@Aimé E. Lusignan & @Nicholas C. Covenant | Il y avait eu des cris, des refus, et des larmes, et pourtant, la Caravelle s’était élancée sur l’océan, faisant fi des avis de celles et ceux qui semblaient s’opposer à une telle expédition. Comme d’autres à bord - notamment un être particulier - j’avais dû convaincre, rassurer alors que l’on tentait de me dissuader de prendre part au voyage. Un voyage qu’un autre avait entrepris quelques années auparavant et qui avait marqué le coeur et les esprits de ceux qui partagent son sang. Une épreuve pour les Covenant, loin d’être oubliée, ou pansée. Sans surprise, Valentine ne s’était pas montrée enthousiaste à l’idée que je fasse partie du voyage, et pourtant, à ma plus grande surprise, je n’étais pas le seul à vouloir braver l’océan pour rejoindre une île qui avait accueilli dans la souffrance et la solitude l’un des leurs. Nicholas est également présent, ce qui me laissait quelque peu perplexe. Pourquoi prendre un tel risque de sa part, alors que sa famille plus que quiconque connaissait les conséquences de ces expéditions, surtout si la chance venait à nous quitter. Peut-être parce que l’inconnu nous y attendait, et avec lui, des réponses. Pas celles que nous cherchions, peut-être, mais en cette période de confusion concernant la cité des pies et ses voisins qui lui étaient jusque là inconnus, toutes les réponses étaient bonnes à prendre.

Posté à la poupe du navire, j’ai regardé Cittàgazze s'effacer de l’horizon, gravant sa silhouette dans mon esprit, remplaçant cette petite chaumière sur le bord d’une falaise que je considérais être comme la maison. Cet endroit où rentrer si un jour je me sentais perdu. Saorsa posé sur le plat bord prêt de moi avait assisté également à cet éloignement qu’il n’avait pas non plus approuvé. « J’espère que tu sais ce que tu fais, et que tu n’auras pas à regretter ta décision. Si toi tu peux te permettre de te perdre en mer ou sur une île pendant des années, d’autres n’ont pas ce luxe. » « Je sais… » Et c’était bien pour cette raison que j’espérais que notre expédition ne connaîtrait pas le même sort que celle d’Arthur. Occupé - ou pas vraiment - à observer l’océan danser, je remarque rapidement des ombres autour du navire, ondulant sous la surface, qui rapidement, révèlent de chatoyantes écailles, qui ne m’inspirent aucune confiance. Rapidement, je me dirige vers la proue du navire, y retrouvant plusieurs compagnons. « Vous avez vu ce qu’il y a dans l’eau vous aussi ? On a des lances ? Des harpons ? Au cas où ces choses décideraient d’attaquer le navire ? » Il n’y aurait pas de problèmes si ces choses n’étaient pas hostiles, mais nous devions nous préparer au pire, par prudence.

La douleur lui tord les boyaux mais Nicholas tient bon malgré les cris de son frère qui l'accompagnent, bien après que le navire se soit éloigné des rives, et que Cittàgazze ne soit plus qu'un lointain point à l'horizon. Il ne regrette pas cette décision, sa décision. Il n'est pas possible qu'un tel voyage se fasse sans lui, sans un‧e‧x Covenant pour affronter l'île qui leur a volé leur ainé.

Une part de lui espère sans doute en ramener un remède, une vérité, un souvenir, qui aidera durablement son frère. Une part de lui fuit sûrement la réalité de la maladie. Il n'est sans doute pas le seul sur ce navire à avoir ses raisons, comme Neven par exemple.

Les jours s'écoulent, le chagrin s'apaise. Carine parle peu, malade d'avoir laissé les autres sur le rivage, mais iels grimpent au mas, participent aux corvées et retrouvent un pied marin qu'iels avaient presque perdu, arrimé‧e‧xs à la ville pendant toutes ces années. C'est là leur destin de non-sedentari : vivre sur l'eau, vivre de l'eau.

