Tu sais pas bien ce que tu fais là. Même toi t'aurais pas pensé que tu pouvais être utile pour une telle mission. Tu sais pas bien lire, pas bien écrire et t'as pas beaucoup de connaissance des autres mondes. Tu connais que les bagarres et les bas-fond de cette ville de fin du monde. Tu sais rien. Et pourtant, tout t'intrigue dans cette pièce. Elle est empreinte de mystère. D'abord, il y a cette porte scellée alchimiquement. T'as tenté d'y comprendre quelque chose, mais même là-dessus tu sais rien. Une simple porte peut être plus forte que toi et ça te fou en rogne. T'aurais voulu pouvoir la défoncer à coup de pied. La force n'aurait rien résolu. D'autres alchimistes ont réussi à l'ouvrir. Et derrière il y a cette salle faite de bric et de broc. Des livres, des poèmes, des cartes, des partitions. Il y a de tout. Même toi tu y trouves un intérêt dans ces partitions que tu n'arrives pas à déchiffrer. Et puis cette salle, on l'a laissé fermée. Parce qu'il n'y a rien, à part ce gros ouvrage, qui retient l'attention des zutiques.

Toi, t'es pas de celleux-là. La pièce t'y as pensé dans tes nuits, tu voulais l'explorer. Il y a là des mystères que tu voudrais percer. Et puis t'es Juste maintenant. Fini de faire le pitre, t'as des responsabilités. Tu dois aider la faction à prendre de l'influence. Faut dire que t'es pas bien doué pour ça. Mais le sort t'as désigné et t'essaies de pas faire de conneries. Makeda te conseille un peu, parfois, mais souvent tu préfères écouter plutôt que de parler pour dire n'importe quoi. T'es bon à casser des gueules, pas pour le reste.

Pourtant, t'es là aujourd'hui et tu furètes déjà dans les petits recoins. T'as attrapé une liasse de papier et t'essaies tant bien que mal de déchiffrer les petits caractères. Tu te sens pas à ta place avec Hyacinth et Mercymorn. Elleux sont bien plus érudit‧es que toi. Iels savent ce qu'iels font. Toi t'es le gamin paumé, les gros bras et rien d'autres. Pourtant, tu te dis qu'il y aura peut-être un indice dans les partitions, alors tu cherches là-dedans. Des musiques d'autres mondes ? Il te faudrait un piano, ça te démange d'essayer quelques notes. Tu mettrais longtemps à les comprendre, mais tu commences à avoir des bases de solfège et faut que tu les travailles. Alors tu fredonnes ce que tu arrives à lire.

Quand il a été mention d’un recueil de poèmes oubliés, indéchiffrables, poésie d’un temps et d’un ailleurs inconnus… le sang de Hyacinth n’a fait qu’un tour. Il a de suite été replongé dans cette vie passée aux abords des surréalistes français, des britanniques qui se battaient sur la définition de ce qu’est l’art, et de tous les autres qui les enviaient à n’en plus finir. Il n’écrit pas, ne trouve pas les mots justes pour décrire ses sentiments et ceux des autres, Hyacinth observe et juge, écoute et ressent. Il n’est qu’un œil lointain mais omniprésent d’un groupe d’artistes dont il n’a jamais entièrement fait partie sans en être exclu pour autant. Et voilà ce qu’est la poésie, cette capacité à créer un amas d’âmes qui se répondent et évoluent entre elles.

