Spoiler:

La danse n’est pas dans mes veines du moment qu’elle est sur la terre ferme. En plein océan, mes bras et mes jambes sont capables d’onduler et mon corps de suivre les mouvements avec grâce et langueur ; mais ici, planté comme un piquet dans du sable qui s’évade au moindre coup de vent, mes mollets chancellent et dégringolent. Ce sont pour les sourires sur les visages de Rhialea et d’Aimé que je suis venue, pour la joie ambiante qui couvre le désespoir latent de ces derniers mois, pour la voix céleste de Melancolia qui résonne et que je voudrais entendre dans tous les coquillages qui s’échouent sur les plages, accompagnée du bruit des vagues… Puis pour montrer à toustes le masque que j’ai confectionné avec une minutie que j’ignorais seulement avoir, dont les reflets opalescents brillent sur ma trogne d’enfant, lui offrent des airs d’adulte, cachant mes traits de nabot que toustes me reprochent toujours dans ces évènements mondains : tu ne devrais pas être ici Pelagia, c’est pour les adultes. Sophisme insupportable qui ne cesse de me rappeler ce que je suis à leurs yeux. Pourtant mon masque est étincelant, mordoré, j’avais demandé leurs avis à toustes celleux qui avaient plus de goût que moi dans ce genre de confection, notamment à @Djinn Grimaldi et à @Kretschmar Grimm, et j’en étais presque aussi fière que s’il s’agissait d’un trésor ancien découvert dans une épave inconnue.

Après quelques danses partagées avec mes deux ami·e·s, les mains nouées au sein de notre petit triangle parfaitement d’équerre, iels finissent par me laisser pour rejoindre d’autres connaissances et je me retrouve à errer en chantonnant sur la musique, à la manière d’une sirène attirant les marins dans ses eaux. J’oscille entre les groupes, me sert un verre d’absinthe qui a un goût de vitriol et que je repose aussitôt pour préférer les douceurs d’un jus de grenade, dont quelques gouttes roses giclent et viennent teinter ma robe aux satins d’argent et de turquoise. Finalement, je suis peut-être bien une enfant, toujours, inévitablement ; à s’ennuyer dans les soirées mondaines, à vouloir chanter à tue-tête avec les sien·ne·s. Alors comme un petit rituel que je m’impose à moi-même, pour me prouver que je peux être une grande personne malgré les rumeurs qui circulent et que Grimm répète souvent comme quoi elles ne comprennent jamais rien, je lâche d’une voix tonitruante à un·e inconnu·e, bien incapable de reconnaître la personne sous son masque : « VOUS VOULEZ DANSER AVEC MOI ? ».

résumé · Pelagia arrive avec @Rhialea Luciel et @Aimé E. Lusignan, se retrouve seule, chouine d’être considérée comme une gamine et pour se prouver qu’elle est une adulte dans un vrai bal, elle invite quelqu’un qu’elle ne reconnaît pas - qui veut - à danser.

Depuis que les sans-faction sont en lice dans la grande course politique au sein de la cité, tu ne sais plus fouler les ruelles de Cittàgazze sans avoir la poitrine serrée et lourde. L’impression que quelqu’un·e te suit, t’observe, qu’au détour de chaque virage se cache des sans-visage prêt·e·s à te bondir dessus ; que l’on est après toi. L’anxiété n’est pourtant éveillée que par ton ineffable appartenance aux Traitres, à cette situation étrange et si inhabituelle pour toi de vivre enrobée d’un doux mensonge. Même Kafka ne sait rien, Astrid moins encore ; Nam non plus, tu n’as pas osé tout lui dire. Tes mains moites ne cessent ainsi de se joindre et se quitter dans des mouvements frénétiques accentués par ces craintes qui s’éveillent, par ta peur latente, par ton envie que tout disparaisse et que tu demandes l’aumône et le pardon à celleux que tu aurais baffoué·e·s.

Le Bal est ainsi l’occasion rêvée de te laisser aller dans cette halte de paix, mettre toutes ces tensions loin derrière toi, te vêtir d’un fabuleux masque de dentelle sur lequel tu as fait tenir alchimiquement quelques fleurs aux pétales pastels et nacrés, azalées et pensées, qui t’accompagnent et te soutiennent pour envahir les tiennes, plus éclectiques, qui tendent vers les ombres et mille autres choses. Tu es venue seule, tu as poussé la porte seule, et tu n’as cessé de regarder autour de toi pour chercher des sourires que tu reconnaîtrais mais, soit tes sens t'échappent, soit la conclusion est lourde dans ton cœur : n’y a-t-il personne pour toi ?

