Voilà maintenant trois jours que les dirigeables se sont envolés en direction de l'anomalie déformant le ciel, vers ce sombre présage que nul‧le‧x ne peut déchiffrer avec certitude. Voilà maintenant trois jours que les murmures inquiets courent sur les lèvres, que les spéculations se multiplient dans une effervescence folle et que les sanglots éclatent dans les gorges de celleux dont les proches sont parti‧e‧xs dans cette expédition menaçante. Les regards désespérés se tournent sans relâche vers le ciel, dans l'espoir de voir réapparaître parmi les nuages les explorateur‧ice‧xs de fortune.
Silence s'est muré‧e dans un mutisme inquiet depuis qu'iel a vu Grimm embarquer, sa paravoile entre les bras, englouti dans le corps du navire aérien. Il ne lui reste plus que l'espoir qui depuis toujours lui file entre les doigts, celui que le poète-aviateur ne soit pas dévoré par l'anomalie, celui de ne pas voir dans les brumes les corps arrachés par la tempête.

La vie difficilement continue dans la Cité des Cimes mais un appel à manifester ravive les esprits, preuve que rien n'est suspendu pour les puissant‧e‧xs dans l'attente des dirigeables. Une analogue capturée va être transférée à la Tour de l'Est, dans ces geôles sordides où ne survivent que les peurs ; une de plus parmi les victimes des jugements solmènes ; une de plus condamnée à la folie derrière les barreaux. Le bruit court parmi les zutiques que les analogues infiltré‧e‧xs vont agir, mais nul‧le‧x ne connaît les tenants et aboutissants de leur plan, pas même Simurgh. Ara lui a seulement demandé d'aller grossir la foule de ses monstres, et s'iels y seraient allé‧e‧xs quoi qu'il en soit, l'ordre donné par Maldoror ne souffre maintenant plus d'aucune contestation.

Le Théâtre recrache dans les ruelles de la Ville Basse la troupe des Monstres, procession grinçante qui s'étire jusqu'à la prison. Silence n'a jamais aimé la foule, iel n'a jamais supporté les manifestations, mais au milieu de ses amant‧e‧xs, iel se sent protégé‧e de ce monde qui lea blesse. La main glissée dans celle de Boy, dans ces douceurs-violences dont il a la spécialité, il gagne la place où grognent déjà des manifestant‧e‧xs et hulule une chouette aux cris stridents. Une grimace étire ses lèvres quand le bruit désagréable perce ses tympans et Gaspard, posé sur son dos, bat des ailes dans un mouvement qu'il voudrait apaisant, mais le corps reste tendu dans l'attente de cet inconnu que rien ne dévoile.

résumé : Silence est inquiet‧e pour Grimm parti dans le ciel, mais Maldoror, sous la demande d'Ara, pousse les Monstres à aller manifester pour grossir la foule nécessaire au plan obscur des analogues. Silence est perturbé‧e par le bruit et la foule et iel se réfugie auprès de Boy pour ne pas se perdre.

Les semaines animées par les chantiers et les observations de l'anomalie ont laissé place à un étrange silence qui s'immisce dans toutes les rues de la Cité des Cimes. Il serpente jusque dans les maisons, des casettes jusqu'aux locali, envahissant même les péniches où le clapotement des vagues contre la coque semble vaguement étouffé. Nino essaie de ne pas se laisser gagner par l'idée que cela ne peut qu'annoncer un mauvais présage, mais ces derniers mois ont mis à mal sa capacité à voir le positif dans les situations dramatiques qui s'enchaînent. Le phare n'est toujours pas reconstruit, les cauchemars continuent de le hanter chaque nuit et il n'y a qu'Arthur pour apaiser les sanglots qui brûlent dans la pénombre. Les noénautes ont perdu la tête du Consiglio, les plus fines fleurs de la faction sont parties dans les cieux, les sorcier‧e‧xs ne peuvent plus voler. L'espoir semble avoir été consumé avec ses souvenirs dans l'incendie dont il porte encore les stigmates et il y a quelque chose de désespéré les gestes qui le raccroche à l'Aimé.

