Les repères s’estompent, la frontière ténue entre le cauchemar et la réalité menace de s’ébruiter à chaque instant, alors que la foule gronde et s’abat comme des vagues contre les récifs acérés des milicien·nes solmènes, posté·es devant les portes de la cité. Cosimo tente maladroitement de te rassurer, te promettant que vous ne resterez pas longtemps dans la mêlée, mais l’instant d’après, læ voilà disparuæ, englouti par une masse humaine toujours plus dangereuse. Tu demeures immobile, tétanisé au beau milieu de l’assemblée hargneuse, bousculé de toutes parts par des silhouettes imprécises, manquant à plusieurs reprises de t’abîmer le minois sur les pavés. Tu n’oses plus faire un geste, ni même un pas, statufié sur place comme si seule la présence de Cosimo avait été en mesure d’imprimer en toi un mouvement. L’escalade de la colère et de l’injustice te parvient confusément, décharge électrique parcourant la foule et faisant se dresser le duvet de ta nuque. Qu’est-ce que tu fous ici ? Dans la panique qui te gagne peu à peu, tu es incapable de reconnaître le moindre visage autour de toi, la moindre expression amie. Toute la ville semble s’être changée en un seul et même adversaire, sur le point de te porter le coup fatal.

Pourtant, æl n’avait pas menti. Quelques minutes plus tard, la silhouette reconnaissable entre mille de Cosimo se dessine à nouveau dans ton champ de vision, et tes jambes de se déverrouiller enfin pour te précipiter jusqu’à lui, qu’importe la foule alentour. À sa mine soucieuse, tu te retiens de venir te blottir purement et simplement dans ses bras, te contentant de saisir sa main dans la tienne et de l’interroger du regard. Læ philosophe n’a pas le temps de t’apporter la moindre réponse qu’un coup de feu jette soudain un silence douloureusement macabre sur l’assemblée. Près des portes de la ville, un milicien s’écroule au sol dans un claquement sourd, le son funeste d’un corps sans vie heurtant les pavés. Immédiatement après, la foule rue d’un seul et même corps ; le dernier espoir de retour au calme vient d’être brutalement arraché, le premier coup a été donné, annonçant d’ores et déjà les dizaines d’autres qui suivront. Impossible de connaître l’identité de lae meurtrier·ère, happé par la foule aussitôt son méfait accompli.

T’arrachant un sursaut de tous les diables, le coup de feu te fait te recroqueviller davantage contre le corps de Cosimo, qui continue pourtant de t’entraîner vers une destination que tu ignores encore. Ce n’est qu’après de longues minutes à fendre une foule toujours plus hargneuse que vous parvenez enfin sur le parvis de la Tour de l’Est, au pied de l’immense édifice. La lourde porte vous fait face, résolument close, alors que les gardes ont depuis longtemps gagné le cortège monstrueux. « Tu ne comptes tout de même pas ?... » La fin de la question meurt dans ta gorge, grignotée par les mille et une angoisses se disputant tes entrailles. L’absence de réponse de la part de Cosimo confirme tes soupçons, alors que vous êtes d’ores et déjà rejoints par une officiante pandémonique, à en juger par la couleur de ses habits, et un visage tendrement familier. « Nicholas ! » tu t’exclames alors que le nouveau venu expose déjà ses exigences. Tu hoches timidement la tête, pas bien certain d’être à ta place dans ces jeux de politique et de magouilles – soulagé malgré tout par la venue de ton ami. Ce dernier parvient même à t’arracher un rire en prenant Cosimo pour ton père. « C’est… plus compliqué que ça. » te contentes-tu de répondre à demi-voix.

Mais bientôt, le tragique de la situation se rappelle à vous, alors que le verrou de la porte de la Tour de l’Est geint en rompant sous les manœuvres habiles de læ philosophe. « J’ignorais que tu savais faire ça ? » ne peux-tu t’empêcher de remarquer face au tour de maître de Cosimo. Continuant de te faire le plus petit possible, tu emboîtes le pas à la petite troupe dans les escaliers circulaires de la tour-prison, tâchant de ne pas relever les yeux des marches défilant sous tes pieds, pour ne pas croiser le regard d’un·e détenu·e. La peur au ventre, tu tâches de demeurer le plus près possible de Cosimo, quitte à en trébucher. Bientôt, vous parvenez devant la cellule de lae prisonnier·ère prétendant connaître l’identité de lae meurtrier·ère ayant tiré sur le milicien solmène. À cet instant, tu ne mesures pas l’ampleur de vos actions conjointes, ni même la trame politique se jouant dans l’ombre de vos choix. Tout ce qui t’importe, c’est de ne plus perdre de vue les personnes qui comptent, et de vous tirer tous·tes ensemble sain·es et sauf·ves de ce guêpier.