Tu n’as pas cessé pourtant d’observer les unes et les autres des silhouettes qui dansent devant tes yeux, jouant la timide isolée. Tu regardes les tissus tourner, les soies tomber et galber les corps qui t’envoutent, affidés à te donner envie de quitter ta peau de jeune fille naïve pour la soirée. L’une d’elle, en particulier, attire tes yeux à répétition comme un aimant sans que tu ne le réalises. Lorsqu’elle s’approche alors, te prenant par surprise, tu tentes de résorber ton envie de fuir, afin de sortir de ton confort pour juste une nuit comme si tu avais ingurgité un potion Parangon, et tu te laisses plutôt prendre au même jeu que ceux que tu as pris le temps d’observer autour de vous depuis le début de la soirée. « Oh, non, je- puis tu te ravises, avales ta négation, et te reprends. Oui. Oui, vous êtes très belle, quand vous tournoyez, comme ça. Je ne bois que peu souvent, il va falloir m’aider à finir mon verre, mais je vous suis avec plaisir. ». Tu te sens stupide, maladroite, comme un·e analogue au beau milieu du Porto Vecchio, alors tu déglutis, souris, rougis, et tandis que ce sont des gestes que tu as si rarement, une assurance qui n’est pas vraiment tienne, tu te convaincs que si elle est là c’est que tu l’attires autant qu’elle, et tu tends ta main vers la jeune fille pour qu’elle la saisisse et t’emmène oublier tout le reste.

résumé · Faust n’est pas très à l’aise mais réussit à lâcher prise ce soir, elle arrive au bal seule, prend le temps de regarder tous les jeux qui se jouent - des petit·e·s coquinous partout - et se laisse séduire maladroitement par @Makeda Carducci

Alors que le firmament se dévoile, caché derrière son masque pour lequel il a subtilisé quelques plumes colorées à Clíona, Hyacinth s’avance jusqu’au Bal des Ardent·e·s. Il ne va pas rester. Les mets gargantuesques et l'opulence de l’évènement faits pour la plèbe, pour essayer de faire oublier tous les maux du reste du Monde, ne l’attirent pas et ne lui offrent aucun amusement. Voir tous ces faux sourires, les pirouettes des un·e·s pour coller aux convenances des autres ; les mensonges latents des certaines personnes aux valeurs et aux fois arrêtées qui subitement s’exclament toustes paladin·e·s victorieux·euses au nom d’une même idéologie lui donne envie de vomir.

Mais il se doit de faire acte de présence, de montrer son visage facilement reconnaissable sous les dentelles qui bordent ses yeux, rappelant la légèreté et l’oisiveté des nouvelles activités dont il est le gérant. Si le Directeur de la Nef ne vient pas, lui qui défend un monde qui ne peut que s’écrouler, où seul l’épicurisme n’a de sens, où les différences n’en ont plus… On le croirait trop tatillon, trop hautain, alors pourtant que tout ce discours est part du requiem qu’il chante à tue-tête, aussi contradictoire soit-il dans son dégoût. Il se mêle alors aux quelques silhouettes de la fête, joue le funambule entre les groupes avec qui il échange quelques verres, saluant notamment d’un coup de tête les absent·e·s présent·e·s, levant son pouce et un rire étouffé à l’humour toujours exquis de Massimo et de son masque.

Après un certain nombre de verres, engloutis rapidement pour valser entre les groupes qu’il se force à côtoyer pour la bienséance, Hyacinth finit par décamper, grignoter un dernier petit gâteau aux cacahuètes avant de lentement se laisser disparaître dans les ombres et rejoindre le bal qui l’intéresse le plus ce soir, celui des Perdant·e·s.

résumé · Hyacinth vient au Bal vraiment juste pour montrer qu’il est là, sinon il va être mal vu. Mais il se barre assez vite, après avoir trop bu et gloussé comme une dinde en voyant le masque de @Massimo Scorta.