Il faut pourtant faire bonne figure, finir le rapport sur la construction du dirigeable noénaute et ne pas douter du retour de sien‧ne‧xs, des Covenant qui sont monté‧es à bord. Accepter que maintenant, il n'y a plus rien qu'il puisse faire sinon attendre. Mais le regard ne peut s'empêcher de se tourner vers le ciel, vers l'anomalie qui grandit et menace ; une faille, une déchirure, une fin de monde. Tout semble suspendu aux circonvolutions de l'étrange apparition.

Les solmènes cependant prouvent que la vie continue - si ce n'est pas celle des autres, au moins la leur - avec l'énième arrestation et condamnation d'une analogue. Il n'y a pas de répit pour les horreurs et Nino voudrait que tout s'arrête. Que s'arrêtent ces massacres, ces guerres intestines et ces violentes attaques, absurdités qui ne trouvent aucun sens alors que leur monde est peut-être sur le point de s'effondrer. Peut-être les analogues sont-iels les seul‧e‧xs à pouvoir arrêter ces ravages, peut-être sont-iels celleux qui aviveront encore plus le brasier. Seul l'avenir pourra le leur montrer, mais le présent demande d'agir, de venir soutenir celleux dont les pierres ont résonné en lui dans le Cirque de la Solitude. Il ne peut pas rester sans rien faire alors qu'une innocente va être condamnée aux geôles de la Tour de l'Est.

Il y a pourtant cette hésitation avant de partir pour la manifestation, ce léger tremblement des mains, ce regard qui s'échappe. Le combattant a perdu son éclat. Le combattant s'est éteint en même temps que le brasier monté haut dans le ciel cette nuit d'août. C'est les doigts d'Arthur autour des siens qui finissent par le convaincre de passer la porte et de gagner la petite procession qui se rend, comme eux, à la Tour de l'Est. Les cittadini prêts à braver la milice, même pacifiquement, ne sont pas très nombreux‧se‧xs, mais le petit groupe qui s'agite et s'époumone devant la prison devrait être suffisant, au cas où les analogues voudraient en profiter pour mener une action coup de poing. Nino a eu vent de renseignements divulgués à la faction alliée, mais nul‧le‧x ne connaît les plans secrets qui se trament de l'autre côté du labyrinthe.

Arrêtés sur le bord de la place, pour ne plonger ni lui ni Arthur dans un bain de foule, le recors observe le lieu avec l'habitude de celleux qui essaient de se parer à toutes les éventualités. Si sa ténacité et sa force sont mises à l'épreuve ces derniers mois, il y a des choses qui ne changent pas. Son regard balaye les sympathisant‧e‧xs à la cause analogue et il reconnaît quelques visages, dont celui de la doyenne Mayfair qu'il apprécie pour son engagement. Il la salue d'un sourire avant de reporter son attention sur son Amour à ses côtés, serrant sa main dans la sienne pour affronter la tempête qui menace.

résumé : Nino est un peu pessimiste et morose face à la menace qui tord le ciel et aux remous que subit sa faction ; mais il se convainc d'aller manifester pour que la nouvelle prisonnière analogue soit libérée. Bien évidemment avec Arthur à ses côtés, il gagne la place sur laquelle se dresse la Tour de l'Est et reconnaît dans la foule Isle, qu'il salue de loin.

L'air sent la poudre. Une vie passée à dépendre de ses instincts, de ses capacités à lire une foule pour deviner et éteindre des feux avant qu'ils n'éclatent, font sentir à la milicienne que quelque chose se prépare. Où, comment ? La question demeure ouverte, mais tous‧te‧xs les milicien‧ne‧xs sont sur le qui-vive alors qu'une partie des leurs se sont envolé‧e‧xs pour une destination encore inconnue.

Elle ne se préoccupe pas beaucoup de la fin du monde ; en elle il y a comme un détachement vis à vis d'un effondrement potentiel, la faute à ne plus avoir beaucoup de famille et d'attaches sans doute. Elle sait que, jusqu'au dernier jour, elle donnera son souffle et son alchimie à sa ville natale, mais affronter ou défaire des forces qui la dépasse ne serait que s'épuiser pour rien.

L'information circule à la caserne qu'une manifestation démarre à la Tour de l'Est, et Dragon serre les lacets de ses bottes, vérifie qu'elle a tout l'équipement nécessaire avant de former une petite escouade pour du renfort. Est-ce là que cela va péter, aujourd'hui ? L'appréhension est vite foulée au pied, laissant place à la détermination habituelle, sans laquelle ni elle ni aucun‧e‧x de ses camarades ne ferait ce métier. Si ça pète, elle répondra.

Dragon part en direction de la Tour de l'Est avec quelques milicien‧ne‧xs pour faire service d'ordre de la manifestation.

Ses mains tremblent au fond de ses poches, ses yeux sont ceux de la proie terrifiée, se jettent d'objets en personnes sans jamais y repérer d'issue, de commun, de rassurant. Tout n'est qu'ennemi, nouveauté, danger, et Asmar se demande une fois de plus pourquoi il a accepté cette tâche, pourquoi il risque sa vie ici.

Il donnerait beaucoup pour faire face à un spectre, pour retrouver le calme et les odeurs naturelles de la forêt, plutôt qu'affronter cette cacophonie de sons, de mouvements et de senteurs. Les cittadini puent à son museau, la ville pue. Trop grande trop vieille trop crade.
Mais il est là. Fondu dans la masse, adossé à un mur près de la prison. Il ne fait pas partie de la manifestation, ça non, ce serait trop risqué, mais il observe et se tient prêt.

Un‧e‧x cittadini lui adresse la parole, des mots qu'il ne comprend pas avec l'accent, ou la concentration, et il se tourne alors, pivotant pour lae surplomber, le regard sombre. "Pardon ?" Pas commode, pour ne pas changer.

Asmar pas content d'être là, en observation. Quelqu'un lui parle (à vous de venir l'embêter )

La foule est un monstre vibrant qui menace de vous dévorer. Elle ondule comme un serpent, et du brouhaha s’élève une peur que tu ne connais qu’en livre. Celle des dilemmes qui ne conduisent qu’aux drames. Entre les cittadini, vous progressez comme une meute avide de bouffer les tragédies qui se préparent. Les chiens ont suivi la piste des horreurs, attirés par le sang qui se préparent à couler. Vous êtes toujours là quand souffle la mort, comme un mauvais présage collé au corps. Humer l’incertitude et la rage, la sueur et la cendre. C’est votre domaine, et c’est comme des hyènes que vous plongez dans cette foule qui n’a rien d’innocent.

Tu suis un chemin invisible à travers la marée humaine qui se déverse sur la place de la Tour de l’Est. Un ciel sans vie jette sur la ville des lumières pâles, réhaussant les visages de drôles d’ombres. Les badauds se sont attroupé·e·xs devant la prison, harangué·e·xs par des dissident·e·xs et des fauteur·euse·xs de trouble. Pour une fois, le Munstrum n’en est que simple spectateur. Depuis l’attentat contre lae Grand·e·x Prêtre·sse·x, vous savez que vos têtes sont mises à prix dans toute la faction des serpents, et la discrétion est devenue votre seule planche de salut. Tu retiens tant bien que mal un sourire carnassier de bousiller tes lèvres ; tout cet affolement t’électrise. Tutoyer la peur des autres, c’est tout ce qui t’anime. La tienne n’a pas d’importance.

Tu voudrais faire mine de te foutre cérémonieusement de l’emprisonnement de cette analogue, mais la vérité dans ton ventre est autre ; celle qu’on voudrait enterrer loin dans le corps. Celle de l’inkumboli et du frère qui vivent en toi, de cette nouvelle faction qui t’a pris ta famille et te semble pourtant si proche. À la curiosité se mélange une rage que tu ne t’expliques pas.

« Cet endroit serait parfait pour une pièce de Beckett. » tu lâches avec un rictus. « Si on est séparé·e·xs : Silence, ne lâche pas Boy. » L’ordre est lâché comme un grognement de chien, sans même les regarder. Tes yeux noirs ne trahissent rien, mais le sang battant à tes tempes comme un ressac furieux pulse d’inquiétude et de culpabilité mêlée. La jambe boitillante de Boy te rappelle que tu n’as pas su protéger la meute. Tu aimerais parfois qu’il crève, mais pas d’une autre main que de la tienne – comme Godot.

PS Simurgh est avec le Munstrum, et that's it.

