Habituellement terrée dans les salles remplies de lumières des laboratoires, ce n’est pas dans ton habitude de hocher la tête lorsque les nouvelles missions que l’on te propose sont d’ordre pratique. Tu n’es pas de celleux qui risquent leur vie aux détours des ruelles menaçantes, moins encore à partir à l’aventure loin de tes repères cycliques et millimétrés. Pourtant, il a bien fallu par moment quitter tes habitudes, et si ce n’est pour la puissance de Quetzal, redorer ce blason terni par les lambeaux de colère de votre dieu, alors pour qui ?

Tu as accepté mais avances à reculons, Marguerite cachée comme à son habitude au creux de ta clavicule, et ce sont les mains tenant les quelques indications géographiques du gisement de marbre qui guident tes pieds. Tordant le morceau de papier dans un sens, pliant ta tête dans l’autre, tu observes les montagnes en manquant quelques respirations sous les tambours frappants de ton cœur.
Car aujourd’hui, plus qu’un autre jour, l’angoisse est omniprésente. Elle te ronge, te fait reculer d’un pas avant d’avancer d’une série de trois, et te fait pincer tes lèvres sous tes dents huit fois exactement avant de prendre la parole. Ces manies se réveillent avec le regard de ta sœur que tu sens te poser sur toi, comme une juge qui n’aura pas la pitié de certain·e·s ; comme toustes les membres de cette famille. Et plus que les yeux que tu as l’impression de sentir sur votre route, ce sont les siens qui te sont insupportables, à imaginer ce qu’elle pourrait penser et dire de la moindre erreur de jugement que tu daigneras avoir. Elle, si parfaite ; toi, si ordinaire.

« Je crois que c’est par-là. Je peux essayer de marquer notre chemin, pour au moins ne pas revenir sur nos pas. ». Tu te retournes avec fierté en direction d’Itha à qui tu lances un grand sourire ; et en prenant une forte inspiration, tu saisis la craie habituellement dans ta poche pour dessiner un rapide cercle de transmutation sur l’écorce lisse d’une des arbres qui bordent votre chemin. En une courte incantation, l’une de ses branches se faufile et commence à vous suivre en rampant sur le sol : elle devient le fil d’Ariane de votre épopée.

T'es plutôt du genre à rester terræ à l'intérieur, le nez dans un livre et les yeux plissés à force de fixer les petits caractères. T'aimes étudier, mais plus que ça, c'est nécessaire. Il faut que tu deviennes toujours plus fortæ, toujours plus compétentæ. Alors, oui, tu passes ton temps à explorer toutes les recherches déjà effectuer sur l'alchimie. T'expérimentes parfois un peu aussi, mais en intérieur. Chez toi, dans ton locali miteux, à la Torre et même au Mausolée Sudérien. Pas aujourd'hui pourtant. Aujourd'hui, tu as une mission. Il faut que vous sécurisiez le chemin jusqu'à la carrière de marbre pour ériger une statue en l'honneur de Quetzalcóatl. Tu t'es portæ volontaire, voyant là une occasion de tester ce que tu as appris et de sortir un peu. En fait, c'est Zola qui t'a incitæ à prendre part à la mission. Æl a eu raison de vous pousser dehors, le soleil te fera du bien et tu ne peux pas rester tout le temps le nez plongé dans un livre.

Tu suis Astrid et Faust. Tu te donnes l'impression de faire tâche dans votre petit groupe. Elles sont sœurs, tu es seulæ. Par rapport à Astrid tu te sens nullæ. Elle est pierre, a un niveau bien plus élevé que toi en alchimie tout en étant plus jeune. Tu le sais qu'elle a ce talent inné, qu'elle travaille énormément, mais tu te sens pas la hauteur. Tu ne peux pas t'empêcher de l'admirer et de vouloir l'impressionner, tu repousses pourtant ces émotions. Il faut que tu restes fortæ et que tu ne montres rien de tout ce que tu penses. Elles ne peuvent pas te voir fragilæ, c'est pas qui tu es. T'es supposæ pas te soucier de ce que pensent les autres. T'es mieux seulæ avec Zola, c'est ce que tu ne cesses de te répéter. Tu suis Faust qui utilise une branche comme fil d'Ariane. Un sourire discret à son encontre, tu lui emboîte le pas tentant de te repérer dans cet endroit inconnu. "On est sûræs de continuer à avancer comme ça." Zola renifle l'air, tu læ regarde, intriguæ. Æl n'est pas rassuræ, elle te le fait comprendre d'un regard appuyé. Vous êtes observæs. Tu préfères ne rien dire pour ne pas inquiéter tes camarades et continuer à avancer en gardant un œil autour de toi.

