Quelques dizaines de minutes passées aux côtés des milicien‧ne‧xs pour faire entrer les solmènes dans la Torre, quelques dizaines de minutes avant que tu ne puisses t'échapper sans éveiller les soupçons. Disparu dans la foule, dans le chaos, tu trouveras bien une excuse si les spectres ne les mangent pas tous‧te‧xs. Du haut d'un toit, tu écoutes les cris, observes les cavalcades effrayées, restes immobile face au tumulte. Tu pourrais presque avoir de la peine pour elleux, pour ces enfants dont l'innocence est dévorée par cette tragédie ; mais les bribes de compassion sont vite étouffées sous le feu de la haine héritée des analogues.

Les cittàdini gagnent des abris de fortune, refuges peu pérennes face à la menace mais assez solides pour rassurer leurs terreurs. Les rues se vident peu à peu et ne restent que celleux nourrissant le rêve fou de trouver un moyen d'arrêter i fantasmi. Les rumeurs remontent jusqu'à toi, portées par le vent, et viennent compléter d'autres bruits entendus depuis quelques temps. Un fragment du Poignard subtil serait perdu ou caché, quelque part dans la ville, et les cittàdini comptent bien le trouver. Le vent vient ébouriffer tes plumes comme pour te donner le signal du départ, celui de la course au poignard. Si vous, analogues, arriviez à mettre la main dessus, votre moyen de pression sur la Cité des Pies deviendrait immense.

Ailes étendues, tu t'envoles sans un bruit au-dessus des rues étroites de la ville basse, labyrinthe d'escaliers et de recoins traîtres qui paraît beaucoup moins effrayant vu du ciel. Tu sais où aller, aucune effluve de doute ne vient t'effleurer. S'il y a bien quelqu'un qui serait resté là malgré tout, c'est bien Nil. Tu te glisses dans les courants jusqu'à sa planque, atterrissage sur le rebord de la fenêtre branlante qui ne ferme pas vraiment. De quoi te glisser à l'intérieur et te transformer, quittant ta robe de plumes et le rouge de ta rage. Tu sais qu'il ne t'attaquera pas, trop habitué à tes deux apparences.

Aucune salutation, il y a longtemps que les politesses inutiles ont été abandonnées entre vous. Seulement dire l'essentiel, ce qui compte et qui fait sens, utilité ou profondeur des sentiments.
"Iels cherchent le fragment, s'iels le trouvent on va regretter de pas avoir cherché. On peut commencer par leur nouvelle église, p't'être que les pandémoniques l'ont récupéré."
Ca ne sonne pas comme une proposition, seulement une affirmation de celui qui sait que Nil sera d'accord avec lui. S'il existe, il vous faut ce fragment. Tu retournes près de la fenêtre en lançant un coup d'oeil à l'autre faune.
"Tu veux y aller en courant ou en volant ?"

HRP Edoardo rejoint @Nil T. Tzara dans sa planque et lui dit qu'il faut qu'ils aillent chercher le fragment. Il oriente la recherche vers l'église de la Terre Brûlée.
objectif fouiller l'église sur la Terre Brûlée.

Sur la place pèse la même chappe d'angoisse que dans toute la ville, insidieuse et incontrôlable même pour celleux qui s'illustrent par leur sang-froid. Ce lieu de passage incontournable entre les deux parties de la ville, toujours grouillant de flâneurs et travailleur‧euse‧xs, a été vidé de sa vie et de son âme dans la panique. Coup de tonnerre dans le ciel bleu, tragédie au soleil éclatant ; l'éther lui-même semble sidéré, incapable d'accorder ses impétuosités à la détresse terrestre. Tout semble dissonant et l'esprit inquiet de Nino ne peut s'empêcher de se demander si tout ceci ne serait pas qu'un cauchemar, mais il ne peut laisser place au doute. Le doute a dû perdre beaucoup trop de cittàdini aujourd'hui, figé‧e‧xs dans cette incrédulité que tous‧te‧xs ont ressenti. Il ne peut laisser place au doute.

Allant d'un espion à l'autre, Nino se répète comme un mantra tu vas le trouver pour contrer les pensées assassines ; celles qui lui répètent que tout est vain, qu'il court après une chimère. Cesser de croire, c'est mourir. Cesser de croire, c'est enterrer tous‧te‧xs celleux qu'il aime, celleux pour qui il se lance dans cette course désespérée : Arthur, Kafka, les Covenant, Spriggan. Les visages d'Arthur et Kafka se font ritournelle dans son esprit, fioul de son énergie de condamné.
Il pose à l'espionne la même question qu'à l'autre, restant sur le qui-vive, muscles tendus prêts à s'élancer dans la direction qui lui sera indiquée. Il n'a pas le droit à l'erreur et chaque seconde compte. C'est une course contre le temps, une course contre la mort, mais un gouffre semble barrer la route avant la ligne d'arrivée. Le fragment comme seul moyen de créer un pont entre les deux rives.

