La chaleur est totale mais le bonheur de mettre les mains dans la terre pour y trouver de la nourriture en quantité surpasse l'inconfort, et Carine gratte à ses cotés les mottes de terre sèches pour en tirer les récalcitrantes petites patates manquantes. Iels ont faim, le retour d'Arthur n'a pas arrangé leurs finances et courir à travers toute la forêt pendant deux mois leur ont creusé un appétit féroce.

Iels ne comprennent pas les cris d'alarme, comme tant d'autres concentré‧es sur leur tâche, et ce n'est qu'une fois le combat commencé que Nicholas se résout à abandonner son panier de nourriture et à sortir son fleuret. Les ennemi‧e‧xs qui leur font face lui sont inconnu‧e‧xs, des visages nouveaux, différents, des inkumbolis dont il n'a jamais entendu parler. Pourquoi les attaquer ? Pourquoi maintenant ? La panique est réelle et rapide, la cohue aussi, mais les Covenant ne font pas partie des fuyard‧e‧xs, se portant au devant de leurs adversaires.

"Posez vos armes ! Qu'est-ce que vous voulez ?" Il commence à répéter sa question dans les langues qu'il connait, sans réponse apparente, et ce n'est qu'après s'être pris un coup qu'il saisit enfin qu'une discussion ne s'ouvrira pas. Contrairement à son crâne.

Nicholas ! Carine aussi a senti cette douleur et elle feule sur leur adversaire, alors qu'iels battent en retraite. "C'est juste l'arcade, ce n'est rien." Une cicatrice de plus à leur collection, si iels survivent à la journée. S'abritant derrière une haie, le Covenant tente de stopper le flot qui lui couvre déja la moitié du visage, avec peu de succès.

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(tw) blessure physique Par l’Autorité, jure Zen en se passant le revers de la main sur son front maculé de sueur, où se collent les quelques mèches de cheveux tombées de son chignon noué à la hâte. Il ignore depuis combien de temps il moisit sous les rayons du soleil, trois heures au bas mot. Trois heures de trop, à n’en pas douter. Ça lui apprendra à se porter volontaire. Dire qu’il pourrait somnoler dans son lit douillet à cet instant même… Momo est aussi de cet avis, sa fourrure épaisse est en train de cuire avec cette chaleur infernale. L’alchimiste et son dæmon échangent un regard dépité. Certes, leurs efforts n’auront pas été en vain, leur panier d’osier regorge de fraises rouges et juteuses. Un spectacle suffisant pour lui foutre un sourire aux lèvres après l’hiver rude et sans pitié que les cittadini ont traversé.

Autour de lui, les autres continuent de trimer en silence ou en discutant de choses et d’autres. Bientôt, une cloche résonne dans les champs, où il n’y a pas si longtemps fléchissaient sous le vent érables, chênes et mélèzes. On peut dire qu’il a appris à les reconnaître, ces arbres, après les nombreux jours passés à les déraciner un à un. Il soupire, heureux de pouvoir enfin faire une pause. Il suit ses collègues vers les tables installées pour le repas du midi. Il ne reconnaît personne autour de lui, c’est dommage. Il aurait aimé pouvoir rigoler avec Zee, Nino ou Esdra; hélas, il ne sait même pas s’iels participent à la récolte. Il avale son bol de porridge sans parler à personne, puis se lève pour aller porter son panier de fraises. On lui en donnera alors un nouveau, qu’il faudra remplir, et ainsi de suite. Il jette un coup d’œil aux fraises qui ont l’air délicieuses et, Zen étant Zen, ne peut résister à la tentation d’en manger une. Puis deux. Puis trois. Momo réprime un rire qui s’apparente à un cri étouffé.

Ce n’est que lorsqu’ils sont de retour dans les champs que la malchance qui taraude le jeune de Luca depuis sa naissance lui tombe dessus pour la énième fois. Des cris de peur et de douleur retentissent non loin de lui. Il lève la tête, l’air interdit. Des silhouettes galopent dans tous les sens, d’autres s’effondrent sur le sol, le fantôme d’un cri sur leurs lèvres entrouvertes. En quelques secondes, le champ de fruits et légumes devient un champ de bataille. L’ennemi·e·x? Non pas i fantasmi, comme il l’a craint de prime abord, mais une armée de visages inconnus et d’inkumboli. Zen n’y comprend rien, les tympans assaillis par la panique générale. Ses muscles finissent par coopérer et, une fois son dæmon agrippé à ses épaules, il se met à courir, pressé de fuir la cohue, sans trop savoir où il va. Tant pis pour son panier de fruits.

