Il n'avait pas été complexe de convaincre un‧e paria comme toi de participer à cette monstration de prosélytisme aux abords trop cléricale pour ton appréciation. Seulement, il s'agissait de réaliser une statue, et dans cette optique, ton accord avait été obtenu en quelques secondes à peine, avant même d'être passé par les négociations d'usage au sujet du pécule. Peu importe, la fange est ta maison, la Ville Basse est le royaume de tes rêveries, et personne ne t'en délogera, encore moins par les mains gantées du capital. C'est avec ferveur que tu acceptes ainsi la proposition du Cardinal de réaliser une statue en l'honneur de saint Agathe, en ces temps si troublés où la foi pandémonique mériterait un renouveau des plus chatoyants. Après avoir pignolé, comme à ton habitude, sur les détails des croquis et réarrangé de quelques traits le drapé prévu pour la robe, la rectrice Skye Eirhart et toi vous êtes mis‧es en route pour rassembler l'ensemble des matériaux et des outils nécessaires à l'ouvrage.

Une fois parvenu‧es dans le Marché des Ambrumes, les milliers de déambulations et de cris freinèrent sensiblement ton entrain pour cette mission. Mais ta compagne semblait connaître parfaitement la marche à suivre, et tu la suivis en silence jusqu'à une vieille échoppe où une femme, plus vieille encore que son bouiboui, sculptait grossièrement des gargouilles dans un bois fossilisé aux reflets magnifiques. Tu en déduis assez vite qu'il s'agissait dudit bois marbré, et sa beauté te laissa de longues secondes éberlué‧e. « Comme ce bois est beau. » les mots s'alignèrent sur tes lèvres sans même que tu t'en aperçoives, alors que tes doigts venaient effleurer la tête d'une gargouille. Tu entrepris de déambuler dans la petite échoppe à la rechercher des meilleurs outils pour votre ouvrage.

Après avoir exploré cet étrange antre de sorcière, ton attention se porta de nouveau sur la tenancière, qui semblait vous observer, ton acolyte et toi, d'un œil méfiant. Par contenance, tu te raclas la gorge avant d'entamer les hostilités : « Nous sommes missionné‧es par le Cardinal pour nous procurer du bois marbré dans le but de réaliser une sculpture à la gloire de Sainte Agathe. » Tu marquas une pause rhétorique. « Il va de soi que le Très-Haut saura vous récompenser par sa mansuétude si vous nous accordiez ce cadeau. » Tu aurais fait un‧e très habile marchand‧e de cailloux en sachets.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Spoiler:

Le froid ronge la peau de Skye qui, sous sa toge, se dresse comme la chair des oies. L'idée d'une statue de Ste-Agathe ne venait pas d'elle, mais l'une de ses prophéties toutefois avait donné le ton d'un hommage à façonner pour montrer la force des saints à celleux qui les ignorent. Eduquer les curieu·ses·x et les miséreu·ses·x. Agathe avait été choisie, elle avait sourit et hoché de la tête lorsqu'un·e supérieur·e lui avait demandé de se charger de la bonne réalisation du projet ; accompagné par d'autres Pandémoniques, dont Simurgh. Sourire honnête, apaisé et doux, malgré le froid mordant, lorsqu'elle le rejoint jusqu'au Marché des Ambrunes, le pas traînant sous les remarques acerbes que Cees lui murmure dans l'oreille.
Skye prend la tête de leur cortège, trouve la revendeuse dont on lui avait indiqué l'adresse et pousse la porte sans hésitation, vérifiant du coin de l'œil que Simurgh soit toujours derrière.

Pas un mot. Ce sont les outils et les matériaux qui attirent les pupilles ; Skye prend, manipule, repose, claque la langue contre son palais en ne trouvant pas ce qui lui convienne. Devant l'envoûtement de l'artiste par les marbrures du bois, la relieuse sourit avec douceur et hoche la tête, un peu plus loin, jusqu'à finir par trouver ce qui l'intéresse. Les bras plein, elle rejoint Simurgh qui a commencé la négociation avec justesse, apaisée de le trouver dans tous ses esprits et non perdu dans des ailleurs certes plus attirants mais difficiles d'accès pour mener à bien la mission qu'on leur a confié. Bien droite, Cornelius trônant fièrement sur le haut de son épaule avec un petit marteau entre les pattes, Skye s'avance. « Votre échoppe pourrait également être mentionnée sur la plaque commémorative qui ira de pair avec la statue ; cela ne pourrait que vous faire une belle publicité aux yeux des habitants de savoir que c'est chez vous que les matériaux ont été acheté. A moins que vous ne préfériez rester dans la discrétion, une faveur qui s'achète tout autant, contre bois et outils. Elle dépose sur le comptoir les quelques accessoires glanés dans la boutique. Tiens, tiens, lui aussi, je veux un marteau moi aussi. ». Cees chuchote et tend le petit marteau, taillé pour un enfant, devant les yeux de Skye qui finit par le saisir en soupirant et le poser avec le reste des fournitures dans un sourire profondément faux.

