Les bras chargés de matériels alchimiques et de babioles tu descends le chemin qui mène du Mausolée sudérien à la forge alchimique. Tu te demandes encore ce que t'as fait pour mériter cette corvée. Quatre heure de descente pour déposer des caisses et un peu plus pour remonter. Tu souffles pour la énième fois et tu jettes un regard vers Dragon et Kafka. C'est elleux qui vous accompagne, Zola et toi, et iels n'ont pas l'air plus motivé·es que toi. Tu dis que ça sera l'occasion de voir la forge et peut-être de tenter quelques transmutation. T'aimes toujours pas l'idée de transporter des caisses dans ce tunnel étroit à peine éclairer. Tu ne sais pas trop combien de temps a passé depuis que vous êtes partiæs. Seulement que t'as l'impression que ça fait une éternité. "Vous croyez que c'est encore loin ?" Zola te regarde et semble vouloir te faire comprendre que tu abuses un peu. Tu hausses les épaules, t'as bien le droit de ne pas te réjouir de perdre plus de huit heures de ta vie dans des tunnels miteux. Et puis, tu sais que l'endroit n'est pas très fréquentable. Il y a des rumeurs étranges qui courent sur ce passage souterrain. Des histoires de fantômes, de présences effrayantes. C'est certainement des histoires pour faire peur au plus jeunes, mais ça ne t'aide pas à mettre plus d'entrain à la tâche.

D'un coup, tu ne te sens plus inquiètæ qu'avant. Une sensation étrange qui te fait froid dans le dos et te donne un frisson. Tu n'y vois pas grand chose, c'est mal éclairé, mais tu as envie de faire demi-tour et de retrouver la surface. Et puis là, juste devant, des débris. Du matériel alchimique comme celui entre tes bras. Tu poses ce que tu portais sur le côté et tu t'avances pour voir de plus près les restes d'une expédition précédente. Tu ne vois la trace de personnes, pourtant iels ont bien dû aller quelque part. "Je vais voir s'il y a encore des traces devant." Sans tarder, tu t'avances un peu plus dans la pénombre. Tu ne comprends toujours pas ce qu'il a pu se passer. Arriverez-vous jusqu'à la forge ?

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Etre réduite à une simple mule ne lui fait pas plaisir, mais la présence d'Itha l'empêche de râler : il y a des alchimistes autrement plus puissantæs que l'on dérange pour cette mission, et qui acceptent, ce n'est pas à elle, hiérarchiquement de se plaindre. La présence du Lindbergh, elle, est bien plus acceptable, et Dragon ne peut s'empêcher de lui décocher des sourires mauvais lorsqu'elle croise son regard. Traitre.

Ses cuisses brûlent et elle appréhende déja la remontée, alors que ses cheveux frisent et que l'air mauvais lui chatouille les narines pour un mauvais rhume qu'elle sent déja poindre. Quand Itha s'arrête, une sensation malveillante la fait jurer, se retournant, craie sortie, pour affronter alchimiquement tout ce qui s'apprête à leur tomber dessus. Mais il n'y a rien, à part la mine blafarde de Kafka, qu'elle sait inoffensif. "Vous avez senti ?"

Hichkas s'est éloignæ et Dragon s'empresse de læ rejoindre, analysant la situation avec malaise. "Quelqu'un‧e‧x a été trainé‧e‧x : les traces sont continues. Si la personne rampait, il y aurait des amas plus larges par endroit." Elle s'accroupit pour mieux y voir, grimace. "Je dirais qu'elle a perdu trop de sang pour avoir survécu à ses blessures... mais ca n'explique pas pourquoi le corps a disparu net."

Dragon se passe de préciser que, à part l'alchimie, il n'y a pas trente-six milles solutions pour faire disparaitre un cadavre, si ce n'est l'avaler en entier. Les contes autour de ce passage ne sont que des contes.

"... Vous avez eu des nouvelles de la dernière équipe ?" D'un coup, elle comprend mieux pourquoi il faut envoyer des alchimistes de combat.

hrp Dragon n'a pas de carte indice, donc je tente une réussite tout de même

Tu ne sais pas pourquoi les solmènes s’évertuent à faire encore appel à toi. Après le mystère des arbres de l’Oliveraie, c’est une mission d’acheminement de matériel alchimique qui t’a été attribuée – toujours plus de sale besogne qu’on ne sait pas à qui refourguer. Pourtant, la présence de deux alchimistes vraisemblablement aguerriæs et gradæs te confond dans l’utilité de cette mission ; aurait-elle un but caché qu’on ne t’aurait pas partagé pour que des solmènes de la hiérarchie y soit mêlæs ? Tu l’ignores, et à dire vrai, que l’on te cache quelque chose ou non, tu t’en fiches un peu ; tu as l’habitude, rien de bien surprenant jusqu’à maintenant. Sale besogne, secrets. Rien qui ne te tire vraiment de ton quotidien. Alors tu t’exécutes en silence, tentant de ne pas croiser le regard des deux autres, les yeux résolument rivés sur le sol glissant du tunnel. Tu sais aux œillades appuyées de l’une d’entre æls qu’elle te reconnaît et en sait déjà long sur toi, alors tu te fais tout petit, espérant peut-être qu’à marcher silencieusement à l’arrière, on oubliera ta présence.

