Content warning : Chasse et abatage.

Crac ! Le piège que je viens de poser se referme sur la cible que Romarine a poursuivi dans les fourrés. Un léger criaillement ponctue cette victoire et je n’ai pas le courage, perclus de froid, de sautiller pour fêter ça. La remarque de Neven, cela dit, est un soulagement pour tous les deux ; nous avons sauvé l’honneur malgré le fait que nous ne rentrerons pas avec une bestiole incroyable comme celle que nous avons cru pister. Définitivement, la chasse à terre n’est pas pour moi, je me débrouille bien mieux sur ma barque avec un filet. Neven quant à lui va récupérer le gibier qu’il a touché de sa flèche, tandis que je me faufile dans le buisson, attiré par les pspsps de Romarine. Ma cible se débat quelques secondes avant que je n’abrège ses souffrances comme je le fais traditionnellement avec les poissons. Détachant le piège que je replie avec précaution, je le glisse de nouveau dans ma besace pour pouvoir le réutiliser à l’occasion.

« Ouais, on a sauvé l’honneur. Heureusement que tu nous as transporté de l’autre côté, je crois qu’on aurait pas ramené grand-chose sinon, ça aurait été dommage. »

Et humiliant.
Je renifle dans la froideur de la nuit qui tombe, ne contrôlant plus les tremblements de mon corps tendu de froid. Serrant contre moi le corps de la cible encore chaud, je me tourne vers Neven.

« Nous devrions rentrer. »

@Ennio Leone | Il n’est pas toujours facile de rentrer de chasse avec du gibier, encore moins en cette saison. Ca n’aurait pas été la première fois pour moi d’échouer dans ce genre de mission, et s’il y longtemps, je me serais rassuré en me disant qu’il n’y avait pas mort d’homme pour autant, cette fois, le manque de prise m’aurait rendu beaucoup plus amer en raison de la précarité de la situation. Et je pense qu’il en aurait été de même pour le jeune homme, qui doit sûrement déjà éprouver ce sentiment lorsque les pêches sont maigres, voire inexistantes. Comme le souligne Ennio, l’honneur sera sauf, même si m’inquiète bien plus le sort de nos camarades et de Cittagazze que mon honneur. En plus d’un siècle, j’avais appris à accepter l’échec, à en retirer un enseignement, mais j’avais toujours bien plus de mal à accepter que cet échec puisse desservir certain.es. C’est donc un soulagement pour moi, bien qu’un peu cruel, que d’entendre quelques animaux geindre une fois touchés ou pris au piège. Qu’importe si les prises n’étaient pas aussi impressionnantes que nous chassions initialement, rien ne serait perdu en cette période.

De l’autre côté des fourrées, je mets fin aux souffrances de ma cible, jugeant inutile de la laisser agoniser plus longtemps. Son corps dans mes bras, je rejoins Ennio, lui aussi ayant récupéré sa prise. « Oh, je pense que si l’on ne s’était pas tant focalisé sur les premières empreintes, on aurait quand même réussi à trouver quelque chose. Mais oui, au moins on aura pas été si loin pour rien. » Et sans trop de dangers. Le soleil sur le déclin, je lève la tête vers la cîme des arbres alors qu’Ennio propose de rentrer. « Tu as raison. Il n’est pas utile que nous nous attardions ici plus longtemps. On ferait mieux de se remettre en chemin. » Le même chemin nous attends, mais cette fois avec beaucoup moins d’arrêts sur la route maintenant que nous avions trouvé ce que l’on désirait. Et c’est avec succès que nous regagnons Cittàgazze, sain et sauf.