darkly, delicately

« On dirait » commence Lirong mais tu ne lui laisses pas le temps. D'un bras, le daemon est écarté de ton passage et tu te précipites à ses côtés : « Ariel ! » Elle n'est pas exactement elle mais tu la reconnaîtrais entre mille autres. Couturière, tu connais les corps, les courbes et les creux de tes client‧e‧xs. Amoureuse, tu connais cette voix, les expressions qui s'impriment sur le visage.

Arrivée à ses côtés, tu t'agenouilles pour la ramener contre toi. Les cheveux roses sont écartés du visage d'une main tendre et délicate. « Ariel... » De ton sac, tu tires une petite gourde de cuir : « bois un peu, ça te fera du bien. » et un soupir de soulagement t'échappe quand quelques gouttes se glissent entre les lèvres entr'ouvertes. Rapidement, le calcul se fait : entre l'endroit où vous êtes et l'hôpital du Capitello, le chemin est court mais en descente. Alors tu te redresses et tu saisis l'haruspice dans tes bras, tout contre toi (en princesse, dirait la narratrice en manque de vocabulaire) pour rejoindre l'endroit où tu es certaine de trouver de l'aide et le docteur Leoni.

A l'entrée déjà, ton visage se décompose en voyant le nombre de personnes (des haruspices, tu supposes) qui attendent d'être pris‧e‧xs en charge par les soignant‧e‧xs du Capitello. « S'il vous plaît, mon amie est souffrante, aid- » Interpelles tu chaque personnel qui croise ta route. A peine remarques-tu, sur ta droite, un‧e haruspice qui murmure : « Nous n'aurions pas dû y aller... » Et surprise, tu lui demandes, pressée par l'urgence de savoir ce qui arrive à Ariel et de l'aider : « Où ça ? Où n'auriez-vous pas dû aller ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Iels ont toustes l'air si apeuré·e·s. ». La voix fluette de Marguerite ne s'entend jamais sur de longues phrases ; ainsi ces six mots semblent interminables entre sa bouche, leur offrant une lourdeur et une force qui te colle quelques frissons. Bien droite, tu te tiens une main agrippée à l'un des murs à côté de la Torre. Les haruspices ne sont pas très nombreux·ses chez les Solmènes, mais en effet, celleux réuni·e·s ici ont l'air terrifié·e·s. Et il y a une boule qui se forme dans ton ventre, alors que tu as été comme forcée à venir ici, en bonne Lindbergh, en bon petit pion de ta faction. Une boule, car bien que tu n'aies pas vu le sang et les flammes, tout te fait peur depuis des mois, et que le courroux du monde s'abatte aujourd'hui sur les haruspices spécifiquement réveille toutes tes craintes quant à sa perte, que tu as pourtant réussi à contourner jusqu'à aujourd'hui.

Sa perte. Sa mort. A lui. Kafka. Tu ne peux évidemment l'empêcher de tapisser tes pensées. La boule grandit. Est-il seul ? Est-il en train de souffrir le martyr lui aussi, perdu dans la Ville-Basse ? Tu déglutis, avec l'envie de courir rejoindre ton frère, et tu détestes cette force des choses qui t'en empêche. Iels le trouveraient. Alors tu te mords l'intérieur des joues, fais les cent pas ; tu te dis que ton alchimie serait plus utile auprès d'un laboratoire comme à son habitude, à déceler des principes actifs pour imaginer de nouveaux médicaments et soin, voire du côté de l'hôpital ; alors tu quittes la Tour et prends le chemin de la Montée des Alcôves.

Mais tout te bouscule, tes pieds s'emmêlent, tu chancelles et un groupe d'alchimistes le remarque et se moque. Tu restes évidemment muette, car tu n'as pas cette réactivité en toi pour répondre ; tu détournes les yeux, honteuse, et poursuis ta route, en sentant toutefois la patte de Marguerite venir tapoter ta clavicule comme pour te transmettre un peu de sa force. L'hôpital n'est plus bien loin, et à chaque pas, tu sens tes jambes qui tremblent à l'idée d'y trouver Kafka, allongé, inerte, comme tu l'as tant de fois imaginé.

darkly, delicately

Elle te dit qu'elle ne peut pas rester, que les soignant‧e‧xs d'ici ne seront d'aucune aide mais toi, tu es sûre du contraire : tu es certaine que le docteur Leoni pourra l'aider, soulager ses maux comme il a apaisé les tiens.
Déjà, elle chancelle un peu plus loin, semble t'échapper et à pas lents, tu la suis, tes mains la soutenant mais n'osant pas la retenir de peur de la faire chuter totalement. Et si ta force la brisait finalement ? Tu oses à peine la toucher, la frôler tant l'idée t'effraie.

« Ar-arianne ? Le prénom t'échappe dans un balbutiement perdu, dans une incompréhension complète : tu m'expliqueras après » Pas plus tard mais après tout ça ; glisses-tu comme une serment à toi comme à elle. Tu t'imagines déjà un peu le pire d'un jeu d'amour un peu cruel et pourtant tellement banal, de paris lancés au détriment des cœurs innocents. Et pourtant, tu la soutiens encore, ton bras autour du sien pour maintenir l'équilibre précaire, empêcher la gravité de la faire chuter.