Tu as l’impression de descendre dans les Enfers, tant les marches ne s’arrêtent jamais de descendre, descendre toujours. Les heures s’écoulent avec une lenteur monotone, seulement ponctuées par les échos de l’eau ruisselant sur les murs et le sol. C’est au bout de peut-être deux heures de marche que tes supérieuræs s’arrêtent brusquement. En penchant la tête de côté, tu aperçois à ton tour les débris d’une ancienne expédition, éparpillés sur le sol, le matériel alchimique brisé et les denrées commençant doucement à moisir dans l’humidité ambiante. Lorsque les deux autres s’avancent, tu soulèves ta lampe ambarique pour éclairer un peu mieux le spectacle qui s’offre à vous : des traces de sang progressant dans le noir, jusqu’à s’arrêter abruptement. Tu t’étouffes en tentant de déglutir avant de parvenir à respirer de nouveau, le sang glacé par cette découverte. Tu secoues la tête à la demande de Dragon, quoique ça ne soit pas vraiment nécessaire ; tu n’as aucune raison d’avoir cette information, mais tu t’exécutes pour la forme. « On dirait que les débris sont là depuis deux ou trois jours, vu la moisissure. » tu observes d’une petite voix, pour ne pas attirer trop l’attention. « Peut-être que le corps a été porté ? » Tu t’avances un peu pour mieux voir les traces de sang, gardant quand même une distance respectable avec le triste spectacle. « Il n’y a pas suffisamment de sang pour qu’il s’agisse de deux corps, et une expédition compte nécessairement plusieurs personnes, alors peut-être que l’un·e d’entre elleux l’a secouru ?… » Ce serait la plus positive des issues, mais à en juger par l’ampleur de ce mystère, bizarrement, elle te semble peu plausible.  

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Les traces de sang que tu trouves par terre t’inquiètes. Qu’est-ce qu’il a bien pu se passer ici ? Bien vite, tu es rejointæ par tes deux acolytes. Lindbergh lève sa lampe et vous y voyez un peu plus clair. Dragon analyse les traces et son travail de milicienne lui permet de déduire certaines choses de la situation. Une personne, ou un corps, trainé sur quelques mètres avant de disparaître sans laisser de traces. « Comment expliquer l’arrêt si brusque des traces ? Et puis il n’y a pas de corps et pas d’autres traces de sang derrière nous. » Si quelqu’un·e·x a été blessé·e·x ici, iel n’est pas revenu·e·x. Tu ne sais pas ce qui s’est passé lors des dernières expéditions et tu comprends maintenant un peu mieux pourquoi on t’a envoyæ toi et pas un·e·x autre. A la lumière, tu découvres des écailles et des poils. Des animaux se sont-ils battus ici ? Mais alors que font les caisses de la dernière expédition dans le chemin. « Des daemons ? Mais où est le corps de l’humain·e·x ? Ou peut-être des inkumboli ? » Tu te dis que tu auras dû demander plus d’informations avant de t’embarquer pour huit heures dans les sous-terrain de la ville. « Ou peut-être que les écailles appartiennent à ce qui a attaqué l’expédition précédente. Un monstre ou une créature sauvage. » Tout ça n’est pas pour te rassurer, mais ce n’est pas en faisant des suppositions que tu trouveras la solution. Il te faut chercher de nouveaux indices. « Peut-être que nous devrions avancer encore. On trouvera d’autres indices un peu plus loin. »

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Chacun‧e‧x y va de son petit commentaire face à cette mare de sang séché et l’obscurité devenue inhospitalière. Lindbergh a raison de souligner que si le sort d’un‧e‧x des membres de l’expédition précédente a certainement été funeste, il manque encore des troupes à l’appel. Lui tapant l’épaule de façon paternaliste, elle le laisse à ses espoirs d’un sauvetage sans traces. Les poils et écailles découverts ensuite vienne ternir un peu plus le tableau et Dragon sort son charbon sans plus attendre pour leur établir quelques sécurités, crayonnant sur les murs avec la vitesse de l’expérience.