La ville badinait et folâtrait comme des jeunes éphèbes qu’on laissait enfin libre de déployer leur ardeur dans la douce chaleur de l’été après des mois de labeur, dispensant l’ensemble des ressources accumulées pour la docteur d’un été noyé dans l’oubli d’abondance. Les voix s’élevaient dans une clameur douce alors que la chambre d’à côté résonnait des bruits -parasites, désagréables- alors qu’il essayait de se concentrer sur les vers vieillis de Racine pour ciseler les traits de son Iphigénie à lui. Le bruit et la clameur joyeuse lui font froncer les sourcils lorsque la rythmique est interrompue par un cri de joie jusque dans la ville des perdants qui pour une journée se prennent pour une royauté dorée. Il déteste cette journée, il déteste cette célébration creuse et pathétique d’une vie misérable et il déteste encore plus que tout le monde mette ses ressentis de côté une nuit entière. Il trouvait cela absurde et idiot. D’un geste las, il laissa tomber le livre abîmé pour prendre un verre qui glisse le long de sa trachée quand des coups résonnent sur la porte. Alors que le solmène compte abandonner le projet même de répondre, les coups se font de plus en plus insistants. L’air encore plus las qu’avant, Levi ouvrit la porte pour se retrouver face à un visage au sourire forcé pour mal simuler un air engageant, une chemise en soie délicatement ouverte et remontée pour faire ressortir les veines des avants bras. Il soupire, très très fort en renonçant à la claquer en voyant Nam déjà passer dans l’embouchure de la porte. Il soupire à nouveau en ce retournant, absolument pas prêt à se battre alors qu’il voit dans la main du milicien un masque. Lui aussi il va l’ajouter à sa liste de détestation. “ Je suis un homme important, j’ai des choses à faire ”.

Sur le trajet comme une fois arrivée, Levi s’obstinait à vouloir obtenir un record universel du plus grand nombre de soupirs dans un temps limité. Dissimulé lui aussi derrière un masque noir couvert de plumes qui lui donnent un air ridicule. Au risque de se répéter, il détestait cette soirée et Nam et les gens en général. D’un air discret, il tente de s’éloigner rapidement mais la prise de l’autre là est trop forte et Levi est certain de ne pas gagner cette bataille. “ Si tu étais vraiment désolée tu ne le ferais pas. ” Il veut continuer sa phrase, sa question quand elle meurt sur ses lippes quand il entend la suite de la phrase de Nam. Forcément, il était un idiot mais pas pour autant bienveillant. “ Tu aimes les challenges impossibles ” alors qu’il laisse son regard se perdre dans la foule remplie de costumes colorés et de masques décorés alors qu’une douce mélodie résonne dans le fond. Il déteste aussi la foule, plus que tout, la foule. La joie de ses gens le fait rouler des yeux aux cieux étoilés alors qu’il sent les doigts de Nam glissaient avec douceur sur son poignet. Tordant son cou avec l’arrière, Levi laisse ses yeux glissaient sur son geôlier alors qu’il lui répond, exagérant à l’extrême sa voix pour la rendre la plus mièvre possible. “ Tant que tu me le donnes, j’en veux ”. Roulant à nouveau des prunelles jusqu’au plus profond secret de l’univers, il se contente de prendre son chemin jusqu’à une table couverte d’éthanol à la recherche de la concentration la plus forte possible. “ Non il me faut de l’alcool. Tu veux un truc à boire ? “. Aucune mièvrerie dans sa voix.

  Micah se sentait comme un poisson hors de l’eau. Il allait probablement bientôt convulser sur la berge et un‧e pauvre gamin‧e irait le faire rôtir sur un feu de camp sauvage. Il avait écouté Yiwài lui parler de cet évènement, que l’architecte avait déjà promptement esquivé les deux dernières années, et la seule chose qui l’avait fait reconsidérer sa participation était l’envie de voir le pianiste jouer devant tout le monde à un évènement aussi populaire et prestigieux.

  Il avait quitté son antre un peu plus tôt, probablement trop tard pour les autres, l’effervescence de cette deuxième nuit de festival semblant augmenter la température ambiante de quelques degrés. Il n’avait pas vraiment participé à l’Ararat avant, trop pris par ses études et autres déboires alors tout ceci était une première un peu angoissante. Un évènement social ? Micah ne détestait pas les gens, mais il avait du mal à les approcher. Peut-être un mélange d’anxiété et de timidité, il ne se penchait pas vraiment sur ce sujet dans son temps libre.