Dans ton cœur il y a beaucoup de fierté : guider ta sœur, toujours supérieure, et Itha qui est aussi électrique que le bout de ses doigts, te fait ressentir une vague soudaine de confiance. Un sourire fin sur tes lèvres exprime cette satisfaction, te fait hocher la tête joyeusement aux mots qui te sont destinés, rougir devant les compliments, occultant totalement le sentiment lourd d’une présence autour de vous.
Et c’est bien là que tu es rappelée brutalement à ta réalité : utile, compétente, mais pas réellement douée pour des missions de ce genre, car tes sens ne sont pas aussi affutés que ceux de celleux qui t’accompagnent. Tu as de l’esprit, tu es intelligente, mais tu n’as pas les réflexes acérés ; et tandis que tu suis la boule de feu lancée par Astrid qui éclaire votre chemin, un sursaut vient faire trembler ton cœur.

Puis c’est ton corps tout entier qui est pris de secousses sous le vent qui souffle et aveugle presque. Il te désarçonne, te fait basculer, glisser, et t’expulse contre l’un des arbres qui te cueille alors comme une fleur meurtrie. Seulement, les plantes sont comme une seconde famille, tu sors alors la craie de ta poche et dessine sur le tronc un cercle approximatif. Dans un tremblement qui se trouve cette fois-ci au sol, on peut voir la terre se faire secouer par ce qui ressemble à une immense racine qui s’élance par la suite juste devant la sorcière et grimpe tout autour de sa main tendue vers vous. En regardant Itha, juste à côté de toi, tu lui murmures « Attaque-là, j’essaye de l’immobiliser ! ». La liane se pare de passiflores multicolores, et on voit en effet que par quelques petites secousses tu forces sur ton alchimie pour tenter de tirer à terre la main de la sorcière et l’empêcher de bouger à sa guise. Du fond de ton âme tu espères que cela fonctionne et vous permette de passer, sans que ta sœur ne soit alors obligée de tout réduire en cendres, y compris ta propre magie.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Tu te donnes l'impression de ne pas avoir été très utilæ pour trouver votre chemin. En même temps, ton alchimie de prédilection ne peut pas se révéler très utile dans ces cas-là. Astrid vous met en garde. Il y a quelque chose de dangereux ici. Tu t'en doutais, mais tu hoches de la tête. Ici, c'est Astrid la plus puissante, alors tu te dois de l'écouter et de la respecter. Alors tu suis le groupe sans trop rien dire. Tu fais confiance à Astrid et Faust pour surveiller tes arrières et à Zola pour t'alerter si æl voit quoique ce soit d'anormal. Il y a quelque chose d'étrange ici, quelque chose qui vous épie. Il y a quelqu'un d'autre. Tu ne sais pas qui ou quoi, mais ce qui est sûr c'est que vous n'êtes pas seul.e.xs.

Et tout ça se confirme lorsque vous arrivez enfin à destination. Il y a une sorcière devant vous. Elle vous attaque sans prévenir et tu finis projetæ contre un tronc d'arbre. Zola est à tes côté, mais æl semble avoir éviter le gros du choc. Tu te relèves difficilement, la respiration coupée. Faust a déjà réagis, elle immobilise la sorcière et te crie de l'attaquer. Sans plus tarder, tu te concentres pour canaliser de l'énergie. L'ambarie crépite au bout de tes doigts et tu n'as pas besoin de tracer de cercles alchimiques grâce à l'oeil tatoué sur ta peau. L'énergie se sert des racines pour atteindre la sorcière et lui envoyer une violente décharge.

ŒIL DE LA VÉRITÉUn œil tatoué sur la peau qui permet d’utiliser l’alchimie sans cercles de transmutation.

