Dragon est trop jeune pour se souvenir de cette vie gazzi d'autrefois, rythmée par le cri d'alarme des adultes, par les appels à l'aide et les pleurs de celleux devant se quitter ou mourir. Elle est trop jeune, trop citadine, pour avoir jamais vu un spectre, sinon d'extrêmement loin, comme un croque mitaine qu'on utilise pour rendre les enfants obéissant‧e‧xs.

Elle n'a pas ces souvenirs, mais désormais elle aura sa propre mémoire de ces évènements. Toutes les cloches de la ville sonnent et les hurlements y résonnent si fortement qu'elle aurait envie de s'accroupir, se boucher les oreilles. Il y a trop de bruit, elle ne sait pas quoi prioriser - et rien de tout ça n'a d'importance, elle doit se ressaisir. C'est un feu, c'est son quotidien. C'est une invasion, et iels s'y sont toujours préparé‧e‧xs. "Par équipes de trois ! Sécurisez la Torre, il faut que tout soit barricadé d'ici dix minutes." Trois, le bon chiffre : des équipes mixtes, comme autrefois, capables d'en laisser un‧e‧x en arrière pour appâter les spectres, laissant le temps aux deux autres de se mettre à l'abri, de mettre à l'abri celleux qui ne pourront pas le faire seul‧e‧xs.

Les milicien‧ne‧xs autour d'elle sont des vétérans et iels s'exécutent, mais leurs regards d'angoisse lui rappellent que tous‧te‧xs ne reviendront pas de cet incendie. "On va voir si ces monstres peuvent brûler, allez !"

hrp Quartier : Torre degli Angeli. Dragon organise les milicien‧ne‧xs sous ses ordres pour sécuriser la Torre et va (tenter) de crâmer les spectres pour laisser le temps aux autres cittadini de se mettre en sécurité.

"Regarde, elle n'est pas cassée, il suffit juste de lui faire un petit pansement.
Assise sur d'étroites marches avoisinant l'Arbre à Vœux, l'enfant sèche ses larmes pour observer d'un air anxieux les mains d'Alma dont l'aiguille va et vient pour resserrer la plaie de la poupée de chiffon. Un sourire se glisse sur les lèvres de la couturière lorsqu'elle tend le précieux doudou à sa‧on propriétaire.
"Et voilà, elle est comme neuve !
Un merci et un franc éclat de rire lui répond, attendrissant son cœur qui ne se lasse jamais de voir des enfants heureux‧se‧xs. Le‧a petit‧e‧x court rejoindre ses copain‧e‧xs et Alma range soigneusement son nécessaire de couture, cadeau des Lucioles. Elle a à peine le temps de se relever que les cris de panique lui parviennent, ne hurlant qu'un seul mot en un effroyable écho dévastateur : i fantasmi. Son esprit peine à comprendre la pleine réalité de ce qui est en train de se produire, tant cela lui semble impossible. Les spectres ne peuvent pas entrer en ville, ce doit être une erreur. Et pourtant, la terreur qui empreint la rumeur qui se propage est telle que son corps se met en mouvement avant que l'atrocité de la situation ne soit rendue rationnelle par son cerveau.

La jeune femme court vers les groupes d'enfants qui entourent l'Arbre à Voeux et dans la peur qu'éveillent en elleux les cris et les cavalcades, elle ne met pas longtemps à tous‧te‧xs les rassembler. Elle-même ne doit pas céder à la panique, qu'elle sait contagieuse, alors que son ventre remonte dans sa gorge. L'arrivée de Tomas est plus que bienvenue, dont le sang-froid la rassure. Il lui faut guider les enfants vers lui et les lui confier dans un regard inquiet et un murmure, alors que Spriggan débarque avec d'autres enfants.
"S'il-te-plaît, emmène-les à la Planche. Iels ne peuvent pas voir les spectres, mais iels ne doivent pas assister à ce carnage. Si leur famille..."
Elle étouffe le sanglot qui menace d'éclater et serre les dents. Il ne faut pas qu'elle pense à la possibilité que sa famille à elle ait déjà été prise. Surtout pas.
"Mettez-les à l'abri, je vais chercher Siren et Djinn."
La détermination s'est mêlée à la peur dans son regard et elle lance un dernier suivez Tomas et Spriggan ! avant de s'élancer vers le Porto Vecchio.