Dans sa course, il manque de trébucher sur une personne caché·e derrière une haie et une exclamation peu orthodoxe lui échappe. Je suis désolé! S’adresse-t-il à l’Autorité pour ce blasphème ou à l’inconnu·e? Difficile à dire. Heureux d’être à l’abri des missiles, il reprend son souffle tant bien que mal et finit par remarquer la blessure sur l’arcade sourcilière de son vis-à-vis. Oh, votre front. Attendez. J’ai... Il n’achève pas sa phrase et plonge la main dans sa besace, d’où il retire un mouchoir à la propreté douteuse, assez grand pour servir de pansement de fortune. Avec des gestes maladroits, il l’enroule autour de la tête de l’autre. Voilà, ça devrait suffire à stopper le saignement. Pour le moment, du moins. Il espère que la blessure ne s’infectera pas à cause de lui, ce serait le bouquet. Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qu’on devrait faire? Au même moment, il sent une chaleur intense lui lécher l'épaule, pas assez pour lui brûler la peau, mais assez pour imprégner son corps entier d'une forte odeur de brûlé, celle de la chair incendiée.

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Le sourire collé au visage, Esdra admire les plantations la mine fière et satisfaite. Elles ont tellement poussé qu'il doit attacher avec des bout de ficelles certaines ramifications à des bâtons pour que les plants ne se cassent pas la figure. Et il s'émerveille devant les jeunes fruits du potager en pleine croissance, certains encore tous verts. Alors qu'il les félicite de vive voix comme s'il s'adressait à des bambins, un étrange grondement provenant de terre lui coupe la parole. De l'orage peut-être ? Il doute. Puis une alerte siffle dans l'air. Esdra ne comprend pas ce qu'il se passe. Si quelqu'un essaie de faire une mauvaise blague. Il balaie les alentours du regard, et d'un coup tout se passe bien trop vite. Une horde d'inkumbolis armé⋅e⋅xs jusqu'aux dents et accompagné⋅e⋅xs d'animaux carnassiers se déverse de la forêt et envahit les lieux. Iels piétinent les nouvelles plantations, fauchent le blé, et ravagent les champs sans vergogne. Iels sont en train de trépigner les jeunes plantes et certains légumes déjà juteux et, surtout, iels sont en train d'écraser des jours et des jours de dur labeur et de sueur.

« Mes belles plantes… » Un instant, Esdra reste bouche bée, si abasourdi qu'il en oublie de respirer. C'est comme si elles criaient, comme si elles agonisaient. Et bientôt, c'est au tour des cittadini de crier, certain⋅e⋅xs déjà à terre, inanimé⋅e⋅xs. Il a l'impression que c'est sa vie, sa maison, sa famille que ces cruel⋅le⋅xs sauvages piétinent. Car oui, leurs gestes ne sont que pure cruauté, il ne trouve aucune autre explication. Figé, il faut une seconde pour qu'en Esdra, la colère monte, et se mêle à l'ébahissement. « Bon sang… mais touchez pas mes plantes ! » Ils veulent quoi, conquérir ces terres enfin prospères ? « J'vais vous la faire bouffer, cette terre. » Il est bien rare de voir le jeune homme aussi remonté. Pendant un court moment, cette colère lui fait voir rouge et l'adrénaline lui insuffle une confiance qu'on ne lui connaît pas, certes démesurée, mais celle qu'il lui permet tout de même de foncer vers l'ennemi, en empoignant d'une main la lame dont il se sert pour jardiner, plus tranchante qu'un scalpel, et de l'autre un gros caillou qu'il est bien déterminé à balancer sur le premier sauvage qu'il croisera.