Il se propose alors pour la mission, entraîne Azur comme protecteur, Mercy comme artiste ; prend la place du superviseur sans qu’elle ne lui soit pourtant attribuée. Mais il n’en demande rien, se contente d’y croire et de faire acte de présence. Lorsqu’il passe la porte bleue dans la Nef, se rappelant des mots de Clíona qui lui décrivait Cittàspide, où il en existait une semblable, il laisse échapper un rire étonné, se demandant si les deux portes ne communiquent pas : cette salle, aux récits inconnues, est-elle également ce qui se trouvait derrière cette autre porte bleue étrange ?
Puis de l’autre côté, en découvrant Odes à Syracuse, Hyacinth pense à la ville sicilienne qui se trouve sur Terre, aux mythes de sa puissance dans la Grande Grèce, aux guerres puniques et aux grands oiseaux qui s’amusent à glisser sous l’aile du vent*. Mais dans ce livre, ce n’est pas le même monde qui vit, ce ne sont ni les mêmes odeurs ni les mêmes sensations ; pas non plus la même langue. Et Hyacinth regarde Azur fouiller dans les partitions, souriant à l’idée qu’il a du mal à se faire de la délicatesse qui se joue au bout des doigts du combattant, puis il se tourne vers Mercy. « Je te laisse la poésie, je prends l’herbier. Tu trouves quelque chose d’intéressant, Chopin ? ». Minuscule pique lancée, alors qu’il observe sous toutes les coutures l’herbier, les plantes, et tente de comprendre si dans tous les mondes qu’il a visité, il n’y en aurait pas qui se rapprochent de celles-ci.

*:

RéussiteAnnule un échec aux dés.

✗ Le recueil d'or

Ironiquement, c'est une fois la porte ouverte que la pièce a fait preuve d'intérêt à tes yeux. Une porte n'est jamais qu'une porte, toute scellée qu'elle soit, et tu as assez de chats à fouetter pour plusieurs vies sans t'encombrer d'une salle alchimiquement fermée, toi qui n'y connais rien à l'alchimie. Mais ouverte, ses trésors de culture révélés ... là où d'autres se sont détourné‧e‧xs, toi tu étais intéressée. C'est sûrement pour cette raison que Hyacinth n'a pas eu à beaucoup insister pour que tu te joignes à eux, quitte à rater un service à Nef.

Une fois dans la pièce, tu laisses les partitions à Azur, bien sûr, et l'herbier à Hyacinth puisqu'il s'y intéresse. De ton côté, c'est le reste qui attire ton œil autant que ta curiosité. Tes doigts viennent feuilleter avec douceur les pièces de théâtre (et tu te dis qu'Ariel aurait sûrement adoré les lire), puis parcourir avec intérêt les livres de propagande socialiste (et l'idée te traverse l'esprit de les prendre pour les remplacer dans la bibliothèque ambulante des pandémoniques).

Et c'est sans compter la poésie nimrodienne que tu manipules, lentement, tendrement, comme on caresse un‧e‧x amant‧e‧x délicat‧e‧x. Tu te connais, tu pourrais passer des heures, des jours ici. Les poésies et les pièces de théâtre dans tes bras, tu t'approches de Hyacinth : « Je peux voir le recueil de poésie ? On trouvera peut-être quelque chose en comparant les titres et les caractères ensemble. »

Tu te concentres un moment sur les partitions. T'essaient d'en reconnaître les notes, reproduire les accords en les fredonnant. T'es pas super bon en solfège, t'es pas super doué en lecture. T'arrives pas à comprendre la logique, ça donne rien. Tout est dissonant, décousu. Ça ne fait aucun sens et ça te fait soupirer à fendre l'âme. Tu te sens déjà pas bien utile dans cette mission. Toi, t'es pas lettré, tu te juges pas vraiment intelligent. T'as pas la culture de Hyacinth et de Mercy, elleux ont lu, découvert, vu des choses que t'imaginent même pas exister. T'es bon qu'à te battre. Et tu te détestes un peu pour ces pensées dépréciatives. Tu reposes les partitions sur une table dans un coin. Et c'est là que tu remarques l'anamorphose. Il y a des croquis de plantes là où les notes ne faisaient aucun sens.

Tu te retournes vers les deux autres qui ont commencé à chercher de leur côté. T'as pas trop suivi ce qu'iels ont fait ou dit, t'avais besoin de te concentrer pour comprendre quoique ce soit. Hyacinth est penché sur l'herbier et Mercy a récupéré l'un des recueils de poésie. Tu t'approches du sorcier avec les feuillets serrés entre tes doigts. "Oui, j'ai trouvé quelque chose. Regarde, si je les arrange comme ça, il y a des croquis de plantes. Elles te disent quelque chose ?" Tu te penches toi aussi sur l'herbier, mais tu ne reconnais rien. L'écriture t'est étrangère et tu n'es pas sûr que les plantes dessinées soient de ce monde.