« Ce n’est pas le corps des daemons qui disparaît à la mort, habituellement ? » La piste de l’inkumboli est plus plausible et la milicienne termine ses pentacles avant d’en activer un, illuminant le couloir sur plusieurs mètres devant elleux, dans une fine flamme courant au milieu du plafond. Qu’importe si quelque chose, ou quelqu’un‧e‧x, tente de se tapir dans l’ombre, elle le verra. « J’ai transmuté le calcaire du mur en souffre, ça ne durera pas longtemps. Je suis de ton avis, Itha, nous devons avancer. »

Iels n’ont pas fait cinq pas que sa lumière révèle, au loin, une silhouette qui disparaît. Dragon pousse un cri (de surprise, et non de peur, bien entendu), s’arrêtant net, le cœur battant la chamade. « Là ! Il y avait quelqu’un ! Ohé ! Nous sommes là pour vous aider, n’ayez crainte. » Il y a a peu près une chance sur dix pour que l’affaire se résolve bien, et ses mains couvertes de charbon sont prêtes à s’activer pour combattre. Toutefois, il faut bien, à minima, en passer par une première sommation… ou un appât. « Lindbergh, passe devant, tu fais moins peur. » Il est surtout bien plus appétissant dans sa faiblesse pour un monstre, si cela doit être leur destin.

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Les hypothèses fusent à mesure que la quête vaine de réponses s’épaissit. Parmi les restes de l’expédition précédente, vous découvrez des écailles arrachées et des touffes de poils, qui ne peuvent vraisemblablement pas appartenir à des daemons ; leur corps disparaît à leur mort. Et pas de silhouette humaine à l’horizon. Tu penches plutôt pour l’hypothèse, soulevée par Itha, d’une créature sauvage, voire d’un monstre, et un frisson glacé remonte le long de ton échine. « On devrait faire demi-tour… » tu implores presque en jetant des regards inquiets autour de toi. Dragon parvient à éclairer alchimiquement le tunnel, mais vous ne voyez toujours qu’à quelques mètres, et aucun bruit ni aucune forme ne se distingue dans l’obscurité. Itha ne semble pas de ton avis et propose d’avancer encore. Tu secoues la tête. Quoique tu ne sois pas autorisé à réfuter les ordres d’unæ supérieuræ, qui plus est unæ alchimiste confirmæ, la perspective de finir dévoré par une créature horrible est au-delà de ta volonté.

Soudain, une silhouette indéchiffrable se dessine au loin, dans la pénombre. Tu te stoppes net, le cœur battant si fort que tu peux l’entendre pulser jusque dans tes tempes, comme un tambour de guerre. Ta respiration dérape, tu entrouvres la bouche mais l’air ne filtre plus jusqu’à tes poumons. Dragon elle-même pousse un cri ; toi, tu es trop tétanisé pour que quoi que ce soit s’arrache à tes lèvres. Après de longs instants, tu demandes, la voix tremblante : « C’était quoi ça ?... » Avant que la chef de la milice ne te pousse devant pour servir d’appât. Tes pieds dérapent sur le sol à mesure que tu essayes de reculer et d’aller contre la pression dans ton dos, mais rien n’y fait ; vous avancez. « Non, non, non… » tu geins un peu piteusement, avec la ferme intention – quoique parfaitement vaine – de faire marche arrière.

Mais tu n’as pas le temps de te retourner qu’un hululement strident retentit dans le tunnel. Juste après, la silhouette aperçue tantôt se dessine à nouveau, cette fois-ci parfaitement claire. Une chimère, immense, horrible, mi-ours mi-crocodile, levée sur ses pattes arrière dans une posture menaçante. À nouveau, tu es trop tétanisé pour crier, mais le sursaut qui t’échappe témoigne suffisamment bien de ta frayeur. Tu recules en tremblant, lentement ; chaque pas est un supplice, tant ton corps ne te répond plus. Tu parviens à plonger la main dans ta sacoche pour en tirer ton pistolet à poudre, dont les balles ne ratent jamais leur cible – ce qui tombe bien, car tu ne sais pas viser. Tu n’as jamais tant prié que lorsque tu tires ta première balle.

pistolet à poudre Un ancien et lourd pistolet, livré avec un barillet de cinq balles enchantées, touchant toujours leur cible.

réussiteAnnule un échec aux dés.

Des poils et des écailles, et bientôt une silhouette qui semble apparaître comme un fantôme dans la pénombre. Quelque chose à tuer les membres des expéditions précédentes, tu en es de plus en plus sûræ, et bientôt, ça essaiera de vous tuer aussi. Lindbergh vous précède toi et Dragon et c'est un hululement qui vous fait vous arrêter. L'haruspice n'a pas l'air à l'aise, et tu le comprends, mais vous avez une mission à remplir et ce n'est pas quelques bruits étranges qui t'arrêteront.

