tu t'assures que rien ne vienne entraver votre route. Une précaution en vain. La cité semble en ébullition, perturbée, tourmentée par le même phénomène qui a traversé les haruspices de votre village cette nuit.

Et face à ce constat, en toi, deux sentiments s'agitent en un magma incongru : d'un côté, une satisfaction crasse de voir les cittadini en proie à la peur et de l'autre, cette crainte trop familière que ce soit vers ton village qu'iels jettent leur dévolu comme iels l'ont déjà fait sur votre forêt. Car déjà, sur les quais, tu vois des Noénautes embarquer des caisses et des affaires sur leurs bateaux et ça ne t'étonnerait pas d'autres cittadini, pédestres elleux, cherchent aussi à fuir la cité sous ces funestes présages.

Plus loin, tu repères un des théâtres de la cité dans lequel se déverse une foule, rassemblée et accueillie par un‧e des membres du théâtre ; mais tu les ignores, peu intéressée, pour proposer : « Oui, Zuko a raison, restons groupé‧e‧xs, personne ne part seul‧e‧x, on prévient le groupe avant de prendre une initiative » Et ton regard se pose sur Dot pour t'assurer qu'elle a bien compris car du groupe, elle est la seule à ne pas avoir connu la discipline et l'entraînement des faunes.

Sôma pense comme toi, elle est prudente. Elle aussi connait la cruauté des gazzi et tu lui fais confiance pour se placer à l'avant et vous guider. Il n'y a pas toujours besoin de mots pour vous comprendre, tes états d'âmes, elle les devine d'un simple coup d'œil. Pour toi, la seule variable inconnue, c'est Dot. Elle a encore cette naïveté dû à son jeune âge, elle n'a peur de rien et tu as peur qu'elle se mette en danger. "Peut-être, mais je sais de quoi iels sont capables. Il vaut mieux être prudent‧e. Je veux qu'on revienne tous‧tes indemnes." Ta voix est sèche alors que tu réponds à la remarque de Dot. Elle n'a pas vu ce qu'iels peuvent faire. Il y a toujours la figure livide de Tsoar alors que tu l'as sauvé de sa noyade derrière tes yeux. Tu n'oublieras jamais son visage et cette peur mordante.

Vous passez devant un théâtre, puis devant un groupe de personnes torches à la main prêt‧es à brûler un atelier de papier. Tu veux avancer sans leur porter la moindre attention, mais Hira en décide autrement. Et tu le fixes des yeux, souffles entre tes dents. La discrétion n'aura pas tenu longtemps. Il attrape deux des embrasé‧es par le crâne et les cogne l'un‧e contre l'autre. Tu dis rien, mais t'en penses pas moins. Tu comprends pourquoi ton frère veut protéger les livres des gazzi et l'affaire ne sort pas de votre contrôle. "On devrait pas se mêler de leurs affaires, iels pourraient s'en prendre à nous." Tu t'adresses à Hira dans un murmure, mais t'es pas intervenu, tu lui fais confiance.

Tu voudrais ne pas être ici, tu voudrais ne pas avoir à chercher des réponses sur des visions abstraites. Tu voudrais que ton peuple ne soit pas en danger. La foule accuse deux spidi d'être des espion‧nes et Dot intervient pour les chasser. Tu ne dis rien cette fois-ci. T'es pas capable de protéger tout le monde et d'arrêter les autres d'agir comme iels le souhaitent. Tu ne peux pas les empêcher de faire ce qu'iels veulent.

Vous passez à hauteur de deux personnes qui discutent. L'un‧e s'inquiète de l'Observatoire. "Vous pensez que le danger vient du ciel ?" Tu poses la question à tes comparses. Peut-être que le retour c'est un peu comme les dirigeables des gazzi arrivant à Cittàspide. Tu n'en sais rien.

Pronom : elle

A la remarque d'Hira, tu hoches la tête mais tu soupires aussi.
« Tu as raison mais qui sait quelles terres iels iront polluer de leur présence en échange. » Un reniflement de dédain pur s'échappe de ta bouche : tu n'apprécies aucun‧e d'entre elleux. Pas même vos allié‧e‧xs. Cette alliance, tu ne t'y plies que parce que ton village passe avant tes propres querelles. Parce que tu es prédatrice, mais aussi apprivoisée par tes allégeances, tes loyautés.

Alors que vous faites vos premiers pas dans la ville, tu rappelles les règles, surtout à destination de Dot qui essaie de t'amadouer avec un regard de corgi, mais c'est ton compagnon qui dévie le premier du chemin du groupe pour porter secours à une pandémonique et un‧e sorcier‧ère. Tes sourcils froncés marquent une ligne qui souligne ton regard prédateur, désapprobateur. Quand il revient, pourtant, pas un mot ne t'est nécessaire, n'est jeté dans les airs. Vous êtes assez souvent parti‧e‧s ensemble en mission, excursion comme infiltration, pour qu'il sache très bien ce que ce regard là signifie.

Et avant que tu n'aies le temps de dire quoi que ce soit d'autre, Dot s'est échappée, va sauver la mise aux spidis. En voyant la scène, un soupir impatient t'échappe : vous n'êtes pas venu‧e‧s ici pour vous faire des ami‧e‧xs, ni pour aider des spidis (qui, au demeurant, se sont allié‧e‧xs aux cittadini donc sont, par définition, des ennemi‧e‧xs). Cette fois, ta voix claque, les accords secs et impatients. « On se concentre. » Tu rappelles à tout le monde, une ultime fois. Tu n'es pas comme Zuko, toi : tu n'essaieras pas de sauver tout le monde si vous en venez à devoir faire des choix.

Tu arrives à hauteur de Zuko, justement, quand il pose sa question et tu hausses les épaules en répondant par une proposition : « on termine d'investiguer ici et on pourra aller explorer les hauteurs ensuite ; sinon j'irai transmettre le message pour qu'iels aillent explorer du côté de l'Observatoire et - » Ta phrase se fait couper aussi net par les mots incompréhensibles d'un‧ae haruspice pris‧ae en pleine transe. La langue des oiseaux te rappelle vaguement quelque chose, une discussion que tu as eue avec Nil, sans doute, sur les langages codés. Mais ça ne te permet pas d'avoir plus d'informations sur ce que dit lae haruspice. « Je ne sais pas traduire ce qu'ael dit, et vous ? Si non, je propose qu'on avance. »