Alors quand Neven les prévient que quelque chose glisse sous le navire, le souvenir de la Traversée ne suffit pas à les refroidir. Il y a des mystères et des magies qu'iels veulent vivre et voir, qu'importe le prix. "Tu es bien belligérant pour un sorcier, Llewelyn." Le nom de famille marque encore la distinction à faire : Neven ne sera pas Covenant à ses yeux tant qu'il n'en aura pas fait ses preuves. "Tu penses que ce sont des sirènes ? C'est quoi l'histoire déja, il nous faut des bandeaux ?" Lui se penche par dessus le bastingage pour discerner davantage les formes et leurs mouvements. Quoi que ce soit, ca va vite, note Carine aux yeux perçants.

"Aimé ! Dis au capitaine de jeter l'ancre !" Il vaut mieux être à l'arrêt pour observer le phénomène, d'autant que la caravelle peut toujours repartir vite au besoin.

@Aimé E. Lusignan & @Nicholas C. Covenant | Depuis mon arrivée à Cittàgazze, j'en avais vu des choses peu communes, surprenantes, même pour le sorcier que je suis. Que ce soit dans les rituels, la magie, ou en ce qui concerne des créatures cryptides ou éteintes dans mon monde, Cittàgazze et ses environs avaient révélé des secrets bien étonnant. Les daemons eux-mêmes faisaient partis de ces secrets, pourtant présents depuis notre naissance sans que quiconque en ait conscience. Parfois, je me plaisais à imaginer à quoi mon monde aurait pu ressembler, si tout le monde avait eu conscience de ces âmes soeurs sous forme animal. De moins en moins de choses étaient donc susceptibles de me surprendre en ce qui concernait la faune et la flore que nous pouvions découvrir au fil de nos périples, mais si la surprise était désormais moins marquante, la prudence, elle, restait de mise. Je me  souviens encore de notre dernière expédition en mer, lorsque les flots avaient commencé à se déchaîner, et qu’une jeune femme était passée par dessus bord. Pas n’importe quelle jeune femme martèle mes souvenirs, et c’était pour cette raison que je voulais favoriser la prudence avant tout. Qu’importe ce que d’autres pensaient. « Je suis prudent, nuance. Je ne parle pas d’attaquer bêtement, mais simplement de savoir si nous avons de quoi nous défendre si ces créatures venaient à se montrer hostiles. Comme toi, je ne compte pas me perdre en mer, ou faire naufrage. » Comme lui, j’avais laissé certaines personnes sur le rivage, des personnes qui ne pourraient m’attendre éternellement. Il l’avait vécu lui aussi, avec la disparition d’Arthur, il savait la souffrance que cela pouvait causer. Une souffrance que je ne voulais en aucun cas imposer à sa cadette. Lui et moi devions rentrer vivant et en un seul morceau. Mon regard se porte sur Aimé lorsqu’il souffle la bonne conduite à adopter face aux sirènes. Si sirènes elles sont. « Au moins un qui connait ses classiques. » Que je souffle plus pour moi-même que pour l’assistance, avant de me pencher par dessus le bastingage, observant les formes qui ondulent sous l’eau. « Je ne compte pas attaquer qui ou quoi que ce soit si ce n’est pas nécessaire. Mais on ne peut pas exclure cette possibilité pour autant. Nous ne sommes pas vraiment en position de force en mer. » J’ignore combien parmi nous - mais tous j’espère - savent nager, ni à combien de nœuds se trouve la terre la plus proche. Si un trou devait être fait dans la coque, trop nombreux seraient ceux dont les chances de s’en sortir seraient faibles, et c’est cela, que j’aimerais avant tout éviter. Comme pour éviter que le débat s’éternise, Saorsa s’envole, frôle la surface de l’eau à plusieurs reprises, cherchant à démontrer si ses choses seraient capables de surgir hors de l’eau pour nous attraper ou si notre présence leur était véritablement égale.

L'idée était bonne sur le moment, avec les informations à leur disposition. Mais personne ne pouvait deviner la taille du monstre, son unicité capable de briser leur navire comme une coquille. Était ce lui qui avait terrorisé toutes ces années les côtes, arrêtant chaque expédition ?