HRP porto vecchio Alma rassemble les enfants autour de l'Arbre à Vœux et les confie à @Tomas Rivale et @Spriggan Scorta pour qu'iels les conduisent à la Planche. Elle s'élance vers le Porto Vecchio pour tenter de retrouver Siren et Djinn.

Tout le phare s'était brusquement assombri, comme si de gros nuages d'orage venaient magiquement d'apparaître au-dessus de l'édifice. Il ne lui a fallu que quelques secondes pour se lever et se rendre compte de ce qui se répandait au-dehors, alors que les cris retentissaient déjà derrière les murs épais du phare. Sûrement comme la majorité des gens, quelques secondes avaient été nécessaires pour qu'il parvienne à complétement réaliser ce qui était en train de se produire. Quelques secondes pour réaliser que l'impossible était arrivé. Quelques secondes durant lesquelles Arthur s'était approché de la fenêtre et avait poussé un cri de terreur face à cette vision apocalyptique, cri que Nino aurait pu pousser si ses réflexes de survie et son sang-froid n'avaient pas déjà pris le relais.

Il avait lancé des ordres à son compagnon : ceux de ne surtout pas sortir, d'accueillir les cittàdini et les faire monter dans le phare. Il s'occuperait de barricader la porte à chacune de ses allées et venues. Arthur avait eu l'air un peu sonné par toutes ces informations qui se mêlaient à la panique de la situation et le nœud dans la gorge de Nino s'était resserré comme un garrot, allant jusqu'à hésiter à le laisser seul. C'était pourtant la décision la plus sensée et l'étreinte qu'ils avaient échangé valait pour mille promesses. Le gardien allait revenir, il n'abandonnerait plus jamais son amour.

Courant sur la plage, Nino essaye de ne pas penser à tout cela, seulement à l'idée fixe de secourir des cittàdini de la déferlante de spectres. N'en ayant plus que faire des apparences, c'est son animal mémoire qui est venu remplacer son apparence humaine pour qu'il puisse échapper à l'attention de i fantasmi. Ceux-ci ne cessent de se frayer un chemin à travers la brèche, multipliant très rapidement leur nombre, si bien qu'il ne peut penser à la possibilité que la fissure s'élargisse encore. Il court d'autant plus vite, rejoignant vite le port où les silhouettes se bousculent dans une panique sans nom. Reprenant forme humaine, il essaie de proposer son aide mais beaucoup ne l'entendent même pas parmi les cris.

Il faut qu'il reste calme, il faut qu'il s'arrête et réfléchisse. Il cible les familles, qui en restant ensemble bougent moins vite parmi la foule, et celleux qu'il connaît bien et qui l'écouteront. Se frayant un chemin par les cittàdini affolé‧e‧xs, il arrive à se faire entendre de certain‧e‧xs, à qui il demande de l'attendre sur la plage. Il ne sait si tous‧te‧xs le feront vraiment, mais c'est tout ce qu'il peut faire. A force de se démener, il tombe sur la soeur d'Arthur à qui il étreint l'épaule pour signaler sa présence, dans un geste de soulagement. Il sait sa peur des spectres et les démons qu'ils réveillent en elle, il connaît l'événement qui a morcelé sa vie.

"Kass, j'emmène des gens au phare où Arthur est en place pour les accueillir. Je vais barricader la porte en espérant que cela empêche les spectres de rentrer, au moins pour un temps. Je retournerai chercher d'autres personnes mais tu peux rester là-bas pour être protégée."

Son débit de parole est particulièrement rapide, l'urgence de la situation lui faisant manger des mots. L'hypervigilance dans son regard surveille tout ce qui se passe autour d'elleux alors que Nino espère que Kassandra n'est pas trop déboussolée pour lui donner une réponse.