Dans la plus grande des stupéfactions, la négociante accepte de vous céder le bois marbré sans autre protestation, si ce n'est une grimace d'harpagon plaquée sur les lèvres au moment de vous retirer avec son bien. Vous ne vous attardez pas davantage, emportant le précieux bois hors de la boutique. L'encombrant matériau risque toutefois de vous ralentir dans la suite de votre quête, et tu t'empresses de héler un gamin des rue pour lui confier la livraison de la pièce de bois. « Va déposer ça à la cathédrale Sant’Ambroggio et demande un repas au prêtre. » L'enfant disparaît aussi vite qu'apparu, le bois sur son épaule vacillante, et tu te retournes vers ta camarade pour vous préoccuper de la suite de votre mission : « Espérons que les alchimistes soient tout aussi clément‧es. »

Remontant lentement la cité jusqu'aux hauteurs de la Ville Haute, tu retournes dans ton esprit tous les scénarios possibles pour parvenir à convaincre les solmènes de vous délivrer les nouveaux matériaux, particulièrement ce livre rouge dont les autorités pandémoniques vous chargèrent expressément de vous procurer. Arrivé‧es à la Montée des Alcôves, tu ralentis la marche sans même t'en apercevoir, avant de te stopper totalement devant le Mausolée sudérien avant de te tourner vers Skye :  « Il nous faut un moyen de pression. » tu constates froidement, les yeux furetant autour de toi à la recherche d’un plan d’attaque. Soudain, une idée éclate dans ton esprit : « Nous devons les convaincre de laisser nos copistes se charger de la retranscription du livre, en agitant la menace zutique pour les convaincre de copier le Livre rouge. »

Sur ces mots, tu frappes à la porte du Mausolée en espérant tomber sur une âme charitable qui acceptera de vous laisser entrer. La porte s'entrouvre et deux yeux méfiants se posent sur vous. « Nous sommes attendu‧es. » tentes-tu en espérant que la ruse fonctionne. Te penchant légèrement vers votre interlocutrice, tu lui souffles à l'oreille d'une voix entendue, continuant sur la lancée de ta mascarade : « C'est au sujet du Livre rouge. »

Un peu de stupeur derrière les lèvres scellées de Skye en un sourire satisfait. Elle regarde Simurgh lorsque le bois est donné, comme si ces maigres bras allaient porter les planches tant convoitées. Dehors, elle prend la tête, connait la suite de leur chemin et sort un petit carnet avec bien inscrites - dans des lettres qui se chevauchent et bougent sous ses yeux d'haruspice - les prochaines étapes. Mais derrière elle, le dragon s'agite, tend le matériau à des mains d'enfants, et Skye voit leur trésor s'enfuir sur de toutes petites pattes courtes. « Tu le laisses partir, comme ça ? Tu n'as pas peur qu'il se perde en chemin, ou abime le bois ? Espérons qu'il n'y ait pas que les alchimistes qui soient clément·e·s... Tu joues avec le feu, Simurgh. ». Il y a pourtant une étrange confiance envers ses décisions qu'elle sait mûrement réfléchies, alors elle peste sans dire plus, et prend sa suite en direction de la Ville Haute.