  Monter jusqu’aux Jardins Suspendus fut assez rapide, mais l’architecte n’arriva pas à se concentrer sur autre chose que son cœur tambourinant dans sa cage thoracique. Avec un peu de (mal)chance, il allait faire un malaise à l’entrée du bal. Ce serait malin tiens. Il baissa les yeux sur le masque qu’il avait prit soin de confectionner.

  Ah… tout chose considérée il en avait peut-être un peu trop fait avec cet accessoire. Peu inspiré par ce qu’il avait pu voir en faisant quelques recherches sur le sujet, il était plutôt parti dans une inspiration statuaire. Il se retrouvait maintenant avec un demi-visage représentant un dieu du sommeil dont une des ailes templaire était étendue, l’expression neutre. Il avait finalement un peu mieux maitrisé les matériaux que prévu, il avait vraiment l’impression de voir du marbre alors que l’accessoire était aussi léger qu’une plume. Il noua le ruban en velours pourpre derrière sa tête, essayant de ne pas coincer ses cheveux dedans et inspira un grand coup. Bon et bien… c’était parti. Il regarderait la performance de Yiwai, boirait un verre avec lui et s’éclipserait quand Aimé distrairait son ami. Un plan sans défauts.

  Micah aimait bien les Jardins Suspendus. Les odeurs y étaient toujours agréables. Et là, ce soir, les parfums naturels des agrumes se mêlaient aux parfums de la foule, et aux arômes alléchants de la nourriture, de la plus envoûtante des manières. Et avec les couleurs châtoyantes qui valsaient, il eut l’impression d’avoir mis les pieds dans un tableau vivant. Sa vision se fit plus floue une inquiétante seconde.

  Non. Ce ne serait pas la plus discrète des entrées s’il s'effondrait là au milieu du passage. Il se tapota les joues, sa langue jouant nerveusement avec la croix qui frottait contre ses dents et il se décida à fendre la foule pour rejoindre le buffet. Il avait besoin d’un verre. Tout irait mieux après.

  Et il l’avala d’une traite. Micah avait reconnu certaines personnalité influentes dans la foule, son regard scannant les postures et les masques pour essayer de glâner autant d’informations que possible dans le probable futur où l’on viendrait lui parler ou il marcherait sur un pied de trop. Il avait reconnu le virtuose en lequel se transformait Yiwài une fois sur scène mais l’avait perdu de vue plus vite qu’il n’avait eu le temps de descendre un deuxième verre.

  Chouette.

  Il allait rester planter là un moment. Probablement.
 

La réponse de Kafka est maigre et Nicholas resserre sa prise sur lui, ne sachant comment lui exprimer cette douloureuse impression que parfois il lui paraît s’échapper, disparaître et que le garde ne sait pas comment le retenir de glisser entre ses doigts. Il a beau repousser ce moment, il sait qu’ils devront discuter, et même ce soir, alors qu’il se sermonne de profiter du bal et de leur danse, l’inquiétude ne le quitte jamais vraiment. Ils glissent sur la piste de danse, leurs mouvements synchrones rappelant qu’ils se connaissent ; qu’ils ont fait ces pas à de nombreuses reprises.

Carine allongée sur un petit muret, Nicholas répond aussi pour elle qui ne peut pas participer avec autant de gaiété qu’à l’habitude à leur discussion. « Ca va. Elle a du mal avec son manque de mobilité, la patience ça n’a jamais été notre fort. Mais c’est un sacré capital mignonnerie, ca fait parler les gens. » Que ce soit pour draguer, voler ou arnaquer, avoir un daemon à l’air si frêle et innofensif était un atout de taille. Et iels n’avaient jamais hésité à capitaliser sur tout ce qui était possible pour tirer leur épingle du jeu.

Frolant d’une main son bras, il enchaine à son tour sur l’émeute, dont le souvenir plombe pour beaucoup l’Ararat. « Tu n’as plus mal ? J’aurais du mieux nous protéger. » La vision de sa belle-mère sur l’estrade lui avait fait prendre des risques, perdre un moment le contrôle de la situation, alors que dans la foule, les gens qu’il aimait se faisaient malmener. Personne ne pouvait se douter de l’arrivée des sans-factions, du pugilat qui avait suivi, et les images de cette bagarre se pressent derrière ses paupières. « Te souviens-tu de la tour de l’est ? Il s’est passé tellement depuis- » Leur relation a grandi dans la tourmente, dans les drames mais aussi les moments de repos, les confessions et l’entraide.