"On a entendu des choses à propos de la centrale ambarique. Je ne sais pas si elles sont vraies mais ça vaut le coup d'essayer. Courage."
Elle lui offre un sourire d'encouragement crispé mais ses yeux ne mentent pas, trahissant la peur qui l'étreint toute entière. Miroir de ceux de Nino. Il jette un merci qui se perd dans son départ empressé, reprenant sa chevauchée furieuse en se dirigeant cette fois vers la centrale. Ses pas heurtent le pavé avec la violence de la vitesse et se forcent à ne pas ralentir lorsqu'il croise des corps sans vie que la faucheuse a délaissés, pantins de bois dont l'âme volée les condamne à errer sans but. Il ne peut laisser cela arriver à celleux qu'il aime. Surtout pas.

HRP Nino interroge une espionne pour savoir où le fragment serait susceptible d'être trouvé. Lorsqu'il a la réponse, il reprend sa course pour se diriger vers la centrale ambarique.
objectif retrouver les espion‧ne‧xs à la Piazza del Sole.

TW pensées suicidaires

Il te faut de longues, si longues et épuisantes minutes pour parvenir à semer le spectre en t’enfonçant dans le labyrinthe des escaliers aériens. Luttant contre ton souffle éperdu, tu tentes maladroitement de reprendre tes esprits, tentant de chasser les images d’horreur du marché des Ambrumes, les corps dépecés de leur âme, et ce spectre comme un lambeau de chair putrifié dans la suif. Ta course ralentit, ta nuque se casse en arrière pour tenter de happer de l’air. Et en ouvrant les paupières, un étrange tableau s’offre à toi.

La ville semble étonnamment calme. En relevant les yeux, tu peux apercevoir des morceaux de nuages s’éparpiller sur les toits des casettes, silencieux spectateurs du tourment de la ville. De ce bout d’étoile épargné, il serait facile d’oublier les spectres, l’invasion, les corps sans âme, les cris. Tu te laisses porter un instant par cette ruelle blanche où des esprits invisibles et indolents à l’ombre se retranchent*, contemplant les nuages continuant leur course sans vie au-dessus de toi. Une mer de nuages, comme ce voyageur égaré dans les hauteurs d’une montagne inconnue, nimbé par des brumes que des à-pics viennent trancher. Des brumes comme des filins de soie, blanches à la manière des coquillages. Les vagues sont presque tangibles, plus évidentes encore et plus langoureuses à l’arrière-plan, se hissant vers un ciel qui se confond avec la mer de nuvoli. Seul un pic comme un phare perce encore dans le lointain cet étrange océan de terrible pureté. On peut sentir une force ténébreuse agiter les nuages blancs, quelque chose d’un vent qu’on ne peut que sentir et qui pourtant, brouillera bientôt tout ce beau paysage. Et au premier plan, cet inconnu que tu voudrais être toi, contemplant la mer de nuages, de dos, voyageur perdu et peut-être à jamais.

L’interlude se décompose lentement alors que des survivant·e·xs en fuite te dépassent, le souffle court, les genoux ensanglantés d’avoir trop couru ou d’être trop tombé·e·xs. Tu demeures immobile, cherchant à l’angle de la rue l’apparition-suaire d’un spectre, et sans comprendre pourquoi, tu attends. Tu attends qu’il surgisse, enfin, comme tu l’as toujours attendue, cette fin quelque part perdue dans les escaliers aériens ; ou peut-être est-ce elle qui t’attendait. Tu cherches, et pourtant rien ne vient, et tes poings se serrent, les larmes éclatent de tes yeux rougis par la peur. Rien ne vient. Mais toi, tu n’en peux plus, tu voudrais que tout se termine enfin, ne plus courir, ne plus craindre les moindres âmes encore en vie et encore plus celles qui ne le sont plus. Tu voudrais t’évader sur cette mer de nuages. Lorsque tes jambes se rappellent enfin à toi, tu essuies rageusement les larmes qui avaient commencé leur lent pèlerinage le long de tes joues, et tu t’enfuis enfin, au hasard des rues.

résumé Kafka parvient à semer le spectre en se perdant dans les escaliers aériens, où il espère un peu en finir. En contemplant le ciel, il songe au Voyageur sur la mer de nuages de Caspar David Friedrich.