Carine tremble contre ses jambes et Nicholas reste un moment tétanisé devant le gigantisme de la bête, alors que dans les mats les cris d'effroi retentissent. Il doit bouger, fuir, mais où fuir ? La chose est sous elleux, au dessus, elle est leur seul univers en cet instant précis. Il n'aurait pas du embarquer. La malédiction des Covenant prenant la mer n'était pas faite pour être brisée.

Panique plus tard, on dégage MAINTENANT feule Carine en lui mordant un mollet, pressant les autres daemons à sortir leurs humain‧e‧xs de cette frayeur iréelle. Bien vite, Nicholas se mèle aux autres matelots pour tenter une échappée, porté‧e‧xs par un vent favorable et - si les esprits le veulent, toute la chance qu'iels possèdent.

@Aimé E. Lusignan &  @Nicholas C. Covenant | Je ne suis pas bien favorable à ce que la caravelle se stoppe, le choix me paraissant dangereux. On ne sait toujours pas si ces choses sont dangereuses, et s’arrêter nous mettrait en difficulté s’il fallait s’en éloigner rapidement. Malgré tout, l’ordre est donné, et l’ancre jetée. Comme tout l’équipage, je garde les yeux rivés sur la surface de l’eau, observant d’autres de ces écailles flamboyantes remonter à la surface, cette fois en masse, particulièrement attentif à leur mouvement pour m’assurer que Saorsa, encore proche de l’eau ne se fasse pas happer. Mais en un instant, la surface de l’eau tremble, trop pour que cela ne représente rien. « Saorsa, remonte ! » J’ordonne à mon daemon de s’éloigner de l’eau, peu confiant face à l’intensification de son roulis sous l’embarcation. A raison. La caravelle manque de se renverser, provoquant plusieurs chutes ou pertes d’équilibre. Se dessine alors dans le paysage un long corps filiforme d’une créature qui nous semble à tous parfaitement inconnue et qui semble avoir bien souffert avant notre rencontre. Pourtant, je comprends que malgré son état désolant - ce qui peut être une chance pour nous - la créature pourrait fendre le navire sans difficulté, et tous nous envoyer au fond de l’eau. « Remontez l’ancre, ouvrez toutes les voiles ! » J’ordonne la fuite, comprenant rapidement que nous ne sommes pas en position de lutter contre le monstre, et ce même malgré les blessures qu’il a déjà subies. L’absence de bouche, d’yeux ou de visage me pousse même à penser qu’il ne s’agit là que d’une partie de celui-ci, et que le reste de son corps se trouve encore dissimulé dans les profondeurs, ce qui pourrait causer aisément notre perte.

Pourtant, malgré l’ordre et l’urgence de la situation, peu sont celleux qui se mettent en action, la plupart étant paralysé.es par la peur. « Saorsa, aide les à se réveiller ! » Je laisse Saorsa en pincer plusieurs, ou inviter leurs daemons à le faire pour que l’activité reprenne et que nous puissions nous sortir de ce bordel. Plusieurs hommes faisant le nécessaire pour remonter l’ancre, je monte avec plusieurs autres pour permettre d’ouvrir toutes les voiles afin de prendre rapidement de la vitesse, à condition que les vents nous soient favorables. Un sort que je tente de provoquer, sans être certain de réussir, essayant de faire le tri dans ce que j’éprouve. De la peur, de l’angoisse, mais aussi de l’amour et de la joie, si je m’autorise à y penser, malgré la gravité de la situation. De quoi me permettre de pousser les vents en notre faveur, ce qui me surprend. Jusqu’à maintenant, j’avais toujours souffert les éléments. Une fois suffisamment éloigné du monstre que ne semble pas nous avoir suivi, je descends du mat, en sueur et essoufflé, comme si je venais de fournir un énorme effort physique. Je suppose que quelque part, c’était le cas pour avoir su contrôler les vents, même pour quelques minutes. « Tu as changé… » Commente Saorsa, ce à quoi j’acquiesce, n’ayant pas vraiment la force de le contredire. Quoiqu’il en soit, on avait réussi à échapper au monstre, et il ne nous restait plus qu’à continuer notre route jusqu’à l’île. « J’espère que ça dissuadera de faire encore le moindre arrêt en mer. » Que je râle, encore épuisé. Heureusement pour nous, le reste de la traversée avait repris son calme, nous permettant enfin de débarquer sur la Isola Fiamata au terme d’une semaine supplémentaire de voyage.

réussiteAssure la réussite de votre action ou de votre sort, quel que soit le résultat des dés.