L’interruption par Nell et son mystérieux soupirant le fait un peu gromeller, et s’il acquiesce à l’avertissement de Wul, le garde se reconcentre bien vite sur Kafka alors qu’il parle de sa mère. « Tu penses qu’on devrait organiser une rencontre entre nos mères ? » Oh, elles se connaissent déjà, mais pas de manière « officielle ». Jusqu’alors, il y a toujours eu autre chose pour occuper leurs esprits et leurs soirées.

Ils quittent Nell et son amant, dont la danse ne laisse guère de place à l’imagination, et Carine trottine derrière eux dans les jardins. Les mots du Lindbergh lui mettent du baume au coeur, tout en validant ce qu’il avait remarqué, cet éloignement qu’il est incapable de déjouer. « Tu sais, tu peux tout me dire. »

suite : nos tristes rengaines

résumé Nico s'inquiète de Kafka, oublie de surveiller @Nell Covenant, puis se décide à avoir la conversation...

   Micah cherchait toujours son ami du regard, incapable de bouger de là où il s’était enraciné, quand un scintillement presque aberrant était venu l’éblouir. Des perles, avait-il vite remarqué. Beaucoup… de perles. Woah, cette femme avait-elle l’intention de se transformer elle-même en feu d’artifice ? C’était osé ? Il n’avait pas franchement d’autres mots dans son vocabulaire, c’est comme si les perles avaient aspiré son éloquence (qui n’était déjà pas forcément bien élevée). Faute d’avoir trouvé Yiwài, au moins avait-il un peu de divertissement. Divertissement qui s’était lancée dans une danse pour le moins énergique, il n’avait pas mieux pour le moment, avec une autre jeune femme. Et c’était peut-être là où Micah soupçonnait qu’on ait drogué son verre. La robe déjà particulière de la blonde avait commencé à changer d’apparence. Un peu à l’allure d’un‧e phénix qui aurait renaquit de ses cendres, l’alchimiste eut tout à coup l’air d’une de ces bombes de fumées colorées qu’il avait vues jetées lors de fêtes sur Nimrod.

  S’il n’y avait eu que la fumée… elle semblait vraiment s’être transformée en cotillons. Si elle avait voulu attirer l’attention, l’alchimiste avait parfaitement réussi son coup. Il pouvait sentir les regards de la foule sur elle, choqués ou admiratifs. Micah n’avait pas dépassé la perplexité surprise. Se croyait-elle à un carnaval ? Il aurait dû munir son masque d’une protection solaire.

  Cela dura un instant. Court certes mais pour la mémoire de l’architecte, probablement gravé à jamais.

  Telle un‧e phénix, sa grande envolée pris fin et sa robe tomba en cendres. Un peu trop littéralement. Même carrément. Quoi ? Qu’est-ce que ? Quoi ?! Il s’étouffa avec la gorgée de vin qu’il avait eu l’erreur d’essayer d’avaler. Une main devant la bouche, tâchant de ne pas cracher sur quelqu’un, il senti son diaphragme rire de lui, lui faisant remonter l’alcool dans la gorge et le rouge aux joues. Il allait se mettre à pleurer, ça n’allait pas être drôle.

  Par la sainte puissance de l’Autorité, pourquoi cette femme était presque nue ?! Quel genre de mauvaise blague était-ce ? Avait-elle été embauchée pour animer la soirée de la courbe de son corps ou l’avait-on poussée à se dévoiler ainsi ? Micah sentait ses oreilles le chauffer désagréablement.

  Les yeux encore larmoyants, il ne vit pas la tornade dévêtue s’approcher mais il la sentit, comme un oiseau sentait une vitre quand il se la prenait en plein dans le bec, son verre de vin imitant satiriquement le sang qui serait sorti de son petit crâne fragile.

  « Oh, par les pouvoirs du Serpent-Ailé ! » s’exclama l’indécente, une solmène visiblement, avant d’effectuer une volte-face alors que Micah constatait l’état de sa veste d’un air dépité.
Tout, sauf la regarder. C’était compliqué quand la concernée s'était saisie de ses mains ? Qui se saisissait d’inconnus comme ça ?
  « Oh, quelle maladroite… » continua-t-elle, ses paumes chaudes fermement ancrée à celles humides de vin et fraîches de l’architecte. Il allait falloir qu’elle le lâche. Au secours.