Les révélations de lae détenu·e te laisse sans voix, comme tes coéquipier·ères. Le mensonge se tissant peu à peu en surcouche de la réalité te fait froid dans le dos, mais tu n’interviens pas, docile et discret, te contentant d’écouter sans rien dire les manœuvres des grand·es. Celleux qui ont le pouvoir. Une fois lae détenu·e libéré·e, sur la parole de Cosimo, votre étrange petite troupe dévale en sens inverse les escaliers de la Tour pour regagner la foule, toujours plus menaçante. Mais à peine le parvis regagné qu’une explosion balaie derrière vous l’entrée de la prison, faisant éclater tout un pan du mur. Nicholas attrape ta main alors qu’un flot de prisonnier·ères se déversent déjà au cœur de la foule. Tu lui emboîtes le pas sans demander ton reste, hagard, perdu, porté par la seule volonté de ton ami, car tu n’es plus certain d’en posséder encore une once en toi. Tu t’exécutes comme un automate, jusqu’à ce que les paroles du noénaute ne te fasse l’effet d’une gifle en pleine gueule. Un daemon rouge-gorge ? « Qu’est-ce que tu as dit ? » lui demandes-tu de répéter, l’air soudain anormalement grave. « Un daemon rouge-gorge ? » Tu saisis ton ami par les épaules sans aucune tendresse dans ton geste. « Qui est-elle ? Quel est son nom ? DIS-MOI ! » La docilité semble avoir instantanément quitté tes traits, pour laisser derrière elle une colère sans équivoque, pleine d’angoisse et d’incompréhension. Une nouvelle détonation retentit, vous obligeant à vous jeter à plat ventre au sol pour éviter la déflagration. Seul le souffle brûlant de la grenade te fait suffoquer, mais tu t’en sors miraculeusement sans aucune blessure. « Suis-moi. » ordonnes-tu soudain alors qu’une brève accalmie dans les explosions vous permet de reprendre votre souffle. Au fond de toi, tu as toujours su, de qui il s’agissait. Tu savais qu’elle serait ici. Agrippant le bras de Nicholas, tu t’élances vers la première ligne, celle où les flammes des alchimistes crépitent déjà pour faire reculer la foule. Là où les solmènes sont les plus nombreux·ses. Là où il existe une chance de la retrouver avant qu’il ne soit trop tard.

Spoiler:

L’augure funeste d’Aquila se vérifia sous les yeux horrifiés de Romy qui regarda, avec une morbide fascination, le corps du Solmène disparaître sous les pas ornés de la fumée des explosions. Il ne fut bientôt plus qu’une masse noire et sanguinolente, dont le visage, apaisé par le repos éternel, hanterait longtemps les cauchemars les plus noires de la Pandémonique. Perdue dans la foule grouillante de haine et de peur, elle se retourna, les sanglots bloqués contre sa main qu’elle mordait sans s’en rendre compte, pour tenter de discerner dans le maelström de corps déchirés ses pairs qui malheureusement s’étaient déjà enfuis. La fumée lui pénétra la gorge et lui grilla les yeux. Ses joues, dévorées par des larmes acides, accueillaient la poussière des émeutes et de la tour en train de s’effondrer au dessus de leurs têtes. La peur la paralysa pendant un temps incompressible, jusqu’à ce que la lave des détenus s’échappe du volcan de pierres prêt à s’effondrer sous le coup des explosions.

« Sandro ! » appela-t-elle la tête blonde proche de son yack.

Mais son neveu avait déjà disparu dans la tourmente. Quelqu’un la saisit par le bras, et la tira avec lui. Elle se débattit, pour être saisie plus fortement, cette fois-ci par la taille.

« Madame, il faut y aller maintenant ou vous allez mourir. » asséna un des détenus, un parfait inconnu, d’une voix ferme qui la glaça sur place.

Elle papillonna des yeux pour essayer de comprendre de qui il s’agissait, mais elle fut interrompu par l’alarme la plus puissante et la plus vigoureuse du mort, celle qui pourrait vous réveiller du coma, vibrant au fin fond de vos tripes.

« Maman ! »

Romy eut à peine le temps de se redresser et d’essuyer ses larmes que deux silhouettes s’écrasèrent contre sa poitrine. L’odeur rassurante qui n’appartenait qu’à ses fils emplit ses narines, par dessus le sang, par dessus les larmes, les explosions, par dessus tout. Elle les serra contre elle, rageuse de les savoir ici, et soulagée à la fois. Tirée de plus belle par le détenu, elle saisit chacun de ses deux ados par une main, et disparut dans les escaliers biscornus.

Spoiler:

Riptide

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22 mai La situation avait explosé, complètement éclatée en milion de morceau avant même qu’elle ne puisse penser. Une seconde et Astrid regardait la foule tentant de la contenir sans qu’un mouvement de tant de personnes ne viennent commettre un massacre qui aurait seulement pour effet de déstabiliser la ville. Son esprit qui carillonnent au rythme du chaos qui envahit en onde la place et la foule. Les corps ensemble sont ceux d’une bête humaine trépidante et paniquant et explosant. elle avait échoué lamentablement. Les murmures qui avaient suivi ces mots la laissaient exposer, malmené par la foule alors qu’elle sait ce qui allait se passer. Malgré les années et l’entraînement, elle est incapable de régler la situation.