Le convoi est en vue, la prisonnière encadrée par un nombre ridicule mais prévisible de milicien‧ne‧xs, comme s'il s'agissait du danger public numéro un. Nino ne peut s'empêcher de grincer doucement, ses yeux s'assombrissant sous ses paupières délaissées par le sommeil ; cernes et iris, il n'y a que du bleu orage qui tranche sur son visage buriné par le sel et le soleil. La haine de la milice grouille dans ses veines, injectée depuis l'enfance par son père qui, avant lui, l'avait héritée de ses parents. Les gazzi de la mer contre les gazzi de la terre. Inkumboli contre alchimistes. Rêves de paix contre violence. Les oppositions de manquent pas et toutes se heurtent au même constat : la milice devrait être abolie, son existence même étant un affront à la liberté.

La foule hue la procession, les injures fusent et les corps se tendent comme pour prédire la confrontation à venir. Iels ne sont pas très nombreux‧se‧xs mais assez pour faire barrage, si quelqu'un donne la première impulsion. Nino aimerait avoir ce courage - peut-être l'a-t-il eu un jour, mais aujourd'hui, son ardeur de combattant a été réduite en cendres et les phénix n'existent pas. Il faut tout reconstruire, chasser la peur et les fantômes de fumée, remplacer les cris par des promesses de revenir. Il faut surtout s'assurer qu'Arthur aille bien, qu'Arthur survive, parce qu'Arthur ne peut pas mourir.

Alors quand ils sont pris dans un mouvement de foule qui les entraîne vers le convoi, quand l'intrusion de l'inkumboli agite les manifestant‧e‧xs d'un espoir nouveau. Il ne fallait que cela pour le lancer le soulèvement contre les milicien‧ne‧xs. L'angoisse d'être ainsi entouré de corps en mouvements, sans ne pouvoir rien contrôler, fait monter en Nino une angoisse effrayante, nourrie par la peur de perdre Arthur de vue. Agrippé à son bras comme à une bouée de sauvetage en pleine mer, il n'est plus celui qui guide, qui garde ou qui sauve. Il n'est qu'une autre pauvre âme perdue qui ne peut se séparer de celui qu'il aime. Dans ce flot qui les amène vers le convoi, le gardien lutte contre les vagues pour ne pas perdre Arthur et dans ce combat, la marée humaine les rejette dans un élan violent contre le‧a milicien‧ne le‧a plus proche, qui tombe à terre sous le choc. Nino manque de le‧a rejoindre, Arthur avec lui, mais il se retient à ses réflexes, reste debout et se stabilise malencontreusement, de tout son poids, sur le genou de le‧a solmène. Même le bruit des manifestant‧e‧xs ne parvient pas à couvrir le craquement et le cri de douleur.

résumé : Nino et Arthur se retrouvent emportés par un mouvement de foule et Nino ne voulant pas lâcher son amoureux, ils se retrouvent ballotés par le courant, jusqu'à ce que la foule les recrachent brusquement hors d'elle. Pile sur un‧e milicien‧ne‧x (quel hasard) qu'ils font tomber sous le coup, à qui Nino écrase vraiment malencontreusement le genou.

La douleur siffle. Tu as appris à ne plus l’écouter. A renfort d’alcool. Et de drogue. Les substances se mélangent dans ton corps… A quoi bon l’empêcher ? Tu n’as aucune raison à sauver. Tes organes ne doivent plus rien valoir sur le marché noir… Mais tes yeux s’ouvrent et une nouvelle journée commence. Putain, t’es encore vivant. Même que ta jambe se répare et que tu tiens désormais debout sans aide. Tu peux marcher. Chose qui te semblait impossible il y a encore quelques jours. C’est pas un miracle. Aucune Déité, aucune Autorité ne s’abaisserait à t’aider. Tu n’es là que parce Simurgh ne t’as pas laissé mourir. Lors de ta convalescence, ta seule réjouissance était de voir la culpabilité sur son visage… Grisant d’avoir un tel pouvoir sur ellui. Lae Maître·sse est trop attaché au chien.

Si ta mémoire ne te joue pas de tour, c’est la première fois que vous sortez en groupe depuis Ce fameux jour. Tu es partagé entre l’euphorie et la frustration. Tu sais que tes gestes seront contrôlés quelque peu par Simurgh… et son inquiétude ? A moins que ce ne soit simplement son besoin de dominance. Chez les canidés, cela se règle parfois avec qui pisse sur qui.