*phrase inspirée du vers de Zanzibar de Gaël Faye.

Il n’a pas le temps pour les sornettes, pour les rumeurs, pour celleux qui s’arrètent en pleine rue parce qu’iels ont retrouvé l’espoir – il entend des bribes de mots, cette histoire de fragment, de poignard. Il pourrait être reforgé que Nicholas ne s’arrêterait pas : ce n’est qu’une arme, pas un miracle, et il y a trop de spectres à Cittàgazze pour qu’un porteur, qui qu’iel soit, les sauvent tous‧te‧xs.

De la péniche à la brocante, il n’y a pas long, et alors qu’il s’y précipite, il y repère du mouvement à travers les vitres, pris d’un stress immense. Un spectre ? Un‧e‧x voleur‧euse‧x ? Où l’un‧e‧x des sien‧ne‧xs ? Carine s’avance à pas félins, le temps de vérifier que la voie est libre, avant de lâcher dans un miaulement de joie : MERCURIO ! Aussitôt, Nicholas reprend sa course, manquant rentrer dans la jeune Greco – dont il connaissait les frères surtout – avant d’enlacer sa sœur contre lui. « Merci, merci, merci, Kass, je – tu vas bien ? Où sont les autres, tu les as vu ? Maman est avec Eco et Kafka, iels vont bien. » Il voudrait des heures, du temps pour se rassurer, pour demander à Kassandra des explications détaillées, il voudrait la prendre sur ses épaules comme quand iels étaient plus jeunes, et la mettre à l’abri sur l’eau.

Mais Kassandra n’est plus une enfant et il la connaît trop pour croire qu’elle le laisserait derrière elle, qu’elle choisirait sa survie plutôt que celle des leurs. « Vous faites quoi ici ? »

Se faire expliquer cette histoire de fragment, par bribes chuchotées, nerveuses prend du temps. Un temps qu’iels n’ont peut-être pas.

résumé Nicholas rejoint @Pelagia Greco et @Kassandra Covenant à la boutique des Covenant, et après les effusions, se lance aussi à la recherche du poignard.

TW EVOCATION DE MUTILATION Son esprit se ferme face à toutes ces silhouettes immobiles. Ne regarde pas leurs yeux, se répété-t-elle sans relâche pour tenir, de peur de voir son futur s'y reflêter, d'en rejoindre les hordes. Les cris continuent mais Dragon le craint, ils se sont réduits, comme s'il y avait moins de gorges vivantes à Cittàgazze pour hurler au ciel leur horreur.

Les cittadini ont déserté les rues, pour la plupart, et celleux qui restent. Celleux qui restent ne sont plus là. Elle croise encore des enfants parfois, leur ordonne sèchement de prendre la direction de la Torre, ou du Porto Vecchio, mais même devant leurs pillages, elle ferme les yeux. Elleux devront, si leur plan ne fonctionne pas, survivre seul‧e‧xs bientôt, et Dragon ne peut pas leur reprocher de voler à des mort‧e‧xs en sursis.

Accroupie, elle attend qu'un spectre parte, à la poursuite d'une personne dont elle a à peine aperçue le visage (@Kafka S. Lindbergh), et dans les mêmes marchandises qu'iel examinait, Dragon continue les recherches. La rumeur veut qu'un indice se cache au marché des ambrumes, et l'alchimiste est prête à se couper les doigts pour trouver ce fragment et protéger sa ville.

résumé Dragon se rend au marché des ambrumes pour fouiller les marchandises, sans succès.

Le jour est sans soleil, délavé comme cette ville croupissant dans sa propre fin. Des hauteurs du locali en ruines que tu occupes lors de tes descentes dans la cité des cimes, tu contemples les rues dépecées de leur vie, les masures grisonnantes où ne respire que la mort. Les spectres ont tout emporté, les couleurs, les éclats, les cittadini. Seul demeure cet étrange silence ponctué par éclipse par des cris dans le lointain.

Tu pourrais t’enfuir sans mal, par les toits ou dans le corps du scorpion. Tu y as d’ailleurs songé, mais quelque chose te retient dans ce chaos des êtres. Quelque chose d’indescriptible ; la peur de voir des âmes amies mourir. Tu voudrais parvenir à chasser ce fléau, mais comme les autres faunes, vous en êtes incapables. Il n’y a rien à faire, aucune manière d’agir si ce n’est contempler ce massacre et ces corps sans âme errer à tout hasard dans les rues. Des téméraires tentent parfois de leur venir en aide, de les ramener à la vie, mais le terrible constat sonne toujours le dernier glas : les âmes que les spectres dévorent ne retrouvent jamais le chemin du réel.