Intérieurement, la relieuse se dit que son statut et sa place au sein de la Bibliothèque des Trois Mondes sera certainement leur plus grand atout pour réussir à se procurer le fameux livre ; alors elle marche, tête bien haute, Cees toujours là qui joue avec son petit marteau. A la façon d'une file de fourmis, bien rangé·e·s les un·e·s derrère les autres, Skye se stoppe net en voyant Simurgh ralentir sa course. « Qu'est-ce qu'il y a ? - Il nous faut un moyen de pression. ». Après l'avoir contourné, les yeux plongés dans les siens, comme frustrés par la crainte soudaine d'un échec qu'elle n'avait pas envisagé, trop sûre d'elle, la Pandémonique inspire en écoutant la suggestion de son collègue. « Eh ben voilà, parfait. Laisse-moi faire, si tu veux, je p- », mais déjà, trop pressé, l'homme de théâtre se retrouve à frapper contre la porte et dessiner le croquis de son excuse, faisant face à deux billes noires peu réceptives.

Elle n'a pas l'air de vouloir ouvrir davantage la porte, en face, alors Skye dépose doucement une main sur l'épaule de Simurgh. « Au sujet de la conservation, du Livre Rouge, Madame. Sourire charmeur qui oscille tantôt entre le compagnon de fortune et la décisionnaire prête à fusionner avec sa porte, tant elle tient à y agripper ses doigts. Nous travaillons à la Bibliothèque des Trois Mondes, continue-t-elle, en sortant du bout de ses doigts sa clé de cire personnel, avec les temps qui courent, nous souhaitons protéger les œuvres-piliers de chacun des mondes qui sont menacées. Nous ne souhaiterions pas que ce Livre disparaisse, n'est-ce pas ? ». Le sourire, lentement, a disparu. La main, quant à elle, est en train de glisser de l'épaule de Simurgh au bois de la porte - bien moins esthétique que le bois marbré qui, espérons-le, les attend à la Cathédrale, par ailleurs. « Puis comme l'a dit mon ami, nous sommes attendu·e·s. Laissez-nous passer, s'il vous plait. ».
Sur son épaule, Cornelius n'a pas cessé de hocher la tête, en ayant bien pris soin de cacher son marteau, devenu désormais bien ridicule, au fond du sac à main de Skye.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

La porte qui s’entrouvre à demi laisse à peine percevoir deux billes noires fixées sur vous avec les méfiances des fauves. La contenance que tu affiches faussement pour tenter de faire plier votre homologue ne suffit aucunement à faire plier celui-ci, qui s’aventure déjà à refermer la porte en ignorant votre requête, avant que Skye ne prenne la parole, faisant valoir son rôle de relieuse en cheffe à la Bibliothèque des Trois Mondes pour amadouer le solmène face à vous. La clé en cire qu’elle agite pour attester de ses dires accroche tes regards avec envie ; malgré ton statut de professeur d’histoire de l’art, cette dernière t’a toujours été refusée, comme à la grande majorité des cittadini. Seul·es quelques élu·es en possède un exemplaire, éphémère afin de réduire les possibilités de soutirer cet artefact précieux.

La contenance froide de Skye semble atteindre sa cible à la perfection, et c’est sans un mot que le solmène vous ouvre les portes du Mausolée sudérien, antre des secrets et des légendes. L’air glacé et le silence ambiant font courir un frisson le long de ton échine, alors que tu emboîtes le pas à ta camarade, qui semble connaître parfaitement le chemin vers votre prochain obstacle : l’archiviste du Mausolée. « Cet endroit est glaçant. » tu lâches entre tes dents, à peine assez fort pour que ta complice l’entende. Contrairement aux pierres chargées de lumière où les reflets des vitraux chatoient et les silences sont chargés de prières, le Mausolée sudérien revêt un froid funèbre, comme un tombeau.

Quelques marches en colimaçon vous conduisent dans un sous-sol faiblement éclairé par quelques torches alchimiques, une obscurité nécessaire à la préservation des livres centenaires que compte le lieu. Dans une alcôve délicatement ciselée, un large bureau d’ébène vous révèle le visage parcheminé d’un alchimiste que tu devines sans mal être l’archiviste du Mausolée sudérien. Tu inclines respectueusement la tête lorsque celui-ci relève les yeux de son ouvrage pour vous contempler. Derrière lui, une porte scellée attire tes regards. Après avoir échangé les respects d’hommage, tu prends la parole, prenant compte des enseignements de Skye : « Nous sommes les copistes mandaté·es par votre hiérarchie pour aider à la conservation du Livre rouge. » Tu ajoutes, l’air faussement contrit par la situation : « Comme vous, nous sommes préoccupé·es par les événements récents qui menacent les œuvres les plus fondamentales de Cittàgazze. »