Ta main se retrouve dans celle de Silence. Tu sais pas trop pourquoi mais tu ne fais aucun mouvement pour t’en échapper. C’est Silence… T’as toujours eu des réactions étranges avec ellui. Polydore a les yeux fixés sur Gaspard, cherchant à attirer son attention. Il aimerait bien jouer avec apparemment. Puis la voix de Simurgh vrombit dans l’air. Un ordre. Silence ne doit pas lâcher « Boy » ? Tu lui envoies un regard noir. Montre les dents. Iel essaie de te contrôler. Tu as juste envie de faire exactement le contraire de ce qu’ellui souhaite. Tu n’as pas le temps de mordre. Les réactions de la foule qui vous entoure signe clairement un changement d’ambiance. Quelque chose ne tourne pas rond… Mais n’est-ce pas ce que vous cherchiez ici ? Attendiez-vous à ce que tout se passe sagement ? Non. Vous êtes en manque de chaos. En soif de dysharmonie. Vous êtes des monstres après tout. Tu n’arrives pas à voir ce qu’il se passe… Par contre tu peux très bien identifié nombre de milicien·nes s’activer si proches de vous… Ensembles en tant que Munstrum, vous êtes une cible facile… Pourtant un sourire te dévore le visage. Le chaos que tu cherchais est juste là, à portée de doigts… Il suffit de tendre ta main… Rappel au réel. Ta main est dans celle de Silence. Ellui, et ellui seul·e, ne doit rien risquer. Tu ravales ton goût de la violence et tu tentes de l’attirer plus loin, là où la foule se fait moins dense.

CW : violence physique

Trois jours de silence, mais surtout trois jours de culpabilité, qui la ronge, la détruit, et en même temps lui dessine un sourire tendre sur le visage. Le plaisir de se savoir faible et d'enfin l'accepter un peu, après avoir tant fui la réalité. Une espèce de fierté-péchée, et le sentiment d'avoir fait ce qu'elle a pu pour s'en empêcher : alors ne faut-il pas simplement l'accepter, à présent, et fondre dans les bras qui se tendent à elle, bien qu'il ne s'agisse pas de ceux de l'Autorité ?

Mais il y a aussi cette terreur devant le mutisme de celleux qui s'envolent toujours plus haut et sont devenu·e·s de minuscules points invisibles dans les cieux. Ce sont elleux qui lui maintiennent les deux pieds sur terre, la gardent active toute la journée pour ne pas se confronter à cet instant de calme où toute l'angoisse remonte et déborde. Alors Skye court à droite puis à gauche, s'active et s'interdit les pensées parasites. Cornelius en est exténué, haletant.
Au détour d'une de ces journées trop remplie, et peut-être au détour d'une caresse, Simurgh a parlé de ce rassemblement où iel allait avec les sien·ne·s soutenir une Analogue. Dans le cœur de Skye, le procès est revenu, ce sentiment mitigé qui grondait pendant des heures, entre la satisfaction de les voir être jugé·e·s pour les atrocités, pour la douleur qui suinte toujours dans son dos ; mais aussi la sensation de tirer contre des corps déjà trop meurtris par une injustice sociale et humaine, causée par la peur de l'Autre.
Alors sans un mot, pour combler cette nouvelle journée et faire retomber son regard contre le sol, Skye s'est aventurée dans la Ville-Basse, juste pour voir.

Elle se glisse dans la foule, muette, reconnait quelques visages, Simurgh au loin bien qu'elle réalise qu'iel n'a pas tout à fait l'air d'être ellui-même ; et dans l'agitation causée par l'inkumboli panthère, alors qu'elle offre un sourire sincère à Nino vers qui elle s'avance, un·e des milicien·ne·s marche sur la queue de Cees. Le hurlement provenant du minuscule singe est déchirant, et la douleur dans la poitrine de Skye l'est tout autant. La gifle qu'elle renvoie à cellui qui en est le·a responsable fuse, incontrôlée. « Mais enfin faites attention ! Elle s'abaisse pour récupérer Cees entre ses bras, le serrer contre elle, tandis qu'il grimpe à son cou et saisit sa propre queue douloureuse entre ses doigts et lance des regards noirs à le·a milicien·ne. On ne vous apprend pas à bouger dans une foule, dans votre école de brutes ? ». Elle peste, se retourne, cherche le gardien du Phare en reconstruction mais il a déjà disparu, lui aussi, perdu dans le flot des hurlements et des mauvaises fois.