Mais la vue rendue tunnelisée par la rogne, il ne remarque pas ce charognard foncer sur lui en piqué, les serres en avant qui manquent tout juste de se planter dans la peau de son crâne. Elles parviennent toutefois à lui arracher une bonne touffe de cheveux. Esdra n'est pas passé loin de se faire lacérer le visage, et comme si ça ne suffisait pas, le vautour tente à nouveau de l'avoir. Il vise les yeux, le rapace. Le jeune homme se protège le visage, tout en battant des bras pour essayer de faire fuir l'animal. Sans grand succès. Et il pleut des cheveux, et il pleut des plumes. Finalement, Esdra parvient à saisir les pattes du vautour dans une main et à détourner son vol droit contre le sol. Il n'hésite pas plus longtemps pour lui sauter dessus et l'immobiliser, une main qu'il lui cloisonne le bec, et l'autre qui trouve le rouleau de ficelle dans son bissac, avec lequel il s'empresse de lui nouer le bec, les ailes et les serres. Pour s'assurer que le charognard ne puisse plus bouger, comme le bon rôti de volaille qu'il est devenu. En se relevant, il profite de l'attacher un peu plus fermement au tronc d'un jeune arbre encore intact. Comme un prisonnier, comme un otage. Car tout comme lui, c'est un inkumboli… et iel pourra tout à fait parler en retrouvant sa forme humaine, quand les hostilités auront cessé. Malheureusement, la bataille ne fait que commencer… Pour l'instant, il ne s'en sort pas trop mal, si ce n'est quelques légères griffures et quelques cheveux en moins…

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Les rayons du soleil brûlent les nuques courbées vers la terre, dardant ses épines sur les peaux fragilisées par le rude hiver qui vient de passer. Pourtant, le travail fourni est immense, tous‧te‧xs les habitant‧e‧xs mettent la main à l'ouvrage sans tenir compte des factions. Et pourtant, les séparations sont bien visibles, les appartenances marquent les corps, les visages et les paroles, et même si chacun‧e‧x fait de son mieux pour ignorer tout cela, ce n'est pas possible d'en faire la totale abstraction. Pas quand les tortures marquent encore les esprits. Alors Ohanzee se tient loin des solmènes, regardant avec méfiance leurs gestes marqués d'un semblant d'innocence.

Les mains dans la terre, il aide les cultivateur‧ice‧xs à ramasser les abondantes récoltes qui vont faire du bien à tous‧te‧xs après le blizzard, ayant terminé les missions de repérage des éclaireur‧euse‧xs. Les récoltes rejoignent les paniers disposés entre les rangées de plantations, quand un cri d'alerte vibre dans l'air chaud de ce début d'été. Le grondement de l'attaque se propage parmi les rangs de la Cité des Pies, piètre armée pour défendre la ville. Et pourtant, c'est dans un même élan que tous‧te‧xs se précipitent, dans une panique marquée par la crainte de voir les récoltes détruites.

Ohanzee ne met que quelques secondes à se saisir d'une pelle, arme de fortune, avant de se précipiter pour rejoindre Jana qui s'engage déjà dans la bataille. Il sait qu'à elleux deux, iels ont plus de chances de s'en sortir. Enfin, plutôt que lui s'en sorte. Alors il court vers son amie, mais est bien vite arrêté par un‧e attaquant‧e‧x et son épée. Manquait plus que ça. Les muscles se tendent, les coups sont parés de la manière la moins maladroite possible à l'aide du manche de la pelle, mais l'ennemi‧e‧x ne recule pas. Iel reste sur ses positions, et ce n'est que lorsque d'autres cittadini viennent lui prêter main forte qu'il peut souffler un peu. L'inconnu‧e‧x repoussé‧e‧x, l'Oiseau reprend sa course, rejoignant son amie un peu plus loin.

Ses mains s'animent pour lui demander si elle a un plan, mais c'est le sifflement d'Asha qui l'interrompt, prenant conscience de sa blessure. Le sang a tâché le tissu, et l'acrobate souffle rageusement à cette vue. Non mais vraiment, il ne manquait plus que ça.