C’est peut-être la fin de Cittàgazze, une fin que tu as tant appelée de tes vœux et qui pourtant ce jour, revêt un arrière-goût amer. Les spectres ont tout emporté, et gagneront bientôt Coatlinchàn, si vous n’agissez pas. Leur nombre dépasse de loin tout ce que vous avez connu auparavant. Est-ce un nouvel effondrement, qui vous emportera lui aussi dans ses bras ? Tes dents se serrent, tu tournes en rond dans ta planque sans savoir si et comment agir. Deux chiens s’entredévorent en toi, le cabot de la survie et celui de la haine, une haine noire envers les cittadini. Tous·tes pourtant ne sont pas si détestables ; il faudrait alors tous·tes les laisser crever ?

Cette question te hante lorsqu’un bruit à ta fenêtre t’arrache un sursaut. Tu dégaines un poignard plus vite que les battements de ton cœur, pour tomber finalement nez à nez avec Edoardo. « Qu’est-ce que tu fous ici ? Tu n’étais pas supposé retourner à Coatlinchàn ? » tu lâches entre tes dents. Votre relation a toujours été ambiguë, un amalgame d’amour-haine où le respect n’a pourtant jamais fait défaut. Ton ancien mentor, celui pour rattraper le gosse en miettes. À ses mots, tes muscles se tendent ; le dernier fragment ? « Il faut le trouver. » Seuls ces quatre mots franchissent tes lèvres, suffisamment clairs et déterminés pour se suffire à eux-mêmes. Tu te transformes immédiatement, réponse implicite à la question d’Edoardo ; mieux vaut qu’il t’emmène en volant, vous serez plus rapides.

résumé Nil est retrouvé par @Edoardo Salvi qui lui propose d'aller chercher le fragment à l'église de la Terre Brûlée. Nil le suit.

Tu reprends ta déambulation dans les escaliers aériens, sans véritablement savoir où aller. Les ruelles sont marquées par le désastre, écrit en lettres rouges sur chaque foutue porte, sur chaque foutue casette, toutes plongées dans le noir. Tu ne croises personne, le labyrinthe de la Ville Basse semble avoir englouti le moindre signe de vie. Tu ne sais plus ni où aller ni pourquoi tu y vas, te sentant soudain totalement incapable de réaliser quoi que ce soit, si ce n’est peut-être te faire dévorer par un spectre. Tu ne trouveras jamais le fragment du Poignard, c’est une évidence à laquelle tu ne peux pas te soustraire. Alors à quoi bon ? À quoi bon continuer cette course sans fondement et risquer ta vie ? Tu songes à Nicholas et à Nino, que tu espères réfugiés dans le phare. Devrais-tu les rejoindre et attendre avec eux que les spectres vous débusquent ?

En parvenant dans la Ville Haute, la Torre degli Angeli, dans son marbre blanc dominant l’entièreté de la ville, te semble soudain bien plus ténébreuse qu’à l’accoutumée. En filigrane, tu peux presque entrevoir la tour défaite et dévastée du Temps de Jérôme Bosch, envahie par les racines et les créatures incomplètes. Un médecin de la peste s’apprête à y pénétrer, son masque de fabulo échappant des fumées que l’on devine toxiques. Des personnages aux formes animales et humaines à la fois sont immobiles au pied de la tour, comme s’iels ne remarquaient pas le désastre de celle-ci. Et à l’avant-scène, une coulée d’eau noirâtre et immonde voit se débattre des poissons et des oies semblables à des barques où batifolent des êtres sordides, et sur les berges, un paysan portant un masque de crâne de cerf, près d’une pomme géante d’où surgit un sabreur. À l’arrière-plan, une ville en flammes est comme un lointain écho de Cittàgazze elle-même, brûlant dans les traînes obscures des spectres, perdue dans des fumées noires. Seuls dans le ciel d’étranges oiseaux, comme des radeaux des cieux, cheminent vers on ne sait quelle destination plus heureuse.