Tu fais læ fièræ, mais en réalité tu es terrifiæ par ce que vous pourrez voir. Un monstre, tu en es maintenant certainæ et le monstre arrive. Sortie des ombres, une chimère vous toise. Mi-ours, mi-crocodile, les mâchoires menaçantes. Et tu sais que vous ne pouvez pas faire demi-tour, fuir, elle aurait tôt fait de vous rattraper et de vous réduire en charpie. Il faut lui faire face. Kafka a un mouvement de recul, toi aussi et il sort un pistole. Le coup de feu te fait sortir de ta torpeur, sursauter. Il faut agir. Tu te concentres pour user d'une attaque alchimique. Il faut que tu fasses frire cette immondice et pour ça rien de mieux qu'un courant d'énergie envoyé à pleine puissance. Ton œil de la vérité te permet de t'affranchir de tout cercles alchimiques et de lui envoyer ton attaque en pleine gueule. La balle de Lindbergh lui a déjà fait des dégats, mais là, tu devrais réussir à l'immobiliser au moins pour un instant. De toute façon, si tu dois combattre autrement qu'alchimiquement, tu ne sauras pas comment t'y prendre. Il faut que ça réussisse.

Une part d'elle pourrait avoir des remords d'utiliser un haruspice sans défense pour appât, mais le temps presse désormais : si iels veulent une chance de retrouver ce qui reste de l'expédition précédente, iels ne peuvent se permettre des états d'âme. Et c'est le rôle des sympathisant.e.xs que de mourir pour la secte, si nécessaire.

La bête se dévoile enfin dans la lumière, faisant frissonner tout le groupe devant son aberration. Les chimères sont un de ces domaines alchimiques que Dragon hait, inutile barbarie sur des animaux qui ne peut que tourner mal. Kafka lui tire dessus, et Itha n'est pas en reste, permettant à la milicienne de finir d'actionner les pentacles qu'elle créé au sol.

La cage de feu qu'elle créé ne contiendra pas la chimère longtemps ; il n'y a pas assez d'oxygène en sous-sol pour brûler en continu sans risquer qu'iels manquent tous.te.xs d'air. Ce devrait suffire néanmoins pour s'en approcher et lui porter un coup fatal. "Lindbergh, vise sous la gorge !" Si elle avait plus de combustible, elle pourrait le cramer tout entier, et elle garde les mains plaquées au sol, transpirant sous l'effet de la concentration, pour maintenir le plus longtemps possible son alchimie protectrice, rageant de ne pas pouvoir faire plus.

La balle atteint sa cible, comme prévu, arrachant un nouveau hululement strident à la chimère, qui se précipite dès lors sur vous. Le sang a giclé sur les murs de la caverne, et très vite, c’est Itha qui agit. Sans avoir besoin de cercles alchimiques – tu comprends que, comme Astrid, æl possède les tatouages nécessaires pour s’affranchir des lois figées de l’alchimie – æl fait surgir des flammes qui atteignent la créature de plein fouet. Pourtant, celle-ci n’est déstabilisée qu’à demi, et continue de foncer sur vous. L’attaque n’est pas permanente et bientôt les flammes s’estompent, dévoilant la face à demi-calcinée de la bête, qui ne semble pourtant pas décidée à prendre la fuite. La douleur se lit dans ses yeux, mais aussi une hargne sans nom, comme si elle était douée d’une conscience presque humaine – car pareil regard n’a rien d’animal. Son instinct de survie, au lieu de la pousser à s’enfuir, la conduit à se précipiter sur vous.

Heureusement, la milicienne a fini de tracer au sol ses cercles alchimiques et érige autour de la créature une cage de flammes qui la retiendra, mais pas longtemps. Tu ne connais pas grand-chose à l’échange équivalent et à la chimie, mais tu sais que le feu consomme de l’oxygène et que, jusqu’à preuve du contraire, vous en avez besoin vous aussi pour respirer. Dragon t’ordonne de tirer avant que l’air ne vienne à vous manquer, et la main tremblante, manquant d’échapper le pistolet, tu te concentres sur la gorge de la chimère pour insuffler à l’arme la bonne trajectoire. Et en fermant les yeux à cause du recul de l’arme, tu tires – complètement à côté – mais la balle effectue une étrange trajectoire de telle sorte qu’elle atteint surprenamment sa cible. Un nouveau hurlement, accompagné du bruit atroce de chairs déchirées, alors que la balle a tout simplement transpercée la gorge, déjà largement carbonisée, de la créature. Pourtant, celle-ci ne semble pas décidée encore à mourir.

pistolet à poudre Un ancien et lourd pistolet, livré avec un barillet de cinq balles enchantées, touchant toujours leur cible.