Perché sur la tête de l'Evêque, Cornelius se lève et finit par tendre une main dans une direction, « Il est là-bas ! », et faire un geste en secouant sa patte vers le jeune homme, devenu petit espoir de calme dans tout ce brouhaha. Mais le calme entraîne les angoisses et les peurs, alors en avançant, le visage de Skye se fige et les trahit, doucement.

Résumé : Skye arrive en grande curieuse because Simurgh avait mentionné la journée et elle a besoin de ne pas penser à celleux qui sont sur les dirigeables. Un·e milicien·ne écrabouille la queue de Cees, par réflexe elle lui met une gifle (we'll see si ça le retarde avec le résultat du dé), et essaye de rejoindre Nino.

Mêlé‧e‧xs à la foule, les monstres aimeraient donner de la voix pour nourrir le chaos et narguer les milicien‧ne‧xs qui se sont introduit‧e‧xs dans la foule, peu discret‧e‧xs avec leur uniforme presque militaire ; mais les ordres de Maldoror vont à la discrétion depuis les Justes. Iel les sent bouillonner, ses amant‧e‧xs condamné‧e‧xs au silence, iel sent leur rage au bord des lèvres et leurs muscles qui se tendent pour retenir les gestes. Iels se consument sans pouvoir prendre part au brasier. La mort ricane mais, pour une fois, les monstres n'y sont pour rien.

Le convoi approche, la foule s'anime encore davantage, resserrant les rangs comme pour se protéger de la milice en vue, et la directive de Simurgh, crachée en leur direction sans même un regard sans même une attention, est comme un crève-cœur pour lea sculpteur‧ice. Le rappel qu'iel ne peut se défendre seul‧e, qu'iel n'a pas su venir en aide à Boy, empêcher la blessure, se battre avec les autres. Iel n'a été qu'une ombre derrière elleux, tout juste bon‧ne à les faire disparaître avec ellui. Il y a ce sentiment latent d'arrachement, qui nourrit la pensée qu'iel n'est pas un vrai monstre ; qu'iel ne pourra jamais faire partie de rien d'autre que des désastres qu'iel entrevoit.

Il faut pourtant avaler l'amer, étouffer les larmes et serrer la mâchoire, ne rien montrer de ce qui l'agite. Obéir aux ordres comme un chien à son maître, suivre Boy qui l'entraîne, de son pas boitillant, vers les abords plus calmes de la manifestation. Au moins essayer d'empêcher qu'il ne se blesse à nouveau aujourd'hui. C'est tout ce qu'iel peut faire. Iel le fait asseoir - quelque peu contre son gré, évidemment - sur les quelques marches qui mènent à une maison, pour ne pas qu'il épuise sa jambe malade. Prétexter qu'iel est fatigué‧e pour le retenir ici, près de lui et loin du chaos, alors que la colère et les aboiements emplissent sa bouche.

Une troupe de milicien‧ne‧xs passe devant elleux, sûrement appelé‧e‧xs en renfort pour contenir la foule, et Silence serre plus fort la main de Boy pour le - et se - retenir de faire quelque chose qu'iels regretteraient. Il serait pourtant si facile de tendre la jambe pour faire chuter un‧e solmène dans sa course, alors qu'iels sont rendu‧e‧xs presqu'invisibles par l'aura trop effacée de l'haruspice. Il faut serrer les dents, se contenter de les regarder passer et se condamner à la discrétion. Maldoror aura toujours l'empire sur elleux. Ou au moins sur ellui. Et peut-être est-ce l'injustice de cet emprisonnement, peut-être est-ce la projection de ce qui aurait pu arriver à Simurgh, peut-être est-ce le souvenir des Justes. Beaucoup de peut-être, si peu de réponses ; mais un regard vers le machiniste, les sourcils froncés.

"Je n'ai pas envie de rester là sans rien faire, mais je n'ai pas envie non plus que tu te blesses."

Gaspard, qui voletait autour de Polydore dans un jeu coloré, s'arrête brusquement pour planer jusqu'à sa moitié d'âme, battant des ailes d'un air inquiet face à cette discussion.

résumé : Boy et Silence s'éloignent de la foule pour se mettre au calme - et à l'abri -. Un groupe de milicien‧ne‧x passe mais Silence ne parvient pas à leur faire un croche-patte.