Spoiler:

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La main sur les troncs abattus au sol, Luz tente de ressentir l'âge des arbres, leur force et leur résistance, à la manière d'une alchimiste qu'elle n'est pas. Ils feront de belles charpentes ou de beaux piliers, et finalement, c'est tout ce qui lui importe. Sourire aux lèvres, elle se relève et retourne en direction des champs, laissant tomber son bras et frôlant les troncs encore debout et bien vivants du bout des doigts, jusqu'à ce qu'elle sente comme des tremblements qui, lentement, s'intensifient. Un bruit, sourd, s'élève droit devant elle, et au-dessus de la canopée, les oiseaux prennent la fuite.
Elle range son carnet de croquis dans son sac et commence alors à courir pour découvrir le champ de bataille, l'attaque imprévue et les blessures des courageu·ses·x qui luisent au soleil. Bien décidée à faire quelque chose, davantage pour se défendre elle-même que la récolte, elle attrape une bêche et la secoue dans tous les sens en avançant sans but, jusqu'à voir au loin un Solmène qui semble en difficulté (Esdra). Le temps d'arriver à ses côtés, toutefois, et le vautour se retrouve maîtrisé, malgré la perte de quelques cheveux, ce qui lui colle une vision d'horreur à l'idée de perdre les siens, sur lesquelles elle pose une main timide.

« Tu vas bien ?! Voix paniquée qui se rapproche et s'abaisse. Besoin d'aide pour l'attach- Wooh !! ¡¿Qué coño pasa?! ». L'espagnol qui revient au galop dans l'urgence et la surprise tandis que son pied se retrouve saisi et tiré par des pattes aux griffes acérées. Petite et légère, elle se retrouve attrapée, la pauvre Luz, traînée sur le sol par un coyote enragé, elle crie, mais ce n'est un gros coup de pied sur le museau du canidé qui finit par la libérer. La chaussure part avec, et alors qu'elle ne bouge enfin plus, sauve, elle se relève subitement dans ses vêtements nouvellement sales et poussiéreux. « Non ! Ma chaussure ! ». Une notion de priorités quelque peu perturbée, elle se lance à la poursuite de l'inkumboli, bèche toujours entre les doigts, et elle finit par lui jeter l'outil dessus à la manière d'un harpon. Complètement sonné par la torpille qui vient de lui tomber sur la tête, le coyote tombe à terre et Luz, pas peu fière, prend le temps d'enfiler sa chaussure mordillée avant de ramener la bête par la queue juste à côté du vautour. « Il te reste de la corde ?, qu'elle lâche en direction d'Esdra, le plus simplement qu'il soit. ».

Résumé & Objectif:

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monte analogo
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(tw) aucun Qu’est-ce que tu fais dans un champ ? La question se pose, c’est d’ailleurs ce que tu demandes alors que t’aides d’autres habitant‧e‧xs à travailler la terre. Tu supportes même pas la chaleur si bien qu’il n’y a aucun doute que tu serais autre part si tu le pouvais. Mais t’as voulu te rendre utile, continuer ce que t’as commencé avec l’abattage d’arbre. Bûcher dans les champs est tout de suite moins agréable que manier la hache, mais tu supposes qu’il y a moins de risque de blessure comme ça.
Du moins en théorie.
En pratique, les choses se passent un peu différemment. Pas que les cultures se rebellent contre vous ou quoi que ce soit d’aussi anodin. Non, ce serait bien trop amusant ça. À la place, c’est une horde d’humains qui arrivent. Tu ne captes pas les nuances dans l’identité des attaquant‧e‧s, il faut dire que ça ne t’intéresse pas.

Non, toi t’as une seule priorité : sauver ta peau. Peut-être que si tu avais vu une tête familière, t’aurais eu un peu plus de courage dans les veines, mais ce n’est certainement pas le cas cette fois. De toute façon, tu ne cherches pas vraiment à en trouver, trop pressée à t’éloigner de ce danger. Tu sais que tu pourrais être utile si tu restais, qu’avec ta force physique tu pourrais peut-être aider les autres à combattre les ennemi‧e‧s, mais la vérité, c’est que tu n’en as pas envie. Faire des efforts physiques pour labourer des champs ou tu ne sais trop quoi d’accord, risquer ta peau ? Absolument pas. « Essaie de repérer une façon de s’enfuir sans trop de dégât. » Que tu dis à l’intention de ton daemon, sachant pourtant pertinemment qu’Ostara ne peut pas vraiment s’éloigner. C’est dans ce genre de moment que tu regrettes de ne pas avoir cherché à faire plus pour devenir une véritable sorcière. Comme celle qui s’approche de toi pour soigner tes blessures inexistantes. Il faut que t’atteigne la ville, comme ça tu pourras être utile.
Utile sans rien risquer.