Mercy vous rejoint avec les recueils de poésie et tu te dis que tu seras pas vraiment utile ici. Tu comprends pas grand chose à la poésie alors même que les mots, déclamés par quelqu'un‧e qui sait y faire, te fascinent. "Là-haut ? Qu'est-ce qu'iels espèrent retrouver là-haut ?" Tu t'interroges sur les derniers vers, mais t'es pas vraiment sûr d'avoir compris ce dont il s'agit. Les sens se mélangent et tu décides de t'éloigner un instant en laissant les partitions avec les deux autres. "Je vais chercher dans les pièces de théâtre, peut-être qu'il y a quelque chose d'autres pour nous aiguiller." Et tu te dis que tu trouveras peut-être quelque chose à ramener secrètement à Maldoror.

Tu feuillettes les ouvrages tout en tentant de trouver quelque chose en lien avec les mystérieux dessins de plantes. T'as l'impression de t'être engager dans quelque chose de plus grand que ce que tu pensais.

RéussiteAnnule un échec aux dés.

Les yeux vissés sur les pages qui montrent des plantes inconnues, ressemblant à des soleils, Hyacinth fait tout juste un petit signe de tête à Mercy qui lui parle de la poésie. C’est son truc, bien qu’il en connaisse suffisamment aussi, alors il la lui laisse volontiers et reste concentré sur l’herbier aux peintures colorées lui rappelant les long codex de certaines civilisations étrangères qui existaient sur les mondes disparus aujourd’hui. Quand Azur s’approche en lui montrant la plante formée par anamorphose, Hyacinth continue de s’émerveiller. « Waow… Vraiment… Ca fait très ingrédients alchimiques ou de potions, vous ne trouvez pas ? », mais c’est peut-être son sang de sorcier qui parle.

La poésie est déclamée, et Hyacinth voudrait s’ajouter aux réflexions quand l’ampoule se met à grésiller. Stoppé net, il s’avance pour mieux la regarder alors qu’elle s’éteint totalement juste devant lui. Pendant ces quelques secondes dans l’obscurité la plus totale, il commence à perdre son sang-froid, « Non mais, c’est quoi ce délire ? », avant que de la lumière étrange arrive depuis le livre qu’iels étudiaient. Hyacinth s’approche, les mots qui brillent résonnent étrangement avec le poème. « La fin de toutes choses, les soleils qui s’éteignent… La parle de la mort et de ce qui nous attend après ? Sérieusement ? ».

Pas bien certains de tout comprendre, la colère et la frustration commencent à se lever. Il sent que même s’iels n’y voient rien, il y a comme un petit vent qui file entre leurs mollets ; du genre de la perte de contrôle habituelle que le sorcier subit quand ses sentiments s’enflamment. Puis ça lui donne une idée. « Reculez un peu, mettez-vous dans un coin. On va d’abord essayer de rallumer ce truc, là. Un petit coup de foudre, ça fait jamais de mal à personne. ». Il se concentre, sent les éléments se réveiller et être appelés par sa sorcellerie et matérialise une sorte de petit nuage gris, gonflé de foudre. Dans un fort bruit de tonnerre, un éclair s’écrase contre l’ampoule et vient tenter de réveiller l’équivalent électrique de ce monde bien sombre.

IndiceObtention d’un indice sur la prochaine intrigue du forum. Carte à jouer par mp à l'Être caché.

réussiteAnnule un échec aux dés.

Les livres que tu feuillètes ne t'apprennent rien. Ce sont des pièces de théâtres comme les autres, et peut-être que certains textes pourront trouver leurs échos interprétés par les Monstres. Tu lis quelques lignes et tu finis que toutes les pièces s'arrêtent au milieu. Les pages restantes sont blanches. Tu ne sais pas quoi tirer de ça et tu n'as pas le temps de le partager à tes comparses que la lumière s'éteint. T'as à peine fait attention aux grésillements de l'ampoule et tu sursautes lorsque l'obscurité tapisse tous les murs. Tu relèves la tête du livres que tu regardais et tu le poses à tâtons sur une table. Tu regardes autour de toi, mais il fait franchement sombre.