HRP porto vecchio Nino va chercher des cittàdini pour les conduire jusqu'au phare où iels pourront être en sécurité. Arthur les y attend pour les faire s'installer et Nino compte barricader la porte. Au port, il croise @Kassandra Covenant à qui il propose de se joindre à eux.

Occupé dans la bibliothèque des Quatre Mondes, Alistair ne s'aperçoit pas des cris qui retentissent dans toute la Cité des Cimes, les archives étant au sous-sol. C'est son assistant‧e qui débarque le souffle court, le visage d'une blancheur d'outre-tombe et le corps tremblant. Dans ses bégaiements de terreur, il distingue le mot spectre qui tourne en boucle et son sang se glace. Ce n'est pas possible, les alchimistes et les sorcier‧e‧xs leur ont promis, il y a des années de cela, une protecteur infaillible. Alors il se précipite dans les escaliers pour remonter à la surface, débouchant dans la salle de lecture où les mêmes visages livides l'accueillent, alors que s'échappent du dehors des cris et des bruits de courses désespérées.

Il réagit sans même en avoir réellement conscience, laissant son instinct agir à sa place. Cette facette de lui ne se montre pas souvent, mais il prend les commandes d'une main de fer, espérant que cette autorité et cette assurance pourront rassurer les personnes présentes dans la bibliothèque.

"Ecoutez-moi. Descendez au sous-sol, il y a une grande salle de travail jusqu'à laquelle vous mènera mon assistant‧te. Barricadez la porte et n'ouvrez que dans je toquerai. Je vais essayer d'aller chercher d'autres cittàdini qui pourront s'y réfugier."

La situation fait disparaître toutes les frontières entre les factions, entre les différents quartiers de la ville, entre n'importe qui. Tous‧te‧xs sont égaux‧ale‧xs face à la menace qui pèse sur la cité et tous‧te‧xs méritent d'être sauvé‧e‧xs. Alors il s'élance jusqu'aux portes de la bibliothèque, espérant que son alchimie pourra faire face à quelques spectres, au moins le temps de mettre quelques personnes à l'abri.

HRP montée des alcoves Alistair est à la bibliothèque et dit aux cittàdini qui y sont d'aller au sous-sol, dans les archives, pour rejoindre une salle de travail. Il leur dit de se barricader et qu'il va essayer de ramener d'autres personnes avant de s'élancer au dehors.

« Oya... Oya. Oya ! » Le cri rauque réveille la somnolence confortable, tire de la rêverie. Hypnotisée par le monde dressé devant elle, lui qui est peuplé de forêts de papier et de mers d'encre, la bibliothécaire en oublie parfois l'univers réel dans lequel elle baigne. Le rêve remplace le réel. La voix de son daemon, véritable ancre qui l'attache à la vie courante, chasse l'engourdissement créé par les songes ; mais ce sont celles qui s'élèvent à l'extérieur de la bibliothèque qui achèvent l'éveil, brutal. Oya quitte ainsi prudemment sa chaise pour s'approcher d'une fenêtre, sa moitié longtemps devant elle pour analyser la situation. « Ils crient au spectre, témoigne Bakır d'un ton incertain, mais son doute s'envole au même moment que la porte principale est enfoncée. » Des citoyen·nes, effrayé·es, s'enfoncent dans l'imposant bâtiment avec effroi. La raison n'a plus sa place ; il ne reste que les réflexes, l'instinct de survie.

Derrière elle, l'un de ses collègues dirige d'une voix forte la masse vers les archives. Sans réfléchir plus longtemps, il s'engouffre dehors, laissant derrière lui la jeune bibliothécaire qui tend le bras, appelant son nom pour l'encourager à rester à l'abris. Trop tard ; elle se retrouve seule dans l'océan d'effroi. Malgré les indication, beaucoup cherchent la fameuse issue vers les sous-sol, n'ayant jamais mis les pieds à la Bibliothèque. « Tout droit, puis à gauche vers l'escalier ! annonce Oya d'une voix forte avec de grands gestes. » En bon disque rayé, elle répète les instructions pour guider au mieux les réfugié·es, ses bras tremblant en guise de guides.