Carine débarque presque la première, se roulant dans le sable avec un plaisir non dissimulé que lui envie Nicholas : à lui de garder un semblant de dignité, après le cuisant échec de leur rencontre avec le monstre marin. A leur retour, Isle ne manquera pas de le bombarder de questions à ce sujet, regrettant de ne pas avoir fait le voyage, et il en sera heureux : cela voudra dire qu’il aura réussi à revenir à son tour.

L’endroit est désolé, et le brasier éteint rappelle tout de suite Nicholas à son frère blessé, à ce qu’il a vécu ici. S’approchant des cendres, il se recueille un moment, observe l’horizon en se mordant l’intérieur de la lèvre. Aurait-il survécu à sa place, tout ce temps ? A attendre un secours qui a mis trois ans à venir ? Carine le rejoint bien vite et renifle le brasier, tournant autour à la recherche de traces du passage d’Arthur, de quoi qu’il soit possible de trouver et de ramener à son frère. Plus que des traces, ce sont des réponses qu’il souhaite, et peut-être la clé qui lui permettrait de sauver son ainé de la maladie qui le ronge.

"Séparons nous si ca vous va, d'après Arthur l'île est vaste mais il n'y a aucun danger." Aucun spectre ici, aucun humain. La nature, les éléments, et pendant de longs mois, un seul naufragé.

indiceObtention d’un indice sur la prochaine intrigue du forum. Carte à jouer par mp à l'Être caché.

Tout son esprit porte sur l’Isola, tendu dans une même direction à en oublier de regarder autour de lui. En temps normal la présence de Siren n’aurait pas pu lui échapper plus d’une journée – même un navire de cette taille ne permet pas la clandestinité parfaite – mais il avait passé son voyage au bastingage à regarder l’horizon, à chercher au loin ce bout d’île qui lui avait volé son frère.

Dans les premier.ère‧xs à débarquer, lui et Carine s’élancent sur ce sable doux et cherchent une image de fumée, l’ombre d’Arthur, les traces de son passage. Les braises sont froides, se désagrègent entre ses doigts sans avoir même la grâce d’y laisser une marque. Quand sa sœur lui adresse la parole, c’est d’abord un fantôme qu’il entend, une impossibilité qui le laisse bouche bée.

Elle bredouille des raisons, des excuses, redevient cette enfant qui a toujours trop cherché à les suivre, à leur montrer qu’elle était capable, libre, indépendante – tout pour attirer leur attention. « Mama va me trucider. » Il jure, pour ne pas dire à la place : Arthur. Arthur va les détester. Ce n’est en rien veiller sur lui que de partir, au fond Nicholas le sait déjà. L’Isola ne leur apprendra rien sur leur frère, mais beaucoup sur elleux : sur celleux qui partent, qui s’absentent, qui abandonnent.

Il semble que ce soit un trait de caractère familial.

« Ne t’éloigne pas trop. » Aux angoisses d’être à la source des traumatismes d’Arthur s’ajoutent celles d’y perdre Siren à son tour, alors qu’il a déjà trop longtemps du supporter son absence. Leur famille ne se remettrait pas d’un autre drame, il ne s’en remettrait pas. Mais il n’a pas la force de se fâcher, d’exploser, de faire des leçons – ce n’est pas l’endroit.

Carine se love dans ses bras et il soupire, soudain incapable d’explorer davantage : il ne peut se concentrer que sur la silhouette de sa petite sœur, la protéger, la surveiller. Pour que l’île ne lui vole personne d’autre.

résumé Turmoil intérieur très intéressant de Nicholas, avec un échec supplémentaire, qui reste donc à coté du feu à gamberger :hahasmilebis: