A la manière d’un petit diable sur les épaules des cittadini déjà apeuré·e·s, Hyacinth a rejoint la place principale pour écouter Fureur, observer les réactions et y glisser tout juste un peu de venin. Il se complait dans le chaos, dans cet appât à la haine et à la mort. Son sourire a quelque chose de satisfait à déceler les morceaux d’espoir doucement s’effriter chez chacune des factions, de voir comme l’humanité dans toute sa diversité est si facile à faire flancher : il suffit d’annoncer avoir une arme qui peut régler tous les problèmes mais en rendre l’accès tout simplement impossible. Du vrai génie, une de ces idées qu’il aurait aimé avoir pour mieux pouvoir la malaxer, la glisser dans les esprits et en jouer encore et encore jusqu’à voir les corps désabusés se tordre d’incompréhension. Le contrôle parfait de toute une cité déjà aux portes de la damnation.

Alors Hyacinth erre entre les attentif·ve·s aux mots cinglants de la Guilde des Haruspices, devenue soudainement un relai d’importance comme si elle venait de sortir de terre, aussi suspecte soit-elle. Il ondule, pousse les épaules pour se frayer un chemin, en glissant aux oreilles des un·e·s et des autres juste de quoi les perturber un peu plus, implanter des idées à la manière de théories du complot absurdes mais qui prennent si vite feu lorsqu’une simple petite étincelle est là. Tantôt c’est une remarque sur les Solmènes, « Peut-être qu’il aurait fallu être plus vigilent·e·s avant de laisser un second fragment du poignard entre les mains de celleux qui vénèrent ce qui nous menace. Regardez-les, ces militaires qui nous contrôlent comme des pantins. Ca fait 34 ans que Cittàgazze est sous le joug Solmène, vous pensez vraiment que ce retour n’est pas entièrement orchestré ? Hm… » ; tantôt c’est contre les nouveaux arrivant·e·s spidi à coup de « Les spidi aussi iels viennent de revenir d’entre les mort·e·s : ce serait pas elleux la menace, le Retour ? Est-ce qu’il ne faut pas s’allier contre celleux qui ont déjà éveillé la colère d’un Dieu ? Après tout, pourquoi est-ce que Quetzal les a déjà détruit une fois, hein ? ». Et des sourires, encore, avant de disparaître dans le brouhaha.

Il se recule, s’allume une cigarette, et en rangeant son tabac dans sa poche, donne un grand coup de coude à quelqu’un·e. En se retournant, il fait mine que ce n’est pas sa faute en déposant une main plaintive sur l’épaule de la victime, et retourne la culpabilité sur une tierce personne, juste-là devant ellui dans sa toge pourpre, qui l’aurait poussé. « Eh, faites attention un peu ! Excusez-moi, je vous ai pas fait mal j’espère ? Ces Pandémoniques, vraiment, du respect que pour leurs icônes, jamais pour les personnes réellement devant elleux. Ca va être beau de se sentir forcé·e·s de s’allier toustes ensemble si c’est pour volontairement se laisser marcher dessus comme ça… ».

Résumé · Hyacinth savoure les dissidences, la peur, la panique, et fait tout ce qu’il peut pour l’alimenter, parce que c’est un peu un rat, quand même.
N’hésitez pas à faire partie des personnes à qui il susurre ses mots doux

Aux côtés d’Astrid Lindbergh, tu t’es glissé·e dans la foule rassemblée devant la Torre degli Angeli. Sur une estrade de fortune, assemblée en toute hâte pour l’occasion, une haruspice que tu n’avais jamais vue, apparemment la cheffe de la Guilde, harangue le peuple pour le mettre en garde contre le retour imminent d’une menace, dont personne ne connaît encore la nature. Ton enquête avec Hyacinth n’a pu ni confirmer ni nier qu’il s’agissait de Quetzalcóatl, mais tu en as encore l’intime conviction. Seul un dieu aurait pu provoquer une telle souffrance et un tel désespoir. Tu ne peux pas t’empêcher de sourire, parce que ce que tu attendais le plus au monde est en train de se produire : après les lambeaux rassemblés, c’est le retour du Serpent-Ailé. Enfin. Après des décennies à le chercher et à l’attendre. Tu n’as qu’une hâte : pouvoir le voir de tes propres yeux. Mais tu tentes de dissimuler ton enthousiasme et d’effacer le rictus de ton visage en affichant un air impassible et concerné. Les paroles de Fureur remplissent la place et jettent sur les visages des moues tantôt de frayeur, tantôt de consternation. Soudainement, tout le monde y va de sa théorie sur le retour, brandissant des principes à tout va, et les esprits s’échauffent. L’haruspice en a appelé à reforger le Poignard subtil pour vaincre la menace, mais étant donné l’échiquier politique actuel, tu doutes qu’il soit seulement possible d’envisager la question. Il n’y a aucune chance que telle ou telle faction choisisse de léguer ses fragments à une autre – encore moins aux solmènes, qui en possèdent pourtant déjà deux. Les débats ne t’intéressent pas vraiment. Tout ce qui t’importe, c’est d’être enfin fixé·e sur la nature de ce retour.

Tu te tournes vers Astrid, avisant à quelques mètres de vous Antonina Tivoli et Sienna Leoni, deux alchimistes de la Gilda que tu as peu fréquenté·es, mais à qui tu t’adresses aussi, avec une parfaite impassibilité : « Si le retour est celui de Quetzalcóatl, nous n’avons rien de plus à faire que de prier qu’il ne détruise pas la ville. » C’est un fait. Quiconque nourrirait encore un mince espoir d’échapper au courroux du plus grand dieu que les mondes ait connu se fourvoie furieusement. « Si le Poignard subtil est la seule façon d’éloigner – car nous ne le tuerons pas avec un simple couteau magique – la colère du Serpent-Ailé, alors les autres factions devraient nous léguer leurs fragments pour que nous puissions reforger l’arme. » tu remarques après une courte pause, songeur·se. Tu te fous qu’Æsahættr soit reforgé ou non, car tu ne crois pas une seule seconde que l’arme ancestrale soit en mesure de seulement égratigner le Serpent-Ailé. Mais tu joues le jeu de la secte sans broncher, toujours aussi flegmatique : « Après tout, nous possédons déjà deux d’entre eux, et les spidi nous font confiance. Et nous avons la forge alchimique. » Tes paroles sont méthodiques et, d’une certaine manière, bien trop pragmatiques pour être réellement entendues. « Le débat est un débat puéril ; tout le monde sait que les solmènes sont les seul·e·xs capables de reforger le Poignard subtil. » Et plus fort, pour que tes voisin·e·xs – et plus – t’entendent, tu déclares, cynique : « Si vous pensez vaincre un dieu avec une arme qui a si facilement été détruite lors de l’effondrement, je pense que vous vous faites des illusions. Un couteau, si magique soit-il, n’enlèvera pas même une écaille à Quetzalcóatl.» Un sourire un peu cruel se dessine sur tes lèvres. « Ce monde est perdu, vous devriez le prier plutôt que perdre votre énergie à tenter de le vaincre. C’est peine perdue. »

résumé Nobu est persuadé‧e que Quetzalcóatl revient. Iel est venu‧e avec @Astrid Lindbergh et avise @Antonina Tivoli et @Sienna Leoni, à qui iel partage son cynisme : iel ne croit pas une seule seconde que le Poignard subtil soit en mesure de vaincre un dieu.

Exil


Main dans la main avec Sienna, tu n'es pas sereine au milieu de cette foule compacte, disparate mais unie dans sa peur, sa crainte. La nuit n'a épongé ni les angoisses, ni les terreurs que tu as vues en ville la veille. Cette allée incendiée jusqu'aux cendres, en particulier, reste gravée dans ta mémoire. Des comment ? par dizaines envahissent ton esprit sur les nerfs, polluent ta cervelle fatiguée de questions auxquelles tu n'as aucune réponse alors que d'autres vous haranguent, prétendent avoir une solution à un mal dont vous ne savez encore rien.

Autour de vous, beaucoup parlent du Serpent Ailé, et tu fixes Nobu, tu écoutes ses mots. A une époque, il n'y a pas si longtemps, tu sais que tu aurais eu le même discours qu'iel ; que tu aurais tout fait, même, pour être de ces alchimistes à reforger le Poignard. Mais, aujourd'hui, ses paroles dissonent en toi, te glacent le sang. Pourtant tu ne dis rien, tu ne peux rien dire - pas sans rompre le secret de tes nouvelles allégeances.