A son arrivée sur l'esplanade, il est déja trop tard pour empêcher la manifestation de dégénérer, et Dragon sprinte pour atteindre la foule, en aboyant des ordres aux autres milicien‧ne‧xs présent‧e‧xs pour qu'iels créent des cordons et appellent du renfort.

Sa place pourrait être dans ce cordon, à l'abri derrière un cercle d'alchimie, mais elle connait ses collègues et les sait capables de gérer : il faut qu'elle agisse maintenant, dans le corps du mouvement pour y mettre fin le plus tôt possible. Le mieux est toujours d'extraire rapidement tout‧e‧x leadeur‧euse‧x, comme par exemple ici cette panthère inkumboli qui enflamme clairement les esprits.

Pas loin, le convoi de l'analogue essuie des coups et des injures, restant bloqué. Habituée à gueuler, elle insuffle tout l'air qui l'entoure, mais se le voit expulser par une gifle qui la stoppe net dans son avancée. Son premier réflexe est alors d'attraper le bras de la personne qui ose l'attaquer, remarquant rapidement la tenue rouge d'une haute gradée pandémonique, difficile à coffrer sans raison valable. "Agression sur milicienne, ça peut vous couter cher. Si vous ne supportez pas d'être bousculée, rentrez chez vous."

Après cette menace, elle attrape une des craies contenues dans son sac et s'accroupit un court instant pour tracer un cercle au sol : juste de quoi provoquer un peu de fumée et disperser la foule.

"Dispersez vous, par ordre de la milice ! Toute entrave au fonctionnement de la justice sera puni par de la prison !" L'avantage de cette manif, c'est que la Tour de l'Est est à coté. Iels n'auront pas long à faire pour enfermer tout ce petit monde au besoin.

succès : sa transmutation fonctionne et une détonation légère fait peur aux cittadini
échec : quelqu'un marche sur le cercle et le brouille

Dragon se fait gifler par Skye, qu'elle menace de représailles et somme de partir. Elle réussit à transmuter quelques fumigènes pour que les cittadini s'écartent.

Sur mon visage, ce sont les traits d’un·e autre. Il y a de longs cheveux tirant sur l’ocre qui encadrent un visage aux contours plus doux, moins agressifs que les miens. Une de ces magies qui ne s’explique pas, qui teinte nos animaux-mémoires d’un morceau d’âme un peu nouveau. Pour une fois, dans cette cité, je ne me sens plus différent des autres cittadini ; c’est d’une ironie cinglante, qu’il faille que je sois quelqu’un d’autre pour me sentir appartenir au groupe.

Ma langue claque contre mon palais alors que j’arrive sur la place, les yeux furetant cette satanée Tour. Je n’y retournerais pas. J’avais eu beau le clamer, manquer de fondre derrière le souvenir d’une mort évitée de peu, la consigne a pris le pas sur mes choix, et je me retrouve à traîner des pieds en suivant Nil. Je n’ai pas envie. J’aurais voulu être dans ces dirigeables, voir le monde d’en haut ; m’envoler, comme dans ces souvenirs d’enfance qui me saisissent encore, parfois. Et en même temps, il y a ce devoir, ce sentiment d’obligation, d’aller secourir l’une des nôtres : j’aurais aimé qu’il y ait tant de personnes, pour moi. J’aurais aimé bénéficier de ce bon timing, de ces alliances, qui brusquement ne me paraissent plus si terribles.

Le cœur en guimauve, mais la hargne toujours allumée et brûlante, en passant à côté d’Asmar, je l’interpelle. « Tu veux venir avec nous ? - Pardon ? - Je te demande si tu viens avec nous… Enfin, fais comme tu veux. ». Mes yeux roulent au ciel derrière cet air toujours ailleurs et supérieur, plus encore lorsqu'il se pose sur les faunes. J’attrape la main de Nil, dans un frisson avant de la relâcher, peur de n’en avoir plus tout à fait le droit, et nous fraie un chemin pour nous engouffrer dans la gueule du loup qui oscille, se bouscule. D'un coup de tête, je montre un muret derrière lequel on peut aller se cacher pour contourner la Tour dans l’autre sens, en attendant que la procession ne continue d’avancer. Là-bas, il y a l’air d’avoir une autre sortie. Il y a forcément une autre sortie. « Je vais chercher une entrée par-là. Si tu vois que des milicien·ne·s me suivent, je te fais confiance pour faire diversion… Je sais que tu me sortiras à nouveau de cette tour, s’il le faut. ». Les yeux tendres et le sourire joueur pour détendre l’atmosphère, je disparais pour me rapprocher de la Tour et chercher des yeux une porte moins gardée que l’entrée principale.