  « Pour nous faire pardonner, que diriez-vous de nous rejoindre danser, bel inconnu ? » fit une voix, que Micah mit une seconde, trop longue à son goût, avant de réussir à l’identifier. C’était visiblement le daemon de l’alchimiste. Un carcajou. Etrangement le châtain trouva que ça allait bien avec elle. Et il n’était pas certain du sentiment qui l’animait en voyant ce sourire malin plein de crocs acérés.

  « Em… euh. » tenta-t-il d’articuler avant d’inspirer profondément pour chasser l’anxiété sociale qui montait dans sa gorge. « Je ne pense pas que cela devrait être votre question, là maintenant… Tenez, prenez ma veste, vous allez… » Aller quoi ? Qu’essayait-il de dire ? Il ne savait pas, il n’arrivait pas à se fixer sur un endroit précis ! Tout était trop… distrayant ? Angoissant ? Pourtant le duo semblait détendu à souhait ! Quel genre de personne se promenait ainsi sans exhiber aucune gêne ?

  Pour cesser de réfléchir à un sujet qui le faisait spiraler dans l’embarras, il retira promptement sa veste, arrachant par la même occasion ses mains aux siennes et la drapa sur les épaules de la blonde.

  « C’était… c’était une belle démonstration de vos talents, mademoiselle. Mais je suis un piètre danseur, je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour moi de vous rejoindre. »
Il avait un niveau correct, sans vouloir se vanter. Mais était-ce vraiment le lieu et le moment propice pour se donner en spectacle ainsi ? Il y avait trop de regards tournés sur eux, trop… trop.

  Non, décidément, se décida-t-il, il préférait lui concéder sa veste et rester en retrait.

Résumé : Micah observe le spectacle surprenant et déroutant de  @Johanna Nordenskiöld, restant choqué du résultat. Pour éviter d'affronter l'attention du public tournée sur eux, il décline la danse proposée par Beelzebub.

Les ions s’entrechoquent sous la musique, dans les lumières, et les signaux sont trop nombreux pour que mon cerveau les réceptionne tous dans un tel évènement où l’excitation m’anime et m'enivre. Alors la main tendue, immobile à la manière d’un épouvantail qui n’ose pas effrayer les petites mésanges qui m’approchent, j’attends naïvement qu’on la saisisse, qu’on me guide, qu’on m’aide ainsi à ne pas me laisser envahir du moindre faux-semblant de panique.

Alors quand une jolie blonde s’y attarde, je souris en découvrant qu’elle a la même joie de vivre que la mienne, et je me retrouve dans ses pas qui nous guident au milieu des autres danseur·euse·s et de leurs oripeaux clinquants. Je l’aide à tourner sur elle, faire voler ses tissus de mille couleurs, devenant tantôt tâche de cerise, de myrtille ou de mirabelle, puis je découvre avec de grands yeux l’alchimie opérer de ses merveilles. Les yeux écarquillés, je m’éloigne pour la voir en plus grand, ma mâchoire tombe à ses pieds, et alors que ses vêtements deviennent plus sinistrés que les vieilles péniches du Porto Vecchio, dans un pincement de lèvre je me rapproche d’elle quelque peu et viens poser mes bras sur ses épaules, comme pour l’entourer et cacher sa silhouette qui se dénude aux yeux de tous les chalands.

« Mais oh la laaaaa ! Je m’exclame, totalement subjuguée. C’est magnifique ! Et c’est si ingénieux ! Quelle idée, quelle exécution, il y en a qui se retournent dans leurs tombes des temps immémoriaux pour pas y avoir pensé plus tôt, oublie le résultat, c’est incroyable ! ». Seulement en m’avançant, et elle en se cachant de plus belle, on chancelle quelque peu et on percute une troisième personne dont la veste devient subitement imbibée. Depuis un plateau qui passait par-là, orné de quelques amuse-bouches, je saisis une serviette et vient tapoter l’inconnu avant qu’il ne décide de railler ma cavalière pour sa maladresse. « Aaah zut zut ! Mais l’homme est plus courtois qu’on ne pourrait le croire, et dépose sa veste sur la blonde. Quel gentleman. Froid ! Elle va avoir froid, vous avez raison. Mais par contre, on ne sait pas prendre non comme réponse le soir du Bal des Ardent·e·s ! ».