Tout simplement prodigieuse. Voilà comment tu perçois l’alchimie de ta sœur, épatée également par la maîtrise montrée par celle d’Itha, à qui tu ne cesses d’envoyer des sourires fiers de constater comme vous avez si bien fonctionnéæ en équipe. Mais Astrid est autre chose, Astrid brûle de l’intérieur et quand elle laisse sa magie s’exprimer, c’est un terrassement pour toi qui ne peux que faire pousser quelques lianes. Tu ravales ta jalousie déplacée, regagnes ta douceur habituelle, et réponds un « Oui, oui tout va bien. C’était impressionnant, bravo… Nous devrions nous dépêcher de continuer avant que d’autres soucis n’arrivent. ».

Tu passes la première le seuil de la carrière, toussotant sous la poussière blanche de la roche qui s’effrite. Depuis quelque temps tu as développé une Affiliation à l’élément de la terre, pour aider ton alchimie à gagner en force, alors sans attendre ni Itha ni Astrid, tu essayes de te prouver à toi-même que tous tes efforts ne sont pas vains. Tes deux mains viennent se poser doucement sur le sol, blanchir elles aussi sous la poussière qui s’insère dans les creux de tes phalanges, et tu sens la peau de ta poitrine, où est tatoué un Oeil de la Vérité, se mettre à chauffer. Dans des rayons lumineux, ton alchimie s’agite : des lianes plus robustes que des ceps de vignes s’étirent depuis la terre, faisant comme pousser un mur de roche, de terre et de végétaux. Il s’érige, lentement mais sûrement, alors que tes mains tremblent et que tu commences à avoir l’impression de suffoquer sous la douleur qui tord tes poumons.

Une fois terminé tu es essoufflée et te laisses retomber à quatre pattes puis t’assoir lentement sur tes propres mollets en contemplant ton œuvre. Pour la première fois depuis longtemps te voilà fière de montrer à Astrid et à quiconque ne t’a jamais remise en question que toi aussi, tu as ce pouvoir qui coule dans tes veines et qu’il n’attend que d’être éveillé. Il n’y a plus qu’à espérer que les spectres n’aient pas été attirés par tout ce fracas ainsi que celui à venir, mais si tel est le cas, tu te sais par avance prête à les leurrer - ou du moins, tu essayes de cacher au mieux tes jambes et tes épaules qui tremblent d’apréhension.

AffiliationObtention d’une affiliation élémentaire (terre, eau, feu, air) qui décuple l’alchimie du personnage.

Oeil de la VéritéUn œil tatoué sur la peau qui permet d’utiliser l’alchimie sans cercles de transmutation.

RéussiteAnnule un échec aux dés.

Votre démonstration de force fait fuir la sorcière. Ton alchimie a su très bien se combiner à celle de Faust et tu es plutôt satisfaitæ de ce que tu as pu faire. Astrid vous demande si tout va bien suite à la déflagration. Pas de problème pour toi alors tu secoues la tête. T’es plutôt du genre taciturne toi. Faust propose de continuer et sans tarder, tu avances derrière elle. Ça ne te dérange pas de la laisser découvrir la carrière en premier. T’es pas là pour te battre, seulement pour récupérer des pierres.

Dans la carrière, tu reconnais qu’il y a du marbre de bonne qualité qui vous permettre de faire une statue à la hauteur de la grandeur de Quetzalcoatl. Tu prends un peu le temps d’observer les alentours alors que Faust se met déjà au travail. Il vous faut ériger des murs protecteurs pour que d’autres puissent récupérer la pierre qu’il vous faut à l’abri des spectres. Vaudrait mieux que tu ne traine pas trop non plus. I fantasmi sont peut-être tout proche.

Suivant l’exemple de la philosophe, tu t’agenouilles et poses tes mains à plat sur le sol. Tu comptes utiliser les particules de métal toujours présentes dans la terre pour forger un mur. Il ne sera pas aussi élégant que celui de Faust, mais il fera l’affaire. Tu te concentres et bientôt un mur métallique émerge de la terre. La hauteur n’est pas égale, mais il est suffisamment haut pour empêcher les spectres de vous causer le moindre problème. Tu regardes ton travail, satisfaitæ et laisse échapper un sourire à l’intention de Faust. Vous faites un bon trio avec des alchimies très complémentaires.