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Ses mains lui font mal, rougies et abimées. Rien d’étonnant vraiment. Cela fait des jours qu’ils travaillent, progressant laborieusement. La fatigue, la bonne fatigue, celle qui lui donne l’impression d’avoir accompli quelque chose. Le sommeil qui la trouve dès qu’elle pose sa tête contre l’oreiller. Ses joues rougies par le soleil, les taches de rousseurs qui explosent contre son nez, petites constellations sur sa peau qui se colore doucement d’un hâle qu’elle n’y a jamais vu. Pourtant, elle serait presque heureuse Salomè. Elle y trouverait presque un sens. La houe s’enfonce dans la terre, la racine qu’elle tente d’extraire du sol depuis une bonne heure commence enfin à donner du jeu et à bouger. Elle sourit, s’accorde même une petite dance victorieuse avant de retourner à la tâche. Elle travaille avec une jeune femme de la ville basse. Elle parle beaucoup et Salomè écoute. Elle lui parle de sa famille, de sa fille et de sa femme, de ses projets, parce que le futur ne semble plus aussi sombre.
Babillage interrompu. Un premier cri, puis le silence. À côté d’elle, la silhouette s’effondre. Poupée de chiffon, une flèche plantée dans le flanc.

Salomè ne comprend pas immédiatement, trop concentrée sur sa besogne. Ils sont arrivés comme une punition céleste, tempête vengeresse qui déferle sur eux, ils n’ont rien vu venir. L’hubris de ceux qui pensent tout savoir, qui croient que le monde leur appartient. Comme ils ont été stupides, de penser qu’ils pourraient soumettre la terre brulée à leur volonté.
Elle reste ébahie quelques instants contemplant sans comprendre la tâche vermillon qui s’étend sur le tissu. La silhouette gémie. Elle sait ce qu’elle doit faire. Elle rampe, évite de se faire piétiner par ceux qui fuient pour leur vie. Le chaos qui éclate. Au-dessus d’elle des flèches continuent de siffler. Lorsqu’elle atteint finalement la jeune femme à terre, elle ne peut plus rien pour elle. Ses yeux vides contemplent le ciel, bleus comme la mer où elle rêvait de voguer. Ils ne verront pas sa fille grandir, ils ne seront jamais encadrés de rides d’expressions. Salomè lui clôt les paupières.

Elle se relève, le cherche du regard. Samson.

Il était dans son champ de vision il y a quelques minutes, elle le sait parce qu’elle ne peut pas s’empêcher de jeter des coups d’œil discrets dans sa direction. Rapidement, elle reconnait sa silhouette. Il ne bouge pas, hagard. Elle hurle son prénom, une flèche brulante qui frôle son avant-bras. Il s’écroule.  

Elle se met à courir, il lui semble si proche et pourtant si loin. Elle ne comprend pas. Pourquoi il ne bouge pas. Pourquoi il ne fuit pas.

Elle sait que ce qu’elle fait est dangereux, probablement stupide, courir ainsi à découvert, mais elle ne peut pas le laisser, elle ne peut pas le laisser là. Un cri l’alerte, une lance s’enfonce dans le sol, à l’endroit même où elle se tenait quelques secondes auparavant. Mais elle n’a pas le temps d’y penser, elle continue de courir. Il est tout prêt à présent, elle a juste à tendre la main, lui saisir l’épaule et l’entrainer avec elle. Quitter la plaine, panser leurs plaies, monter dans leur petit appartement avec vue sur les toits et dormir. Loin du danger.

Il ne la reconnait pas. C’est la première chose qu’elle se dit. Lorsque son regard croise le sien. Elle n’a pas le temps d’avoir peur, pas le temps d’être surprise.

La douleur se diffuse, brûlante et vive, dans son tout avant-bras. Ses yeux se chargent de larmes sous le choc, par réflexe elle colle son bras contre son estomac, appendice inutile à présent. Quelque chose change, sur son visage. Il semble se réveiller, comme après un mauvais rêve. Elle l’a déjà vu faire, elle sait à quoi ressemblent ses cauchemars. « Ça va. Ça va aller. » Ça ne va pas. Elle le sait. La douleur lancinante dans son poignet ne laisse pas vraiment de doute sur l’issue de sa blessure. Mais elle serre les dents. Ça doit aller.