Alors Sienna parle pour vous deux, il manie habilement les mots et tu serres sa main plus fort, espérant le soutenir depuis l'ombre alors qu'il bascule dans la lumière, qu'il s'affirme sous les regards de toustes.

« Il a raison, vous accusez notre dieu mais ce ne sont pas des stigmates de la colère de Quetzacoatl que nous avons vues en ville hier !, affirmes-tu à sa suite, haut et clair. Puis, Traîtresse, tu pousses l'accusation plus loin, plus fort contre Fureur et la guilde des haruspices pour contrer l'idée de la reforge du Poignard : Nous ignorons toustes contre quoi nous allons devoir faire face et soit vous n'en savez pas plus que nous, soit vous nous cachez quelque chose. Malgré cela, vous exigez de reforger le Poignard maintenant sans porteur.se.x. Est-ce que vous chercheriez à profiter de la situation pour récupérer le Poignard pour vous ? »

RESUME. Antonina se trouve avec @Sienna Leoni, @Nobu Yūgure et @Astrid Lindbergh. Elle appuie le discours de Sienna et va même plus loin en accusant Fureur de vouloir récupérer le Poignard.

La situation est explosive depuis les visions des haruspices, et la gronde qui s'ensuit a fait courir Dragon toute la journée de la veille, éteignant les incendies - ceux matériels comme humains - du mieux qu'elle pouvait. Cependant, elle n'est qu'un rouage de la milice, faite de chair, fatiguant, s'énervant, et après avoir fait bien plus que ses heures, elle a pu se reposer quoi - trois heures ? Avant d'être réveillée par son adelphe et ces rumeurs d'un rassemblement sur la place principale. Elle n'a pas le choix : Dragon a le devoir chevillé au corps et tout peut arriver si la foule s'énerve, il faut éviter un mouvement de foule, un soulèvement, une panique. Alors la milicienne remet son uniforme, joue des coudes sans s'excuser, profitant de sa haute stature pour observer la situation et chercher les sien‧ne‧xs dans la foule.

Le discours de l'haruspice - qui n'a jamais eu l'autorisation de bâtir une telle estrade, d'ailleurs - est calculé pour être l'étincelle qui embrasera la ville, et Dragon n'entend rien pendant quelques secondes, un bourdon de sang et de colère lui montant aux oreilles. Elle doit ravaler son caractère - mais elle porte son nom pour une raison, et elle ne peut s'empêcher de laisser éclater sa frustration sur ses voisin‧e‧xs tout en traversant comme elle peut la place, en direction de Fureur et de son estrade illégale. "Elle croit quoi l'autre, que ca se reforge en claquant des doigts ? "Les factions ne font rien", ah ! La milice croule sous le bordel, y'a des trafics à tous les coins de rue, mais non, maintenant le retour de Quetzalcoatl ca va limite être de notre faute. On est responsables de l'Effondrement aussi peut-être ?!"

Bloquée par un groupe de personnes, elle pousse sans pour le moment pouvoir avancer davantage, et, apercevant d'autres membres de la milice un peu plus loin, leur fait signe. "Dispersez-vous ! Fureur, vous êtes en état d'arrestation pour trouble à l'ordre public !" La foule gronde et se referme, mais l'alchimiste crache d'autres ordres, les doigts prêts à former des pentacles si nécessaire. Personne ne dictera aux solmènes leur tempo, personne ne leur donnera d'ordres.

résumé Dragon cherche à arrêter Fureur et s'énerve un peu contre son discours.

T'as été bousculé, emporté jusqu'à la place devant la Torre. Tu voulais pas vraiment y venir. Tu voudrais te terrer quelque part et attendre que ça se passe. Qu'est-ce que tu peux bien faire toi ? Tu peux sauver personne. Tu sais même pas ce qui va vous tomber sur le coin de la gueule. Tu te dis que tout est déjà perdu d'avance. Et t'es même pas sûr que ça t'attriste.