La victoire est un peu sucrée, de ces moments qui font sourire et danser la fierté dans les entrailles, remuer un peu le ventre de petits papillons pendant quelques instants. La tête haute, Skye tend un regard satisfait à Simurgh et suis la voie de la porte qui s'entrouvre à la façon d'un guide qui montre le chemin. Le chemin, elle fait mine de le connaître, tend la tête de droite à gauche en gardant cet air trop sûr d'elle, jusqu'à feindre la connaissance et l'assurance. Seul le bruit des talons sur l'asphalte résonne dans le Mausolée, laissant quelques frissons courir dans le dos de la Pandémonique, jusqu'à aller entre les poils de Cornelius qui se retourne vers leur comarade de mission. Elle n'entend rien, Skye, de la remarque qui fuse entre ses dents, mais Cees hoche la tête très fort, « Hm... Je voudrais rentrer. J'aime pas cet endroit. - Cht. Tais-toi, Cees, on ne va pas rentrer maintenant qu'on arrive presque au but. ». Elle se retourne alors, en comprenant que la remarque initiale vient d'ailleurs que de son épaule, et elle saisit le bras de le·a gazzi, bras dessus bras dessous, en passant derrière le coude à la façon d'une grand-mère qui s'en servirait de canne. Mais c'est un peu pour ellui, qu'elle le fait, dans un sourire inhabituellement doux.

En arrivant à destination, les yeux de la relieuse se teintent de paillettes qui viennent briller un peu plus à chaque pas, laissant tomber sa mâchoire en un "O" qui grandit à chaque nouvelle avancée. Les œuvres, les couverture, les cuirs... tout lui colle des frissons qui font resserrer l'étreinte sur le bras agrippé, juste un peu, avant qu'elle ne le lâche. En retrait, yeux qui se perdent sur les ailleurs de rêve des rangées des vieux écrits bien gardés, Skye tourne la tête et se voit fière des mots et ruses qui s'élèvent dans la bouche de Simurgh. Elle arrive alors à sa hauteur, sourire au creux des lèvres. « Nous sommes tout à fait disposé·e·s à vous laisser une caution, pour le prêt. Bien évidemment. », rajoute la voix qui n'a aucune difficulté à garder son calme devant la sérénité avec laquelle la précédente leur avait déjà, en toute certitude, permis de mener à bien cette nouvelle étape.
Elle avait déjà hâte de passer ses doigts sur la couverture du Livre Rouge, d'en tourner les pages avec délicatesse et respect. Trouver un petit peu de paradis dans cet enfer insupportable, un peu de lumière dans l'ombre de leur châtiment de vivre.

Du fait d'être haruspice et d'avoir Cees qui rôde à ses côtés, Skye ne pensait pas être de ces personnes facilement terrifié·e·s par la magie. Mais devant les alchimistes, il y a comme une crainte enfouie qui se réveille, une peur de cet inconnu d'où vient leur pouvoir et jusqu'où il peut aller à l'encontre des lois régies par le Divin. D'espantée devant les exploits de l'archiviste, la Pandémonique perd vite sa désillusion en écoutant les vers de poésie qui émanent de la bouche de l'homme libidineux. Ses propres yeux virent sur son décolleté afin d'être bien sûre que c'est là qu'il bloque, et elle saisit le Livre Rouge dans un sourire qui fend son visage, mais y cache une rage endormie. « Si vous savez qui je suis, vous savez également ce dont je suis capable, mon bon Monsieur. Relevez les yeux, quand je vous parle. ». Le ton est sec et elle ne sourit plus du tout, la relieuse. N'écoutant déjà plus ce que l'homme raconte, Skye range le Livre bien précieusement dans son sac à main, regardant par la même occasion Simurgh pour qui le sourire est bien plus apaisé. « Hm. Ce n'est pas ce qui était convenu, mais très bien. ». Elle jette un regard à Cees qui n'a pas besoin que la voix de son humaine retentisse pour comprendre la requête, et tourne les talons en tirant Simurgh par le bras pour qu'iels se dépêchent de partir. Le petit singe, avant que Skye ne s'éloigne trop, saute sur le visage de l'archiviste et vient lui griffer les joues et la tête, emmêlant les trois poils qu'il a sur le caillou, et criant de toute sa petite voix, crocs à l'air. Aussi rapide que minuscule, il s'enfuit à toute jambes et revient entre celles de Skye qui se retourne dans un dernier sourire avant que l'assistant·e ne ferme la porte derrière eux.