La rubis reste pourtant calme, continuant de retenir la foule et tentant de la calmer et surtout de calmer les personnes sous ces ordres quand un coup de feu résonne. Stoïque dans la panique, le stress semble bloquer en elle alors qu’Orion s’accroche à la partenaire de sa vie. Un corps solmène s’écroule et elle se refuse à trembler, un refus catégorique qui sort de cette détermination qui l’a propulsé où elle est aujourd’hui. « Essayez de rester calme. ». Dans le boucan qui suit son intervention, le monde explose comme c’était si prévisible alors que les solmènes sont compressés contre les remparts et qu’une explosion éclaire les prunelles irradiant sa cornée. Les informations se multiplient alors qu’elle ne peut plus donner d’ordres, le chaos règne et ces mots ne portent plus. Elle hésite, elle flotte, en un mot elle est perdue devant les choix alors que la voix de Sandro la sort de ces pensées. Attrapant sa main d’un geste vif, sans hésitation elle hoche la tête avant de laisser de nouveaux mots s’échapper de ces lèvres, la voix plus faible à cause de la fumée qui remplit ces poumons. « Arrêtez de courir, le plus important est de ramener la situation aux calmes ! La situation ne doit pas nous échapper.» Les dents se serraient dans sa mâchoire, les solmènes ne tomberaient pas sous son commandement tant qu’elle serait encore en vie.

Pourtant, la main est relâchée aussi vite quand la tour Est vacille sur ces fondations, des vagues de détenu.es s’échappant, dégueulé.e.s des murs de pierre qui les garder. Tremblante, elle se retourne pour tenir ces murs, martyr au sein d’une faction qui ne les idolâtré pas. Iels avaient simplement conscience du prix à payer pour accomplir ces objectifs. « Pour celles et ceux qui le peuvent, maintenez l’ordre et essayer de rattraper les détenues. Mettez les civils et la foule à l’abri». Elle savait que le glaive de la justice des solmènes s’abattrait sur les protestataires, elle le savait mais il s’agissait de justice et non d’une basse vengeance. C’est ces principes qui la maintenant devant le danger, les iris imperturbables face au danger qui se profilent. D’un geste, accompagné de certains alchimistes elle appose ces doigts sur le sol pour renforcer la tour, tentant de modifier sa forme pour que la physique les servent. « Il faut qu’on maintienne son équilibre, elle doit pouvoir tenir pencher si on renforce.». Son alchimie de feu était inutile, seul lui restait de vagues compétences en alchimie de la terre en se demandant où était les personnes compétentes.

Elle voulait survivre, elle voulait pouvoir protéger Faust, retrouvez Kafka et embrasser à nouveau les lèvres de Thymoléon. Elle le souhaitait ardemment et pourtant, elle restait là à tout tenter. Le sacrifice idiot semblait dans sa nature profonde.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Résumé:

À travers la fumée qui s'immisçait par tous ses pores, Clyde distingua la tour qui vacillait. Leandre avait fini par obéir et son essence chaotique s'était mêlée au maelström de violence qui déferlait sur la ville basse. Une curieuse sensation d'adrénaline s'empara du fantôme, malgré le fait que les pressentiments les plus sombres s'enroulaient autour de sa silhouette comme autant de capes lourdes de d' âmes en peine. Les cris déchiraient la toile de l'ordre que les Solmenes avaient vainement tenté de maintenir. Tout explosait autour de lui, faisant vibrer un semblant de cœur au creux d'une poitrine qu'il croyait pour toujours éteinte, vrillant ses tympans en d'improbables acouphènes. La foule se dilapidait en amas de chair apeurée tandis que la panique se répandait. La peur lézardait les murs et imprégnait portes et fenêtres. Dans les rues ne résonnaient que les échos des mises en garde et des jurons fous. Les détenus foutaient le camp, gangrenant une ville basse à l'agonie.
Clyde jeta un dernier regard à ce tableau superbe, et de détourna pour disparaître dans la foule en fusion.

(Clyde quitte l'intrigue.)

Tu ne sais comment tu t'en es finalement sortie. Tu n'es plus que brûlure, cloques et souffrance que l'eau glacée parvient à peine à apaiser. Tu ne sais plus à quel moment l'on t'a porté en dehors de la foule, ni comment ton corps supplicié à pris le chemin de l'hôpital. Des éclats purpurin, les pavés mal joints et l'étoffe azurée du ciel qui se découpe entre les bâtiments sont les uniques amers auxquelles tes prunelles s'accrochent encore.