Tu reviens à toi en apercevant des silhouettes en haut de la tour, probablement en train de se réfugier ou de chercher aussi le fragment. Cette agitation te rappelle à ta propre quête, et tu te reprends ta course en direction des Jardins Suspendus, espérant y découvrir davantage d’indices que dans le marché des Ambrumes. Dans ta main, tu serres la petite branche de sapin que tu gardes toujours dans ta poche, pour appeler Gabija si jamais la situation devenait désespérée – encore faudra-t-il que la panique ne t’arrache pas toute pensée et perspective de salut. Tu parviens finalement aux Jardins Suspendus sans encombre.

résumé Kafka remonte les escaliers aériens pour tenter de gagner les Jardins Suspendus. En voyant la Torre degli Angeli, il pense au Temps de Jérôme Bosch (description d'une œuvre d'art).

Tu cours et cours encore, à t'en éclater les genoux, à menacer de tomber, humanité qui se rappelle à toi alors que tout autour la ville à feu et à sang te faire oublier ton animal-mémoire. Tu ne penses pas à te transformer, cette possibilité est reléguée au fin fond de ton esprit comme si cette épreuve te ramenait à ta condition d'homme vulnérable. La course au fragment en vient à effacer les vérités, repousser les sauveuses.

Des larmes brûlent tes yeux, vent ou désespoir, mais ne coulent pas. Elles restent accrochées au fil de tes cils, habitant l'orée de tes joues sans pouvoir les envahir, peut-être contenues par ton espoir de forcené. Il faut y croire comme un mantra, dernier barrage avant l'abandon du monde. Il faut y croire pour ne pas condamner celleux que tu aimes. Il faut y croire. L'impitoyable réalité se rappelle à toi pour fissurer ce mur que tu construis pour te protéger. Elle vient en riant, bruit crissant et abominable de mort ; elle vient pour rappeler à tous‧te‧xs qui elle est. Présage de mort.

Devant toi un spectre dans toute sa noirceur, forme étirée et vaporeuse qui arrête ta course dans un brutal fracas qui te brise les rotules. Il sent ta présence, tu sais qu'il sent ta présence car cela ne peut être autrement, mais tu es incapable de bouger, toi qui t'illustres habituellement par ton sang-froid. I fantasmi se tourne lentement vers toi, délaissant sa dernière victime qui reste là, le regard vide et les bras ballants, coquille tarie de toute vie. Tu n'arrives pas à détourner ton regard de lui, de cet homme sans âme que tu vois au travers du spectre. Cela pourrait être n'importe quelle personne à qui tu tiens. Les visages défilent à une vitesse folle, se plaquant comme des masques sur l'inconnu entre la vie et la mort. Un tremblement gagne ton corps face à cette torture et ce n'est qu'à un réflexe inconscient que tu dois la vie.

Ton animal-mémoire désintéresse le spectre mais il te faut quelques instants avant de reprendre tes esprits, prendre conscience de ce qui vient de se passer, recouvrer la mémoire quant à la mission que tu t'aies confié. Immobile, ce n'est qu'au bout de longues secondes que tu te souviens de ce que tu étais en train de faire avant le spectre. La centrale ambarique. Il faut que tu ailles à la centrale ambarique. Tes pattes reprennent ta course interrompue pour ne pas perdre un instant de plus mais la douleur et la peur enserrent toujours ton cœur. Le mantra sonne faux.

HRP Dans sa course, Nino rencontre un spectre. Il parvient à lui échapper de justesse en se transformant. Il repart vers la centrale ambarique.
objectif écrire un post en tu.

Dans les rues de la ville, l'air me fend les babines.
Je ne sais plus que faire, ne sais vers où courir :
l'amant a fui et la peur le suit, assassine.

J'avais émis l'idée de nous trouver là-bas,
où les regards sont clos et peuvent vivre nos rires,
dans la cité d'exil loin des dieux d'apparat.

Peut-être s'y trouve-t-il, seul dans le labyrinthe,
cherchant Coatlinchàn, à m'attendre sans crainte.

Alors je cours. Traverse Cittàgazze le regard plein d'adieux, comme si je savais déjà que je ne reverrai plus ses ruelles, ses pierres, les regards des curieu·ses·x écoutant mes histoires.  
La faux de l'ombre qui me suit grandit doucement, surplombant mon museau, tandis que j'esquive les spectres à pas de loup et que l'horizon de la Terre Brûlée se dessine au loin, derrière les luttes et les cris qui m'appellent et me retiennent.

Résumé · Attilio s'enfuit de Cittàgazze en cherchant Sejin qu'il pense être allé vers Coatlinchàn.

Objectif · Ecrire un paragraphe en vers rimés. (1/3)