Le soupire qui s'en suit est long et Skye tente de canaliser tout le calme nécessaire pour ne pas perdre son sang-froid. La lumière du jour l'avait ébloui mais elle n'avait même pas réagi tant sa colère continuait de gronder quelque part dans ses entrailles. « Quell·e·s abruti·e·s ces Solmènes, vraiment... Bon, la prochaine étape c'est le Marché des Ambrumes, c'est bien ça ? ». Elle pose sa question à Simurgh, dont elle lâche enfin le bras dans un geste un peu honteux, puisqu'elle ne s'était pas encore rendue réellement compte qu'elle continuait de le serrer entre ses doigts. « Désolée... J'espère que je ne t'ai pas fait mal. Les joues rougies sur les pommettes, iels continuent d'avancer, et elle garde la main désormais posée sur les brides de son sac, assurance illusoire que tout ce qui doit s'y trouver y dort toujours précieusement. Tu connais bien ces endroits toi, n'est-ce pas ? ». La question est lâchée un peu naïvement, non sans juger les habitudes de l'inkumboli qu'elle connait maintenant suffisamment pour se permettre les familiarités ; mais ce n'est pourtant pas avec un ton accusateur, qu'elle le demande. C'est au contraire toujours cette curiosité parfois mal placée qui traine un peu, fait chanter les fins de ses mots dans des sons aigus intéressés. « Je te suis, je crois qu'il est mieux que ce soit toi le guide, cette fois. Je te fais confiance. ».

La vérité est que dans les quartiers des ambrumes, Skye n'était ni à l'aise ni aussi sûre d'elle comme elle avait pu le montrer et en être bien fière ; alors elle se cacherait volontiers derrière la silhouette bien plus passe-partout de lea gazzi, bouche close et oreilles grandes ouvertes.

Tu mets quelques secondes avant de t’apercevoir dans quel traquenard cette situation vient de vous balancer comme de vulgaire morceau de chair. L’archiviste détaille Skye de bas en haut, et si le regard avait été un couteau, l’autre aurait probablement fini en charpie par tes yeux le foudroyant. Tu te contentes de demeurer silencieux, souriant discrètement aux remarques d’une Skye remontée à cloc contre le porc servant d’archiviste au Mausolée sudérien. Lorsque vous quittez la pièce, Cees ne manque pas d’expliquer sa façon de penser au solmène en venant le griffer de toutes parts. Alors que vous progressez dans le labyrinthe du Mausolée sudérien pour regagner la sortie, Skye a attrapé ton bras et tu poses une main rassurante sur la sienne, lui faisant silencieusement comprendre qu’elle a agi avec beaucoup de répartie et que l’autre se souviendra longtemps de leur entrevue.

Lorsque vous parvenez enfin dehors, tu acquiesces aux paroles de ta camarade : « Oui, cet immonde personnage mérite de brûler en Enfer. » Vous entamez alors la longue descente des mille escaliers de Cittàgazze pour gagner le marché aux Ambrumes et vous procurer de clathre rouge. « Oui, c’est ça, le marché des Ambrumes, la rue des Bacchantes si je ne me trompe pas. » Tu connais cet endroit comme ta seconde maison, et les indications partielles que la hiérarchie vous a fournies ne t’empêchera pas de trouver la fameuse Fontaine des Amoureux·se·xs. Alors que vous descendez en direction de la Ville Basse, tu ne t’es pas aperçu que Skye tenait encore ton bras, avant de rompre le contact en s’excusant. « Il n’y a pas de mal. » tu réponds avec un sourire.

Bientôt, le marché des Ambrumes s’ouvre devant vous, dans ses étals suspicieux et ses échoppes aux volets résolument fermés. Tous les trafics de Cittàgazze mènent a Marché des Ambrumes, et il n’est pas rare que les solmènes effectuent des descentes dans cette partie de la ville pour tenter de déstabiliser le pouvoir zutique. Toi, tu te sens comme chez toi. À la question de Skye, tu acquiesces en silence, essayant de ne pas attirer l’attention des badauds sur vous. « Fais-moi confiance, on ne restera pas longtemps. » tu murmures en entraînant ta camarade par les rues exiguës et ténébreuses du Marché des Ambrumes. En te reconnaissant, la plupart des colporteur·ices et des trafiquant·es t’adressent des sourires entendus auxquels tu ne réponds pas. Ce n’est pas le moment de tout faire foirer avec une dose d’ambrume. Il te faut toutefois faire appel à toutes les forces dans ton être pour ne pas te faire prendre au piège de la drogue. La mission, d’abord la mission, ensuite on verra.

Bientôt, une minuscule fontaine accroche vos regards de son eau étrangement claire dans les ténèbres alentours. Une fontaine portant très mal son nom de fontaine des Amoureux·ses, servant davantage aux trafiquants à écouler leurs stocks d’alcool de posidonie en cas de descente solmène. Sur la petite placette, les portes semblent toutes closes et les volets résolument fermés, exceptée une minuscule casetta où de la lumière luit encore derrière les fenêtres. Après un haussement d’épaules, tu frappes à la porte. Après quelques secondes, celle-ci s’entrouvre suffisamment pour laisser passer un œil suspicieux vous détaillant de bas en haut. « Bonjour, nous venons voir la Marieuse. »

succès La Marieuse accepte de vous recevoir.
échec Il vous faudra vous montrer plus convaincant‧e.

La fontaine apparaît à la façon du Mont Olympe ; grande et impressionnante, alors pourtant qu'il ne s'agit que d'un mythe, cet amour qui rôderait tout autour pour embrumer l'air d'un peu de légèreté. Skye avait suivi Simurgh à la trace, sans un bruit. Elle avait laissé lea Pandémonique la guider sans broncher, toute confiante comme elle le disait, en observant chacun de ses gestes mais aussi ceux qui lui étaient envoyés, dans des discrétions parfois douteuses. Elle savait parfaitement que la personne en face d'elle n'était pas blanche comme neige, chez Simurgh, il y avait des nuances et des reliefs qui étaient de ceux qu'elle fuyait sans même y songer. Elle l'avait trouvé·e, plusieurs fois, dans un état piteux et déplorable, qui aurait dû faire appel à son dégoût mais n'a touché pourtant que son empathie. Car il y a ce petit quelque chose dans son œil, une sensation muette de chaleur froide qui colle des frissons et intrigue, autant qu'elle terrifie. Le bruit sourd d'un appel au secours un peu muet dont Skye perçoit pourtant des sons comme s'ils étaient des cris. Alors dans son aire de jeu où iel est souverain·e, derrière ellui, elle souffle et déplore qu'iel s'y sente si à l'aise, les yeux rivés sur la silhouette qui oscille dans les ruelles et arrive à bon port sans même se perdre une seule fois, leur assurant la bonne sécurité de leur précieux Livre.

Toujours muette en arrière, elle l'observe prendre la parole face à l'interstice de la porte qui se dévoile. Mais les yeux face à elleux sont froids, minuscules, et ne semblent pas prêt à se laisser berner. Ils tracent un mouvement négatif, bougent de gauche à droite, et Skye soudain s'approche en secouant l'épaule frêle inkumbolienne. Iel pourrait mal le prendre de se retrouver ainsi mis à pied, mais dans le geste de Skye, il y a quelque chose de maternel, elle qui dépose une main dans le dos bousculé. Et dans un geste jumeau qui prend toute la place se jette sur la planche de bois pour l'empêcher de venir se refermer sous l'impulsion de cellui qui se refuse à les laisser entrer. « Eh, eh ! Attendez une minute. Personne n'a dit qu'on venait gratuitement. Toute chose à un prix, certainement que cette Marieuse en a un également, ou vous, peut-être. Dites-nous ce que c'est. ». Les yeux se retournent vers Simurgh, Cees sur l'épaule semble quelque peu apeuré de ce qu'il pourrait advenir d'elleux, mais Skye respire la confiance de son rang ; faux-semblant ou vantardise reste encore à être éclairée.

L'inkumboli a dit qu'iels ne resteraient pas longtemps, mais pour la relieuse il est hors de question de partir sans avoir réussi cette mission. Alors elle attend, replongeant ses pupilles dans la paire d'yeux qui les guette et tenant tête au regard inquisiteur.
Et s'iels échouent, elle trouvera autre chose. Il y a certainement une seconde entrée voisine à cette petite porte à demi-dérobée, quelqu'un·e d'autre à charmer suffisamment pour rencontrer la fameuse Marieuse, et comprendre peut-être enfin le patronyme qui intrigue tant la femme soumise au Divin.