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monte analogo
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CW : Réaction de stress post-traumatique violente & blessure involontaire infligée à autrui

La fatigue en valait la peine, l'effort supplémentaire de ces derniers jours qui commence à se voir tout autour de la cité. De nouvelles routes ont été construites et les champs sont prêts à être semés, la bonne terre arrachée des entrailles rocailleuses au prix de la sueur. C'est une vision heureuse, un résultat qui lui donne une sensation de satisfaction et de complétion. Qu'importe si son corps le tiraille à la moindre articulation, si le soleil a buriné la peau de ses épaules jusqu'à la brûlure. Ici il peut se sentir utile, ici il fait quelque chose de bien. Une fuite en avant qui a un but ; l'épuisement récompensé par la plénitude, le vide total de son esprit trop faible pour réfléchir. Pas besoin de penser au passé, ainsi libéré de l'incertitude du futur par cette parade constructive. Il en redouble d'entrain Samson, puise dans ses retranchements alors qu'il s'occupe à fixer les planches sur les flancs d'une cuve pour récupérer l'eau. Il ne les entends pas tout de suite, cadence du marteau cinglant à ses oreilles un rythme bien rodé. S'il continue ainsi, il aura suffisamment avancé pour passer la main des finitions à quelqu'un d'autre. Un coup. Deux coups. Un cri. Il relève le visage, clignant des yeux alors qu'il pense tout d'abord avoir mal entendu. Un coup, deux coups ; et tout lui explose soudainement au visage.

C'est le froid qui le prend en premier, sensation d'un fluide glacé qui se répand aussitôt dans ses veines avant de durcir ses muscles comme de la pierre. Il ne peut plus bouger, figé sur place alors que son cœur se met à battre bien trop vite. Statue fragile campée face au chaos, sursautant du moindre écho de l'attaque s'intensifiant. Un spectateur lointain de la scène qui se déroule devant lui, si lointain qu'il en est transporté ailleurs, dans les méandres de son propre cœur. Son souffle se serre, anxiété débordant ses craintes violentes et impérieuses. Salma. Salma. Je dois protéger Salma. Sa respiration s'accélère, adrénaline enclenchée alors que les fantômes d'une horreur toute autre se transposent sur ce champ ensoleillé. Les autres cittadini hurlent autour de lui, fuites et combats s'entrechoquent à grand fracas. Et Samson reste là, présent de corps mais pas d'esprit, terreur dominant tous ses instincts. L'espace d'un instant il est de nouveau à Babel, en une seconde de trop il s'est oublié. En une seconde, il finit au sol avec le bras roussi par une brûlure, tir croisé d'un alchimiste visant un ennemi. Il hoquète ce trop plein de sentiments, ravale ses larmes en essayant de rassembler ses membres soudain trop lourds dans l'herbe. Debout. Qu'il ordonne à ses propres jambes. Debout. Ça hurle à l'intérieur, émotions conflictuelles. Il savait que ça arriverait encore. La paix, la paix ne pouvait pas durer. Et Salma ; Salma. Même là, il ne peut sauver personne. Le cul dans l'herbe, inutile et vaincu. Debout Samson. Quelque chose le touche. Quelqu'un. Il ne se contrôle pas, état de stress et d'alerte maximal, sa main n'ayant pas lâché son outil a le réflexe d'un revers. Volte-face violent, ennemi terrassé. Ennemi ? Salomè au poignet maintenant brisé.

Tout s'effondre lorsqu'il la reconnaît, le choc causé par son visage familier qui lui fait lâcher le manche du marteau qu'il serrait si fort. Déferlante de bruits et de sensations, odeur de brûlé et échos de la panique autour de lui. Et son visage de se décomposer lorsqu'il réalise ce qu'il a fait.

Mais son premier réflexe c'est elle. Elle qu'il doit protéger. De lui, des autres, alors il se redresse d'un bond, main maladroite l'agrippant. Fuir. Encore et encore, la seule solution possible. Il court Samson, sur ses jambes encore tremblantes, malgré le poids de ce fardeau qu'il s'inflige. Il court et trébuche, entraînant Salomè à sa suite alors qu'une volée de flêches passent au dessus de leurs têtes.

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