Sans pour autant le forcer, je glisse alors ma main dans entre l’une des siennes, faisant que je tiens d’un côté la jolie blonde et de l’autre l’audacieux brun. « Allez, juste une petite ronde entre nous trois, histoire de finir essoufflé·e·s et d’aller ensuite épancher nos soifs du côté du bar ? Vous apprécierez davantage d’être tranquillement installé là-bas, j’en suis sûre, mais il faut passer l’étape de la piste pour mériter votre répit ! ». Je me tais une courte seconde, faisant un ou deux pas en arrière pour tenter d’amener à moi mes deux danseur·euse·s, puis avant de ne lâcher leurs mains s’iels refusent décidément de m'accompagner, je ponctue ma demande d’une supplique au ton de faux désespoir : « S’il vous-plaaaaait ! Juste une danse, promis. ».

résumé · Pelagia est un peu émerveillée par @Johanna Nordenskiöld et sa robe, essaye de l’aider à se cacher, tente d’absorber le vin tombé sur @Micah Wynne par mégarde et tire ses deux cavalier·ère·s en insistant pour aller danser toustes ensemble. Pretty please.

Sa simple venue suffisait à le combler, et sa belle éphémère aurait pu disparaitre à nouveau sans qu’il ne puisse rien dire de plus. L’entendre à son tour confier qu’elle attendait ce moment fait battre plus vivement son cœur et sous son masque, ses yeux noirs s’assombrissent d’un désir complémentaire. Main dans la main, il la suit sur la piste, se laisse entrainer par sa gaieté et son insouciance, par le chatoiement de sa tenue, le sensuel mouvement de ses hanches. Il s’attendait peut-être à guider leur danse mais sa présence le rend confus et lui ravage les reins, laissant peu de place pour les décisions qu’il abandonne donc entre ses doigts et ses yeux souriants.

Ils dansent, des heures peut-être, quelques minutes sans doute, à tourbillonner dans la foule devenue floue, tandis que, hardiment, Zaher glisse ses doigts plus fort dans sa cambrure, passe sous la veste, frôle le coton de sa chemise. Leurs corps sont trop proches pour qu’elle ne devine pas l’effet qu’elle lui fait, la complétude naturelle de leurs hanches, et leurs mouvements se chaloupent ensemble. Elle le drague : elle le chauffe, et s’il a perdu sa langue et pense rêver, l’archéologue a assez attendu ce moment pour refuser qu’il, qu’elle lui échappe, affermissant sa poigne et répondant à ses sourires et ses caresses.

A la fin du morceau, il reprend pour deux temps les rênes, finissant collé contre elle, brulant de sentir sa poitrine se soulever contre son torse, leurs lèvres si proches. Elle a les joues roses, lui aussi ne respire pas bien, et l’interlude boissons est bienvenu pour qu’il se recompose quelques minutes. Son verre de limonade a été bu d’une traite et il le garde machinalement en main pour s’occuper, le contact froid lui permettant de garder ses ardeurs un peu plus lointaines. Pas question ce soir de se voir dérober par l’alcool ses souvenirs, il lui faut chaque son et image gravée sur la rétine. « Zaher. Enchanté, Sin. » sourit le garçon en transformant leur poignée de main virile, liant leurs doigts de manière affectueuse. Lorsqu’elle l’embarque un peu à l’écart, il abandonne son verre pour lui consacrer toute son attention, la gorge soudain sèche de la voir alanguie contre cet olivier.

Il a un pas, puis un deuxième, se glissant entre ses cuisses, faisant remonter ses mains de ses genoux à ses hanches, venant se mouler contre elle pour chuchoter à son oreille, l’effleurant de son masque. « Comment t’oublier ? Tu as consumé mes pensées. » Ses pouces montent encore, sous cette veste dorée, venant se poser contre son sternum, caressant à travers le tissu le galbe de ses seins. Son désir monte en flèche et il n’a aucun doute que Sin (enfin, enfin il connait son nom, et bientôt, il l’espère, son visage) le sente, et il se sent gauche face à cette femme splendide. Retirant son masque, qu’il abandonne à leurs pieds, Zaher lui sourit, le teint rosi par l’émotion d’être auprès d’elle. « Je vais t’embrasser. » Il la prévient, c’est la moindre des choses, puis ferme les yeux et savoure leur premier baiser, la musique et les rires en fond pour l’ancrer dans le réel.

résumé Zaher et Ainsley s'éclipsent dans les jardins et la suite sera en rp séparé, petit‧es voyeur‧euse‧xs.