Pronom : il

Le soleil est encore haut dans le ciel.
Alors tu as décidé de rester, tes pas te menant vers les hauteurs de la Ville Haute. Plus tôt dans la journée, en compagnie d'Hira, Zuko et Dot, vous avez exploré la Ville Basse en recherche d'informations et d'indications sur ce qui se passait. Mais le travail t'aurait semblé fait à demi sans les informations venant des quartiers plus riches de Cittàgazze.

Une cape jette une ombre sur ton visage, sur tes traits trop connus des Solmènes et de leur milice. Et tu te fais violence pour parcourir ces rues et ces allées que tu hais encore plus que les passages étroits de la Ville Basse. Plus loin, te domine la silhouette de la Tour de l'Est, terrible et froide, cette prison que tu ne connais que trop et tu oscilles entre l'instinct animal de t'en éloigner le plus vite possible et l'envie trop humaine de profiter de ce chaos pour y mettre le feu.

Mais tu as une mission, te répètes-tu pour ne céder à aucune de ces deux pulsions, pour garder toute ta concentration sur ton objectif alors que tu sens ton hypervigilance se focaliser sur les mauvaises choses, la moindre perturbation ramener à la surface les souvenirs normalement en laisse.

Tu as une mission.
Tu as une mission.
Tu as une mission.

L'inspiration est profonde, l'expiration tremblante. Et soudain, tu t'arrêtes entièrement lorsque tu reconnais une silhouette seule. Au pas de course, tu le rejoins, t'assurant d'arriver dans son champ de vision et pas dans son dos : « Asmar, l'étonnement se lit vaguement sur ton visage trop figé, dans la courbe d'une bouche trop dure : je te croyais resté au village. » Aucun reproche, aucune moquerie. Juste la vérité nue, tenace. « Est-ce qu'il y a un problème là-bas ? »

Asmar s'en voudrait de rompre la tradition de l'hypocrisie qu'il pratique à chaque évènement majeur de Cittàgazze, consistant à hurler sur Ori et tous‧te‧xs ses proches pour les risques qu'iels prennent en ville tout en s'y rendant lui-même en touriste de la fin du monde. Que leur dire, si ce n'est qu'il veut les protéger, à sa manière détournée ? Que taper du cittadini (car le cittadini s'emporte toujours, c'est mécanique) lui fait croire qu'il contrôle la situation ?

Il reste un ours, et un Tahrir. Il a deux choix, toujours : la forêt ou la ville, deux perditions auxquelles il résiste tant bien que mal, avec ce fardeau de cet adelphe inconnu qui vivrait supposément à Cittàgazze. La cité est trop grande pour espérer tomber sur lui et le reconnaître, mais en parcourir les ruelles l'aide à se mettre en situation.

Par contre, il espère toujours passer incognito, ce qui, cette fois encore, ne fonctionne qu'un temps. Les épaules rentrées, Asmar a un regard presque penaud pour Sôma. Après un coup d’œil à ses oreilles, il met les mains dans ses poches, restant honnête malgré le malaise qu'il ressent à devoir s'expliquer auprès d'une personne envers qui il a une admiration profonde. "Non, tout allait bien quand je suis parti. C'est- enfin, la dernière fois que ça a pété à Cittàgazze, Ori et Nil étaient dans la Tour de l'Est, et je ne les ai pas vu au village." Sans parler de Dot, dont il préfère ignorer l'emplacement. Il y a une chance sur une chance qu'il finisse par la trouver au pire de l'action.

Ces confidences lachées, il enchaine, remarquant à peine les fleurs fanées autour d'elleux. "Et toi ? Les fa- Vous comprenez un peu ce qu'il se passe ?" Il ne s'attendait pas à le croiser et doit encore se remettre de la surprise, mais ce n'est pas une raison pour briser la couverture du faune.

Pronom : il

Les contradictions d'Asmar sont son problème.
Alors tu te gardes bien de mettre un doigt dans un engrenage qui pourrait faire tourner au vinaigre l'humeur du grizzly. Tu n'es, de toute façon, personne pour t'occuper des contradictions des autres.

L'explication qu'il te donne transpire d'une certaine inquiétude, et vient appuyer sur une plaie pas tout à fait fermée chez toi. La dernière fois en question, c'était pour te sortir de prison qu'Ori et Nil étaient dans cette maudite tour, risquant leur vie pour la tienne. « Je ne les ai pas vu dans la Ville Basse, réponds-tu avec franchise, et à la question d'Asmar, la tête est secouée dans un non ennuyé : nous avons plus d'hypothèses que de réponses. C'est pour ça que je suis resté : pour voir ce qui se passe en Ville Haute. » Tu retiens un réflexe de tirer ta capuche plus encore sur ton visage.

« Viens avec moi, proposes-tu en attrapant le grizzly par le bras pour l'enjoindre à te suivre alors que tu te remets en mouvement dans les rues, louvoyant dans les flots de personnes paniquées : on va les chercher en même temps qu'on cherche des réponses. » Enfin, lui va les chercher et t'aider pendant que toi, tu continueras ta mission et la termineras.

Sur votre chemin, plusieurs casetta montrent des signes de barricades de fortune. « En bas aussi, ça se barricade. Ou ça se prépare à fuir la cité. » Et clairement, tu espères plutôt qu'iels restent tous‧tes dans cette maudite cité pour y crever.