Tu joues des coudes pour te rapprocher un peu plus de l'estrade, histoire d'y voir quelque chose. Il y a trop de monde, trop de bruit et tu sens que tes yeux fatiguent. Tu dois forcer dessus et bien vite, un mal de crâne pointe le bout de son nez. Tu vois Hyacinth s'avancer, murmurer des théories du complot fumeuses à qui veut bien l'entendre et ça pourrait presque te faire rire. C'est le chaos, tout le monde panique, et toi t'es juste désabusé. Si c'est la fin du monde, tant pis. Au moins t'en auras fini de te battre chaque jour pour survivre un peu plus longtemps. Alors t'écoute Fureur accuser les factions de leur inaction, demander à reforger le poignard. Et ça te fait bien rire.

D'autres se manifestent avant toi. Tu reconnais Sienna qui explique que le poignard sans porteur‧euse ne vaut pas mieux qu'un couteau à beurre. D'autres s'échauffent et c'est une milicienne qui s'avance pour arrêter la cheffe de la Guilde des Haruspices. Tu te décales un peu pour lui barrer le chemin, comme par accident. Tout pour empêcher ces milicien‧nes de malheur d'agir. Et tu prends toi aussi la parole. "Le poignard ? Quetzalcóatl ? C'est ça qui vous fait peur ? C'est au moment où une catastrophe va nous tomber sur la gueule que vous vous dites qu'il faudrait peut-être agir, s'allier ? Vous êtes tous‧tes ridicules. Vous n'êtes même pas capable de vous écouter et de faire quoique ce soit alors que chaque jour il y a en a qui crève de faim juste sous vos fenêtres." Et tu craches sur le sol devant toi. T'as rien d'autres à leur dire, à cette bande d'hypocrites qui se réveillent au dernier moment. Les puissant‧es de ce monde n'en n'auront jamais rien à faire tant que leur vie n'est pas en danger. Et toi, t'as pas envie de te battre pour elleux. Tu les empêcheras pas de faire ce qu'iels souhaitent, mais tu veux pas t'allier à elleux. Tu sauras jamais leur faire confiance.

résumé Azur écoute ce qu'il se passe, il pense pas s'en sortir, il a perdu espoir. Le discours de Fureur le fait rire et il s'exprime sur l'hypocrisie des factions et des puissant‧es. Il barre le chemin de @Dragon ap Siarl avec d'autres.

L'état de panique de tous‧te‧xs rappelle de mauvais souvenirs à Juste. Parfois, il lui semble que c'est bien tout ce qui lui reste, des traumatismes de villes en proie à la peur et à la fuite. Entre le Blizzard, les analogues, les spectres, et maintenant ce show des haruspices, il n'y a pas de répit, pour quiconque. Mais depuis quand auraient-iels le droit au calme et aux soins, après tout ?

Armé de ses carnets et crayons (volés), Juste suit le mouvement des cittadini jusqu'à la grande place, note les visages, les noms, les discours. Cette Fureur, il ne l'a pas vu venir, et personne n'en connait grand chose. Dans une si petite ville, c'en serait presque suspect, et le journaliste tente de se faufiler vers l'estrade pour avoir une meilleure vue sur cette haruspice désormais renommée. Cependant, la juteuse collection de solmènes qui lui barre le chemin est trop belle pour être esquivée, et il s'approche avec un sourire huileux d'@Astrid Lindbergh et de ses compagnon‧ne‧xs. "Madame la pierre, un mot pour rassurer les cittadini peut-être ? Votre collègue sorcier semble persuadé que nous allons au devant d'une mort certaine, êtes-vous de son avis ?" Les solmènes sont des opportunistes, et Yugure y a totalement sa place, damnant son espèce pour une adoration déplacée envers une créature qui va sans aucun doute les annihiler si on ne s'y oppose pas. "Ce couteau à beurre, comme vous dites... S'il n'a aucune utilité, cacheriez-vous en réalité un moyen plus efficace de supprimer la menace du Serpent-Ailé ?"

Sa curiosité et sa suspicion ne sont qu'à moitié feintes. Autour d'elleux, les cittadini l'écoutent, murmurent, les yeux se plissent, les regards deviennent hargneux‧ses. Et son sourire s'agrandit.

résumé Juste alpague Astrid, @Nobu Yūgure, @Antonina Tivoli et @Sienna Leoni sur leurs propos un peu contradictoires concernant le Poignard subtil, en bon reporter impartial.