Résumé : Attilio débarque avec Nil, il essaye d'être gentil avec Asmar en lui proposant à moitié de venir avec eux mais, well ; il va du coup chercher une entrée dérobée à la Tour pour s'infiltrer.

CW : drogue, violence physique

Assis en marge de la manifestation, sur un petit muret en hauteur, Loup observe la foule s'agiter, grossir et s'animer, comme s'il regardait une pièce de théâtre. Chacun‧e a son rôle, les manifestant‧e‧xs donnent de la voix, les milicien‧ne‧xs des rappels à l'odeur, le convoi l'élément déclencheur de la fureur. Il se demande si la suite de ce théâtre de la catastrophe sera aussi prévisible que son prologue dans lequel les silhouettes se meuvent et se déforment comme des fantômes. Le réel ne l'est pas, il n'y a que des spectres et des chimères autour de lui, il n'y a que l'ambrume qui donne à son cerveau sa dose de morphine pour atténuer la douleur. Le monde n'est plus qu'une représentation absurde, la preuve qu'il appartient au pays des mort‧e‧xs, mais lorsque la poudre d'or s'évapore de ses veines, sa mort est toujours là et il n'y a plus rien à sauver.

Ca hurle ça crisse dans la foule, ça se débat et ça s'éprend de soulèvements vifs quand le convoi s'approche. De son perchoir, Loup voit l'inkumboli se transformer, rugir pour arrêter le convoi, et il sait qu'à partir de là tout va très vite s'enchaîner. Des altercations entre milicien‧ne‧xs et manifestant‧e‧xs commencent, les huées de la masse galvanisent les esprits, contre cette injustice que catalysent les analogues. Cette haine des inkumboli dépasse le nimrodien, d'autant plus en cette période troublée où une anomalie risque de tous‧te‧xs les avaler. Les priorités sont tout de même assez étranges dans cette Cité, et s'il commence à en comprendre les moeurs, les haines et les rejets, il a tout de même du mal à s'y faire ; et surtout à comprendre.

De nouveaux corps se mêlent au groupe, milicien‧ne‧xs et cittadini, grossissant la foule qui fait barrage au convoi, dilatant la masse jusqu'à ce qu'elle soit proche de Loup. Tout près de lui, une milicienne écrase la queue d'un daemon, à en croire le cri de douleur de la pandémonique qui l'accompagne, et celle-ci, dans un geste jurant avec sa tenue, retourne une gifle bien sentie à celle qui lui a fait mal. Loup étouffe un rire, du genre bien fait pour elle, devant ce spectacle qui s'apparente plus à la comédie qu'à la tragédie.

Les paroles de la milicienne, dont les sons sont déformés par l'ambrume, lui paraissent tout à fait absurdes mais dans le même temps réveillent en lui cette rage qui ne le quitte jamais vraiment. L'autorité lui fait grincer des dents et l'ordre lancé au nom de la milice lui donne l'impulsion de descendre de son perchoir pour faire tout le contraire de ce qui est exigé. Les pieds touchent le sol et une fraction de seconde plus tard, il se trouve face à la milicienne à qui il adresse un sourire discordant, plein de morgue et de haine. Le coup de poing s'écrase en plein milieu de son visage.

"Ca c'est pour votre prétendue autorité."

Qu'il crache.

résumé : Loup observe la foule et ce qui se passe autour de lui. Il est un peu défoncé, alors il met du temps à intervenir, mais l'altercation entre Skye et Dragon le fait bouillonner, alors il vient mettre un coup de poing dans la figure de Dragon (et la prive de ses pouvoirs pour deux tours).

vide magiqueUne carte privant votre adversaire de magie durant 2 tours, alchimie inclue.

réussite Assure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.