Tu remarques Faust avant Ariel et cet instant d'inattention la voit s'échapper d'entre tes doigts. Et les rires moqueurs de quelques Solmènes crissent fort sur tes nerfs déjà bien malmenés, sur tes inquiétudes déjà trop exacerbées. Alors tu souffles aux deux femmes un « attendez-moi ici » à en glacer l'air autour de toi et tu te diriges vers les Solmènes pour distribuer des claques dans lesquelles tu ne ménages personne et surtout pas elleux. L'un‧e d'elleux fait mine de vouloir tracer un cercle au sol mais tu te plantes devant ellui, ton pied écrasant le trait de craie, l'effaçant sans pitié : « tu reveux une seconde claque ? tu n'as pas perdu assez de jugeote avec la première ? » Ta voix gronde, l'air perd à nouveau quelques degrés et Lirong, resté auprès de Faust et Ariel, claque du bec, désapprobateur, alors tu envisages sérieusement de courir après les Solmènes pour leur enseigner une bonne leçon : « Odalys ! Ce n'est pas le moment, on a besoin de toi ici ! »

Tu t'apprêtes à rejoindre Ariel et Faust lors qu'un‧e chiromancien‧ne se jette presque entre toi et elles ; et saisit ta main sans préambule, sans explication. De ses lèvres s'échappent des mots que tu ne comprends pas tellement et tu es tellement surprise pour l'intervention que tu lui laisses ta main jusqu'à ce qu'iel ait fini sa lecture.

INDICEObtention d’un indice sur la prochaine intrigue du forum. Carte à jouer par mp à l'Être caché.

#staff pour l'indice (merci )

La voix qui s’élève te perturbe. Arianne. Elle a l’air en si mauvaise forme, que tu ne peux te retenir de prendre une grande inspiration et de trottiner jusqu’à elle. « Oh, Arianne ! Et son tutoiement te fait rougir, saisir ses deux mains dans les tiennes tout en reculant la tête, réalisant qu’à ses côtés c’est Odalys qui l’accompagne. Et Odalys, mais… ». Et la sorcière s’éclipse, tu tournes tout juste la tête pour réaliser qu’elle s’en va vers les Solmènes désagréables, mais tu rends ton attention à Arianne, visiblement affaiblie. « Oui, j’ai glissé, v-toi aussi ? Tu n’as pas mal quelque part, ça va aller ? ». Ton coeur bat, tant par les présences des deux femmes que par cette situation de stress, de honte, de peur ; et ton visage retrouve celui de la Noénaute derrière vous qui te venge, te fait lâcher l’une de tes mains pour l’amener jusqu’à ta bouche, choquée tant du geste que de la violence avec laquelle elle te protège, toi.

« Oh non, non, laisse faire, ce n’est pas nécessaire Odalys, vraiment ! ». Il y a quelque chose qui te dérange dans cette réaction brûlante, cette rage et cette force qui coule entre les doigts sorciers d’Odalys ; mais il y a aussi une fierté de te sentir en sécurité, comme une envie presque de suivre l’exemple de ton amie, glaner un peu de sa force que tu envie tant. Tu pinces tes lèvres, entre amusée et fière - quelque peu terrifiée même si tu sais que sa violence ne sera jamais contre toi - et de tes lèvres ta main glisse puis se tend pour chercher à saisir la sienne. Tenir entre tes deux doigts ces deux âmes qui renversent parfois quelque peu tes sentiments sans que tu n’en sois entièrement consciente. Mais ta main ne trouve pas Odalys, elle trouve lae chiromancien·ne qui vient de quitter les doigts de la tisserande. « Oh non, non, merci, mais je ne veux p- ». Que nenni. Iel ne t’écoute pas, te donne déjà ta prédiction et te laisse là, à regarder l’intérieur de ta main comme l’explication logique de toute une vie.

Au-dessus de vous l’orage vous guette, tu murmures : « Nous devrions trouver un abri. ». Puis, dans un geste lent, sans avoir lâcher Arianne depuis tout à l’heure, tu relèves les yeux pour trouver ceux d’Odalys. « Elle t’a dit que traverser n’est pas renoncer… qu’il faut revenir. Elle parle de failles ? Elle parle des nimrodien·ne·s ; tu sais qu’on les appelait les traversé·e·s… Nimrod ne serait pas effondrée ? ». Puis tu songes à ce qu’elle t’a dit à toi, le regard dans le vide, avant de le replonger dans celui d’Arianne, qui t’apaise par sa douceur. Tu te calmes, tes épaules se détendent. Tu prends la main d’Odalys ; chacune d’elles deux se trouvent au bout de tes phalanges. « Quelle belle coïncidence que vous vous connaissiez, toutes les deux. ».

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#staff pour les lignes de la main, merci bieeeen