Tu vois la lumière qui émane du recueil au centre de la pièce. Tu t'en approches à la suite de Hyacinth. "Je pense que ça parle des Effondrements. La fin de toutes choses, c'est la fin des mondes. Les pièces de théâtre n'ont pas de fin non plus. Le texte s'arrête d'un coup parfois en plein milieu d'un mot et les pages sont blanches ensuite. Peut-être que ce lieu est là pour préserver les mémoires ?" T'es clairement pas sûr de ce que t'avances, mais tu préfères pas penser à l'autre option, à savoir la mort.

Hyacinth vous intime de vous éloigner du centre et tu l'écoutes sans rechigner. Un petit éclair touche l'ampoule, mais ça n'a pas l'air d'avoir grand effet. En tout cas, pas dans l'immédiat. Tu t'y connais pas vraiment en ambarie, et peut-être que c'est même pas ça qui donne de l'énergie à l'ampoule. T'es bon qu'à regarder ce qu'il se passe. Tu cherches contre le mur, peut-être qu'il y a un interrupteur quelque part. Ça te semble peu probable, mais peut-être que la solution est triviale. Tu préfères ne pas écarter cette possibilité.

IndiceObtention d’un indice sur la prochaine intrigue du forum. Carte à jouer par mp à l'Être caché.

tiers-lieu Carte permettant de disparaître dans une ruelle imaginaire sans laisser de traces. On prétend que la Salle éteinte se trouve dans un tiers-lieu.

L’éclair produit par le sorcier n’a pas l’air d’avoir grand effet, et il murmure dans sa barbe un « Putain je hais ce monde. » suggérant que l’électricité terrienne lui manque terriblement. Blasé, il glisse ses mains dans ses poches en réfléchissant comme le dit Azur aux sens des mots de ce fameux poème. « Ouais, ça parle de la fin de quelque chose en tout cas, je crois que tu as raison. Avec tout le reste de ce qu’on a trouvé, ces plantes inconnues, ces pièces non terminées… Je me demande si on n’est pas dans une espèce de centre d’archivage des fins des mondes. Les choses à moitié connues, les trucs pas terminés… C’est étrange mais y’a un sentiment de quelque chose… ouais, d’oublié, comme le dit le nom du lieu. ».

Tout cela le fait sentir soudain très nostalgique de ses vies passées, des mondes traversés. Il regarde alors Azur avec un peu d’envie, lui qui est si jeune et si frêle, qui ne connaît de la vie que ce que les combats lui font voir. Il en serait presque triste pour le garçon d’en savoir si peu sur ce qui les entoure. « T’es un alchimiste pas vrai ? Tu contrôles l’air, tu sens pas comme un courant qui passe quelque part, pour nous guider ? ». Il a envie d’essayer avec Azur, essayer de lui donner le beau rôle et pas juste celui de ses poings et de sa rage qu’il connaît trop bien ; lui donner le rôle de celui qui pourrait les faire sortir de là et glaner la gloire de la découverte s’il le voulait.

Puis soudain il réalise qu’il jouait dans sa poche avec un petit quelque chose de rond et lisse. Il en sort un Joyau inconnu, et vient le déposer juste devant les rayons lumineux du livre d’or. A travers les rayons du joyau, il tente d’apercevoir des silhouettes et des ombres qui dessineraient l’avenir proche. « Eh, t’as sûrement une meilleure vue que moi. Tu vois un truc toi, là-dedans ? », il appelle Azur, passe même sa main autour de ses épaules en le tirant doucement à lui pour qu’il perde ses jeunes yeux sur la pierre et ses reflets. Peut-être ainsi pourront-ils enfin savoir comment se sortir de ce bourbier et revenir à la Nef sans encombre, et si c’est Azur qui le fait pour eux, contre toute attente, Hyacinth en sera un peu fier.

Joyau inconnuUne pierre iridescente que vous ne parvenez pas à identifier. Dans ses reflets, il est possible d'entrapercevoir l'avenir immédiat.