Montée des Alcôves Oya perpétue les demandes de  @Alistair Flores et guide les gens vers les archives malgré la terreur qu'elle ressent.

Réussite:

Perché sur un échafaudage de fortune à donner un coup de neuf à une façade, Loup ne comprend pas tout de suite la nature des cris. D'abord désintéressé de ce qui peut faire hurler, il n'arrive ensuite pas bien à distinguer ce mot qui se répète sur tellement de bouches qu'il en devient un brouhaha incohérent. Les cittàdini, elleux, savent. Iels ont toujours vécu avec cette peur, cette menace derrière les murs, cette attention vitale dont il faut faire preuve dans la forêt. Chacun‧e‧x semble avoir perdu au moins un proche dans les bras d'un spectre, et si Loup peut comprendre le deuil, il ne peut comprendre ce deuil.

La rumeur enfle et finit par atteindre son niveau grimpant du port jusqu'au marché des ambrumes. Les spectres. Là où les trafics et les receleurs s'affairent, là où chacun‧e‧x dit n'avoir peur de rien ni personne car n'ayant plus rien à perdre, là où les meilleur‧e‧xs combattant‧e‧xs des bas-fonds se retrouvent dans un bal de fauves. Là où l'on s'attendrait à du sang-froid et à une tentative de résister aux spectres ; et pourtant. Il y a des manières de mourir plus dignes et enviables que d'autres. Alors la panique n'épargne pas le marché : la ruée vers la ville haute piétine les marchandises, renverse les étals et le chaos des esprits trouve son pendant dans celui qui règne sur le sol défoncé.

Du haut de son promontoire, Loup voit un déferlement sans fin, dans toutes les rues qui se présentent à ses yeux, semblable à une horde d'animaux fuyant un prédateur ; et c'est ce que c'est. Il n'y a plus que l'instinct de survie qui compte face à la plus grande menace que les survivant‧e‧xs de l'humanité connaissent. Il peut sentir son cœur remonter dans sa gorge, un goût de sang et de cendres dans sa bouche et dans son ventre, une pulsation qui ressemblerait presque à de la peur. Son échafaudage vacille, heurté par trop d'épaules terrifiées, et le peintre doit descendre d'un bon pour éviter d'écraser un fugitif en tombant. Figé à la limite de la horde qui le pousse et le malmène, il regarde la rue où, au loin, se dessinent les silhouettes sombres et menaçantes. Ses jambes tremblent et hésitent : se précipiter dans la gueule des spectres ou attendre une mort où son corps lui-même pourrait disparaître.

Son ombre s'agite, essaie de lui faire comprendre qu'il faut qu'iels s'en aillent, qu'iels suivent le mouvement général, et si son humain met du temps à réagir, il finit tout de même, une fois n'est pas coutume, par l'écouter. C'était sans compter qu'une zutique, Jana, l'agrippe et l'entraîne avec elle à contre-courant de la foule qui voudrait s'échapper vers un refuge imaginaire. Elle ne lui laisse pas le choix, lui impose de l'aider sans qu'il ne puisse objecter, mais sa voix agit comme un électrochoc. Si ce n'est pas pour lui, il peut le faire pour les autres. Peut-être pourrait-il faire une différence, en sauver certain‧e‧xs pour contrer ce qu'il n'a pas su faire à Babel.

Au milieu de la rue, la chasseresse s'arrête et se met immédiatement à empiler des cagettes, des palettes, tout ce qu'elle trouve à sa portée. Loup retrouve les réflexes des manifs, balance lui aussi du bois par-dessus le tas déjà formé, fait monter la barricade entre les maisons.
"Essaie de mettre que du bois sec, on pourra y foutre le feu et l'alimenter pour empêcher qu'ils avancent."
Il n'a aucune idée si ça pourrait marcher, mais dans le doute...

HRP marché des ambrumes Loup est entrainé par @Jana Eirhart pour qu'il l'aide à construire une barricade. Il décide de lui prêter main forte et d'essayer de sauver des gens. Il lance l'idée de mettre le feu à la barricade pour empêcher les spectres d'avancer.